3 : Obscurité menaçante.
Cette semaine est déjà notre quatrième semaine de colocation. J'ai évité de passer trop de temps avec lui parce que sa bonne humeur permanente me pèse plus qu'autre chose. Mais surtout parce qu'étrangement, son corps commence étrangement à m'attirer plus que la normale... Ce rêve érotique m'a hanté l'esprit nuit et jour jusqu'à aujourd'hui. Bien que je pensais n'être qu'hypnotisé par son sourire remarquable, j'entrevois d'autres explications. Et bien évidement, elles ne me plaisent guère. Je ne peux pas l'expliquer. Bien que j'évite sa personne un maximum, Takuya continue de me tyranniser l'esprit. Chaque geste qu'il fait me paraît suspicieux, chaque mot prononcé sonne comme un sous-entendus que je ne saurais décrire... J'ai même finis par pensé que j'étais devenu fou par sa faute. Peut-être est-ce simplement de la jalousie à son égard. Il faut dire que ma vie n'est en rien comparable avec la sienne...
Ce soir, j'ai décidé de travailler sur mes derniers projets avant de les envoyer au producteur. J'ai pris beaucoup de retard mais je sais que je réussirai à finir dans les temps...comme toujours. Je suis nerveusement installé sur la table de la cuisine à travailler sur les paroles de l'une de mes chansons alors que Takuya bosse sur je ne sais quoi, sur la table basse du salon, à quelques mètres derrière moi. Je désespère totalement face à ce que j'écris. Putain, qu'est-ce qui m'arrive encore ? La page blanche ou autrement dit le manque d'inspiration est l'une de mes plus grandes peurs. Ne plus réussir à écrire revient à dire que je ne sais absolument plus rien faire de ma vie et c'est véritablement quelque chose qui me terrorise. Parce que je sais que le jour où je n'aurai plus rien à offrir à ce monde, je serai inutile et bon à jeter. Et j'ai sincèrement foi à espérer que je n'aurai plus jamais ce genre de pensée.
– « Ya, Jaejoon. Tu fais quoi ? » mes questionne joyeusement Takuya. Je ne l'ai même pas vu approcher, ni même entendu. Confortablement, Takuya vient poser sa main sur mon épaule se penchant au passage, sur mon travail pour y jeter un œil. Je l'analyse lire sérieusement mes brouillons et sans réellement savoir pourquoi, je me retrouve à m'attarder sur sa pomme d'Adam. Je le regarde, fasciné comme obnubilé jusqu'à ce qu'il ne s'en aperçoive. Nos pupilles se croisent me ramenant instantanément à la réalité. Par panique et sûrement pour avoir une bonne excuse à se comportement irrationnel, je fais semblant d'enlever quelque chose sur son cou avant de fuir son regard. Il me remercie timidement d'un grand sourire avant de complimenter mon travail. Qu'est-ce qu'il y connaît lui, d'abord ? Et est-ce qu'il va rester là, collé à moi ? « Tu as faim ? Je vais préparer quelque chose à manger. » propose-t-il soudainement, comme motivé. J'acquiesce pour le pousser à m'ignorer quelques minutes. Le problème, c'est que moi j'ai énormément de mal à l'ignorer. Il faut dire que le regarder cuisiner sans s'arrêter de sourire me fait ressentir toutes sortes de chose, des choses inexplicables que je ne parviens pas à décrypter, ni même à comprendre un peu... Putain, je crois que je deviens fou... Mon colocataire japonais nous sert studieusement le repas qui, honnêtement m'a l'air vraiment délicieux. Il goutte sa soupe aux choux chinois avant de sautiller sur sa chaise, fier de sa réalisation. Quoi, elle est si bonne que ça ? Il me tend sa cuillère en me proposant d'y goûter, remarquant que je suis surpris par sa réaction. « Goûte. Elle est vraiment bonne, j'te jure ! J'crois que j'me suis vraiment surpassé... » se vante-t-il. Il veut que je le frappe ou bien...? Je commence à manger sans faire attention à lui, laissant sa cuillère en suspend dans le vide. Takuya ne s'arrête pas de sourire pour autant et imite mon geste sans rien dire. Le fait de ne pas réussir à écrire mes paroles m'occupe l'esprit plus que jamais. Si je n'ai plus les mots, je n'ai plus d'ambition et on ne peut pas dire que j'en ai beaucoup alors il serait préférable pour moi de retrouver l'inspiration. « Tu as un grain de riz... » marmonne-t-il de manière