TOME II - XXXII.
Ariane et ses compagnons suivirent Théoden à l'extérieur. Il se dirigeait droit vers la grande porte.
— J'exige que chaque homme, ou jeune garçon capable de tenir une arme se tienne prêt à se battre au crépuscule, adressa-t-il à Gamelin.
— Oui, Monseigneur, répondit le soldat.
Ils sortirent de la forteresse pour examiner le pont qui menait à l'entrée.
— On pourra couvrir la chaussée et la porte d'en haut, indiqua le Roi en désignant les remparts. Aucune armée n'a pu franchir les murs du gouffre, et pénétrer dans Fort-le-Cor.
— Il ne s'agit pas de ces abrutis d'Orques, répliqua Gimli. Il s'agit d'Uruks-Hai ! Leur armure est épaisse, et large est leur bouclier.
Théoden s'approcha du nain, le surplombant de toute sa (courte) hauteur — en effet, Ariane même le dépassait de quelques centimètres.
— J'ai déjà connu maintes guerres, Maître Nain. Je sais comment défendre ma citadelle.
Sur ces mots, il pénétra à nouveau dans le fort. Gimli resta silencieux, l'air bien embêté. Ariane posa une main sur son épaule en guise de réconfort. Il la suivit en bougonnant.
Théoden se dirigea alors vers les deuxième remparts, plus hauts que les premiers. Ils grimpèrent de nombreuses marches. Ariane ne ressentit même une once d'essoufflement. Ces semaines passées à marcher sans s'arrêter l'avaient forgé, apparemment.
— Ils se briseront contre cette forteresse comme l'eau sur les rochers !! assura Théoden. Les hordes de Saroumane vont piller, et brûler... cela, nous l'avons déjà vu. Les récoltes peuvent être re-semées, et les maisons reconstruites ! À l'intérieur de ces murs, nous leur survivrons.
— Ils ne viennent pas anéantir les récoltes et les villages du Rohan, ils viennent anéantir son peuple, jusqu'au dernier enfant ! répliqua Aragorn.
Théoden fit volte-face et vint poser ses mains sur les épaules d'Aragorn.
— Que voulez-vous que je fasse ? demanda-t-il, le regard inquiet. Regardez mes hommes... leur courage ne tient qu'à un fil. Si telle doit être notre fin, alors je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour qu'elle reste gravée dans les mémoires.
Aragorn laissa Théoden faire demi-tour, avant de l'interpeller de nouveau.
— Vous avez besoin d'aide, Monseigneur ! Envoyez des cavaliers en quérir !
Théoden plissa les yeux.
— Et qui viendra ? Les elfes ? Les nains ?... fit-il en désignant les deux compagnons aux côtés d'Ariane. Nous n'avons pas la chance d'avoir autant d'amis que vous. Les anciennes alliances sont mortes.
— Alliances ou pas, c'est une question de vie ou de mort, intervint Ariane d'un ton neutre. Nous ne pourrons pas affronter ça tous seuls.
— Vous n'aurez pas à l'affronter, jeune fille, les femmes restent cachées pendant les batailles.
Ariane se sentit terriblement vexée. Avant qu'elle ne puisse répliquer, Aragorn prit la parole.
— Le Gondor répondra, dit-il, un peu aléatoirement.
— Le Gondor ?! s'insurgea Théoden. Où était le Gondor lorsque l'Ouestfolde est tombé ? Où était le Gondor lorsque nos ennemis nous ont encerclés ?? Où était-il ?
Aragorn ne répondit pas, mais Ariane vit qu'il serrait sa mâchoire.
— Non, Seigneur Aragorn, reprit Théoden. Nous sommes seuls.
Il tourna les talons. Cette fois, personne ne le suivit. Ariane le regarda partir avec les bras croisés, et le visage fermé. Aragorn se tourna vers elle.
— Il m'insupporte, dit-elle entre ses dents. Il n'essaie même pas de trouver une meilleure solution, et il mène ses hommes à la perte. Pourquoi faudrait-il qu'ils meurent ce soir ? Ça aurait pu se régler très rapidement, avec l'aide du Gondor.
— Théoden est fier, répondit le Rôdeur. Il préférerait mourir plutôt que de faire appel à quelqu'un.
— Ah, c'est bien bête, car c'est ce qui va arriver si on ne fait rien. Enfin, bon... Moi, je vais me préparer.
Elle commença à redescendre
les marches.
— Ariane ! l'appela Aragorn.
— Oui ?
— Tu es sûre que tu vas au bon endroit ?
