27 : J'avais presque oublié...

  Je sais que je lui ai fais de la peine en prononçant ces mots avec tant de dureté. Mais...j'étais réellement énervé de penser avouer ce que nous faisons à ses parents et aux miens... Je ne pourrais jamais leur avouer ce que je désire, ce que j'aime. Ma bouche n'oserait pas le dire à voix haute. Je ne peux pas avouer ce lourd et délicieux secret à ma famille. Je ne peux pas avouer que cet homme beau comme un Dieu m'a complètement envoûté et qu'il est celui qui m'occupe l'esprit en permanence désormais. Il avait allumé le feu en moi avant même d'avoir agis, il m'avait appris à vivre avant même que je ne comprenne que je ne vivais plus depuis des années. J'y ai pensé... Je me suis dit qu'on ne pourrait jamais vivre ensemble pour toujours même si c'est ce que je souhaite ardemment. Comment deux hommes peuvent-ils fonder une famille ? Mais je sais que la raison pour laquelle je m'accroche à toi, c'est parce que j'ai besoin que ce vide disparaisse, j'ai besoin que ton amour m'emplisse le cœur pour toujours. Alors si j'ai envie que tu m'habites, je te laisserai faire pour toujours. Si j'ai envie de le faire, alors tant que j'en aurai envie, je le ferai. Même si je dois faire face à tes parents et même si je dois cacher ce lourd secret aux miens pour le reste de mes jours.

Takuya se déchausse silencieusement avant de pénétrer jusqu'au salon. Je m'empresse pour le rejoindre et le prendre dans mes bras, dos à lui. Mes lèvres viennent embrasser sa nuque avec délicatesse. Je gâche toujours tout. Mais notre relation, cet amour...je n'ai pas envie de le perdre. Parce que si je perds Takuya, je perds tout...mes espoirs, ma détermination, mon bonheur, ma personnalité... Il est celui qui ma redonné vie, jamais je ne dois l'oublier.

– « Tu penses que tu vas pouvoir m'avoir comme ça ? » avance-t-il sèchement. Je sais que j'ai merdé. J'espère seulement qu'il ne m'en tiendra pas rigueur longtemps. « Tu vas devoir t'occuper de moi pour le reste de la journée. » continue-t-il tout en se retournant vers moi. Un large sourire s'étire sur mon visage mais mon homme reste toujours aussi sérieux. « Je ne parle pas de ça, espèce de pervers. » nie-t-il. Cet homme lit en moi comme dans un livre ouvert...

– « Quoi ? Tu ne parles pas de sexe ? » riais-je en le serrant encore plus contre moi. Il vient m'empêcher de l'embrasser en immisçant sa main entre nos lèvres. Non, Takuya... Ne m'enlève pas ça, tu sais pertinemment que je ne tiendrai pas plus d'un jour sans pouvoir t'embrasser.

– « Il y aura du sexe...sûrement. Mais...tu vas aussi devoir faire tout ce que je te demande. Et là, tout de suite...j'ai très soif. » révèle-t-il naturellement en se détachant de moi pour aller s'allonger sur le sofa. Il attrape la télécommande pour allumer l'écran alors que je reste le fixer. Très bien...s'il a besoin de ça pour se sentir mieux, je vais faire de lui mon roi pour le reste de la journée. Je reviens studieusement vers lui pour offrir un grand verre d'eau fraîche.

– « Que voulez-vous d'autre, mon roi ? » l'interrogeais-je en lui faisant la révérence. Je sais qu'il se retient pour ne pas me rire au visage. Je suis reconnaissant pour la façon dont il me comprend aussi bien et pour la façon dont il accepte mes excuses aussi facilement. Je sais que personne d'autre n'aurait été aussi clément avec de tels mots mais Takuya est une bonne personne. Même un peu trop. J'ai conscience que mon caractère le fera sûrement souffrir de nouveau à l'avenir mais je l'aime trop pour le repousser et l'éloigner de moi. Je sais qu'il faut être généreux avec ceux qu'on aime, faire tout pour leur bonheur mais moi...j'ai envie d'être égoïste. Je suis amoureux, alors je le veux pour moi, rien que pour moi...Je veux être heureux. Je veux être heureux avec lui. Alors si je dois lui mentir et lui faire croire que je crois en l'éternité pour nous deux, je le ferai. Parce que je ne veux pas le perdre maintenant.