presque inaudible. Je lève alors les yeux vers lui alors que mon regard s'était longuement perdu sur le liquide que contient mon bol. Il tend soudainement sa main vers moi avant de venir caresser le recoin de ma bouche. « Juste ici... » finit-il avant de me sourire. Tétanisé, figé...je tente de rester impassible face à son geste. Pourquoi agit-il de cette façon avec moi ? A chaque fois, je finis par me faire des idées. Est-ce qu'il joue avec moi ? Est-ce qu'il se moque de moi ? Je le regarde, humilié par l'accélération de mes battements de cœur après qu'il soit venu créer un contact physique volontaire avec moi. Peut-être qu'il ne pensait qu'à me débarrasser de ce grain de riz mais pour moi, cela avait une toute autre apparence. Je continue de manger silencieusement, ne prenant même pas la peine de le remercier. Je crois que Takuya comprend que sa façon d'agir avec moi me déplaît mais certainement trop poli pour me questionner, il décide simplement de terminer son repas. J'ai proposé de ranger seul la cuisine pour le laisser retourner travailler sur ses cours. En réalité, c'était surtout pour l'éloigner de moi. Plus il est loin, mieux c'est... Alors que je fais la vaisselle, je l'entends s'acharner sur son bouquin, jurant sûrement en japonais. Un léger rire s'échappe de mes lèvres. Alors Takuya aussi peut s'énerver ? Moi qui le croyais indéfiniment heureux et apaisé... Peut-être que lui aussi n'arrive pas à être efficace ce soir. Je finis par abandonner mon travail, trop confus et préoccupé pour réussir à créer quelque chose de potable. Je m'allonge complètement sur le sofa pour regarder la télévision. Curieusement, j'observe Takuya. Assit sur le tapis, il est sérieusement captivé par ses livres. Je suis certaine que cet idiot ne se rend même pas compte qu'il fronce les sourcils depuis déjà dix minutes, un crayon dans une main, l'autre le point serré.
– « Ya, tu fais quoi ? » demandais-je tout en fixant l'écran, pour le sortir de cet état second. Il se retourne vers moi et affiche un grand sourire, comme si ce n'était qu'un réflexe pour lui. Pourquoi est-il si heureux de savoir que je lui porte un minimum d'attention ?
– « Je devrais peut-être faire une pause. » explique-t-il avant de fermer ses bouquins pour s'intéresser à ce qui défile à la télévision. Je regrette rapidement la question qui l'a poussé à s'arrêter. La télécommande dans la main, je l'admire rire comme un idiot se moquant de l'émission qui passe. Devant la table basse, le dos appuyé contre le sofa, mon colocataire ne cesse de se tordre en deux me faisant même réfléchir sur la cause de ce fou-rire, à croire que je ne comprends rien à ce qui se raconte à la télé. Aish...je finis même par penser qu'il est mignon comme ça. Il balance sa tête en avant et en arrière frôlant ma partie intime toutes les deux secondes sans même se douter de quelque chose. Je l'observe faire, anxieux mais aussi...désireux. Je me vois obligé de lever les yeux au ciel me mordant l'intérieur de la joue d'une frustration qui m'est incompréhensible. Je rougis à mesure que la situation s'intensifie, à mesure qu'il frôle mon jogging. Pourquoi est-il obligé de se dandiner dans tous les sens dès qu'il rit ? « Ya, Jaejoon ! » annonce-t-il soudainement en se retournant vers moi, sans que je ne m'y attende. J'avale ma salive avec difficulté et serre les jambes avant de rougir comme s'il avait pu lire en moi. « Je peux te demander quelque chose ? » ajoute-t-il simplement. Ce que tu veux, du moment que tu arrêtes de jouer avec mon envie... J'acquiesce face à sa requête, voulant en finir au plus vite. « Je me demandais... Je pourrais revenir avec toi la prochaine fois ? AuStarnight... » termine-t-il avant d'afficher un sourire de petit garçon innocent sur son visage. Ce connard...il me supplie de son regard adorable. Est-ce vraiment ce qu'il voulait me demander ? Puis, pourquoi veut-il revenir avec moi ? Lui qui ne boit même pas...
– « Pourquoi ? Tu t'es amusé ? » l'interrogeais-je curieusement. « Je croyais que tu ne buvais pas... » bougonnais-je tout en faisant semblant de reporter mon intérêt sur la télévision.
