Regardez, une fille en pantalons !!

Apparemment ses parents l'ont abandonné.

C'est parce qu'il est gay.

Quoi, il aime les hommes ? Beurk.

Ne m'approche pas !! T'es dégoûtant.

Luhan t'es une erreur.

Les gamins dans la cour de récréation pointaient du doigt ce petit être, alors qu'il voulait comme tous les gosses normaux de son âge jouer avec ses camarades. Les grands le frappaient, le persécutaient après les cours, à l'abri des surveillants. Il était seul, abandonné, sans défense, une victime idéale sur qui se défouler après une longue journée énervante de cours. Les larmes ne faisaient qu'accroître la bête en eux et leur ego plus que satisfait. L'Homme aime la violence... Car ça fait du bien. Mais lorsqu'on faisait partie du camp des faibles, on voyait la vie autrement. A 11 ans, Luhan trouva judicieux de mettre fin à ses souffrances en suspendant la corde nouée sur la branche d'un arbre du parc.  

Pauvre enfant... murmurait le démon. 

Luhan versa quelques larmes en remémorant ces souvenirs douloureux. Son passé le poursuivait, même maintenant.

J'ai les moyens d'assouvir cette longue vie de souffrance que tu mènes jusqu'à présent. A quoi bon lutter ? Tu es amoureux de cet homme mais il ne ressent rien à ton égard. 

Car tu es un homme.

Ce n'est pas grave... Si je peux rester aux côtés de celui que j'aime, je serai prêt à affronter toutes les épreuves. 

Tu es bizarre pour un mortel. Rester à ses côtés ne t'apportera rien mais de la souffrance. Votre amour est considéré comme interdit et pêcheur dans votre monde. Non seulement vous avez fait vœu de chasteté mais en plus vous ne pouvez pas procréer biologiquement parlant. 

Je le sais très bien. Je sais que je suis malade. Si je pouvais être guéri, je serais enfin libéré. 

Abandonne. Je ne pense pas qu'il y ait un traitement pour l'attirance uni genre. Si tu veux vraiment être libéré, offre moi ton âme en échange et j'exaucerai tes souhaits. 

Non ! Jamais ! Jamais je ne te céderai mon corps pour que tu tues des innocents autour de toi, démon ! Je ne te laisserai pas semer le chaos dans notre monde. 

Fff... L'homme que j'ai tué tout à l'heure était innocent peut-être ? 

Ôter la vie est contraire à nos principes !! 

Allons mon petit. Pourquoi ne pas lui demander directement de te soigner dans ce cas ?

Je ne peux pas. Impossible. 

Donc tu as peur ? Tu admets ta défaite ?

... Non !... Tôt ou tard, je te ferai sortir de mon corps. 

Je t'avertis, si tu oses parler de ma possession de toi à qui que ce soit, je n'hésiterai pas à tuer la personne en face.

Luhan se réveilla en sursaut, le visage transpirant de sueur.Il était 3h du matin, les autres dormaient encore. Il se rallongea doucement et songea à son rêve, il avait vu le démon de ses propres yeux. C'était un reflet de lui-même mais avec des yeux rouges et de grandes ailes noires. Que devait-il faire à présent ? Le mal était en lui. Et ce n'était qu'une question de temps. 

- Mon Père, j'aimerais me confesser. Dit Luhan nerveusement à Sehun. 

- Oui, quoi donc ? 

Luhan s'assit en face de lui, le regard fuyant.

- J'aimerais que vous m'aidiez à guérir.  

- En quoi ? 

- Je crois que j'aime les hommes... dit-il d'une traite. 

- Tu... Quoi ? frémit Sehun.

- Je vous en supplie, aidez-moi à guérir.

Le jeune prêtre se leva, muet. Il semblait déboussolé face à cette révélation, comme l'effet d'une décharge électrique. 

- Ne dites rien à personne, pitié. Supplia Luhan.

- Comment peux-tu en être aussi sûr de toi ?! En es-tu certain ?! Quand ? Comment ? 