– « Je veux qu'on parle. Et que tu me répondes avec honnêteté. Assieds-toi sur le sol. » me dirige-t-il, un sourire au coin des lèvres trahissant toute la bêtise de la chose. J'obéis, attentif à ce qu'il veut. J'attends bien sagement, appuyé contre le sofa, face à la télévision. Takuya vient jouer avec mes cheveux, réfléchissant sérieusement à ce qu'il veut savoir de moi. « Tu as raison. Peut-être qu'on ne passera pas le reste de nos jours ensemble mais...est-ce qu'on ne peut pas espérer rester ensemble au moins jusqu'à la fin de mes études ? J'ai envie de savoir ce que tu penses de ça... » murmure-t-il, contre ma chevelure, légèrement embarrassé. Je suppose qu'il a peur de ma réponse et d'être une nouvelle fois blessé par mes mots.

– « Ce n'est pas moi qui vais te demander de partir. Jamais je ne t'abandonnerais. Alors...bien sûr qu'on sera ensemble le plus longtemps possible. » confiais-je sans artifice. C'est la vérité. Si notre relation vient à se terminer, ça ne sera pas parce que j'aurai décidé d'y mettre fin. Jamais je ne pourrai en arriver là... Je ne me retourne pas vers mon homme mais je devine parfaitement un sourire se dessiner sur ses lèvres.

– « Très bien. Alors tu veux bien me promettre de m'aimer aussi longtemps que tu le pourras ? » Je penche ma tête en arrière, lui indiquant mes lèvres.

– « Approches si tu l'oses. Alors je ne te laisserai plus jamais partir... » spéculais-je charnellement. Takuya vient promptement embrasser mes lippes sans aucune hésitation. Tu es à moi. Tu ne pourras jamais plus me quitter. Il vient me tirer les cheveux pour m'arrêter avant que je n'aille plus loin.

– « Pas tout de suite, idiot... J'ai encore quelque chose à te demander... » avoue-t-il d'une voix légère. Je l'incite à demander, je n'ai rien à cacher à mon homme. Même si j'ai beaucoup de mal à me donner à lui par peur de lui prendre la tête avec mes histoires. Puis, j'ai toujours énormément de mal à dire ce que je souhaite partager ou même ce que je ressens. « Tu as recontacté Sungkyung depuis la dernière fois ? » Mon cœur se serre instinctivement lorsqu'il prononce ces mots. C'est le sujet que j'évite depuis des jours, déjà...

– « J'aurai dû le faire, non ? » pensais-je de vive voix même si je connais déjà la réponse. Je me sens coupable de ne pas apporter plus de soutient à la seule sœur qui s'inquiète un minimum pour moi mais...n'est-ce pas perdre face à eux en remettant les pieds chez mes parents ? « Ma mère m'a frappé devant tout le monde la dernière fois...et mon père m'a ordonné de quitter les lieux. J'ai obéis comme un chien, incapable de dire quoique ce soit...alors qu'ils l'avaient poussé à se mettre à genou... » contais-je les yeux rivés sur le sol. Takuya me caresse les cheveux pour me consoler. Je me sens vraiment pathétique. Si je ne suis pas capable de me défendre moi-même face à mes parents, comment suis-je censé aider ma sœur et m'occuper de Takuya ? Mon homme vient m'embrasser la joue délicatement, Nos regard se croisent alors. Je sais qu'il a de la peine pour moi.

