Chapitre 7: Petit coeur (Mia)

Mia s'étira longuement, la tête dans le pâté. Tel un chat, elle se fendit d'un petit bâillement, frotta ses yeux de ses poings, avant de regarder autour d'elle.

Quelle ne fut pas sa satisfaction en se trouvant dans le lit de Félice. Elle se rappelait de la veille au soir avec une concupiscence qui fit naitre sur son visage un grand rayon de soleil. Dire que quelques mois plus tôt elle avait pleuré toutes les larmes de son corps pour une stupide loup-garou qui n'en valait pas la peine ! Tomber amoureuse de Félice était certainement la chose la plus sécurisante et agréable qu'il soit. 

La rousse l'avait déposée sur son lit, enfilé un grand pyjama, et prit soin d'elle après l'épisode de la veille. Mia n'aurait jamais cru que cela avait pu être aussi bon et aussi doux. Elle avait été perplexe en comprenant que Félice communiquait pendant ce genre de moments... Cela rendait les choses tellement plus fluides, et le consentement si clair. Ce qui devait être le plus fou dans cela était que Mia ne l'avait jamais fait.

- C'est une personne géniale, marmonna-t-elle pour elle-même, caressant la peau de son ventre nu, vraiment ravie. 

Elle se releva, entendant la voix de la magicienne dans une pièce annexe. Intriguée, elle passa une main dans ses cheveux violets emmêlés, enfila une culotte sous son grand tee-shirt. Puis, elle passa silencieusement le pas de la porte de la chambre, entrant dans le salon.

Félice, déjà habillée, coiffée et maquillée, était au téléphone avec quelqu'un. Elle fronçait les sourcils et passait une main dans ses longs cheveux roux. La voix au téléphone était grave, parlait rapidement, semblant avoir une conversation sérieuse avec la petite amie de Mia. Celle-ci releva la tête pour regarder la violette. Son regard changea:

"Oui, d'accord... Je vais faire ce que je peux, à mon avis, je sais où la trouver. Allez, je vous rappelle plus tard ? Je suis occupée. Bonne journée, Amande."

- Amande ? sourit Mia en récupérant ses bagues posées sur la table basse du salon, les enfilant à ses doigts. 

- Oui.

Félice se leva et lui offrit un petit sourire chaleureux, avant de se tourner pour entrer dans la cuisine sans un mot. Curieuse, la loup-garou la suivit avant de s'asseoir sur un tabouret et de la regarder, tête penchée, comme un chiot l'aurait fait:

- Elle t'appelait pour quoi ? 

- Pour une broutille. Au sujet de sa fille.

- Argh. Lupa, grommela la violette en posant son menton sur la table, encore un peu endormie. 

Elle n'aimait pas forcément parler de son ex, pour plusieurs raisons. La première était qu'elle n'appréciait pas particulièrement la loup-garou. Avec le recul, elle s'était rendue compte de la manipulation qu'elle avait subi, de sa personnalité exécrable, et du peu d'amour qu'elle lui avait porté en retour. Le deuxième, était de se rappeler que Félice était l'amie d'enfance de Lupa, et qu'elle connaissait plus que bien sa mère, ou ses frères. Ce n'était donc pas un sujet tellement agréable, ni pour l'une, ni pour l'autre.

Félice releva ses cheveux en un chignon, son visage éclairé par la belle lumière matinale qui entrait dans la cuisine. Elle fit chauffer de l'eau, et tendit à Mia deux marques de café différentes, la laissant choisir pour elles deux.

- Je sais que ça va être compliqué, petit coeur mais...

- Attend, tu m'as appelé petit coeur ? la coupa Mia, ouvrant grand ses yeux de biche.

- Euh, oui ? s'étonna Félice, craintive comme si elle avait fait une faute.

- Mon dieu, c'est trop mignon, s'extasia la loup-garou en se redressant soudain sur son tabouret, le dos droit. Je croyais que c'était juste un surnom pour hier soir !

- Petit coeur, répéta Félice en agrandissant son sourire, attrapant des tasses et les remplissant d'eau chaude. Je disais. La mère de Lupa m'a appelée parce qu'elle n'a plus aucun contact avec elle depuis qu'elle s'est barrée du manoir.

- Oh. Pas étonnant, murmura Mia en frissonnant.

- Elle m'a appelée pour savoir si je savais où elle était, et pourquoi elle ne répondait pas au téléphone. 

- Tu lui as répondu que tu ne savais pas, constata Mia pensivement en mordillant le col du tee-shirt oversize que lui avait prêté la rousse. 

- ... Mais elle m'a fait promettre de lui transmettre des infos. En gros, on doit retrouver Lupa.

Le sourire de Mia disparut, remplacé par une mine ennuyée. Alors qu'elle serrait les poings, contrariée par la mission que son angélique petite amie, elle marmonna:

- Tu sais bien qu'elle maudit tout ce qu'elle approche ! On a mis tellement de temps à comprendre que ça marcherait entre nous, j'ai pas envie de la voir foutre le museau dans nos affaires, et ce n'est pas moi qui cherche la merde. C'est mon ex, Félice. Elle ne sera pas heureuses pour nous deux. 

- Tu n'as rien à craindre pour ça, dit funestement la rousse. Elle se fichait de toi comme elle se fiche de toutes les femmes avec qui elle est sortie. À part Perséphone.

- Ça, j'en doute. Vu comment elle s'est barrée... Non, je n'ai pas envie de venir avec toi si tu la cherches. Cette femme me met mal à l'aise, Félice. Je ne pense pas notre couple en sécurité avec elle.