— Comment ça ? questionna-t-elle en remontant une marche. Ne me dis surtout pas que je dois aller me planquer ! Ça, je ne te le pardonnerais jamais. Encore moins que le coup de "j'étais mort, mais en fait je ne le suis plus".
— Non, ce que je voulais dire, c'est que l'armurerie, c'est de l'autre côté, expliqua Aragorn, un léger sourire au coin des lèvres.
— Ah. Oui, en effet. Bien. En avant, camarades ! s'exclama-t-elle en partant, cette fois, dans la bonne direction.
Ses trois compagnons la suivirent, amusés, mais bientôt Aragorn passa devant. Ariane se perdait dans tous les couloirs qu'elle traversait.
Ils parvinrent finalement à l'armurerie, où se rassemblaient déjà bon nombre de soldats. Ariane serra sa main sur la garde de son épée elfique et se dirigea vers les étagères où reposaient les heaumes.
— Ma Dame ? l'interpella une voix.
La jeune femme se retourna et baissa les yeux vers son interlocuteur, un jeune homme aux longs cheveux châtains.
— Voulez-vous bien m'aider ? Je ne parviens pas à attraper le plastron, là-haut.
Ariane mit un certain temps à réagir. Elle balbutia quelques syllabes avant de se mettre sur la pointe des pieds pour quérir l'objet tant convoité, sur l'étagère la plus haute. Elle le tendit au jeune garçon, qui la remercia avant de s'éloigner. Ariane le regarda encore quelques instants. Il ne devait pas avoir plus de quinze ans. Cela lui retourna l'estomac. Elle revint vers ses compagnons la boule au ventre.
— Fermiers, forgerons, garçons d'écurie... énuméra Aragorn lorsqu'il furent réunis tous les quatre. Aucun n'est un soldat.
— La plupart ont déjà vu passer trop d'hivers... fit Gimli, gravement.
— Ou trop peu, ajouta Legolas.
Ariane sentit une boule se former dans sa gorge.
— Regardez-les, ils sont terrifiés... Ça se lit dans leurs yeux.
Ariane eut soudainement du mal à respirer. La plupart de ses hommes étaient voués à mourir. Qu'importait le nombre de soldats, si plus de la moitié n'est pas apte à se défendre convenablement ?
Elle entendit Legolas s'exprimer en elfique. Elle détestait quand il faisait cela, mais cette fois-ci, c'était pour ne pas attirer l'attention des autres hommes. Aragorn lui répondit. Après plusieurs mots échangés, Ariane vit son ami s'emporter.
— Alors je mourrais comme l'un d'entre eux ! s'exclama-t-il, faisant tourner toutes les têtes vers lui.
Ariane releva les yeux. Aragorn lui accorda un bref regard, avant de tourner les talons et de quitter la pièce. La jeune femme resta coite. Legolas fit un pas pour le suivre, mais Gimli l'arrêta dans son élan.
— Laissez-le, mon ami. Laissez-le...
Ariane sentit ses yeux la piquer. Cette bataille allait être une vraie catastrophe. Elle sentit une main se poser sur son épaule, et leva son regard sur Legolas, qui lui offrit un sourire réconfortant. Elle hocha la tête. Heureusement, elle pouvait compter sur ses amis.
Elle reprit légèrement confiance, et alla troquer son plastron contre une simple cotte de mailles, qu'elle enfile sous son gilet en cuir. C'était plus lourd, mais elle se sentait plus libre de ses mouvements. Elle noua ses longs cheveux ternes en une tresse, qu'elle laissa pendre dans son dos.
Elle décida ensuite de sortir sur les remparts, et riva ses yeux sur l'horizon. La nuit était tombée. Elle avait besoin d'un moment de calme pour se préparer mentalement à l'affront. Ce soir pourrait bien la mener à sa perte. Elle ne passerait peut-être pas la nuit. Mais malgré tout, elle se sentait sereine. Une lueur d'espoir commençait à monter en elle. Pour l'instant, elle était très faible... mais suffisante pour que la jeune femme garde confiance.
Soudain, elle entendit un cor retentir. Ce n'était pas le son grave de celui des Orques. Il était plus doux, plus fluide et plus léger. Ariane se pencha et plissa les yeux. Une armée de silhouettes encapuchonnées avançaient à pas réguliers vers la porte de Fort-le-Cor, qui s'ouvrit pour les laisser passer. Ariane demeura intriguée, jusqu'à ce que son regard rencontre un drapeau. Elle en connaissait bien le symbole.
C'était les elfes de la Lòrien. Ils étaient venus à leur secours.
boonnn, il se passe pas grand chose dans ce chapitre mais j'espère qu'il vous a plus quand même :)
je vous embrasse 💕
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