– « Tu ne devrais pas te mettre dans ce genre d'état à cause d'eux. Tu es quelqu'un de bien, Jaejoon. Tu es un adulte désormais...ils ne peuvent plus rien te faire. Ils ne peuvent plus lever la main sur toi comme ils l'entendent... Tu es libre de faire tes propres choix et de dire ce que tu penses. Tu n'es pas seul...je suis là... » prononce-t-il sans quitter mes yeux. Les larmes ont coulé sans que je ne m'en rende compte. Je suis heureux de l'entendre dire ça. J'ai si peur de mon père...je déteste tellement ma mère et mes frères et sœurs. J'ai l'impression d'être seul si je n'ai même pas le soutien de Sungkyung. Pourtant, je suis heureux. Parce que Takuya est là pour moi. Je me lève et viens m'asseoir auprès de lui sur le divan. Ses deux mains me caressent toujours le visage avec amour pour me réconforter. « Ne vis que pour toi, Jaejoon. Fais-le pour toi. » sourit-il chaleureusement. Je l'aime tellement ce mec. J'ai l'impression d'être l'homme le plus important du monde lorsqu'il me parle de cette façon. Je viens l'embrasser pour le remercier d'être là quand j'en ai besoin. Cette histoire m'occupe l'esprit depuis trop longtemps, je dois oublier cette famille qui ne pense qu'à elle et en faire de même pour moi. « Maintenant, on peut passer aux choses sérieuses. » rit-il malicieusement.

Nous sommes allongés l'un contre l'autre, complètement nu. Le silence a retrouvé sa place dans l'appartement pendant que nous nous concentrions à retrouver une respiration normale. Je lui ai fais l'amour avec délicatesse, comme jamais auparavant. Ce geste n'était pas que pour partager du plaisir avec l'homme que j'aime. J'ai voulu le remercier pour tout ce qu'il fait pour moi sans même s'en rendre compte. Je voulais à tout prix m'excuser pour mon comportement de gros bâtard dont j'ai pu faire preuve aujourd'hui alors que nous étions censés partager un rendez-vous amoureux. C'était une erreur de m'emporter de cette façon et je sais que ce ne sera pas la dernière. Que je le ferai sûrement pleurer encore des dizaines de fois dans le futur, sûrement par mégarde. Mais je vais me concentrer sur moi-même et sur nous, pour ne plus faire aucune erreur, pour essayer d'être quelqu'un de potable pour cet homme qui est si bon envers moi. Parce que Takuya Terada le mérite plus que quiconque et qu'il mérite qu'on prenne soin de lui. Je vais rencontrer ses parents et leur demander l'autorisation d'aimer leur fils, je vais arrêter de penser à tout ce qui pourrait nous séparer parce que je ne laisserai rien s'immiscer entre nous.

– « Ya, Jaejoon...tu me dois un rendez-vous. » commence-t-il de ses magnifiques dents blanches tout en caressant mon torse. J'acquiesce naturellement, il est évident qu'il mérite mieux que ce qu'il a eu aujourd'hui.

– « Demain soir ? Je t'emmène dans le plus grand restaurant de Séoul, le plus cher. Après on passera le plus longue nuit possible ensemble... » riais-je. Takuya me rejoint dans ce délire avant de m'embrasser une nouvelle fois et de se lever du lit. Je n'ai pas pu m'empêcher de rester mater sa paire de fesse rebondie, ce mec me tuera un jour à me donner autant envie...

– « Qu'est-ce que tu veux manger ? » demande-t-il en sortant de la chambre comme si de rien n'était. Ce mec est loin d'être pudique. Si cela ne tenait qu'à lui, il se trimbalerait le sexe à l'air toute la journée. Dieu merci, il se contient. Sinon, je ne suis pas sûr de pouvoir continuer à vivre...

– « Tout ce que t'as à me donner, bébé ! » criais-je pour qu'il m'entende. Je l'aime tellement...

Il pleut averse ce matin, tellement que le bruit m'oblige à ouvrir les yeux. Le vent ramène contre la fenêtre de ma chambre les gouttes de pluie qui ne cesse de tomber depuis plus de deux heures. Le ciel est complètement noir et l'orage se fait entendre par moment. Je soupire longuement, cherchant désespérément la raison pour laquelle le temps change aussi vite du jour au lendemain alors que Takuya se colle contre moi. Remarquant que son corps frissonne de partout, je viens remonter le couverture sur ses épaules avant de le serrer dans mes bras pour l'admirer dormir. J'ai observé mon homme une bonne demi-heure avant qu'il n'ouvre ses paupières silencieusement. Je viens l'embrasser délicatement pour lui dire bonjour et lui souhaiter un bon réveille comme à mon habitude.

