Épisode 8 : "30 jours en enfer"

⚠️ Présences de scènes de sevrage / Violences psychologiques

30 jours. Il a été convenu que je fasse 30 putain de jours de cure. Au départ, je devais aller à l'hôpital, comme le voulait ma mère. Mais au final...

Tamaki regarde le plafond de sa chambre d'un air déboussolé, assis sur le sol, dos contre la porte fermée. Ses genoux sont recroquevillés, son front en est sueur tandis qu'un plaid couvre ses épaules. Sa chambre est plongée dans l'obscurité.

Là, Kora frappe à la porte, appelant doucement son fils.

- Tamaki ? Tamaki tu m'entends ?

- ...

- Je vais aller faire quelques courses. J'en ai pas pour longtemps, je te le promets. À tout à l'heure.

On entend les pas de sa mère s'éloigner - la porte s'ouvrir - puis se claquer. Là, les lèvres de l'adolescent s'aplatissent nerveusement, les yeux brillants.

... Me confiner dans ma chambre était la solution la plus sage pour elle, et surtout pour moi.

...

15 jours avant...

À l'hôpital, le docteur Yukihisa Maki est assis à son bureau, en train de taper sur son clavier d'ordinateur le nouveau dossier de Tamaki. Celui-ci est d'ailleurs assis face à lui, le regard vide. Yukihisa lève alors les yeux vers l'adolescent :

- Très bien Tamaki. On peut commencer ?

- ...

- Je n'ai pas besoin d'avoir tes informations personnelles, ta mère m'a déjà tout donné. Je voudrais juste en savoir un peu plus sur ta dépendance afin de te faire transférer les soins nécessaires.

Tamaki ne dit pas un mot. Il hoche doucement la tête pour confirmer à Yukihisa qu'il est prêt à répondre à ses questions. Celui-ci hoche la tête en retour, avant de commencer :

- Bien. Tout d'abord j'aimerais savoir quand est-ce la première fois que tu as commencé à prendre de la drogue ?

Le concerné reste silencieux pendant un court moment, ses mains grattant légèrement sa cuisse droite. Il garde toujours les yeux baissés.

- C'était juste après l'accident, c'est ça ?

- ... Non c'était..., c'était bien avant.

Alors qu'il est surpris face à sa réponse, Yuki ne dit rien, et garde une expression neutre.

- Depuis quand ?

Tamaki renifle doucement, tout en passant une main derrière sa nuque :

- ... Depuis trois mois. En fait, j'ai... j'ai commencé un mois après la rentrée scolaire.

- Et, qu'est-ce que tu prenais ?

- ... De l'euphoria. C'est...

- Oui je, je sais ce que c'est. Tu prenais principalement cette substance ?

- Non. Enfin si, au début oui mais..., ensuite, je fumais du THC.

Il jette un regard à Yukihisa, voyant que celui-ci ne répondait pas. Il écrit quelque chose tandis que Tamaki poursuit :

- Puis... je prenais de la cocaïne, du LSD... et des amphés, genre, fentanyl.

- Du fentanyl ?

Tamaki regarde Yukihisa, avant d'hocher la tête avec embarras. Yuki reste silencieux, comprenant rapidement comment il a pu consommer du fentanyl.
Il reprend quelques secondes après, la voix calme :

- Combien de fois tu en prenais par jour ?

La voix de Maki n'est pas froide, mais calme et sereine, afin que Tamaki ait plus de facilité pour répondre, même si c'était assez difficile pour l'adolescent.
Ses doigts tortillaient la manche de son gilet tandis qu'il avait toujours les yeux baissés. Yukihisa tente alors de le rassurer en lui disant qu'il n'est pas la police, et qu'il souhaite seulement en savoir plus afin de l'aider dans son traitement.

- ... Peut-être 3..., ou 4 fois par jour, répond finalement le jeune homme.

- Substances mélangées ?

Il hoche frénétiquement la tête.

- Qu'est-ce que ça procurait, émotionnellement ? Tu te sentais fort, faible ?

Là, une larme tombe sur sa joue droite. Tamaki répond faiblement :

- ... Vide. Je me sentais vide.