- Depuis que je vous ai vu... Je... ne pense qu'à vous. 

Sehun se figea, les yeux exorbités,  la situation lui échappait. Ne sachant quoi répondre, il était mitigé entre le dégoût et la fascination. 

- Tu as des sentiments pour moi ? 

- Oui. Dit il les yeux larmoyants. Je dois me libérer de cette douleur...

Le prêtre aux cheveux ébènes se tut quelques secondes, plongé dans une réflexion puis se mit à rire sans retenue. 

- Je suppose qu'à force de rester longtemps auprès de moi, cela a dû te rendre dingue, j'en suis navré. C'est de ma faute. Je vais te guérir Luhan, ça va vite passer. 

- Merci mon Père !

- Reviens ici demain même heure et on commencera le traitement.  

- Oui ! 

Luhan sortit de la pièce, soulagé et apaisé. Lui qui s'attendait à ce que son supérieur le réprimande. Il allait enfin être purifié pour de bon, libéré de tous ces tourments et pensées pêcheuses qui le torturaient depuis longtemps ! Il allait être guéri ! 

Dès que le petit blond quitta le bureau, Sehun s'effondra sur la chaise comme si son âme s'était envolée. Il fixa un point au hasard au plafond en ayant la vague impression d'être observé.

- Pourquoi... Lui qui était si candide et si innocent... Un démon s'est emparé de lui, en lui implantant ces pensées obscènes qui le salissent de l'intérieur... c'est de ma faute. J'ai manqué de vigilance. Il faut que je l'aide à redevenir normal. 

Sehun prit un couteau d'enveloppe et les dents grinçant, il se traça des traînées rouges sur la peau de son bras gauche, les gouttes chaudes tâchèrent les papiers qui s'imbibèrent peu à peu d'une mer bordeaux. 

- C'est de ma faute, c'est de ma faute, c'est de ma faute. Je l'ai perverti. J'ai l'ai souillé. Je dois réparer mon erreur.  

Sa voix trembla, suivie d'un rire nerveux et ironique.

- Luhan !!! s'écria Chanyeol.

- Qu'y a t-il mon Père ? 

- Pardonne moi d'avoir écouté aux portes mais... 

- Quoi ?! Tu as- 

- On ne peut pas arrêter l'amour. 

- Mais le mien est impur ! 

- Que tu sois un homme ou pas, peu importe. L'amour n'est pas une maladie ! 

- Malheureusement ici oui...

- Il est vrai que notre institution n'est pas parfaite... Cependant, même s'il n'y a aucune parole sur l'existence des orientations sexuelles, la Bible n'a jamais mentionné qu'un châtiment s'abatte sur ces minorités. Elle indique ceci : "L'amour est patient, il est plein de bonté; l'amour n'est pas envieux; l'amour ne se vante pas, il ne s'enfle pas d'orgueil, il ne fait rien de malhonnête, il ne cherche pas son intérêt, il ne s'irrite pas, il ne soupçonne pas le mal, il ne se réjouit pas de l'injustice, mais croit tout, il espère tout, il supporte tout. L'amour ne meurt jamais" !! Peu importe le sexe, l'âge, la race, le cœur humain reste le même !!!! Retiens bien ça, Luhan ! L'amour est ce que l'Homme a de plus beau ! 

- Mais alors pourquoi avons-nous fait vœu de chasteté, nous prêtres ? Si le but de la vie humaine est de trouver l'âme sœur.  Quel est donc le but de notre vie ? 

- Pour l'amour de Dieu. 

- Cela sonne tellement faux... Bien que nous soyons "libres" spirituellement, j'ai l'impression que l'on nous manipule... 

- Luhan, tu es un jeune garçon honnête qui mérite beaucoup mieux... Ta place n'est peut-être pas ici mais autre part. 

- Si seulement le monde entier pouvait vous entendre... 