– « Tu es réveillé depuis longtemps ? » murmure-t-il de sa voix rauque en venant perdre son visage dans le creux de mon cou. Je lui réponds d'un hochement de tête pour ne pas le brusquer et le laisser décoincer tranquillement. C'est dans ce genre de moment que je crois être béni par Dieu. L'un contre l'autre, sous la couverture, au chaud alors qu'il pleut dehors. J'ai sûrement souffert toutes ces années pour être récompensé de cette manière. Je crois que ça en valait complètement la peine. « C'est l'anniversaire de mon meilleur ami, aujourd'hui. » avoue-t-il, pensant certainement aux choses qu'il doit faire dans la journée. Une pensée me vient subitement.

– « C'est quand ton anniversaire à toi ? » demandais-je, un peu embarrassé de ne le lui demander que maintenant. Il lève la tête pour pouvoir me regarder et m'offrir un large sourire sexy. On est tellement idiot que l'on a jamais pensé à avoir ce genre de conversation. Juste, une discussion simple sur des choses anodines mais extrêmement importantes quand on y pense. Ce qu'on est con...

– « Le 18 mars, c'est déjà passé. » note-t-il en me caressant la joue du bout des doigts. « Et toi ? »

– « Le 20 octobre. » dis-je. Je déteste ce jour. Parce que chaque anniversaire que j'ai fêté était une vraie catastrophe. Parfois mes parents oubliaient même de me le souhaiter. Seul Sungkyung y pensait chaque année. J'avoue avoir reçu des présents et avoir eu le droit à quelques fêtes mais...ce n'était jamais dans mon intérêt. C'était surtout pour rassembler des investisseurs, la famille, histoire de discuter et de parler affaire. Parfois, les gens venaient sans même savoir pour qui était le cadeau qu'ils avaient achetés, alors je me retrouvais avec toute sorte de choses complètement absurdes.

– « Génial, je suis impatient de pouvoir fêter ton anniversaire avec toi ! » s'exclame Takuya en se redressant pour mieux me voir. Le voir aussi enthousiaste me rassure un peu. Peut-être que cette année sera le seul anniversaire pour lequel je serai vraiment heureux, parce qu'il sera là...auprès de moi. « Il faut que je commence à réfléchir à ce que je vais t'offrir... » songe-t-il assidûment.

– « Takuya...on est qu'en août. » me moquais-je face à son excitation. Parfois cet homme est si déterminé et heureux à faire des choses qu'il me surprend. Il va déjà réfléchir à quoi m'offrir alors que nous ne sommes même pas encore arrivé là. Moi, la seule chose que je prépare avant autant d'avance habituellement, c'est le mois d'août. Parce que je sais qu'il est plus douloureux que n'importe quel autre mois. Sauf que...pour la première fois de ma vie, j'avais presque oublié... C'est...c'est déjà la semaine prochaine... La semaine prochaine, ça fera 14 ans. C'était il y a 14 ans... Comment ai-je pu oublier ? Est-ce grâce à Takuya ? Est-ce que ça veut dire que ce souvenir désagréable finira par me quitter un jour si Takuya reste à mes côtés ? Et s'il venait à s'éloigner de moi ? Est-ce que ce traumatisme reviendrait m'habiter comme avant ?

– « Ya, tu m'écoutes ? » La douce voix de mon homme vient me sortir de mes pensées. Il me fait son regard de tueur, comprenant que je n'ai certainement pas écouté un seul mot de ce qu'il vient de dire. Il me saute dessus pour me punir de l'ignorer alors qu'il avait vraiment l'air concentré sur son discours. « T'as intérêt à m'écouter aujourd'hui, Jaejoon ! Tu dois faire de cette journée une journée inoubliable ! » C'est ce que je comptais faire de toute façon.

