L'embrasement

Des flammes, autour de nous. Tout autour. Nous sommes piégés, piégés par le feu.

C'est un cauchemar, ce n'est pas possible. Je vais me réveiller. Je vais me réveiller, et rien de tout la ne se sera passé. Ils n'auront pas passé la muraille. Ils n'auront pas attaqué la ville, la Dernière Ville. Je serai dans ma chambre, prête à enfiler ma blouse et aller travailler auprès de tous les autres chercheurs. Et nous trouverons le remède.

Mais surtout... Surtout, il ne sera pas là. Pas là, mais pas blessé non plus.

Dans un gémissement, il s'effondre.

Non, non ! Pas maintenant ! Thomas...

Mes forces m'abandonnent, je tombe moi aussi.

— Theresa...

Son murmure est faible, si faible... Il a la voix rauque.

Je pose ma main sur la sienne, sur la plaie d'où s'échappe son sang. Il faut l'empêcr de s'échapper.

Il faut empêcher la vie de s'échapper.

Je plante mon regard dans ses yeux. C'est comme si le feu autour disparaissait, je me noie dans ses yeux. Je sais que la même souffrance se lit dans nos yeux. On a vécu les mêmes choses... Ou presque.

Nos moyens sont différents, mais on a le même but.

Une vague m'arrive en pleine tête. J'ai menti à Ava.

Je me suis mentie à moi-même.

Et ce n'est que maintenant que j'en prends conscience. Je n'ai rien oublié, pas même ce que ressentait mon cœur. Et maintenant, alors qu'il meurt devant moi, qu'il meurt dans mes bras...

Je l'aime.

Je l'aime comme je l'ai toujours aimé, comme il m'a toujours aimée. La tendresse dans son regard est presque perceptible.

Je sens mes yeux s'emplit de larmes, pose mon front contre le sien. Dans ses yeux, je lis tout. Tout ce que nous ne nous sommes pas dit. Et c'est la même chose pour lui.

Pourquoi maintenant, alors qu'on va mourir ?

Tant de souffrance, tant de mensonges...

J'appuie mon front plus fort, comme pour sentir qu'il est là.

— Thomas...

Son nom. Il signifie tout.

Nos visages se rapprochent.

Nous nous embrassons.

Désespoir. Regret.

Sa bouche a un goût salé, un goût salé d'adieu.

Nous nous embrassons longtemps, jusqu'à ce que nous ne puissions plus respirer.

— Je...

Je suis incapable de terminer, mais il comprend. Il comprend et ses yeux me répondent.

Nous restons blottis dans les bras l'un de l'autre, sans bouger, pendant une éternité trop courte, dans le brasier.

Le vrombissement d'un moteur couvre le rugissement de l'incendie.

— Ils sont là... murmure Thomas.

Les cris de l'equipage sont sourds, étouffés par les battements de mon cœur à mes tempes.

Je soulève Thomas. Il m'aide du mieux qu'il peut, mais il est blessé.

Tenir, tenir, tenir, tenir...

Tenir.

Je n'en peux plus. Je sens que je vais.. Non ! Surtout ne pas lâcher.

Pour lui, pour Thomas.

Enfin. Il est dans le véhicule.

— Theresa !

Trop loin. Je n'ai plus la force. Plus la force. Thomas est sauf. Il est loin, trop loin. Ses yeux me fixent.

Je t'aime, mon amour.

Je sais qu'il a compris.

Pardonne-moi.

Tout bascule.

Adieu, Thomas. Je t'aime... Je t'aimais.

Je sais qu'il comprendra.

— Nooon !


Je sais qu'il m'aime aussi.

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