- Luhan. Dit Chanyeol en le prenant par les épaules. Tu es un être humain qui aime un autre être humain. Quoi de plus normal ?! Personne ne peut décider de ta destinée, toi seul en est le maître. Aucun humain ne peut contrôler les sentiments d'un autre car le cœur est libre. Tôt ou tard, ils l'emporterons toujours même si tu as beau les nier. Tous les hommes ont le droit au bonheur. 

Luhan était de nouveau déboussolé. Ce que venait de lui dire Chanyeol différait tellement de ce qu'il croyait jusqu'à présent. L'amour... est un sentiment humain. L'amour ne connaît pas de genres, ni de différences... Quand on aime, on ne peut pas l'expliquer, on ne peut pas l'arrêter, on ne peut pas le contrôler. L'amour... est le même pour tous. 

- Je ne suis pas malade... je ne suis pas fou. Murmura Luhan. 

Alors qu'il revint le lendemain s'expliquer auprès de Sehun, il s'était retrouvé enfermé dans une salle avec lui et une femme sans qu'il puisse faire quoi que ce soit.

- C'est ce que j'appelle la technique de l'aversion. 

Une jeune femme nue s'était portée volontaire pour aider Luhan dans sa guérison.

- Q-Qu'est-ce que ça signifie ? 

- Je vais demander à Lily de se toucher, tu devras en faire de même tout en l'observant pour que ton désir se crée envers les courbes de la femme.

Luhan se racla la gorge, une lueur de peine dans les yeux. Ce traitement lui paraissait de plus en plus absurde après ce que Chanyeol lui avait dit. Aucun humain ne peut contrôler les sentiments d'un autre car le cœur est libre ! 

Elle commença à pénétrer quelques uns de ses doigts dans son antre en laissant échapper des soupirs et gémissements. Sehun lança un regard à Luhan, lui signalant de démarrer lui aussi. Hésitant, il commença à mettre sa main sous son pantalon, les doigts sur sa longueur et commença des frictions en essayant de ne pas dériver du regard le corps de Lily se mouvoir de plaisir. Mais au bout de 10 secondes, il vomit dans un seau, ne pouvant pas supporter ce spectacle immonde. 

- Pardonnez moi, mademoiselle Lily, ce n'est pas contre vous. Dit Luhan en pleurs. Je ne peux pas. Je ne peux plus. 

- ça ne fait rien. Répondit-elle préoccupée par le pauvre jeune homme. Je vais vous laisser. 

- Luhan, je ne pensais pas que ce serait aussi... grave. Je pensais que la technique d'aversion marcherait mais tu ne me laisses pas le choix. Dit Sehun pensif. 

- Seh- , mon Père, je crois que nous commettons une erreur. 

- La méthode forte sera plus efficace. 

- Non !! Attendez, écoutez-moi ! 

- Il le faut. Eux sauront comment te guérir.   

Des hommes blancs sortirent de nulle part et s'emparèrent de lui sous le visage impassible de Sehun.  

- Vous avez tort d'appeler ces gens-là ! Vous ignorez le sort qu'ils réservent aux détenus !

- C'est de ma faute Luhan, j'ai échoué dans ton éducation... Mais ne t'en fais pas, tu seras vite guéri à l'asile. 

- NON !! Je suis normal !! A l'aide !! Laissez-moi partir !! PAS L'ASILE !! 

Un des hommes mit sur la bouche de Luhan un mouchoir imbibé de chloroforme pour l'endormir. Sa vue se brouilla, ses yeux devinrent étrangement lourds et avant que le noir soit total, il vit le dos de Sehun s'éloigner de plus en plus sans jeter un seul regard en arrière.  

- Le seul malade ici, c'est toi. Fulmina Chanyeol devant le bureau de Sehun.

- Je fais ça pour son bien...

- Non !! C'est tout sauf le guérir !! Es-tu au courant de ce qu'ils vont lui faire subir ?!

- C'est le traitement... 

- JE SAIS QUE TU L'AIMES AUSSI ! 

Sehun s'arrêta d'écrire. Il posa le stylo et fit face à Chanyeol, les bras croisés. 