Il regarde son médecin, qui n'avait pas détourné son regard. Ce dernier l'observait avec empathie : bien qu'il ait déjà eu à faire à des patients victimes de dépendance dans le passé, il ressentait comme de la peine pour Tamaki, sûrement parce qu'il s'agissait du fils à sa petite-amie.

- Et ça peut paraître bizarre, mais...

Tamaki lève son regard vers lui et répond d'une petite voix :

- J'aimais cette sensation.

Une seconde larme coule sur son autre joue tandis qu'il regarde toujours Yukihisa. Là, il ne semble plus attristé... mais impassible.

...

Chambre de Tamaki - 3ème jour de confinement

Allongé sur son lit, Tamaki scrute le plafond, l'air pensif, ses mains posées à l'arrière de sa tête. La lumière de sa chambre est assez tamisée.

C'était plutôt cool la première semaine. Forcé à rester enfermé dans sa chambre à attendre que le temps passe pouvait paraître comme un enfer, mais c'était plus comme des vacances pour moi. Je loupais l'école, ma mère m'apportait chaque jour les repas que je désirais...

On frappe à sa porte. Tamaki tourne son regard avant de se lever de son lit, voyant sa mère qui lui apporte son déjeuner.

- Coucou, parle doucement celle-ci.

Il lui esquisse un faible sourire :

- Salut.

- Voilà pour toi.

Kora pose le plateau sur son lit : une assiette de macaronis au fromage, accompagné de petites tranches de pains d'épices et d'un verre d'eau.

- Merci, ça sent trop bon.

- Comment tu te sens alors ?

Tamaki soupire un bon coup par le nez, avant d'hocher la tête :

- Ça va.

- Tu es sûr ?

- Oui, je me sens bien.

Remarquant sa mère le fixer avec insistance, Tamaki rétorque qu'il le jure, il se sent bien. Kora émet alors un sourire rassurant.

- Maki m'a dit que les premiers jours ne seraient pas très difficiles, donc tiens le coup. Ça ne fait que 3 jours, mais tu te débrouilles très bien jusqu'à maintenant.

Son fils hoche la tête. Il rétorque ensuite d'un sourire que ça irait même beaucoup mieux s'il pouvait avoir son téléphone.

- Histoire que je reste pas là à me faire chier.

Kora baisse alors les épaules tout en souriant à son fils d'un air désolé :

- Je sais à quel point ça peut être pénible pour toi, mais c'est aussi ça une cure. À l'hôpital, ça aurait été la même chose.

- Pff, ça aurait été même pire.

Ils rient légèrement, sa mère le regardant tendrement par la suite.

- Bon allez, courage. Plus que 27 jours à tenir.

Elle tapote doucement son genou avant de se lever. Tamaki la regarde, un sourire léger sur les lèvres.

- Merci pour le repas.

Il baisse les yeux sur son plateau tandis que sa mère se dirige vers la porte. Elle se retourne ensuite :

- Hey, Tamaki.

Il relève les yeux vers elle :

- Je suis fière de toi.

Tamaki lui rend son doux sourire et la remercie, puis Kora referme la porte. On entend le bruit d'une clé qui verrouille cette dernière alors que le jeune garçon se pose à genoux sur le sol, devant son plateau de repas.

Oui, comme l'a dit ma mère, les premiers jours n'étaient pas aussi compliqués que ça. Bien que quelque fois le manque me revenait, j'arrivais à prendre sur moi les jours suivants. Mais, lorsque je suis arrivé à mon dixième jour...

...

Chambre de Tamaki - 10ème jour de confinement

Cette fois, les volets sont fermés, laissant la faible lumière du jour entrer dans la chambre, tandis que la lumière est éteinte. Tamaki est assis sur son lit, en train de ronger l'ongle de son pouce, le genou tremblant. Il fixe son bureau les yeux ronds depuis déjà de longues minutes :

... les effets de sevrage se sont de plus en plus manifestés.

Avant de se lever brusquement et commencer à le fouiller. Il fouille son tiroir, sous son casier, en balançant tout ce qui traîne sur le sol - ouvre ses cahiers un à un avant de les jeter. Il jure et commence à paniquer en ne trouvant pas ce qu'il cherche. Il se dirige alors vers sa porte et commence à frapper contre, appelant sa mère à plusieurs reprises. Kora finit par arriver devant sa porte, assez inquiète.

