Chapitre 7: Le deuxième rejet de Perséphone
Les yeux brûlants de Lupa ne se détachèrent pas de la face de Ray. Celui-ci avait une peau mate et était métisse, mais était plus blanc que neige. Sans doute avait il eut peur de Lupa, et honnêtement il faisait bien. Grognant comme un chien mouillé, Lupa suivit Adèle et Perséphone qui s'asseyaient à une table.
La loup-garou s'assit à côté d'Adèle. La différence de taille était amusante, puisqu'elle faisait deux têtes et cent bons kilos de plus que la chétive jeune femme.
- Comment t'as fait ça ? lui lança-t-elle après un moment de contemplation agressive de Ray.
- C'est une poupée vaudou.
- J'ai bien remarqué.
- J'ai pris un des poils de ta queue.
Ray se mit à rire très soudainement, s'attendant à ce que tous autour de la table s'esclaffent à sa suite. Ce ne fut pas le cas et sa voix s'éteignit assez rapidement, ainsi que son sourire. Il marmonna finalement un "Titre". Personne ne comprit et un silence gênant s'ensuivit.
- Refait pas ça, marmonna Lupa. Sinon je te démonte. J'ai horreur d'être ensorcelée.
- Je joue avec ma soeur, dit soudainement Adèle après un coup d'oeil suppliant de la grande blonde.
Après un soupir reconnaissant de Perséphone, la jeune femme se leva pour décider avec elle de leur signe secret. Lupa les regarda partir, songeant avec contentement que Perséphone battait admirablement sa soeur avec son déhanché digne des plus grandes strip teaseuses... Ray la regarda, mal à l'aise.
- On... Choisit un signe ?
- Ne faisons pas semblant, dit Lupa en grognant.
Puis elle réfléchit en plissant les yeux, montrant agressivement les crocs.
- Quand je te frappe, c'est le signal.
- Ca ne marche pas, c'est que dans un sens ! se défendit-il avec un air outré. Plutôt... Se passer le doigt derrière l'oreille ?
- Si tu veux, finit elle par dire.
Elle passa une main dans ses cheveux qui tombaient négligemment sur ses épaules et regarda Perséphone et Adèle revenir, l'air complices. Assis en diagonale, Lupa était en face de la blonde, à côté d'Adèle et son partenaire de jeu en face. La vue était parfaite. Dès que le jeu commença, ce n'était plus sur la partie que la brune se concentrait mais sur la femme magnifique et mutique qui se profilait. Magnifique et délicieuse.
De toute façon, elle n'avait jamais aimé les jeux de cartes. Et elle avait décidé de jouer simplement pour faire plaisir aux autres, et empêcher ce vide gênant de se créer. Créer du lien avec cette fille qui l'intriguait, aussi.
- Pourquoi tu me fixes, marmonna Perséphone en levant ses pupilles bleues délavées vers elle.
Lupa lui répondit avec un sourire insolent, découvrant toutes ses dents blanches tranchantes. Perséphone lui répondit en lui montrant ses deux canines effilées, répondant à la provocation. Mais la loup-garou renchérit sur cela, détestant perdre la partie. Elle découvrit légèrement son col pour montrer le suçon et les morsures laissées par la vampire. Celle-ci écarquilla les yeux, sa peau blanche rosissant légèrement. Satisfaite de son effet, la plus grande lui fit un clin d'oeil et passa sa main dans ses cheveux.
- Kem's, déclara Ray.
Lupa balança la table sur Ray en gueulant "OUAIS !" puis elle lui balança son poing dans la figure.
- AH !
Perséphone se leva, yeux écarquillés, l'air choquée, et Adèle regarda Lupa l'air blasée comme à son habitude. Elle se frotta les phalanges, l'air fière d'elle. Ray tomba en arrière, sa chaise basculant. Le bruit de sa tête contre le parquet fit très plaisir à la loup-garou.
- Mais qu'est-ce que tu...
- C'était notre signe ! Relaaaax... dit-elle à Perséphone avec un sourire en coin satisfait.
- ON AVAIT DIT QU'ON LE FAISAIT PAS ! gueula Ray en tenant son nez qui se teintait de roue.
Ce fut le moment propice aux autres personnes de la maisonnée pour revenir. La porte s'ouvrit pour laisser entrer Dracula aux côtés de sa femme et Amande. Lupa se leva, comme sur un ressort, et regarda les nouveaux arrivants. Elle vint enlacer sa mère avec affection et lui demanda d'un ton insoucieux:
- Et Mia et Felice ?
- Elles sont encore dans le parc.
- Ah.
Lupa haussa les épaules. Elle s'était toujours royalement ennuyé quant aux histoires de Mia. Si ça trouve, elle en aurait une bonne à lui raconter à présent à propos de la magicienne. Si elle embrasait bien... Si c'était un bon coup. Cette pensée fit pouffer la brune.
Du coin de l'oeil, elle vit Perséphone dire à Ray d'un ton énervé:
- Je reviens, je vais chercher un mouchoir et de quoi nettoyer.
Intéressée, la loup-garou la suivit dans les cuisines.
- Tu vas aller aider l'autre con ?
Celle-ci ne répondit pas, et attacha ses cheveux en un chignon mal fait. Mais horriblement glamour, du point de vue de Lupa. Elle s'approcha avec une démarche sûre d'elle.
- Ne me remercie surtout pas, hein. Ce connard se croit tout permis.
- Parce que toi non ? dit brusquement Perséphone.
Elle se tourna et la désigna avec un rouleau de sopalin en main agressivement. Ses sourcils étaient froncés et elle paraissait hors d'elle. Charmant.
- Qui t'as dit que tu devais faire la justice ici ? Tu t'es prise pour qui en faisant ça ?
- Mais...
- Sérieusement ! Tu dis que c'est un con et tu as l'air de ne pas l'aimer mais toi et lui vous êtes pareil. Des INCONNUS, PRÉTENTIEUX, IMBÉCILES, MALHONNÊTES et OBSÉDÉS.
Elle donna des coups de poings dans la poitrine de Lupa en prononçant chacun de ses mots qu'elle hachait sous le coup de la colère. Cette dernière n'avait pas mal mais c'était son égo... Comme toujours, qui avait le plus morflé. Elle la contempla, les yeux écarquillés. Pour la deuxième fois, elle avait été persuadé que la jeune femme aurait succombé sous son charme. Mais vu le tsunami de colère froide qu'elle venait de se prendre...
- Hé...
- Et arrête de prendre la confiance. On ne se connait pas.
- Je...
- Je plains cette Mia. Elle a dû en voir de toutes les couleurs avec toi.
- Comment tu sais pour notre rupt...?
- La rousse m'a raconté. Maintenant casse-toi. Si tu veux tant me connaitre, tu ferais mieux d'être moins égocentrée.
Elle partit à grands pas de la cuisine, laissant Lupa figée, debout. Arrivée à l'entrebâillement, elle se retourna pour lancer d'un ton calme et froid:
- Petit rappel. Je n'ai besoin de personne pour gérer ma vie. Tu n'as pas à jouer les chevalières.
Elle venait de détruire Lupa en deux secondes top chrono. Un tonnerre d'applaudissement se jouait dans sa tête, accompagné d'une musique de clown. On s'était moqué de Lupa deux fois dans cette journée. La première fois, c'était Ray en touchant la femme qu'elle convoitait, et puis la femme en question qui lui signifiait qu'elle ne se laisserait pas convoiter par quiconque.
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