Jour 10 : 16/01/2154
Cher Journal,
Ce matin, nous déjeunons rapidement, les pensées encore tournées vers ce périple de la veille. Je raconte à Sirian ma nuit au cachot avec le vieillard. Il semble ému par son funeste sort, je regrette également de l'avoir laissé mais il ne possédait plus aucune attache avec le monde extérieur, peut-être a-t-il même réussi à s'enfuir finalement ? Je me raccroche à cette idée avec conviction et espoir. Sirian m'explique ensuite qu'il a réussi à s'enfuir après notre agression, car il a le pouvoir de devenir invisible. Je lui fait part de ma joie de l'avoir retrouvé sain et sauf, il sourit.
Cependant, nos réjouissances sont de courte durée, le radar se met à sonner : il signale des intrus . Je me précipite vers la cabine de contrôle. Un vaisseau nous poursuit et se rapproche dangereusement. Les ombres !! Ces monstres nous ont pris en chasse. Je lance aussitôt le pilotage manuel, nos devons fuir. Mais où ? Nous nous trouvons à présent aux confins de notre système solaire. Nous filons à une vitesse hallucinante à travers notre galaxie, vers l'inconnu. Bientôt, nous dépasseront la limite de notre univers. Aucun explorateur même parmi les plus braves ne s'est jamais aventuré au-delà. La peur me noue le ventre. Et si nous ne rentrions pas ? Et si les ombres réussissaient à nous rattraper ? Je secoue la tête, refusant de laisser de telles pensée m'envahir. "Nous allons y arriver, c'est certain, parce que sinon je ne sais pas ce que je ferai."
Ça y est, nous voilà sortis de la Voie Lactée. Je n'accorde même pas de dernier regard à cette galaxie qui fut mon foyer. Un foyer hostile qui ne m'a souvent apporté que des ennuis. Au loin, perdue au milier de l'univers qui nous entoure, nous apercevons une galaxie inconnue. Sa traînée d'étoiles rosées cachant de multiples reflets est fascinante. Malheureusement, nous perdons peu à peu notre connexion au réseau terrestre. En effet, notre éloignement nous empêche de continuer à utiliser nos appareils électroniques. Nous ne pourrons donc plus déterminer la position de nos poursuivants. Un autre problème vient s'ajouter aux autres : le manque de vivres. Nous n'avons de la nourriture que pour quelques jours. À moins de croiser un vaisseau de ravitaillement, ce dont je doute fort.
Nous entrons au même moment dans la galaxie MP-33-C (surnom donné par Sirian). La première planète que nous apercevons est presque entièrement recouverte de lave en fusion. Une secousse se fait sentir lorsque nous entrons dans son champ atmosphérique. L'antenne de connexion vient d'exploser sous l'effet de la chaleur, nous venons de perdre tout lien avec la Terre et le radar ne fonctionne plus. Je serre les dents en enchaînant les manœuvres pour tenter d'éloigner le vaisseau des ombres. Je commence à paniquer. Et pourtant, nous ne sommes pas au bout de nos surprises. En face de nous, un gigantesque dragon noir est perché sur un parapet rocheux.
Ses yeux de braise nous suivent du regard tandis que ses ailes immenses sont tendues vers le ciel orangé telles des lames déchirant l'horizon. Je nous fait quitter la planète au plus vite tout en demandant à Sirian de se poster à l'arrière du vaisseau afin de me tenir au courant de la position de nos ennemis.
Ce soir nous mangeons à peine, vivant sans doute la nuit la plus angoissante de notre existence.
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