- Oui Tamaki ? Qu'est-ce qui se passe ?

- ... Faut que j'aille pisser.

Kora n'était pas dupe : elle avait mis en place tout ce dont avait besoin Tamaki dans sa chambre. Elle devine très vite que celui-ci voulait simplement trouver un moyen de sortir.

- Je t'ai mis une bassine dans ta chambre, Tamaki.

- Mais elle est pleine...!

- Impossible, je l'ai vidé hier.

- Sauf qu'il faut que je sorte tout de suite putain !

Il se mord la lèvre, son bras appuyé contre la porte. Il ajoute plus calmement :

- Ouvre la porte. S'te plaît maman ouvre la porte.

Kora ferme difficilement les yeux. Elle soupire doucement et un bon coup, avant de répondre calmement :

- Désolé, mais j'peux pas chéri.

Il baisse la tête, ferme les yeux afin de retenir ses larmes, tandis que Kora continue derrière la porte :

- Essaye de tenir quelques jours de plus, d'accord ? Je sais que tu peux le faire, Tamaki.

Il entend ses pas s'éloigner, alors qu'il reste toujours appuyé contre la porte, soupirant d'anxiété.

Kora arrive dans le salon, le visage rongé par l'angoisse. Yukihisa, qui est assis sur le canapé, la regarde, ayant entendu leur conversation. La jeune femme lève ses yeux vers les siens :

- Ça y'est... ça commence.

Elle le rejoint sur le canapé, avant de s'asseoir sans perdre son expression.

- Qu'est-ce que je vais faire Yuki ?

Elle tourne sa tête vers son petit-ami, qui lui rétorque en posant une main sur sa cuisse :

- Rien. Tu ne vas rien faire.

- Mais si jamais il perd la tête ? Si jamais comme son père, il...

- Hey, Kora.

Il tente de la rassurer en la prenant par les épaules, afin de l'enlacer doucement.

- Tamaki est quelqu'un de fort. Ce sera dur pour lui les jours suivants, mais il va s'en sortir. J'en suis certain.

Kora pose sa tête sur son épaule, hochant légèrement la tête, tandis que Yuki continue de la réconforter. Il croyait vraiment en ses paroles et était persuadé que Tamaki allait s'en sortir.

Sauf que chaque nuit, mon état empirait. Chaque nuit que je ne dormais plus, que je hurlais d'angoisse et que ma mère se réveillait pour me rassurer.

...

La première nuit.
Kora est en train de dormir dans son lit lorsqu'elle entend Tamaki l'appeler fortement. Elle ouvre les yeux et se lève de son lit.

La deuxième nuit, elle dort toujours dans son lit lorsque cette fois, elle entend des pleurs. Elle ouvre les yeux puis se lève.

Puis la troisième nuit, alors qu'elle semble dans un sommeil profond, cette fois, ce sont des coups qu'elle entend. De gros coups de portes. Totalement épuisée, elle ouvre les yeux avec difficulté avant de se relever.

...

Elle s'avance devant la porte de la chambre de son fils puis l'appelle fortement :

- Tamaki...! Tamaki !

Elle frappe à son tour sur la porte tout en disant à son fils d'arrêter, tandis que le concerné continue de donner des coups de pied contre celle-ci alors qu'il entend sa mère de l'autre côté.

- TAMAKI ! Arrête ! C'est la troisième nuit de la semaine !

- ALORS LAISSE MOI SORTIR BORDEL !

Kora se fige en entendant la voix terrfiante de son fils. Elle se recule lentement, jusqu'à sans le vouloir se plaquer contre le mur derrière elle.

- LAISSE MOI SORTIR !

Il continue de donner des coups de pieds, plus violemment que la porte en tremblait elle-même. Kora tente de parler malgré sa voix tremblante, mais parvient tout de même à répondre :

- Calme-toi ! Tu sais que je ne peux pas. Je ne peux pas faire ça.

- Bien sûr que si tu peux ! Mais tu veux PAS le faire, c'est tout !

- ...