– « Je me disais juste que si ça te plaisait autant que ça, alors je devais peut-être y retourner. Je n'ai pas vraiment l'habitude d'aller dans ce genre d'endroit au Japon. Je préfère les karaoké, en fait. » plaisante-t-il dans sa solitude. Mais qu'est-ce qu'il raconte encore ? Après qu'il ait fini sa phrase, je l'imagine chantant dans un karaoké entouré de filles complètement folle de lui et de sa voix. Qu'est-ce que je raconte ? Est-ce qu'au moins il a déjà eu une relation sexuelle dans sa vie ? « Pourquoi tu aimes tant aller dans ce genre d'endroit ? Boire, fumer...flirter... Ça t'apporte quoi, en fait ? » Est-ce qu'il me fait une leçon de morale là, ou je rêve ? Je perçois comme une touche de sarcasme dans sa voix bien que son visage ne traduise pas la même chose. Mais honnêtement, sa question me fait réellement réfléchir...
Takuya, j'ai l'impression que tu as eu une vie bien meilleure que la mienne durant toute ces années. C'est sans doute pour ça que tu souris sans arrêt. Parce que tu ne sais pas ce que c'est que de souffrir tout seul dans son coin sans personne à qui parler. Je t'envie vraiment pour ça. Bavard, intelligent, sérieux, respectueux, bien foutu et heureux. Tu es vraiment tout le contraire de moi. J'espère que tu as conscience de la chance que tu as... Il y a tellement de mauvaises choses cachées au fond de moi. Alors chaque jours je me bats pour essayer de les chasser de mon esprit comme si cet événement n'avait été qu'un affreux cauchemar, un sommeil bien trop profond pour le gamin que j'étais. Mon quotidien est une obscurité menaçante, une obscurité accablante et épuisante. Le soleil et la lumière sont mes ennemis parce que je vois en eux le bonheur des autres et ma flagrante tristesse. C'est pourquoi les nuits sont devenus mes jours. Car je suis tout simplement incapable de vivre normalement, je n'arrive pas à me sauver de ce jugement horrible qui me consume moi-même, je n'arrive plus à vivre dans le jour après avoir côtoyé les ténèbres pendant des semaines, après avoir perdu le vue et toute l'envie de survivre... J'essaye si durement d'effacer mes souvenirs, de les jeter, de les supprimer mais comme c'est encore bien trop compliqué pour moi, je me cache, parce que oui, je suis faible. Je suis constamment barricadé dans cet appartement dans lequel je me suis moi-même pris au piège. Je vis de ma passion qu'est la musique parce que c'est la seule chose qui me permet d'oublier ces voix qui murmurent dans ma tête, c'est la seule chose qui me permet de me lever de ce putain de matelas chaque soir et qui me pousse à échapper à cette vie misérable à laquelle je suis destiné depuis qu'ils ont choisi ce que serait mon futur. L'alcool, la drogue, les filles, c'est mon quotidien... Pas besoin d'avoir de conversation sérieuse, d'avoir de relation approfondie et de penser à tout ce qui m'entoure parce que je hais ça. Je hais voir les autres me juger, je hais savoir que les autres sont plus heureux que moi. Je les hais pour ça. Enfin...c'était avant que Takuya ne vienne emménager chez moi. La solitude est toujours aussi présente mais le contrôle de moi-même, j'ai beaucoup de mal à le trouver lorsqu'il est auprès de moi.
Son doigt vient appuyer entre mes sourcils pour me sortir de mes pensées. Il est appuyé sur le sofa et me regarde tout sourire, bien évidemment. Je m'écarte par réflexe avant d'annoncer que j'ai besoin d'aller dormir. Ce type me rend complètement dingue avec ses questions... Sa curiosité m'a plongé dans une mûre réflexion m'obligeant à passer la nuit entière sur mes paroles plutôt qu'à trouver le sommeil. Pourquoi je n'arrive pas à travailler, putain ? Pourquoi est-ce que je pense sans arrêt à son putain de sourire à la con ?
Onze heure trente. Habituellement, j'arrive à dormir toute la journée mais, j'ai encore du travail à faire, alors inconsciemment, je me suis obligé à me lever. J'entends de la musique résonner dans la chambre de Takuya...c'est du japonais ? Il n'a pas cours aujourd'hui ? Je réalise alors que je ne connais toujours pas ses horaires, ni ses jours de repos... Je me redresse et me dirige en traînant des pieds vers la salle de bain. Captivé par la chanson qui retentit entre ses murs, je m'arrête devant la porte de Takuya, à moitié entrouverte. J'essaie de manière discrète de savoir ce qu'il fait. Sans une quelconque raison...juste...comme ça. Habillé d'un seul jogging, il fait le ménage dans sa chambre avec tant d'enthousiasme que je ne peux m'empêcher de sourire. Si mignon... Je secoue la tête de gauche à droite pour éloigner toute sorte de pensées malsaines de moi puis décide d'aller prendre une douche. Alors que je me frotte les cheveux avec ardeur, je suis interrompu par l'arrivée de Takuya.
