TOME I - II.

Le samedi matin, alors qu'Ariane errait tel un zombie dans leur appartement, Louise l'emmena de force au centre commercial. Elle voulait lui changer les idées. Elles allèrent au cinéma.

La journée passa comme si seulement quelques minutes s'étaient écoulées.

— Ça m'a fait du bien cette petite sortie avec toi, fit Louise en agrippant le bras de sa meilleure amie, à la sortie du centre commercial.

— À moi aussi, assura Ariane en souriant.

Elle leva la tête, fronçant le nez. Le ciel au-dessus du parking était gris.

— Il va pleuvoir, constata la jeune fille. La voiture est loin ?

— Plus trop. Attends, je sors mes clés.

Louise s'arrêta de marcher, pestant contre son sac à main dix fois trop rempli. Ariane fit quelques pas et se retourna.

— Tu trouves ?

— Non, pars devant, je te rejoindrais ! Cherche la voiture, si tu veux bien.

Ariane continua donc seule. Elle voulut traverser pour se rendre sur l'autre moitié du parking. Une voiture arrivait sur sa droite et elle ne l'avait pas vue. Elle se fit percuter violemment et fut projetée sur quelques mètres. Le conducteur sortit rapidement et courut vers elle.

— Mademoiselle ! Tout va bien ?

Une question idiote, quand on y pense.

— ARIANE ! hurla Louise en se précipitant vers son amie.

Elle cria le nom d'Ariane, la secouant alors qu'elle sombrait dans l'inconscient. En relevant la tête vers le jeune homme, Louise remarqua qu'il était dans tous ses états.

— Appelez les secours ! Vite, putain !

Il tremblait mais sortit son téléphone de sa poche, non sans mal.

— Je suis désolé, je...

— Laissez tomber, appelez ! s'écria Louise. Puis, en reposant ses yeux sur son amie : Ariane, reste avec moi ! On va t'emmener à l'hôpital mais ne t'évanouis pas, par pitié !

— A-allô ? bégayait le jeune homme au téléphone. Je m'appelle Clément Moreau, j-j'ai renversé une jeune fille... Sur le parking du centre commercial des Trois Pins... F-faites vite, s'il vous plaît. Merci...

Après qu'il eut raccroché, il regarda Louise caresser la joue d'Ariane en murmurant.

— Je suis tellement désolé, je ne faisais pas attention... Je paierai les frais d'hôpital...

— C'est bon, je ne vous en veux pas. Je... Vous avez l'air d'être honnête.

Ses mains tremblaient également.

— Le pompier a dit de la mettre en position latérale de sécurité... et de ne pas la bouger.

— Je ne sais pas co-comment on fait... avoua Louise en fondant en larmes.

Clément hésita à s'approcher mais s'agenouilla finalement à côté de Louise et entreprit de mettre Ariane dans la position que le pompier avait évoquée.

— Merci, dit simplement Louise.

Elle essuya ses larmes. Clément alla garer sa voiture plus loin et revint attendre les secours avec Louise. Lorsqu'ils arrivèrent enfin, ils emportèrent Ariane sur un brancard et refusèrent de laisser Louise monter avec eux.

— Seuls les pompiers ou la famille sont autorisés à monter, je suis désolé.

— Mais c'est comme ma famille, Monsieur ! Je vous en prie !

— Je suis désolé, répéta le pompier en fermant les portes.

Louise resta immobile quelques instants, le regard dans le vide. Clément vint la chercher.

— Venez avec moi, nous allons suivre le camion.

— J'ai ma voiture, là-bas...

— Alors dépêchez-vous de la démarrer. Je vous attends.

Ils grimpèrent dans leur voiture respective et suivirent le camion jusqu'à l'hôpital. Une fois là-bas, ils se précipitèrent à l'accueil.

— Bonjour, je viens voir Ariane Chevallier, elle est arrivée il y a quelques minutes... une grande fille brune de 21 ans...

— Le jeune fille accidentée ? Je suis sincèrement désolée, Mademoiselle Chevallier n'est pas réveillée. On lui fait des radios. Faites-vous partie de la famille ?

— Non, mais...

— Je vous prie d'attendre à côté je vous prie, je vous tiens au courant.

— Merci...

— Puis-je avoir votre nom ? Ou celui de votre ami.