La voix méconnaissable, Tamaki ne se contrôle plus. Il hurle tout en se collant contre la porte :

- Tu cherches à faire quoi en vrai ?! Hein ?! Tu veux me faire du mal ?! C'est ça avoue, t'as jamais voulu mon bien, parce que si c'était le cas, tu me laisserais pas moisir pendant des jours dans ma chambre ! ET C'EST POUR ÇA QUE PAPA S'EST SUICIDÉ !

Là, s'en était trop à entendre : Kora faillit déglutir. Elle s'abaisse lentement contre le mur, le regard apeurée. Elle passe ensuite une main sur sa bouche, se retenant de toutes ses forces pour ne pas sangloter, alors que Tamaki continue :

- Il s'est suicidé à cause de ta putain de méthode à nous séquestrer ici, sans rien faire, alors que tout ce que t'aurais dû faire, c'est le laisser VIVRE SA VIE ! Mais au lieu de ça, t'as préféré le tuer !

Tamaki est toujours collé à la porte, ajoutant ses mots déchirants à sa mère :

- C'est à cause de toi si papa est mort ! C'est à cause de toi s'il est plus là ! C'est ce que t'attends de moi aussi hein ?! T'attends que je mette fin à mes jours pour que t'ai enfin la paix ?! Ben je te rassure, j'suis bien à deux doigts de me couper les veines si tu me laisses pas sortir de cette PUTAIN DE CHAMBRE !

Il frappe à plusieurs reprises son poing contre la porte, alors que sa mère a les yeux fermés, pleurant silencieusement. La respiration forte, elle arrive à peine à respirer convaneblement, comme si elle suffoquait.

- Maman ? T'es toujours là ?

Elle est toujours là, mais décide de ne pas répondre.

- Tu sais quoi ? Tu peux aller te faire foutre ! J'ai pas besoin de toi, et j'ai jamais eu besoin de toi vu que t'as jamais été là pour moi ! Toujours absente à cause de ton taff de merde où ton propre patron, qui est aussi le mec que tu te tapes, n'est même pas foutu de te donner une augmentation !

Les mains liées entre elles, ainsi que les larmes abondantes aux yeux, Kora reste toujours silencieuse face à son fils, qui se déchaîne malgré lui sur elle.

- Tu crois qu'il en a quelque chose à foutre de toi ?! Tu penses qu'il t'aime et qu'il va se marier avec toi ?! Ma pauvre, t'es rien de plus qu'une énième femme à mettre dans son putain de lit !

Puis là, silence. Tamaki ne parle plus, sous la surprise de sa mère. Son état colérique se change alors en des rires nerveux.

- Allez maman, c'est plus drôle, ouvre la porte. Ouvre la porte. Ouvre cette putain de porte maman.

Il frappe contre une nouvelle fois, sans aucune réaction de Kora. Il l'appelle, plus impulsivement, et ça recommence. Les coups de pieds s'enchaînent alors qu'il ordonne de lui ouvrir la porte. Et pourtant, Kora reste immobile face à tout ça : elle n'arrive plus à réagir.

- OUVRE LA PORTE ! OUVRE LÀ, OUVRE..., CETTE PUTAIN DE PORTE ! OUVRE ! OUVRE CETTE PORTE !

Ce n'est que lorsqu'elle entend un craquement que Kora relève les yeux : le bois de cette dernière commençait à céder. Elle se reprend alors rapidement, se lève et hurle à son fils d'arrêter, un hurlement qui se finit par des sanglots de supplices. Tamaki finit par s'arrêter.

- Je t'en supplie Tamaki, je t'en supplie, arrête. Arrête.

Elle savait parfaitement que Tamaki n'était pas dans son état normal, et c'est cela qui la brisait deux fois plus. De regarder, subir autant de souffrance sans qu'elle ne puisse rien faire.
Un silence se fait entre mère et fils, Tamaki ne rétorquant rien de plus. Son regard rempli de rage se remplace par de la tristesse. Des larmes coulent sur ses joues tandis que son front se plaque contre la porte.

- Maman, j'en peux plus... laisse-moi sortir, s'il te plaît...