Félice lui tendit une tasse fumante de café et lui prit la main, plongeant ses yeux marrons pétillant de sérénité dans les iris vertes de Mia, en insécurité. Elle caressa sa paume de son pouce et dit avec un ton patient:

- Rien ne nous arrivera, d'accord ? C'est okay si tu ne veux pas m'accompagner. On peut toujours détruire des tronches de dragons ensemble et habiter ici. Si tu ne veux plus voir Lupa, je respecte ça et il n'y a pas de souci. Si tu veux essayer de venir avec moi, ce qui me ferait plaisir, je te promet que rien ne se passera entre nous qui soit de sa faute, d'accord ? Je ne te quitterais pas, je serais là pour toi, pour te protéger en cas de soucis.

Mia la regarda un moment, bouche entrouverte, et baissa les yeux vers la tasse fumante que la rousse lui avait donné.

- Je viendrais avec toi, murmura-t-elle d'un ton calme. 

La magicienne eut un petit éclat de rire, contente que ce soit le cas. Elle prit ses joues et déposa un baiser sur son nez, avant que les pupilles de la violette ne se dilatent complètement et qu'elle relève les lèvres pour tenter de lui voler un baiser:

- Hey, je me suis pas lavée les dents ! protesta Félice, qui n'était pas du genre à embrasser à tout va.

Mia sirota son café tranquillement, ronronnant comme un tracteur. Elle aurait pu faire n'importe quoi, tant que c'était Félice qui lui commandait de le faire, avec ces mots si doux et rassurant. Elle avait beau être plus grande que la rousse, certainement plus forte physiquement, avec des capacités plus avantageuses, elle ne se sentait jamais plus à l'abri que dans son appartement. 

- Au fait, je vais aller chez le coiffeur ce matin, dit Félice avec un grand sourire. Tu m'accompagnes ?

- Désolée, j'ai un shooting photo aujourd'hui, et il faut que j'aille chercher mon matériel, répondit la violette en reposant la tasse sur la table en bois. Mais on se retrouve cet aprèm ?

- J'espère bien. Apparemment, ils ont repéré un nouveau dragon dans la banlieue proche, c'est fou non ? Faut qu'on aille voir ça !

=^♥x♥^=

- Hey, Elektra.

La barman se retourna en entendant son nom, malgré le bruit ambiant. Elle regarda Lupa entrer dans le bar d'un pas hésitant, oreilles repliées contre ses cheveux bouclés, penaude. Les bras de la blonde se croisèrent automatiquement, et son visage d'habitude ouvert eut un mouvement inverse. 

- Patronne.

Son ton n'engageait pas la conversation, mais la loup-garou n'était pas réputée pour en tenir compte, de toute façon. De ses mains mises dans son dos, comme un enfant pris en faute, elle sortit des viennoiseries qu'elle posa sur le comptoir.

- C'est pour toi. 

La blonde releva le regard vers Lupa, regarda à nouveau les pains au chocolat, puis Lupa.

- Il est midi.

- Je voulais aller les chercher tôt, mais j'ai été prise par un appel urgent, murmura la brune avec un regard empli de culpabilité. Les ouvriers ne viennent pas pour la cour et...

- J'ai trouvé, c'est bon, dit la barman avec un ton plus doux, sans doute adoucie par l'air adorable de son interlocutrice. 

- C'est vrai ? Nan...

- C'est la deuxième fois que je sauve votre peau, en une soirée, apparemment. 

Elle passa une main sur son collier, deux lacets de cuirs qui soutenaient une perle de nacre, et une perle d'argile. Lupa lui prit son poignet avec le plus de précaution possible, rentrant ses griffes, et déposa un baiser sur sa main. 

- Merci, Elektra. T'es vraiment super.

- N'espérez pas m'amadouer si facilement. J'attend toujours des explications et des excuses pour hier soir. Pourquoi vous vrillez aussi facilement ? Vous avez des problèmes de colère, l'accusa froidement la blonde, lui décochant un regard qui fit reculer Lupa. 

- Ouais... j'crois, murmura celle-ci d'une voix rauque et blessée. J'ai... Un peu de mal à me remettre de quelque chose, je crois. 

- J'avais remarqué. Faites en sorte qu'on ne vous prenne pas pour une agresseuse, Patronne. Gueuler sur une femme comme vous l'avez fait ne va pas vous attirer une bonne réputation, et puis je n'ai pas envie de faire des recherches sur votre casier judiciaire...

-  Qui est vierge.

- Je l'espère. Que je n'aie pas une seule fois à le questionner. C'est compris ?

- Oui Pers...Elektra, se reprit la brune, les yeux embués par sa culpabilité. 

- Allez voir le jardin, ce soir, histoire de vérifier que notre jardinière a bien fait son travail.

Alors que le regard de Lupa s'emplissait de malice, entendant la mention d'une femme travaillant à sa charge, la blonde fronça les sourcils et dit d'un ton furieux:

- Que je n'entende pas parler d'une seule femme dans les jours qui suivent ! Que ce soit en bien ou en mal.

Lupa la regarda un moment, dubitative, avant de tenter un sourire charmeur, s'accoudant au comptoir vers elle, ses yeux prenant des teintes plus foncées. Leurs visages se rapprochèrent soudainement, alors que la loup-garou passait sensuellement sa main sur sur sa gorge en rapprochant leurs lèvres, avant de murmurer d'un ton rauque:

- Même toi ?

- J-je...

- Barman, une tequila ! fit soudainement la voix sèche et dure d'une jardinière, maculée de terre, passant derrière Lupa. 

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