Chapitre 27: J'ai froid, Perce.

Lupa tenait toujours la main de Perséphone lorsque leurs pas les menèrent en bas de l'escalier grinçant, une descente marquée par l'aura qui semblait l'accompagner partout. La loup-garou avançait avec un détachement nonchalant, ignorant les regards gênés qui glissaient vers elles depuis la salle. Pourtant, elle portait bien les stigmates de leurs actions tumultueuses : trois suçons trônaient fièrement sur sa pomme d'Adam, contrastant avec sa peau chocolatée. Elle marmonnait avec Perséphone, semblant se disputer sur un sujet tout à fait banal.

- Je t'assure, lave-toi les mains. Ça me dégoûte, franchement, grognait la vampire, un éclat de reproche dans la voix.

- J'vois pas pourquoi je devrais le faire ! En plus, j'ai trop la flemme d'enlever mes bagues, répliqua Lupa avec la fougue d'une enfant capricieuse.

- Tu n'as pas enlevé tes bagues, tout à l'heure ?! Ne me dis pas qu'il t'en manque une...

- Et si je te disais que si ? ricana la brune, appuyant ses mots d'un sourire narquois, simplement pour la faire enrager.

- Tu iras la chercher toi-même.

- Avec plaisir, rit Lupa, un peu trop fort pour la circonstance.

Leur échange prit fin lorsque le regard perçant d'Elektra se posa sur elles. La lueur verte dans ses iris trancha l'atmosphère, envoyant un frisson glacé dans le dos de Lupa. Elle cessa de se chamailler avec la blonde et reposa ses mains le long de son pantalon noir, lui adressant un sourire gêné. 

En réponse, elle eut deux regards mauvais. L'un dubitatif et en retrait (celui de la barman) et l'autre... Lupa sentit les embrouilles arriver, et elles avaient des cheveux violets et s'appelaient Mia.

- VOUS ! rugit la violette, pointant tour à tour un doigt accusateur sur la poitrine de Perséphone, puis sur celle de Lupa.

Lupa, étonnamment calme, haussa un sourcil.

- Toi, répondit-elle, visiblement confuse.

La violette, tremblant de colère, avançait vers elles, son regard brillant d'une rage mal contenue. Perséphone recula d'un pas, visiblement décontenancée, semblait sur la défensive. Elle avait les jambes qui tremblaient, mais pas de peur. Chancelante, elle se retint au comptoir, d'une main.

- Vous vous êtes bien foutues du monde. Cette nuit, c'est vous qui êtes allées la tabasser, c'est ça ?!

Les trois autres — Elektra, Perséphone, et Lupa — échangèrent des regards incrédules. La question flottait dans l'air, lourde d'une accusation qu'aucune ne comprenait. Elektra tenta de désamorcer la situation, sa voix posée tranchant avec l'agitation ambiante.

- Mia, évidemment que non.

- Pourquoi ?! Pourquoi dès qu'on essaie de te recontacter, il y a des problèmes ?! Tu fous tout en l'air, Lupa !

- Moi ? Pourquoi moi ? grogna la brune, un air encore plus perplexe sur le visage.

Mia, implacable, continua son réquisitoire.

- Déjà l'apparition soudaine de son ex dans sa vie, puis l'histoire de Perséphone nue chez moi...

- Tu fais ça, toi ? répéta Lupa, se tournant vers Perséphone.

Le regard embarrassé de la blonde confirma ses soupçons.

- Euh, sombre époque, bredouilla cette dernière, ses joues s'empourprant.

- Et maintenant Félice est...

Mia s'arrêta, sa voix se brisant. Lupa fronça les sourcils, s'avançant d'un pas.

- Elle est quoi ?

- Elle est... 

La voix de Mia s'étrangla, alors que les deux femmes se regardaient, se demandant ce que signifiait cette mascarade. 

- À l'hôpital. Elle va jamais s'en sortir, vous entendez ? sanglota la violette, tenant à peine debout. 

- Attend, quoi ? dit Lupa qui plissait les yeux en faisant quelques pas en avant, complètement à la ramasse. Pourquoi, elle va accoucher ?!

- Qui va accoucher ?! s'étrangla Elektra, visiblement à bout.. Perséphone ?! 

- Non, Mia ! Je suis le père ? surenchérit Lupa, commençant à paniquer.