– « Désolé, je suis vraiment pressé. » s'exclame-t-il avant de sortir son sexe et de se soulager dans les toilettes. Je n'ai jamais pris pour habitude de fermer la porte à clé puisque j'ai toujours vécu seul mais j'y penserai fortement la prochaine fois. Je soupire d'agacement face à son comportement si aisé envers moi, alors que ça fait à peine trois semaines qu'on s'est rencontré. Malgré mon mécontentement, je reste subtilement fixer son corps parfaitement taillé à travers la porte de la douche. Si parfait que je me surprends à vouloir caresser son torse mais surtout à tenir son engin si imposant qu'il tient vigoureusement entre ses doigts. Il se secoue tranquillement avant de porter son attention sur moi. Le fait qu'il me dévisage un moment de haut en bas, comme si tout était normal éveille subitement un sentiment de besoin sexuel en moi. Il me sourit niaisement avant de sortir et de refermer la porte derrière lui. Tout est toujours normal pour lui...comme s'il n'avait aucune manière. Je pousse rapidement le robinet sur eau froide pour essayer de me refroidir l'esprit mais ça ne fonctionne pas... Je porte donc la main sur moi et serre mon sexe pour me faire plaisir. Je ne sais pas si c'est parce que cela fait longtemps que je ne l'ai pas fais moi-même ou si c'est parce que la scène qui vient tout juste de se passer sous mes yeux m'a trop enflammé mais j'avoue ressentir une forte excitation. Pourtant, je n'imagine rien de bien concret...quoique... En fait, je repense à ce rêve érotique qui me tourmente l'esprit depuis la dernière fois. La grande bouche de Takuya suçant promptement mon pénis, voilà ce qui m'électrise le corps... Après avoir savouré ce que j'ai accompli sur moi-même, je recommence à me laver tout en pensant sérieusement. Qu'est-ce qui me passe par la tête ? Pourquoi est-ce que les choses deviennent si difficile à cerner ? Takuya me rend complètement dingue...
J'ai décliné son invitation à partager ses ramens. Non. Pas après m'être branlé en pensant à sa bouche. Le regarder aspirer ses nouilles de façon si innocente et banale m'aurait certainement donné envie pour la deuxième fois de la journée. Cependant, j'ai eu du mal à ne pas céder à la tentation. Alors, discrètement, je me suis installé dans la cuisine, le portable dans les mains, afin de pouvoir de manière discrète l'observer de loin. Je suis subjugué par sa manière de rire et de manger devant la télévision. C'est comme si rien ne pouvait l'atteindre, comme si rien ne pouvait le faire souffrir, comme si rien ne pouvait lui enlever cette affreuse bonne humeur et ce sourire irrévocablement attrayant. Il donne de la joie à son entourage rien que par sa présence...il est...étrange comme mec... Trop intéressé et attiré par lui, je cours presque jusque dans ma chambre pour relire mon travail une dernière fois avant de l'envoyer au producteur. J'ai besoin de me changer les idées, de penser à autre chose que lui.
Parfois, je me dis que la souffrance a vraiment du m'offrir un talent. Mon producteur me l'a toujours dit, je suis doué pour écrire des chansons glauques et emplit de tristesse. Mes écrits sont très souvent des succès, touchant les gens à travers la voix d'une idole mais au moins, j'arrive à faire passer mon message, même si c'est de manière anonyme et indirect. Heureux d'en avoir finis avec celles-ci, je m'apprête à me lever du lit mais l'impression d'être observé m'oblige à regarder vers la porte. Takuya est appuyé contre celle-ci et agit de façon si sexy sans même sans rendre compte. Je suis blasé, plus que blasé par son comportement. Surtout pour avoir osé venir m'espionner dans un moment aussi intime que celui-ci.