Il dix-neuf heure lorsque j'entre dans la chambre de mon colocataire. Faisant la moue, je reste le regarder, ma cravate à la main pour lui faire comprendre ce que je veux. Il avait déjà succombé la dernière fois, alors pourquoi ne pas retenter ? Takuya rit face à mon expression de petit garçon avant de me faire signe d'approcher, ce que je fais immédiatement avec satisfaction.

– « Idiot, je sais que tu sais faire tes nœuds de cravate. » C'est vrai que je sais les faire mais j'aime tellement le regarder faire que je ne peux m'empêcher de le lui demander. Nous avons passé la journée au lit, l'un contre l'autre. J'ai été nous chercher chinois pour ce midi puis nous avons regardé des séries toutes l'après-midi sur l'ordinateur. C'est le genre de journée qui me met vraiment de bonne humeur. Je suis excité à l'idée d'aller manger avec Takuya, je veux qu'il s'émerveille devant tous mes efforts pour lui faire oublier la journée d'hier.

– « On va vraiment manger ici ? » s'extasie-t-il en sortant de la voiture. Je laisse mes clés au portier pour que l'un des hommes s'empresse d'aller garer ma belle voiture étrangère alors que je souris comme un idiot, heureux de voir Takuya aussi excité. Je me suis rapproché au maximum de lui sans pour autant lui prendre la main, le moment est certainement mal choisi. Une serveuse nous a poliment accompagné jusqu'à notre table prêt de la fenêtre avant de nous remettre deux menus.

– « Tu veux que je choisisse pour nous ? » proposais-je en remarquant le froncement de sourcils de mon homme. Il me sourit nerveusement avant de refermer son carton et d'hocher mielleusement la tête. Il est si adorable que je pourrai le dévorer tout cru. Les assiettes apportées, le vin servi, nous mangeons et discutons de tout et de rien dans la bonne humeur. Je n'ai pas effacé mon sourire ne serait-ce une seconde, je veux profiter de ce moment et m'en souvenir pour le reste de ma vie. Takuya plaisante, il fait quelques blagues essayant certainement de me faire rire et moi, comme un imbécile, je ris. Je ris parce que ses efforts sont trop mignons mais surtout beaucoup trop flagrants.

– « Au fait, ça te dis qu'on... » Il s'arrête promptement, le regard absorbé par le contenu de son assiette. Je me penche vers lui pour l'interroger. Son expression est complètement figée puis tout à coup, un large sourire s'étire sur son visage. Qu'est-ce qu'il a ? « Oh, Jaejoon... »

– « Quoi ? Il y a quelque chose dans ton assiette ? » me souciais-je en cherchant je ne sais quoi dans son plat. Soudainement, Takuya pose ses couverts pour attraper ce qui l'a poussé à s'arrêter de parler. Ses deux doigts soulève le problème face à moi. Qu'est-ce que c'est que ce bordel ?

– « C'est pour ça que tu voulais qu'on vienne manger ici ? » s'émerveille-t-il, les joues rouges. Je regarde l'anneau en or qui était caché parmi les pommes de terre de mon colocataire japonais. Merde, il vient d'où lui ? Ne comprenant rien à la situation, je me frotte les cheveux, embarrassé et perdu. Mon homme cesse de sourire lorsqu'il remarque mon expression. J'ai tellement honte... Takuya pensait que...alors que..merde ! Je fais signe à un serveur, plutôt énervé qu'ils m'aient mis dans une telle situation. Je voix bien que Takuya ne sait plus quoi dire. Ce moment est certainement l'un des moments les plus gênants de toute ma vie. Le serveur s'excuse, ne comprenant pas d'où vient l'erreur. Si ce n'était pas aussi humiliant pour Takuya et moi, je crois bien que j'aurai frappé ce serveur à la con.

– « Je suis... »

– « Non, c'est moi. Ne t'en fais pas, c'est moi qui ai merdé. » vient m'interrompre Takuya d'un rire forcé. « Je suppose que beaucoup de couple viennent ici pour faire leur demande... C'est une erreur du personnel, c'est pas d'ta faute. » continue-t-il, le visage toujours aussi rouge. J'ai même l'impression que s'il pouvait il irait se cacher de honte dans les toilettes.