- Ève a été créée à partir de la côte d'Adam. Dieu a crée l'Homme et la Femme pour perdurer l'espèce. Un enfant a besoin d'un père et d'une mère. Un homme ne peut pas aimer un autre homme. C'est une anomalie. 

Chanyeol frappa de son poing droit sur la table, faisant voler quelques feuilles. 

 - Mais tu l'aimes. 

- Il ne représente rien pour moi, ce n'est que mon apprenti. 

- Je vois très bien comment tu le regardes, Sehun. 

- De quoi tu parles ?

- Tu sais très bien. Et je te connais très bien... Tu ne veux pas l'admettre car tu as peur des autres. Tu as peur de perdre ta réputation. Et tu as peur de toi-même ! 

- Les relations au sein de l'Eglise sont interdites, Chanyeol. 

- Tu es loin d'être parfait. Il n'existe pas d'homme supérieur. Aucun humain n'a le droit de juger et d'avoir un pouvoir sur la vie d'un autre humain. Nous sommes tous faits de poussière et nous retournerons à la poussière ! 

- Je suis l'Elu de Dieu sur Terre. Je le sens.

- De quel droit- 

- Vous le regretterez tôt ou tard. 

- ... On ne peut pas mentir à ses sentiments. 

- Je n'ai pas de sentiments !! 

- Oui... Tu as raison. Tu n'as aucune âme. 

Chanyeol quitta la salle, laissant Sehun à sa suffisance maladive. Il était prêt à tout sacrifier pour atteindre son objectif, y compris la plus belle chose qui pouvait lui arriver. Alors que Chanyeol entama sa prière du soir, il demanda à Dieu ce que l'avenir leur réservait. Un tonnerre retentit, suivi d'une averse, aveuglante et assourdissante sur les vitraux de l'Eglise. L'avenir demeurait sombre. Il avait un très mauvais pressentiment. 

- Lâchez moi !! 

Le visage de Luhan était rouge, ses yeux débordant de larmes brûlantes. Son visage habituellement angélique était déformé par la tristesse, le désespoir. Personne se savait où il se trouvait, personne n'allait lui venir en aide. Il avait beau hurler, les infirmiers ne ressentaient aucune pitié, habitués à affronter des fous tous les jours, et ils se situaient dans un sous-sol à des centaines de mètres de profondeur. Toute résistance était inutile. 

Alors... Tu veux que je te sorte de là ? 

Luhan aperçut au-dessus lui le démon, flottant dans l'air et dont les mains enveloppaient son visage de part et d'autre. Il n'arrivait plus à réfléchir. L'espoir d'une échappatoire était minime, le démon le savait très bien et il avait attendu le bon moment. Mais Luhan gardait son bon sens jusqu'au bout. 

Non... Je ne te laisserai pas mon corps. Jamais... 

... Ne meurs pas trop tôt, ce ne serait pas marrant...

Et il se dissipa, lorsqu'une dame lui mit un étrange casque sur la tête. 

- ça va faire mal mais je vous promets que vous n'en ressortirez que plus léger. dit-elle. 

- Non, pitié. Enlevez-moi ça, je suis normal...

Les yeux de la dame semblaient aussi vides que l'endroit. Ces individus étaient des machines de torture qui se prenaient pour des médecins. Ils ne soignaient rien. Ils tuaient les hommes de l'intérieur, autant mentalement que physiquement. 

- Allez en Enfer... dit-il. 

- Nous vous donnons une chance d'obtenir le pardon de Dieu, mon Père. Si vous n'êtes pas purifié, c'est vous qui irez en Enfer. 

- Tsk. Dans ce cas ça ne peut pas être pire... J'y suis déjà. 

Elle signala à un homme d'activer la machine auquel le casque était relié. L'homme hocha de la tête et au moment où il baissa le levier, un hurlement effroyable, presque inhumain sortit de la gorge de Luhan, son corps courbé pris de spasmes dû au courant énergétique faisait bouger la chaise longue sur laquelle il était attaché. Il semblait comme possédé. En effet il l'était, mais si le démon s'était emparé de lui pour de bon, personne dans cette pièce n'aurait survécu. 