– « Désolé... » souffle-t-il calmement, mais l'air embarrassé. « Tu es si hypnotisant lorsque tu joues...puis ta façon de chanter. Tu as vraiment une jolie voix. » avoue-t-il timidement. Il continue son cinéma. Encore et toujours... Je maintiens son regard quelques secondes avant de détourner les yeux. Et si Takuya n'était qu'en réalité un putain d'imposteur ? Et si ce sourire angélique, cette gentillesse presque incroyable cachait un homme meurtri cherchant à se venger des autres par ce rire anesthésique ? Il pourrait tout aussi bien jouer un jeu, être hypocrite vis-à-vis des autres et de ses sentiments ? Ou peut-être...est-ce que je voudrais ?! Pourquoi est-ce que j'aurai envie que Takuya souffre tout autant que moi en réalité ?
– « Tu n'as pas cours aujourd'hui ? » prononçais-je, inintéressé par son compliment. Pour dire vrai, je cherche seulement un moyen de mettre fin à ce moment gênant. Takuya s'approche de moi et prend nonchalamment place sur le lit, souhaitant certainement continuer la conversation avec moi. Putain...il joue définitivement avec mon envie, cet enfoiré.
– « Si, je vais bientôt y aller. Tu sors aujourd'hui ? Puisque tu t'es levé plus tôt... » se questionne-t-il, toujours aussi joyeusement. Je soupire, encore une fois... Pourquoi est-ce qu'il sourit tout le temps, bordel ? Je ne comprendrai jamais ce gars...
– « Non. Je dois juste finir ça. » marmonnais-je sèchement. Il rit face à mon franc parlé, tout en posant, de manière tout à fait innocente, sa main sur ma cuisse. Crois-moi, Takuya. Si tu n'enlèves pas rapidement ta main de là, tu ne seras plus jamais aussi innocent. Je me mords les lèvres et dégage violemment sa main avant de me lever pour aller aux toilettes. Il me cri affectueusement de passer une bonne journée avant de partir en cours. Pour calmer mes ardeurs mais surtout cette pression incompréhensible qui vient de prendre possession de ma poitrine, je décide d'appeler Minha. Puisque l'appartement n'est rien qu'à moi autant en finir avec cette insatisfaction qui me semble juste éternelle aujourd'hui.
Takuya rentre précipitamment vers dix-neuf heure, il retire promptement ses chaussures dans le hall d'entrée comme s'il avait quelque chose d'incroyable à raconter sur sa journée. Subitement, il se fige quelques secondes lorsqu'il reconnaît Minha, assise sur le sofa, toujours avec mon pull et sa petite culotte. Il la salue poliment m'ignorant totalement. Quoi ? Il croit peut-être qu'il a une chance avec elle ? Je me sens définitivement plus à l'aise lorsque Minha est avec nous, je ne sais pas vraiment pourquoi mais je me sens plus serein, cela créé une certain distance entre mon colocataire japonais et moi. J'ai aimé lui donner tout ce que j'avais et je suis assez satisfait de constater que Takuya n'a plus d'effet sur moi désormais.
– « Tes cours se sont bien passés ? » demande-t-elle d'un grand sourire, en se détachant de moi. « Jaejoon m'a dit que tu étudiais le dessin. Tu veux bien dessiner pour moi ? J'adore dessiner moi aussi !» s'excite-t-elle en se levant du sofa, m'abandonnant définitivement dans ma propre chaleur. Il n'y en a que pour sa gueule quand il est là...
– « Vraiment ? Oh, je vais te dessiner alors ! » s'exclame-t-il gaiement. Takuya disparaît dans sa chambre pour aller chercher tout son matériel alors que Minha me fait signe de me bouger de là pour leur laisser la place. Ils commencent donc à s'occuper tous les deux alors que je me retrouve comme un con à cuisiner pour eux, comme si je tenais stupidement la chandelle. Ils ont l'air de bien s'entendre tous les deux mais est-ce une raison pour me mettre de côté ? Une soirée de merde, voilà ce que je vais vivre. Ça m'apprendra à vouloir baiser Minha en pleine journée... Je goûte les morceaux de poulet frit que je me suis studieusement appliqué à préparer alors qu'ils continuent de rire, ignorant totalement ma présence. Tant mieux, je veux profiter de quelques secondes de calme sans aucune frustration, ni tentation. Manger sans penser que Takuya va peut-être rester me fixer ou poser sa main sur ma joue parce que j'ai du riz ou je ne sais qu... « Hum...ça a vraiment l'air délicieux, Jaejoon ! » suppose-t-il moelleusement avant de venir croquer dans mon morceau de poulet. Putain, non ! Je ferme les yeux pour reprendre mes esprits, je vais craquer... Il faut que je lui dise les choses clairement sinon on risque de finir à trois au lit et ce n'est vraiment pas dans mes plans. Non, cette idée me répugne bien plus que vous ne l'imaginez... Takuya est toujours derrière moi. Son corps se tient tout près, sa respiration chaleureuse caresse ma nuque puis ce ton qu'il vient d'arborer me fait rapidement deviner qu'il arbore une fois de plus ce fameux sourire béat. Takuya ne fait que me solliciter de manière inconsciente. Il me donne envie, il m'appelle sans arrêt me donnant faim de plaisir et d'érotisme.
