Chapitre 35: Souvenirs enfouis

Mia sentit les barrières mentales qu'elle avait construites toute sa vie se briser comme du verre sous la pression d'Hélios. Il parcourait son esprit avec une aisance terrifiante, dénudant ses pensées et ses souvenirs les plus intimes. Tout était exposé, vulnérable, tandis qu'un sentiment de profonde humiliation s'insinuait en elle. Hélios explorait son esprit comme un terrain de jeu, insensible à sa souffrance.

Sa peur, sa confusion, sa colère, tout vibrait autour de lui. Elle avait l'impression d'être un livre ouvert, chaque page tournée avec désinvolture. À l'extérieur, elle savait qu'elle criait, que son corps se débattait, mais dans ce paysage mental qu'Hélios dominait, tout était calme, étouffé par la froideur de sa magie.

Hélios, relâche-la. La voix de Félice résonna dans cet espace mental, douce mais teintée d'urgence. Elle ne te veut pas de mal. Elle ne m'a rien fait.

- Tu en es sûre, soeurette ? répondit-il avec un ton empreint d'une nervosité sourde, bien que son expression extérieure fût celle d'un calme glacial.

La présence de Félice dans cet espace mental était réconfortante, mais faible, comme un écho à travers un mur trop épais. Mia sentait son esprit tiraillé entre les deux forces opposées : la douceur protectrice de Félice et l'autorité impitoyable d'Hélios.

Un souvenir jaillit brusquement, invoqué par Hélios avec une brutalité calculée.

Mia plaquant Félice contre le mur du bar. Ses griffes et ses crocs exposés menaçaient la gorge pâle de la magicienneLe souvenir pulsait de rage et de jalousie, comme une blessure mal cicatrisée.

Mia, je t'en supplie, lâche-moi ! Elektra est en danger ! suppliquait Félice, son souffle court et ses yeux grands ouverts.

C'est qui, cette fille ?! grondait Mia, sa voix rauque trahissant une envie presque animale de mordre.

Mon EX, d'accord ?! hurlait Félice, son visage cramoisi de colère et de honte. Mon ex, et maintenant laisse-moi !

Hélios éclata d'un rire sec qui résonna comme un coup de tonnerre dans l'esprit de Mia.

Ce n'est pas beau de me faire des cachotteries, soeurette, murmura-t-il avec un dédain glacial.

C'était une dispute, défendit Félice. Ça aurait pu arriver avec n'importe qui, Lupa ou même ma mère.

- Certes, mais n'essaie pas de me mentir. Je sais qu'elle est plus qu'une simple amie pour toi...

Le magicien tira alors un autre souvenir du plus profond de l'esprit de Mia.

Un matin. Félice et Mia dans un lit défait, leurs corps entrelacés sous les draps froissés. Les baisers, d'abord tendres, se faisaient plus passionnés. Félice acculait Mia contre le mur, ses mains explorant chaque courbe, ses lèvres traçant des sentiers brûlants sur sa peau. Les vêtements jonchaient le sol, oubliés dans l'intensité du moment. Les gémissements de Mia résonnaient, amplifiés par les caresses de la langue de la magicienne en elle, ses mains serrant ses cuisses...

Ça suffit ! hurla Félice, sa voix traversant le chaos.

Elle te fait du mal, Félice, répliqua Hélios, implacable. Je le sais. Je le vois.

- Tu ne sais rien d'elle.

- Toi non plus, répondit-il avec une froideur tranchante.

Un troisième souvenir éclata, cette fois teinté de frustration et de colère.

Un terrain de basket. Mia et Lupa jouaient ensemble. Les paniers s'enchaînaient, mais Mia, plus habile, dominait la partie. Lupa, irritée par sa défaite, creva le ballon d'un coup de griffe, mettant fin au jeu abruptement.

Sérieusement, chérie ? demanda Mia, incrédule.

Lupa grogna en réponse, s'éloignant du terrain, furieuse. Mia la rattrapa, posant une main apaisante sur son épaule.

Ta gueule, avait grondé Lupa, brusque. J'ai pas envie de parler. Tu me saoules à te pavaner comme ça.