La torture dura 15 minutes. Assez longtemps pour que Luhan quitte la pièce inconscient, les yeux gonflés par les pleurs. Des marques rouges sur son crâne furent laissées par la machine, contrastant avec la blancheur de sa peau. Et ce calvaire était loin d'être terminé. 

Coupé du monde, il ne passa pas des jours, mais des semaines à subir ce traitement quotidien. Sa santé s'était dégradé, il n'arrivait plus à manger et était devenu squelettique. Il était devenu tellement faible qu'il peinait à marcher. Son apparence était tellement méconnaissable qu'il n'avait presque plus rien d'humain. Alors qu'il sentit son heure venue, le démon apparut devant lui, comme s'il eut deviné ses pensées. Luhan ne ressentait plus que haine et colère envers le monde entier, envers les Hommes. Il avait perdu foi en l'Humanité, car personne n'était venu le sauver. Personne ne s'était inquiété pour lui. Toutes les promesses qu'on lui avait fait avaler n'étaient que des conneries. Il n'existait pas de Dieu. Dieu l'avait laissé à son triste sort, du début jusqu'à la fin. 

Oui Luhan... Tu as raison. Ce monde est pourri... Il n'y a pas de Dieu. Mais le Mal lui, existe bel et bien et il t'aidera à te venger. 

- Oh Sehun... doit payer de ses crimes... 

Oui, il paiera. Il s'agenouillera devant toi et regrettera de s'être voilé la face. 

- Démon, si mon âme est inutile dans ce monde je te la cède. Et fais en une arme de châtiment sur ces pitoyables mortels qui m'ont blessé. 

Un sourire carnassier se dessina sur le visage du démon, plus la haine de Luhan était grande, plus il avait gagné en puissance.  Plus rien n'allait lui résister désormais. 

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Marché conclu. 

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A ces mots, Luhan retrouva son apparence initiale, il était de nouveau en parfaite santé. Son teint reprit des couleurs, ses cheveux retrouvèrent leur éclat, sa bouche ses belles lèvres et ses yeux une nouvelle lueur. Celle du démon. Ses agonies étaient parties, ses blessures disparues. Il incarnait la renaissance du mal. L'humain en lui était mort, ainsi que ses sentiments. Tout ce qui restait de lui désormais animait le pouvoir du démon  : vengeance, haine, et luxure. 

- Mourrez de ma main, mortels. 

Et la porte s'ouvrit violemment, laissant le démon sortir sans efforts de sa cellule pour accomplir sa sordide tâche.

Dans le couvent, l'état de Sehun inquiétait plus d'un depuis quelques semaines. Il était limite devenu fou. Ses propos étaient incohérents, il n'arrivait plus à prier. C'était comme si une partie de lui s'était envolé. Autre chose, Chanyeol avait disparu sans laisser de traces.  Des rumeurs circulaient comme quoi il avait été assassiné. Le suspect numéro 1 était Sehun car il était la dernière personne a l'avoir vu. Mais le corps n'avait pas été retrouvé et rien ne pouvait l'inculquer pour meurtre. 

- Luhan !! Ah... Mon Luhan !!  Se lamentait Sehun en serrant fermement les vêtements de son ex-assistant contre lui. Qu'est-ce que j'ai fait ?!  Mais il le fallait... 

Le prêtre aux cheveux ébènes aimait réellement Luhan... Mais à sa manière. C'était même un amour qu'on pouvait qualifier de maladif. 

Luhan était la chose la plus pure que Sehun n'aie jamais rencontré dans sa vie. Il l'admirait secrètement depuis le premier jour où il avait croisé ses yeux. De sa beauté androgyne à son innocence quand il refusait de manger avant lui... Tous les jours, le pêché était à sa porte, il le provoquait, le tentait. Celui de le toucher, de le sentir contre lui, goûter au fruit défendu et atteindre le summum du plaisir charnel qui définit les humains. 