– « Je dois te dire quelque chose...sérieusement... » bredouillais-je finalement, épuisé par tout ça. J'ai le regard fixé sur mon bout de poulet déjà croqué, laissant la marque parfaite de son passage et des dégâts qu'il produit sur moi et ma libido. Je réfléchis à la façon dont je pourrais lui faire comprendre les choses gentillement lorsque sans aucune raison, Takuya dépose sans gêne son menton sur mon épaule pour m'écouter attentivement. Là n'est pas la question... Qu'il s'appuie sur moi, ça passe encore...mais qu'il vienne se coller contre moi me laissant parfaitement imaginer son corps se frotter contre le mien...une fois encore, ça me rend complètement fou. Je me retourne hâtivement vers lui pour l'éloigner mais admirer son visage d'aussi près me fait rougir comme une petite fille en manque. Bordel, je suis si vulnérable face à lui... Je pense que Takuya a un effet négatif sur moi. Je garde mes distances mais il finit toujours par capter mon attention, plus qu'il ne le devrait. Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez moi, putain ? « T-Takuya... » bégayais-je maladroitement, essayant de calmer mes pulsions et mes battements de cœur. Tant pis...il faut que je lui dise, même si je dois me ridiculiser devant lui et Minha, il faut que je mette fin à cette situation inextricable.
– « Takuya ! Ton portable vibre ! C'est écrit en japonais... » s'écrit subitement Minha, captant toute notre attention. Sauvé par le gong...j'étais sûrement sur le point de merder...
– « Oh, merci noona. C'est ma mère ! » sourit-il avant de décrocher. Noona ? Je m'agace face à son comportement si amicale. Il veut vraiment flirter avec Minha juste sous mes yeux, dans mon appartement ? Mon colocataire débute son charabia japonais avant de s'éclipser dans sa chambre, s'excusant respectueusement auprès de nous avant. Minha, pas le moins du monde intéressée par ce que nous faisions Takuya et moi juste avant, s'approche pour voir ce que je prépare. J'en profite alors pour la serrer contre moi et l'embrasser.
– « T'en as encore envie ? » se moque-t-elle de moi lorsqu'elle comprend où je veux en venir. C'est sûrement surprenant que je sois aussi tactile tout à coup. Minha me connaît bien, elle sait que ce n'est pas mon genre de réclamer après elle. « Est-ce que tout va bien ? » s'inquiète-t-elle sincèrement, levant les yeux vers moi. Jaejoon...ton comportement est si flagrant que tu ne tarderas pas à te faire démasquer si tu continues... J'hoche naturellement la tête pour lui répondre. Même si intérieurement, je commence à paniquer, me demandant si le désir que j'éprouve pour Takuya est aussi prévisible. « Tu es sûr ? Je trouve que tu agis bizarrement. Tu m'appelles en pleine journée, tu me proposes de rester manger ici...puis tu m'embrasses comme si nous sortions ensemble. » remarque-t-elle comme si ce changement lui faisait extrêmement plaisir. Merde. En voulant éviter de me retrouver seul avec Takuya, en essayant de combler le désir qui m'habite à cause de cet idiot, j'ai fini par donner de faux espoirs à Minha. Je ne souhaite rien de sérieux entre elle et moi. Tout simplement parce que je ne veux pas avoir de responsabilité. Le couple que formait Abeoji et eomeonim'a bien fait comprendre qu'il n'existe pas de bonheur réel. Je ne veux pas me marier, avoir d'enfant ou vivre constamment avec quelqu'un sans pouvoir sortir, boire, fumer et baiser comme je le souhaite. Non, je ne veux aucune contrainte. J'estime avoir déjà assez souffert durant mon enfance, je ne souhaite pas me priver de ce que je désire. La vie est bien trop courte pour ça.
