[SAISON 2] Prologue: ...ne se rencontrent qu'aux éclipses
La peur.
Perséphone était cloitrée dans sa fierté et dans le manoir qui l'avait vu naitre, des siècles avant cela. Elle y régnait en maitresse, maitresse de ses actes, dominatrice de ceux qui y entraient.
Lupa avait quitté les lieux. Tout était vide, désormais. Mais son coeur n'avait pas besoin d'être comblé par des lâches, et elle était assez grande pour se reconstruire toute seule. Elle était sortie de bien des relations, avec des vampires, des chevaliers... Et désormais, avec des loup-garous. Adieu, Lupa. Mais la blonde avait beau garder sa froideur habituelle, son port altier...
Les promesses écoeurantes de Ray ne lui faisaient plus garder le sourire. Malgré toute la volonté qu'elle avait de s'échapper de ses mains baladeuses... Sur elle pesait désormais le regard de sa soeur et de ses deux parents.
Elle était coincée. Sans Félice avec qui partager ses maux, ou Lupa pour la protéger...
Elle était à la merci de l'avenir qu'on lui avait tracé.
Ce qui conduisit quelques jours après Ray à précipiter le mariage. Le joli jardin secret de la blonde fut atrocement violé par les pas de la famille qui se préparait à assister à l'enchainement de Perséphone. En robe blanche, la vampire retint ses larmes, regardant les mésanges piailler et s'envoler, effrayées par la voix forte de Ray qui s'exclamait:
- Oui, je le veux !
- Et vous, mademoiselle de Brières ?
- Je... Je le veux.
La voix de Perséphone s'étrangla, son estomac étant noué. Malgré son dos droit et ses talons, elle était plus petite que le chevalier, qui l'écrasait de sa hauteur. Les applaudissements étaient polis, mécaniques, comme un roulement de tambour sinistre annonçant la suite des événements. Elle se tenait là, figée dans sa robe immaculée, les mains tremblantes et crispées autour du bouquet qu'elle voulait briser en deux. Ray se pencha vers elle avec un sourire carnassier, son regard fier et possessif.
- Eh bien, ma belle, il est temps de sceller tout ça, murmura-t-il, approchant son visage du sien.
Le cœur de Perséphone battait si fort qu'elle crut qu'il allait éclater. Non. Elle ne pouvait pas. Elle ne voulait pas.
D'un geste brusque, elle posa une main glaciale sur le torse de Ray, le repoussant légèrement.
- Non.
Un silence s'abattit sur l'assemblée. Les invités se regardèrent, choqués, certains chuchotant déjà. Adèle s'apprêtait à se lever, alerte, et Ray fronça les sourcils, l'air incrédule.
- Pardon ?
- Non, répéta Perséphone, cette fois plus fort, sa voix tranchante comme un éclat de verre. Je refuse de t'embrasser. Je refuse tout cela.
Elle fit un geste large de la main, désignant les guirlandes, les invités, les roses écrasées sous leurs pieds. Son regard brillait d'une rage contenue.
- Je refuse cette farce. Ce mariage n'a aucun sens. Et toi... toi, tu n'as aucun droit sur moi.
Ray devint rouge de colère. Il fit un pas en avant, sa voix grondant comme un orage :
- Tu es déjà ma femme. Tu n'as pas le choix, Perséphone.
Mais avant qu'il ne puisse dire ou faire quoi que ce soit d'autre, une ombre imposante se détacha de la foule. Dracula s'avança lentement, majestueux, ses yeux glacials transperçant sa fille comme un poignard. Il s'arrêta à quelques pas d'elle, sa cape sombre flottant dans le vent, et prit la parole d'une voix basse mais terrifiante.
- Perséphone. Que fais-tu ? Tu couvres notre nom de honte.
Perséphone soutint son regard, tremblante mais déterminée.
- Père... Je ne l'aime pas. Je ne l'ai jamais aimé. Je refuse de me sacrifier pour des alliances que je n'ai pas choisies.
Les murmures autour d'eux s'intensifièrent. Ray, furieux, tenta de s'interposer :
- Seigneur Dracula, avec tout le respect que je vous dois, votre fille est à moi maintenant. Vous ne pouvez pas...