Mais il avait fait passé sa vie avant la sienne, de l'égoïsme pur comme disait Chanyeol. Il ne voulait pas perdre sa réputation, qu'on le pointe du doigt et qu'on le voie comme un homme faible, dénué de virilité car il aime un autre homme. La société était ainsi. Et la vérité était qu'il avait peur de la société. Alors il commit l'irréparable : faire souffrir celui qu'il aime. Il ne voulait pas que Luhan devienne comme lui. Alors "par amour", il avait sacrifié ses sentiments. 

Mais qu'était-il devenu depuis ? Il aimerait tellement avoir de ses nouvelles... Il en souffrait chaque jour, chaque nuit, de sa séparation. Peut-être était-il mort ?! Ô Seigneur... Il l'avait tué. 

Sehun l'avait tué. Alors qu'il pensait avoir tout ce qu'il voulait, il avait perdu ce qu'il avait de plus cher. Mais c'était trop tard. 

Il ouvrit les portes du balcon de son bureau situé au 4ème étage, faisant pénétrer les bourrasques du vent qui balayèrent brutalement les feuilles de ses ouvrages sacrés. Il avança et monta sur le bord, le manteau noir emporté par les rafales de la tempête qui faisait rage. Il prit une énième inspiration et ferma les yeux.

Puis il se laissa tomber dans le vide. 

 Alors qu'il se préparait au choc mortel, il fut surpris de voir des bras l'entourer. Il ouvrit les yeux et rencontra un doux visage familier proche du sien. 

- Luhan ? 

L'homme lui sourit tendrement. Sehun se croyait déjà dans l'autre monde en voyant le visage angélique de son bien-aimé. Mais il était bel et bien réel, pour son plus grand bonheur. 

 - Tu m'as rattrapé... De cette hauteur ?! 

- Rentrons au chaud. Dit-il. Il faut qu'on parle.

- Tu n'es pas une illusion... Tu es... vivant. Et en bonne santé. Est-ce un miracle ? 

- Oui. On peut dire ça comme ça. 

Ils rentrèrent par une porte secrète souterraine, afin de rester discrets. Un silence de mort planait. Aucun des deux n'osait entamer la conversation après cette longue séparation. Au bout de quelques minutes, ils rejoignirent la chambre de Sehun et celui-ci fut le premier à parler. 

- Pardonne moi. 

Luhan ne répondit pas d'abord, il se contenta de sourire paisiblement.  Puis il se mit à rire aux éclats, amusé par l'audace de ce mortel. 

- Croyiez-vous une seule seconde que j'allais vous pardonner aussi facilement mon Père ? Après tout ce que j'ai dû enduré... A cause de vous ?

- Je... 

- Si vous verrez l'état dans lequel j'étais... Chétif et laid... vous n'auriez jamais osé me faire face tellement la honte et la culpabilité vous en couperait le souffle.  

Sehun sentit un courant d'air froid lui parcourir l'échine. L'aura que Luhan dégageait était glaciale, ténébreuse voire menaçante. Par peur, il recula jusqu'à rencontrer le mur. La vérité vint le frapper de plein fouet. Il avait anéanti Luhan, meurtri son cœur en mille morceaux alors qu'il l'aimait de tout son être. Et il allait en faire les frais.   

 - Je sais que vous m'aimez... Alors pourquoi m'avoir rejeté et abandonné à mon sort ? Demanda-t'il, les yeux en larmes. Qu'ai-je fait de mal ? Qu'ai-je fait pour mériter ça ?!

- Luhan... 

Il faisait maintenant face à Sehun. Seulement quelques centimètres les séparaient et ils se fixèrent dans le blanc des yeux. 

- Cependant il y a un moyen pour que je vous pardonne...

- Tout ce que tu veux.

Luhan s'éloigna de lui sans le quitter des yeux. Puis il enleva ses habits, qui glissèrent le long de son corps un par un pour atterrir sur le sol et dévoilèrent son corps nu et vulnérable dans toute sa splendeur. 

