À Francine [Rédaction]

Type : Rédaction-synthèse en cours d'histoire
Consigne : Soldat français au cours de la bataille de Verdun, tu écris une lettre à une personne de ta famille dans laquelle tu racontes la violence des combats et tes conditions de vie dans les tranchées.

Verdun, le 2 mars 1916

Ma douce Francine,

   Comme je regrette ne pas pouvoir serrer tes mains dans les miennes, alors que les éclats d'obus explosent autour de moi et que l'horreur envahit mon corps tout entier ! Malgré ton absence qui me pèse, je suis heureux que tu ne sois pas ici pour voir ce désastre. Cette abomination révolte tout le monde ici, même les plus courageux. Hier, nous avons trouvé le corps de l'un des plus vaillants de mon régiment. Comme tous les autres, il était à peine reconnaissable. J'espère que, s'il existe réellement – ce dont je doute, à présent –, Dieu saura lui offrir le repos qu'il mérite pour ses sacrifices envers sa patrie – notre patrie.

   Ici, il fait froid, et les repas ne sont qu'un maigre réconfort. Je regrette l'âtre et son feu réconfortant, ainsi que tes délicieux plats. Nous mangeons presque toujours froid, assis à même le sol ou adossés contre une paroi faite de débris et d'ossements, et la soupe n'est en fait que de l'eau mêlée à de la viande séchée. Elle n'a de soupe que le nom.

   La nuit, au front, nous dormons peu. Nos lits sont faits de paille, et nous devons nous accommoder des rats et des puces qui pullulent. Entre hommes, nous sommes solidaires, mais les discordes sont fréquentes : la vie communautaire n'est pas aisée. Malgré la proximité, j'ai toujours le sentiment d'être seul. Parfois, au milieu de la nuit, j'entends les explosions des mines et des grenades, les pétarades des mitrailleuses. Puis notre lieutenant vient nous réveiller, et nous partons dans l'obscurité pour repousser l'ennemi.

   Les temps sont durs, et je me demande quand ce cauchemar finira. Dans les moment de désespoir, j'ai l'impression qu'il est infini. L'avenir me paraît aussi sombre que la boue qui ruisselle entre mes bottes.

J'ai hâte de t'embrasser à nouveau,
Ton Albert.

Albert Maffre

Après avoir lu ma lettre à voix haute dans la classe, j'ai eu le cœur qui battait horriblement. J'ai lu le cœur battant et les mains tremblantes, et j'ai eu l'impression que tout le monde retenait son souffle. À la fin, j'ai eu envie de pleurer. Pourquoi ? Il y a eu le silence, le temps d'une respiration. J'ai été surprise par ce silence. Pourquoi ?

~=~

Classe de troisième, septembre.

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