— Louise Bertier, dit-elle précipitamment.

— Merci, répondit la secrétaire avec un sourire compatissant.

Louise et Clément allèrent s'asseoir dans la salle d'attente qui était vide. La jeune brune en profita pour appeler la mère d'Ariane, Madame Chevallier.

— Catherine ? C'est Louise... Plus ou moins. C'est pour ça que je vous appelais... Ariane est à l'hôpital, elle s'est faite renversée... Non, elle n'est pas réveillée.

Elle commença à pleurer.

— Non... J'ai tellement peur, Catherine... Vous n'êtes pas obligée. Je ne suis pas seule, je suis accompagnée de Clément, le conducteur de la voiture... Il est dans le même état que moi. Il compte se rendre à la police. C'est ce que je lui ai dit... Oui... Vous venez quand même ? D'accord, Catherine, à tout de suite. Oui. Bisous.

Après avoir raccroché, Louise se tourna vers Clément qui était tendu au possible.

— La mère d'Ariane arrive... Mais ne vous en faites pas, elle ne vous ne veut pas.

— C'est moi qui m'en veut... J'aurais dû faire plus attention...

— Vous ne l'avez pas fait exprès... Il ne faut pas vous en vouloir.

Il y eut un silence. Louise se rongeait les ongles, les yeux rouges.

— Louise... Vous permettez que je vous appelle Louise ?

Elle acquiesça silencieusement.

— Elle se réveillera, la rassura-t-il.

Elle lui fit un demi-sourire. Louise apprit au cours de sa discussion avec Clément qu'il faisait des études de droit dans le but de devenir avocat et qu'il habitait près de l'immeuble où elle vivait avec Ariane.

En parlant d'Ariane, presque deux heures après, elle n'était toujours pas réveillée. Le médecin était venu voir Madame Chevallier après qu'elle se soit présentée à l'accueil. Il lui avait montré les radios. Traumatisme crânien et plusieurs côtes fêlées. Cela pourrait se réparer assez facilement. Cependant, les résultats d'une prise de sang indiquaient un autre problème. Ariane était malade. Gravement malade. Une histoire de cellules anormales devenues cancéreuses. Le cancer, rien que ça. Une "leucémie myéloïde chronique" avait dit le médecin. Madame Chevallier sentit son monde s'effondrer. Louise eut le souffle coupé pendant plusieurs secondes. "Elle ne se réveillera pas tout de suite". Une leucémie chronique n'était pas détectable par symptômes visibles. Elle pouvait être seulement découverte grâce à une prise de sang. Elle n'était pas brutale, l'évolution était lente.

— Dans les circonstances, et avec la gravité de la maladie, nous pouvons la garder en vie un an, tout au plus. Son traitement sera très intensif, si elle souhaite le suivre. Il lui prendra presque tout son temps, et cela la fatiguera beaucoup. Je suis désolé.

"Je suis désolé", c'était tellement ironique. Était-il vraiment désolé ? C'était son métier, d'annoncer les mauvaises nouvelles mais il en voyait passer tous les jours. Le cas d'Ariane en était un parmi tant d'autres. Il ne pouvait pas être aussi désolé que Louise ou Madame Chevallier à cette heure-ci. Clément, quant à lui, se demandait ce qu'il faisait là. Il s'était montré honnête en accompagnant Louise au lieu de s'enfuir. Peut-être parce qu'elle lui plaisait. Et il se retrouvait embarqué dans une histoire de maladie incurable. Et il ne pouvait pas s'empêcher de ressentir une pointe de tristesse. Parce que cela le concernait aussi, désormais. Alors il est resté toute la nuit à veiller avec Louise et la mère d'Ariane.

Cette dernière, malgré qu'elle soit plongée dans le coma, entendait de manière lointaine tout ce un se passait autour d'elle. Du moins, elle comprenait qu'il y avait de l'agitation. Elle essayait de lutter pour ouvrir les yeux. Elle se sentait partir... Était-elle en train de mourir ? Son esprit était bien éveillé. Quoique, depuis quelques secondes elle avait l'impression de s'endormir à nouveau... Là, c'était sûr. Elle mourait.

Et voilà, fin du deuxième chapitre. Qu'en pensez-vous ? Les choses se précisent un peu. J'espère que ça vous a plu ! À bientôt. 👣

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