- Q-Que fais-tu ?! Bredouilla Sehun, dont les yeux étaient rivés sur cette beauté interdite. 

Luhan se dirigea vers le lit en guise de réponse et s'y allongea, les jambes écartées face à lui. Il décolla son dos et ondula son bassin de manière très obscène en poussant des gémissements aigus. Sehun se racla la gorge, la salive emplissait sa bouche et son rythme cardiaque grimpa en flèche. Son entrejambe avait violemment réagi devant ce spectacle grossièrement érotique et provocant.   

- Viens... Prends moi... Défonce moi... 

- Q-Qui es-tu ? T-Tu n'es pas Luhan... Mon Luhan n'est pas aussi vulgaire ! 

Le démon soupira d'ennui et se releva du lit pour lui faire face. Il captura ses lèvres de force, l'entraînant dans sa frénésie endiablée mais Sehun le repoussa aussitôt, plaquant sa bouche souillée avec sa main, le regard médusé. 

- Regarde toi... Ton corps me réclame. Murmura Luhan en touchant la grosse bosse nettement visible du brun de ses doigts fins.

- Dis moi où est Luhan. Dit-il en retenant un gémissement.

- Je suis là Sehun. C'est moi. 

- Menteur... Va t'en Démon !!! 

Luhan tentait de l'embrasser mais Sehun résistait. A chaque fois qu'il le repoussait, le blond revenait à la charge, le tourmentant de baisers voluptueux et étourdissants. 

Et finalement Sehun fut vaincu par le Démon, il se laissa emporter par la fièvre érotique qui le brûlait à cet instant, à cette tentation fourbe du mal qu'aucun mortel ne pouvait résister. Les petites lèvres douces et moelleuses de Luhan avaient eu raison de lui. L'ambiance était pimentée, torride. La chaleur les étouffait sous les lampes-torches de la salle. Il se déshabilla lui-même, et sortit à l'air libre sa longue et douloureuse érection. Il avait besoin d'être libéré de cette chaleur, et la solution se trouvait devant lui. 

Luhan lui sourit innocemment puis il se laissa tomber sur le lit, écartant le plus possible ses jambes et présentant sans pudeur à son vis-à-vis un monde encore inexploré. Sous les yeux attentifs du brun, le blond mouilla ses doigts de sa salive puis se les inséra un par un dans son petit antre, tout en se mordillant la lèvre et en ne quittant pas une seconde Sehun des yeux. 

Cette vue était sale, pécheresse, répugnante, une insulte grave à la religion. Mais Sehun la trouvait délicieuse, splendide, sûrement la chose la plus magnifique qu'il n'aie jamais vu. Luhan était une oeuvre d'art, un ange tombé du ciel. Le brun sentit comme une force l'attirer puis il se retrouva au-dessus du blond, tous les deux à présent nus. C'était bien trop tard pour revenir en arrière. 

- Hah... 

Sans prévenir Sehun le pénétra d'un coup, son esprit totalement occupé par les doux gémissements de Luhan. Le blond appréciait la douleur, la taille de l'appendice du brun torturait délicieusement ses murs de chair étroites. Ses cris d'extase rendait Sehun cinglé, brutal, tel un loup affamé. La voix du démon hypnotisait sa victime, l'incitant à s'enfoncer un peu plus dans le pêché de l'adultère.   

- S-Sehun... Plus fort... Ronronnait-il.

Le brun buvait ses paroles, n'obéissant qu'au son de sa voix. Les bras de Luhan encerclaient son large dos musclé, ne voulant pas le laisser s'échapper. Sehun prit une de ses jambes et la mit sur son épaule, pour venir plus profondément en lui.  

- Ahhh~ !!  Je vais mourir... jouit Luhan.

La chambre était emplie de bruits de gémissements, de souffles et de claquements de chair. Leurs corps étaient luisants et dorés à cause de la transpiration, leurs cheveux étaient emmêlés, ébouriffés et collaient à leur visage rougi par l'adrénaline. Ils ne s'étaient jamais sentis aussi vivants. 