- Mon dieu, quoi ?! s'exclama Perséphone.

- Quoi ? répéta Mia, ses yeux écarquillés de stupeur. Je suis enceinte de Lupa ?! 

Perséphone, excédée, donna un coup de coude dans les côtes de Lupa et posa une main sur sa bouche.

- On se calme, intervint-elle, tentant de reprendre le contrôle de la situation. Personne n'est enceinte, certainement pas de Lupa. Ça n'a aucun sens, d'ailleurs. Vous êtes toutes lesbiennes.

 - Alors, pour être plus précise, je suis... 

- On s'en fout, Lupa. Pourquoi Félice est à l'hôpital ? coupa sèchement Perséphone.

Mia s'écroula sur une chaise, ses mains tremblantes peinant à contenir ses émotions.

- Elle s'est fait agresser dans la forêt. Elle était inconsciente, elle va possiblement mourir !

Elektra tenta de lui prendre doucement le bras.

- Mais Mia, on te dit qu'elle n'est pas m...

- Elle va mourir ! sanglota Mia, ignorant les efforts d'Elektra.

Sans prévenir, Perséphone retroussa sa manche et, d'un mouvement sec, colla une gifle monumentale à la violette, faisant tourner son visage. Le silence tomba brutalement.

- Non, elle ne va pas mourir. Ecoute ce qu'on te dit au lieu de geindre comme un enfant.

Tout le monde se regarda, choqué, même Mia qui hoqueta en se tenant la joue.

- C'est donc ça le glow-up after sex, murmura Lupa en regardant sa blonde en se mordillant la lèvre, avec un mélange d'admiration et de crainte.

Elektra secoua la tête, excédée, alors que Perséphone faisait quelques pas pour attraper le manteau de Lupa qu'elle enfila, même s'il était trop grand pour elle.

- Ça me démangeait. Ne traînons pas, allons voir Félice. Et Lupa, on ne part pas tant que tu ne t'es pas lavée la bouche et les mains.

- Quoi ?! C'est pas juste !

=^.x.^=

J'ai froid, Perce. 

Dommage pour toi.

Mais t'as pris mon manteau.

Ah bon ? Ah, oui. Fais des pompes, ça te réchaufferas. 

J'ai pas envie de faire des pompes, j'ai envie d'avoir mon manteau.

Mais je suis dedans. 

J'ai froid.

Tu m'énerves, puppy. Bon. Allez, je te le rend, arrête de me faire ces yeux-là.

Mais...! L'enlève pas, tu vas avoir froid.

Attend, tu n'arrêtes pas de couiner pour récupérer ton manteau, et maintenant que je l'enlève, tu veux que je le garde ?!

Non, mais t'es bras nus, tu vas choper la crève.

Toi aussi, imbécile.

... Pas faux. Je vais aller faire des pompes, alors.

Reste ici, idiote. J'ai pas envie que tu partes.

=^.x.^=

- Bonjour. On voudrait voir Félice de Brières, déclara Elektra, la voix tremblante d'une tension qu'elle peinait à dissimuler.

Ses doigts s'étaient crispés sur le comptoir d'accueil, comme pour s'y ancrer. L'infirmière releva les yeux, son expression passant de la fatigue à la méfiance en découvrant le groupe devant elle. Une jeune femme aux cheveux blonds, au visage fermé et aux yeux déterminés ; deux loup-garous, dont les grondements sourds et les regards noirs annonçaient une dispute imminente ; et, en retrait, une vampire blonde d'une élégance glaciale, immobile comme une statue.

L'infirmière hésita. Ce genre de visite ne promettait rien de paisible. Elle feuilleta rapidement les fiches sur son écran.

- Félice de Brières... Oui, elle est en observation au troisième étage, chambre 307, finit-elle par répondre, d'une voix prudente. Elle leur désigna l'ascenseur d'un geste.

- Merci, murmura Elektra, s'éloignant sans un regard pour l'infirmière, entraînant derrière elle le reste du groupe.

Les portes de l'ascenseur se refermèrent sur un silence glacial, chargé d'une tension presque palpable. Perséphone était restée en retrait, observant le moindre détail avec ses yeux perçants. Mia, elle, semblait sur le point de craquer.

- Vous pensez qu'elle respire encore ? Peut-être qu'elle est dans le coma...

Sa voix était faible, comme si elle n'osait pas briser le calme pesant. Ses doigts s'agitaient nerveusement sur les manches de son manteau.