D'un geste brutal, Lupa attrapa le poignet de Mia.

Je suis désolée, mon amour, murmura Mia, ses yeux brillants de confusion et de culpabilité.

Je mange chez toi, ce soir? demanda Lupa, un regard méprisant fixant la violette.

B-bien sûr, si tu veux, répondit Mia, la voix tremblante.

Lupa partit sans un mot de plus, laissant Mia seule sur le terrain, les poings serrés de frustration. Un passant, croisant sa route, se retrouva victime de sa colère, recevant un coup de poing violent.

Le souvenir s'éteignit, laissant un vide pesant dans l'esprit de Mia.

Tu vois, Félice ? souffla Hélios, triomphant. Elle est un problème ambulant. Tu ne peux pas être en sécurité avec elle.

- Elle n'est pas parfaite, mais moi non plus. Ce n'est pas à toi de décider qui a le droit de m'aimer.

Le rire d'Hélios résonna à nouveau, alors que des souvenirs florissaient à l'intention de sa soeur. On pouvait y voir Mia se battre, mettre à terre un homme et lui déboiter la mâchoire. Ou encore Mia, se droguant avec une femme aux cheveux bleus qui tenait une guitare. La loup-garou qui, complètement saoule, prendre sa voiture et essayer de rouler sur Lupa après avoir appris qu'elle l'avait trompé encore une fois, pour au final coucher avec elle et retomber amoureuse...

- Arrête d'être dans le déni. Cette femme pourrait te tuer à tout moment, si elle en avait envie.

- Parce que toi non ?! hurlait Félice dans l'esprit de la violette.

- Tu sais ce que je devrais faire, soeurette ? Je devrais fouiller un peu plus profondément dans son esprit, histoire de trouver cette fameuse zone sensible... 

- Si tu touches à un seul de ses traumatismes j-je...

- Que feras-tu, gentille Félice ? Tu n'as rien fais quand Lupa jouait avec toi. Tu n'as pas moufté quand Elektra te faisait du mal, tu ne disais rien quand j'dépassais les limites !

- Hélios, si tu lui fais du mal, tu me fais du mal aussi.

- Je vais tout arracher et on verra si cette salope touchera encore à un seul de tes cheveux.

- Tu ne vas toucher à aucun de ses souvenirs. C'est une menace que je te fais !

Mia poussa un hurlement, alors que Hélios riait comme un dément, semblant faire sur son esprit une manipulation que la rousse ne pouvait voir. La douleur transforma bientôt les cris et les halètements désespérés de la violette en sanglots étouffés, désordonnés. 

- Mia, j'suis là.

Une voix coupa l'horrible ricanement de Hélios, qui parut soudain s'éloigner, tout comme les doigts plongés dans son front et le remue-ménages de ses neurones. Celle de Lupa, chaude, rayonnante, calme.

- Reste avec nous. Le laisse pas t'atteindre.

Hélios tourna la tête, poussant un grognement de surprise. La dernière chose qu'il vit fut le poing d'une loup-garou furieuse, qui s'abattit sur son nez avec un horrible craquement. Il s'écroula par terre, inconscient. Perséphone, Elektra et Lupa venaient d'entrer dans la pièce, alertés par les pleurs de Mia. La vampire se précipita sur Félice, qui paraissait en pleine crise d'angoisse. Elektra la prit contre son coeur, tentant de la calmer. 

Perséphone releva la tête vers Lupa, qui se tenait, mâchoire et muscles crispés, devant le corps inanimé du roux. Elle déglutit, sentant la rage palper dans le corps tendu de celle qu'elle aimait... Mais la brune tourna la tête pour attraper le corps tremblant de Mia.

La fierté ne déborda pas des yeux de Perséphone, mais elle se sentit si heureuse de savoir que la colère de Lupa ne représentait plus un danger.

- Tout va bien, Mia. Regarde moi... Oh, wow, elle a un regard trop bizarre, notifia Lupa en fronçant les sourcils.

- Qui êtes vous ? marmonna Mia en regardant la loup-garou d'un air perdu.

Un grand silence accompagna cette phrase.

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