Luhan inversa les positions, il se retrouva assis à califourchon au-dessus de lui et Sehun se recroquevilla, enlaçant son corps pour l'inciter à onduler sur son membre, chose que Luhan fit immédiatement. Le brun contemplait son torse et sa tête penché vers l'arrière, enivré par le plaisir. Il voyait trouble, l'excitation s'était approprié tout son être. Il ne regrettait pas d'avoir croqué le fruit défendu. Il était prêt à venir en Enfer maintenant qu'il avait atteint le paradis. Pour lui désormais, le paradis ne pouvait pas exister s'il ne retrouvait pas le bonheur qu'il expérimentait en ce moment-même autre part. 

Le bonheur d'être insouciant, d'avoir l'esprit vide, de caresser sans retenue le corps de son amour, d'être seul avec lui dans un endroit où personne ne les dérangerait. Le bonheur d'être libre, tout simplement, eux face au monde. 

- Luhan... Tu m'aimes ? Dit-il haletant. 

- Devrais-je le répéter mille fois  pour que tu comprennes ? 

Sa voix rauque fit frissonner Sehun. Il saisit fermement les fesses du blond et l'enfonça encore plus en guise de punition pour avoir répondu méchamment. 

- Aaaah~ Ngn

- Dis-le. 

- Oui... Je t'aime. 

- Bon garçon... 

Luhan entoura la tête du brun de ses bras et ses petites mains agrippèrent ses cheveux avant de l'embrasser langoureusement, des filets de salive débordant des commissures de leurs lèvres. Le tout en continuant à se balancer avec vigueur sur son long sexe. Le brun marqua son cou de multiples suçons en signe de possession, faisant gémir le blond. 

- aïe ça fait mal...  se lamentait Luhan. 

- Tu es à moi. Rien qu'à moi. Disait le brun. Tâche de ne pas l'oublier.

- Toi aussi. 

Et d'un dernier coup sec contre sa prostate, Luhan, à bout de force, se réfugia dans son cou, vidant sa liqueur séminale sur le torse de Sehun. Puis il gémit soudainement en sentant le liquide chaud du brun envahir ses entrailles et dégouliner le long de ses fesses. 

C'est donc ça être un mortel ?  Pensait le démon. Depuis des milliers d'années , je n'avais jamais connu une telle euphorie. Je ressens encore toutes ces sensations, tous ses touchers m'envahir bien que ce corps ne soit pas le mien. 

Ah si seulement nous avions des corps... Nous aurions nous aussi ce genre de plaisir. Ces mortels sont chanceux. 

Sans le savoir, des larmes glissèrent sur ses joues. Le démon se surprenait lui-même. 

Les démons ne ressentaient rien, ils étaient dépourvus d'émotions. Alors par quel miracle, arrivait-il à pleurer ? 

Les souvenirs de Luhan étaient toujours aussi vifs, ses sentiments toujours aussi forts. Le démon pouvait ressentir sa tristesse, sa souffrance mais aussi son amour. C'est alors qu'il réalisa quelque chose d'effroyable, il n'avait pas dévoré l'âme de Luhan.

Mais il avait fusionné avec lui. 

Comment ? Il l'ignorait. Ils avaient pourtant conclu un pacte. Qu'était-il devenu ? Il ne comprenait pas. 

Était-ce parce qu'ils s'étaient accouplés ? Non, il y avait autre chose mais il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. 

- Luhan ? Tu pleures ? Tu as mal ? 

- Ah... Non ça va. Je suis juste... heureux. 

- Moi aussi.

 - Sehun... Je t'aime. 

- Je t'aime aussi... Mortem Gladius

- Pardon ? 

- Mmh ? 

- ... Non rien.

Sehun quitta la pièce pour se diriger vers la salle de bain, laissant un Luhan confus sur le lit. 

Mortem Gladius... 

Comment...

- Comment connaît-il mon nom ?