- Mais qui va finir par lui dire qu'elle doit la fermer ?! grogna Lupa, serrant les dents. 

Ses yeux flamboyaient, et son grondement guttural faisait écho dans l'étroite cabine de métal. Mia ouvrit la bouche, prête à répliquer, mais Perséphone posa une main fraîche sur son épaule. Ce contact, pourtant léger, fit tressaillir la loup-garou violette. D'un mouvement brusque, elle essaya de se dégager, ses lèvres se retroussant sur ses crocs dans un réflexe animal.

- Calmez-vous, intervint la vampire, d'un ton glacial mais ferme. Félice va avoir besoin de calme, et elle aura besoin de toi, Mia. Je comprend ce que tu ressens, mais tu ne peux pas lui transmettre ta panique comme ça.

L'ascenseur s'immobilisa dans un léger cliquetis, et les portes s'ouvrirent sur un couloir blanc, aseptisé, baigné d'une lumière crue. L'ambiance de l'hôpital pesait sur leurs épaules, amplifiant l'angoisse.

Un.e médecin les attendait à la porte de la chambre, vêtu.e d'une blouse blanche impeccable.

- Bonjour, dit-iel d'une voix professionnelle, quoique adoucie par une pointe de compassion. Vous êtes de la famille de Félice de Brières ?

Elektra hocha simplement la tête, incapable de répondre. L'émotion lui serrait la gorge.

- Déposez vos affaires ici et enfilez des blouses stériles, continua le.a personne, désignant un petit sas où des casiers et des vêtements propres étaient disposés.

Lupa grogna, arrachant ses bagues à contrecœur pour les ranger dans l'un des casiers. Mia, quant à elle, lutta pour attacher correctement les liens de la blouse avec ses doigts tremblants.

- Suivez-moi, dit enfin le.a médecin, ouvrant la porte de la chambre.

La pièce était petite, froide, et dominée par les bips réguliers des machines médicales. Félice reposait au centre, le visage pâle, presque fantomatique sous la lumière blafarde des néons. Un masque respiratoire couvrait sa bouche et son nez couvert de taches de rousseur. Ses bras, dissimulés sous des bandages, semblaient frêles comme des brindilles. Les ecchymoses sur son visage formaient un contraste brutal avec sa peau diaphane.

Mia laissa échapper un sanglot étranglé et porta une main tremblante à sa bouche.

- Oh, Félice... murmura-t-elle, les larmes coulant librement sur ses joues. 

Ses épaules tressautaient sous l'effet des spasmes. Elektra posa une main sur son bras pour la soutenir, mais la violette semblait inconsolable.

Le.a médecin, debout près du lit, les observa un instant avant de rompre le silence d'une voix mesurée.

- Est-ce que vous savez ce qui s'est passé ? Elle a été retrouvée inconsciente dans un bois. Selon nos examens, elle a été frappée à plusieurs reprises avec un objet contondant. Elle souffre de plusieurs côtes cassées, d'un bras fracturé, et de contusions sévères au visage. Heureusement, aucune blessure n'est mortelle.

Le soulagement de Mia fut bref. Elle secoua la tête, essuyant ses larmes d'un revers de main tremblant.

- Je... Je ne sais pas. Hier soir, on s'est disputées. Elle est partie seule dans la forêt. Je n'aurais jamais dû la laisser...

Sa voix se brisa en un murmure. Lupa regarda la vampire, sentant son propre coeur s'emplir d'une inquiétude nouvelle. Les yeux bleus de Perséphone la rassurèrent, chaleureux, et elle prit sa main dans la sienne en baissant les siens.

- Je pense savoir qui a fait ça, lança soudain Lupa, sa voix rauque résonnant dans la petite chambre.

Un silence glacial s'abattit. Tous les regards se tournèrent vers elle, y compris celui du.a médecin, qui sembla se raidir légèrement. Perséphone, voyant que l'attention était concentrée sur la loup-garou, rangea ses bras derrière son dos, lâchant la main de sa douce.

- Vous avez une idée de l'agresseur ? demanda-t-iel, le ton un peu plus pressant.

Lupa croisa les bras, son expression sombre et déterminée.

- Ca a un lien avec Isaac de Trémondois, dit-elle enfin, ses mots claquant dans l'air comme une sentence.

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