Il continue de la supplier à multiples reprises. S'en est déjà beaucoup trop pour Kora, qui ne peut plus en supporter davantage. Elle sèche de nouveau ses larmes, inspire profondément :

- ... Tamaki, il est tard. Il faut que tu dormes.

Ses pas s'éloignent, puis il entend la porte de sa chambre se fermer. Tamaki frappe à nouveau du poing contre la porte, mais cette fois, plus faiblement. Il sanglote ensuite, tout en se baissant lentement sur le sol.

Après 15 jours, j'ai commencé à avoir des hallucinations.

...

Chambre de Tamaki - 20ème jour de confinement

Tamaki est assis sur le sol, dos contre la porte fermée. Sa chambre est plongée dans l'obscurité. Un plaid couvre ses épaules tremblantes tandis que son front est en sueur.

Des hallucinations qui me paraissaient putain de réels... et putain d'angoissantes.

De là, alors qu'il fixe un point vide au plafond depuis plusieurs minutes, il entend une voix face à lui :

- Ohhh, fais pas cette tête !

Tamaki relève les yeux et voit en face de lui sa dénommée conscience, alors que se trouve Sogo Osaka, un jeune homme complètement inconnu pour lui.

- On dirait que tu vas assister à un enterrement de chien.

Tamaki lève de là un sourcil :

- Ça existe ça ?

- Bien sûr. Il existe tous types d'enterrements, pour tous types d'espèces. Les humains, les animaux... et même les plantes. Et vu ta tête, on dirait que tu t'apprêtes à enterrer ton chien.

- J'ai pas de chien.

Sogo esquisse alors un sourire narquois :

- Et tu n'as pas d'enterrement non plus.

Tamaki détourne froidement le regard avant de rétorquer lentement :

- ... Je sais même pas pourquoi je te parle, sérieux...

- Mmh..., peut-être parce que tu n'as personne d'autre à qui parler... ou peut-être parce qu'il s'agit de ton vingtième jour de cure, et que tu commences à perdre la boule.

Tamaki relève les yeux au ciel tandis que sa "conscience" Sogo Osaka poursuit :

- Ne t'en fais pas. Dis-toi qu'il te reste plus que dix jours à tenir, et d'ici là, j'aurais disparu de ta tête.

- Va te faire foutre.

- Ohhh, mais c'est qu'on devient violent en plus d'être parano.

Tamaki se relève doucement, avec diffculté, tout en jurant un long "putain". Il se retourne ensuite vers la porte.

- Qu'est-ce que tu fais ?

Il commence à agiter le poignet de sa porte.

- Arrête, tu sais que ça ne sert à rien. Tu ne peux pas sortir d'ici.

- Ferme ta gueule, putain.

- C'est pas en me disant ferme ta gueule que je vais disparaître.

Il avance de quelques pas :

- En vérité, c'est toi qui me fait réapparaître tout le temps. Donc en soit, c'est de ta faute si je suis là.

Tamaki relâche le poignet de la porte avant de souffler un bon coup d'exaspération. Derrière, Sogo poursuit :

- Ta mère est partie faire des courses, tu as oublié ? Il n'y a que toi dans cette maison.

Tamaki colle son front contre la porte tout en fermant fortement ses yeux.

- Je vais péter un câble si je sors pas d'ici...

Sogo est maintenant placé juste derrière lui.

- ... Il faut que je sorte. Faut que je sorte putain.

- ... Pour aller prendre l'air ou pour acheter de la dope ?

- La FERME !

Là, l'adolescent se retourne brusquement : Sogo n'est plus derrière lui. Alors qu'il regarde en face de lui, la respiration forte, il entend sa conscience lui chuchoter dans sa tête :

Sogo : Hey, tu oublies qu'il te reste une autre porte.

Ses yeux se posent alors sur la fenêtre aux volets fermés. Il la fixe pendant un moment, avant de s'avancer rapidement et l'ouvrir. La lumière du jour lui fait mal aux yeux, il les ferme douloureusement, monte ensuite et passe par-dessus, ses pieds touchant le petit balcon aux grilles en ferraille. Puis alors qu'il s'apprêtait à poser un pied sur le garde corps, il est pris d'un vertige. Il ralentit, regarde en bas et commence à avoir la nausée. Aussitôt, il fait demi-tour et remonte dans sa chambre, avant de se précipiter vers la bassine et vomir. Cela dure plusieurs secondes, il tousse fortement.