Takuya réapparaît avec un grand sourire sur les lèvres alors que nous sommes déjà en train de manger. Minha, comme l'autre fois, ne cesse de le questionner sur sa vie à Tokyo et même si habituellement, les entendre parler tous les deux me prend rapidement la tête, cette fois-ci, j'écoute attentivement sans rien dire. Enfin, sans pour autant montrer que je suis un minimum intéressé par leur discussion. J'ai toujours cet air détaché sur le visage pour ne pas montrer mon intérêt concernant Takuya... Après manger, je suis comme toujours, parti me changer pour aller rejoindre Yoongi et Taehyung dans un bar de rue juste à côté. Minha a proposé à Takuya de se joindre à nous mais avec la plus grande chance du monde, il a simplement refusé, prétextant qu'il devait travailler sur ses cours.
Je bois et bois sans m'arrêter. J'accepte même de fumer la substance illicite que me tend Yoongi pour me détendre un peu. Je ne me sens pas bien aujourd'hui, je ne suis pas normal. J'agis étrangement et intérieurement, je le sais. J'ai besoin d'oublier ce qui m'entoure, d'oublier ce qui me trotte dans la tête, ce qui m'obsède à chaque seconde que je respire. Pourquoi est-ce que tous ces souvenirs douloureux me reviennent en pleine face maintenant ? Alors que j'ai cessé d'y penser depuis quelques semaines, ils m'hantent ce soir. Minha s'inquiète pour moi, je le vois bien mais j'ai besoin de m'éloigner, de me retrouver seul. Ma respiration se bloque. Je veux rentrer chez moi, échapper à cette réalité, comme si d'un seul coup elle était réapparue face à moi. Je me lève et m'éloigne silencieusement, sans rien dire, ni prétexter aux autres. Ils ne disent rien, ils ont l'habitude de me voir agir de cette façon, alors ils acceptent tout simplement mes choix. Intimement, je suis reconnaissant des distances qu'ils prennent avec moi, je hais lorsqu'on cherche à me réconforter ou à savoir le pourquoi du comment. Personne n'a besoin de savoir ce que je vis. Je suffoque comme un alcoolique sous le ciel étoilé et sous la joie qui m'entoure. J'entends les cris, les rires des gens qui viennent me briser au plus profond de mon être. Pourquoi faut-il que les gens soit aussi heureux autour de moi alors que je suis incapable d'éprouver ne serait-ce qu'une once de bonheur ? Je hais l'été. Les gens sont beaucoup trop spontané, beaucoup trop radieux. Et surtout beaucoup trop nombreux. Je titube malencontreusement jusqu'à la fête foraine qui vient s'installer là chaque année depuis près de vingt ans. Comment je suis arrivé ici ? Je me perds rapidement parmi ces gens qui me bousculent. La tête tournante, les mains tremblantes, j'essaye de me calmer et de trouver un moyen de m'échapper de cette horreur, de ce tourment bien trop persistant. Chez moi...je veux rentrer chez moi...et courir dans mon lit, m'enfermer, ne plus jamais en sortir. Il n'y a que là que je suis en sécurité. Il n'y a que chez moi que je me sens bien, que je respire, que je peux souffrir en paix... Je cours jusqu'à retrouver la route de mon domicile. J'entre dans l'appartement alors que Takuya travaille toujours sur ses livres. J'évite ses questions et cours me réfugier dans mon antre. Je n'arrive pas à me calmer, alors je m'en prends aux meubles, à mes vêtements, à mes affaires... Je balance tout et crie de douleur, de fureur, de rage...et je pleure. A genou, au beau milieu du chaos, je crispe mes poings, maudissant la foule qui me fait me sentir si pathétique et étranger à ce monde... Takuya toque à ma porte depuis déjà quelques minutes... Je veux juste pouvoir ignorer son sourire pour ce soir...juste...pour ce soir...
– « Laisse-moi. » lui ordonnais-je froidement pour le faire fuir. Je suis là, pitoyablement affalé à observer le sol. Pourquoi moi ? Pourquoi fallait-il que ce soit moi ? Je ne suis pas assez fort pour m'en remettre, pour m'en sortir. Je n'ai pas assez de courage pour me relever. Je suis désespéramment seul et je déteste ça, bien plus que tout...
