Jasmin

L'eau claire de la cascade se déversait en un ruissèlement cristallin dans le bassin d'eau limpide au creux des rochers couverts de mousse. La brise jouait doucement dans les branches des hauts arbres, les faisant se balancer au rythme de la mélodie des sylves. Les buissons recouverts de jasmin embaumaient de cette odeur qui rappelle les printemps de l'enfance.

Assise sur un rocher plat, elle restait perdue dans ses pensées, ses yeux semblant scruter les profondeurs de l'étang, où se côtoyaient faune et flore en un ballet parfait. Ses cheveux virevoltaient doucement, encadrant son joli visage où ressortaient ses yeux pétillants. Mais elle ne semblait ni sentir l'odeur du jasmin, ni entendre le clapotement de l'eau. Légèrement courbée, elle semblait porter le poids du monde sur ses épaules.

Une délicate fleur de jasmin se détacha du buisson où elle était fragilement maintenue par une fragile tige. Virevoltant gracieusement, montant et descendant, elle finit par tomber au centre de l'étang parfaitement circulaire, provoquant de légères ridules qui ridèrent la surface calme de l'eau.

Le regard de la jeune fille se posa distraitement sur ses pétales, et ses yeux s'emplirent de larmes. Pourtant, une seule de celles-ci se détacha de sa paupière inférieure. Elle roula doucement sur sa joue droite, traçant un sillon humide sur sa peau. Les yeux toujours fixés sur la délicate fleur, elle ne petit pas la peine de l'essuyer, et la larme glissa inexorablement jusqu'à son menton. Elle s'en détacha, et tomba dans l'étang.

À ce moment-là, comme si ce fût un signal, une brusque bourrasque de vent détacha l'intégralité des fleurs, et elles s'élevèrent dans un parfait ensemble, avant de retomber, constellant l'étang d'une surface immaculée, paraissant presque solide. Une seule de ces fleurs était tombée sur la chevelure de la jeune fille.

Celle-ci la cueillit délicatement avec ses doigts, et la porta avec douceur jusqu'à ses narines. Elle inspira profondément, et ferma les yeux lorsque les effluves parfumées parvinrent à son odorat.

Les larmes perlèrent sur ses cils, mais elle parvint tant bien que mal à les contenir. Elle rouvrit les yeux, et amorça le geste de se lever, avant de se raviser : elle hésitait. Elle ne voulait pas accomplir ce geste, et pourtant elle le devait. Elle devait quitter ces tristes souvenirs.

Elle arracha alors un à un les fragiles pétales, et à chacune qui s'envolait, une larme coulait sur sa joue, lui faisant écho.

Lorsqu'il ne lui resta plus rien entre les doigts, elle se leva et partit, sans un regard en arrière.

« Adieu », fut le seul mot qu'elle prononça.

~=~

Pour la perte d'une amie.

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