D'un geste vif, Dracula leva une main, imposant le silence. Son regard glissa sur Ray comme s'il était une mouche qu'il pouvait écraser d'un seul mouvement. Puis il se tourna de nouveau vers Perséphone, sa voix semblable à un grondement sourd :
- Très bien. Si tu refuses de suivre les règles de cette maison, tu n'en fais plus partie.
Un frisson parcourut la foule. Perséphone sentit son souffle se couper, mais elle ne fléchit pas.
- Alors, chasse-moi. Je préfère encore errer seule que de rester ici, enfermée dans une cage dorée.
Dracula resta immobile pendant un moment, puis il fit un signe de la main à deux serviteurs fantomatiques.
- Qu'il en soit ainsi. Emmenez-la hors du domaine. Elle n'est plus la bienvenue ici. Qu'elle parte. MAINTENANT !
Sa voix fit sursauter quelques vampires, et Adèle se rassit, se recroquevillant sur son siège. Perséphone jeta un dernier regard à sa mère, à Adèle, puis à son père. Aucun d'eux ne bougea pour la retenir. La tête haute, mais les larmes menaçant de jaillir, elle se tourna et marcha vers la sortie, accompagnée par les ombres silencieuses qui la guidaient.
Quand elle franchit les grandes portes du domaine, elle se retrouva seule sous le ciel noir, les étoiles lointaines témoins de son exil.
=^.x.^=
- I'm a lonely cow-boy... Doing stuff... Lonely, euh, je connais pas la suite de cette chanson.
- Peut-être parce qu'elle n'existe pas ?
Lupa tourna théâtralement sur son tabouret haut, pour regarder la barman qui lui avait adressé ces quelques mots.
La femme qui la regardait avait un regard amusé, des cheveux blonds en carrés et une frange qui cachait son regard. Elle était habillée en costume cravate, avait des gants noirs avec lesquels elle secouait un verre à cocktails. Lupa la reluqua de haut en bas (enfin plutôt de la tête jusqu'à la taille, à cause du comptoir qui bloquait sa vue). Elle avait des lèvres pâles, des dents pas très alignées, mais charmantes, et son col était déboutonné.
- Ma chanson ? Alors ça, c'est une accusation grave, mademoiselle.
- Ce n'est pas grave que vous l'inventiez, répondit la barman avec un accent. Je vous sers quelque chose ?
- À moi ? s'étonna Lupa en mordillant sa lèvre inférieure, regrettant le peu de vêtement révélateur de son interlocutrice. Pourquoi ?
- Ca fait une heure que vous êtes là à broyer du noir. Il vous est arrivé quelque chose ? ... Je vous sers un angel shot ?*
- Moi ? Arrivé quelque chose ?
Le rire de Lupa retentit dans toute la pièce alors qu'elle tapait de son poing ferme contre le comptoir, trouvant la blague très bonne.
- Je ne suis pas le genre à qui il "arrive des choses"... Comment vous vous appelez ?
- Elektra. Et vous ?
- Vous pouvez m'appeler Patronne.
- Oh... Mon dieu ! C'est vous qui avez repris le bar... Excusez-moi !
Elektra se confondit en excuses, ses joues rosissant, alors que Lupa passait une main dans ses boucles brunes, amusée.
- Patronne. Qu'est-ce que vous prenez, alors ? Je vous l'offre.
- Vous me l'offrez ?
- Je veux apprendre à connaitre celle qui va reprendre la boutique, se justifia Elektra avec un sourire d'excuse qui attendrit la gigantesque loup-garou.
- Et moi je veux savoir pourquoi l'ancien patron est parti. C'était si merdique que ça, ici ?
- Oh, non ! Il a été saisi par la Police des espèces Animales... Pour trafic de drogues.
Lupa se pencha sur le comptoir, la lorgnant de ses yeux jaunâtres, et eut un léger sourire charmeur alors qu'elle passait son doigt sur ses propres lèvres rouges, que la barman suivit involontairement du regard:
- Ouh, j'adore. Ça va me changer les idées, ça.
- De quoi ? demanda la blonde, légèrement intriguée.
- J't'en pose, des questions, moi ?
- Et bien... Oui...
- Sers moi un Sex on the beach, chérie. On a du boulot à faire pour retaper cette vieille baraque à frites.
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