– « D'accord. Si tu as besoin de parler...ou de quoique ce soit...je suis là... » énonce-t-il mollement. Je ressens l'inquiétude dans sa voix. Il finira par s'habituer à mes sautes d'humeur. Ou alors, il partira et je pourrais enfin retrouver ma routine et ma sécurité... Parce que je sais que l'arrivé de Takuya a tout chamboulé dans ma vie. C'est comme ça que je suis. Un minuscule changement et je panique, j'angoisse...je me perds et deviens complètement fou. Ce traumatisme m'empêche de vivre normalement. Les autres, la sociabilité m'empêchent de vivre. Takuya me le rappelle...sans arrêt. Je suis resté atterré sur ce lit avec mon cœur brisé. J'ai essayé tant bien que mal de retrouver mon calme mais l'alcool et la drogue ne m'ont pas aidé à adoucir ma souffrance. J'ai glacé mes sourires et figé mes pleurs. A huit ans, j'ai cessé de vivre. Mon monde s'est arrêté. Alors j'ai décidé de vivre hors de la réalité. Le monde d'aujourd'hui est un monde cruel...comment un enfant peut-il réussir à s'en sortir dans ce monde de fou ? On le met au monde et on le pousse dans la fausse aux tigres sans même le préparer à toutes les atrocités de la vie auxquelles il devra faire face. Je n'étais pas préparé...je pense que personne ne l'aurait été de toute façon... Je maudis mes parents, j'abomine mes frère, ma sœur. Je déteste mes amis et mes connaissances, je réprouve ces gens qui ne cessent de sourire à la vie comme si rien ne pouvait les déstabiliser. Je hais Takuya.
Je me lève avec difficulté et déverrouille la porte silencieusement pour aller me servir un verre d'eau. Lorsque je regarde la pendule, elle affiche cinq heure trente-sept. Je rumine depuis déjà quatre heure, ma tête tambourine et m'empêche d'arrêter de ressasser le passé, encore et encore. Je souffre, je souffre affreusement...j'ai mal.
– « Tu vas bien ? » réclame-t-il, inquiet. Sa douce voix me fait sursauter de peur. Qu'est-ce qu'il fait encore debout à cette heure-ci ? Moi qui voulait l'éviter jusqu'à ce soir... J'acquiesce pour l'inciter à retourner se coucher mais il prend place sur l'une des chaises de la cuisine, sans savoir quoi dire.
– « Tu n'as pas cours demain ? » On dirait bien que c'est la seule question que je trouve à lui poser à chaque fois que je souhaite éviter le confrontation avec lui. Takuya lève les yeux vers moi, comme s'il était embarrassé ou pire, qu'il avait pitié de moi.
– « Si...mais je n'arrive pas à dormir. » sourit-il faiblement, pour compatir à mon état. « Toi non plus ? » présume-t-il. Je secoue négativement la tête pour lui répondre. « Tu veux regarder un film ? Ma mère me mettait toujours devant un film lorsque je n'arrivais pas à dormir...ça aide vraiment. » J'acquiesce pour cesser de le regarder sourire. Parce que je finirai sûrement par lui envoyer mon poing dans sa jolie figure s'il continue de prétendre que tout va bien. Takuya a choisi un film comique américain. Même si aucune expression ne se dévoile, je suis intérieurement reconnaissant envers lui pour avoir réussi à me faire penser à autre chose en ayant simplement proposé de regarder un film en sa compagnie. Il sait comment si prendre, on dirait... Takuya pose brusquement sa tête sur mon épaule et alors que je m'apprête à le repousser, je m'arrête quelques secondes pour l'admirer. Il s'est endormi. Il rêvasse paisiblement. Quel effet a-t-il sur moi pour que je sois aussi intrigué et aussi indulgent envers lui ? Pourquoi est-ce que ses lèvres m'appellent-elles en permanence ? Je suis perdu...dégoutté mais aussi absorbé par tout ce qu'il me fait ressentir. Je suis comme anéanti et excité en même temps lorsque je l'analyse. Pourquoi ? Ma question ne trouve pas de réponse au problème... Pour la première fois de ma vie, j'ai l'impression de me sentir en sécurité en présence de quelqu'un. C'est comme comme si j'avais la nette impression que Takuya serait toujours là pour m'aider et me réconforter. De toute façon, il est tellement adorable avec tout le monde que je ne l'imagine pas me faire de mal. Qu'est-ce que je raconte ? Il joue clairement avec moi...il sait qu'il a un contrôle indescriptible sur ma personne, alors il en joue. Je me relève brutalement laissant sa tête amortir brusquement sur le sofa, ce qui l'éveille immédiatement.
– « Oh, désolé...je me suis endormi. » s'esclaffe-t-il tout sourire en se frottant les cheveux de façon si sexy... J'éteins la télévision et disparais prestement dans ma chambre le laissant seul dans le noir et le silence retrouvé de l'appartement. Fou...je deviens fou...et Takuya en est clairement la cause.
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