- Comment ça se passe avec Tamaki ?

...

Au supermarché, Yukihisa pose la question à Kora, qui est en train d'observer le rayon de légumes avec son caddie. Elle se retourne vers son amant, qui ajoute :

- Ça doit être son vingtième jour de sevrage, comment se sent-il ? Il tient le coup ?

Kora secoue doucement la tête avant de se remettre à marcher :

- Et bien, je sais pas si ça doit être rassurant, mais il est devenu calme depuis quelques jours. Il dort de plus en plus par manque de sommeil, et ses crises se sont apaisées.

- Et il mange assez ?

Kora secoue tristement la tête :

- Il finit à peine son assiette.

Yukihisa hoche lentement la tête pour réponse.

- Je ne peux pas m'empêcher d'être inquiète chaque fois que je ne l'entends plus. J'ai peur qu'il finisse par craquer.

De là, elle se tourne vers Yukihisa et lui demande si ce n'est pas mieux d'arrêter la cure. Ce dernier lance un petit soupir tout en baissant la tête.

- Je sais ce que tu vas dire, et je suis d'accord avec toi. Mais je ne supporte plus l'idée qu'il souffre un peu plus chaque jour. Je n'aime pas ça et...

- Kora.

Là, il se place face à elle, avant de la prendre par les épaules :

- Je comprends ton inquiétude. Mais 10 jours. Il ne reste plus que dix jours avant la fin de son confinement. Dix petits jours avant que ton fils n'aille mieux.

- ...

- Je suis sûr que tout comme lui, tu peux tenir le coup toi aussi.

La concernée baisse les yeux. Elle hoche ensuite la tête, et répond à Yuki qu'il a raison. Elle se tourne afin de reprendre son caddie et se remettre à marcher, aux côtés de son amant.

Kora : Espérons juste que d'ici là...

...

- Tamaki ne craque pas.

La nuit.

L'adolescent est allongé sur le côté dans son lit, les yeux entrouverts. Des larmes coulent abondamment sur ses joues tandis qu'il peine à respirer normalement.

La porte s'ouvre alors : Kora la ferme, s'avance doucement vers son fils, et s'allonge derrière lui. Son bras passe autour de sa taille et sa main prend la sienne. Elle l'embrasse sur la joue, avant de coller la sienne contre elle.

- Mon bébé...

Tamaki, ayant perdu ses forces, resserre faiblement sa main sur la sienne. Il sent le toucher de sa mère contre lui, et bien que cela l'apaise, il se sent extrêmement faible et est incapable de bouger plus.

- Ça va aller mon coeur, je suis là.

Elle l'embrasse une nouvelle fois avant de lui répéter qu'elle est là. Tamaki, alors qu'il pleurait doucement, rétorque la voix tremblante qu'il lui manque.

- Papa me manque...

À ces mots, les yeux de Kora brillent.

- Pourquoi est-ce qu'il a fait ça...? Pourquoi il nous a abandonné ?

Elle se pince ensuite les lèvres, comme pour se retenir de pleurer. En vain, ses larmes finissent par couler à son tour. Un silence se fait, avant que Tamaki ajoute, la voix empreint de tristesse :

- ... J'en peux plus..., j'en peux plus maman...

Sa mère caresse délicatement ses cheveux de son autre main.

- Ça va aller Tamaki, c'est bientôt fini.

Elle lui embrasse ensuite doucement la tempe :

- Je te le promets.

Elle remarque alors sur le sol, à quelques centimètres du lit la bassine remplie de vomi. De là, elle comprend que l'état de son fils n'a fait qu'empirer, mais qu'il fallait qu'ils tiennent bon jusqu'au dernier jour. Tamaki était arrivé tellement loin qu'ils ne pouvaient pas tout abandonner maintenant.

Elle embrasse à nouveau sa tempe, avant de répéter qu'elle est là pour lui. Mère et fils restent donc allongés là, et cela pendant de bonnes heures, jusqu'à ce que Tamaki finisse par tomber de sommeil, encore.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top