– « Takuya, je... »

– « Je dois aller aux toilettes. Excuse-moi. » avoue-t-il poliment avant de se lever rapidement. J'avais raison. La soirée est complètement gâchée à cause de ce foutu anneau. Mais...qu'est-ce que ça signifie ? Son sourire, le bonheur au fond de ses yeux, son expression de surprise et de plaisir ? Est-ce qu'il s'attendait à tel geste de ma part ? Aish... Je me venge sur ma viande, furieux contre moi-même et contre ce restaurant à la con qui me complique la tâche pour lui offrir un rendez-vous décent...

– « Jaejoon... » prononce cette voix virile et chaleureuse. Je lève les yeux vers elle, le nœud au ventre, le visage paralysé. Il est là, juste devant moi... Je n'arrive même pas à bouger ou à me lever tellement mes jambes trembles. Mon cœur bat rapidement augmentant la température de mon corps, mes yeux s'emplissent rapidement de larmes lorsqu'il m'offre un large sourire tout en remettant ses lunettes en place, comme il en avait autrefois l'habitude.

– « Professeur Choi... » soufflais-je presque à moi-même. Le bruit continue d'exister autour de nous pourtant j'ai l'impression de faire un saut dans le temps. Choi Wonyeong est là, juste devant moi. Mon professeur, celui qui m'a donné cours lorsque je suis entré au lycée...le seul qui m'ait écouté lorsque je n'étais qu'un gosse. Les larmes perlent sur mes joues alors que je reste totalement pétrifié face à lui. Professeur Choi a cessé de me donner cours quand j'ai eu 15 ans. Mes parents avaient estimé qu'un adulte n'avait pas à passer autant de temps avec un enfant. Je pense qu'ils étaient surtout contre le fait que je raconte à Wonyeong tout ce qui se passait à la maison et à l'école. Cela faisait six ans que je ne l'avais pas vu. J'avais eu la chance de tomber par pur hasard, sur lui lorsque j'étais entré au lycée. Je n'avais pas été le saluer par peur de le déranger lui et sa famille. Je me souviens de l'heure que j'avais passé à les espionner au loin, ils semblaient si heureux tous les trois. Mais voilà qu'à l'âge de vingt-deux ans, j'ai l'impression de me retrouver face à mon professeur et de redevenir ce gosse inexistant aux yeux de monde sauf aux yeux des siens. Il avance sa main vers moi pour offrir une pression à mon épaule mais il est brusquement interrompu par l'irruption violente de Takuya.

– « Vous êtes qui, vous ? » renchéri-t-il méchamment, le visage horripilé, les yeux noirs. Je me lève pour détacher le poignet de Choi Wonyeong des doigts de mon homme ce qui semble surprendre ce dernier. Takuya est si différent de ce qu'il est habituellement. Il ne porte pas ce sourire bienveillant et ce regard sociable qui incite tout étranger à devenir ami avec lui, il est distant, froid et méprisant. Sûrement pour me protéger...

– « C'est mon professeur, Choi Wonyeong. Il me donnait cours quand j'étais plus jeune... » murmurais-je contre son oreille en essuyant mes larmes d'un revers de manche. Takuya le regarde de haut en bas avant de s'incliner légèrement, toujours sur ses gardes.

– « Béb... Jaejoon, ça va ? » commence Takuya avant de se taire rapidement. Merde, il a entendu, j'en suis sûr. J'hoche la tête tout en analysant l'expression de Professeur Choi. Il me sourit toujours, l'air sincère. Je meurs d'envie de le prendre dans mes bras, de le serrer si fort pour lui faire comprendre à quel point sa présence m'a manqué. Mes parents m'ont enlevé la seule chose que j'appréciais quotidiennement. Je m'en veux de l'avoir oublié alors qu'il était si important pour moi.

– « Jaejoon... Tu as tellement grandi... Tu es un vrai homme maintenant. » me taquine-t-il chaudement en me tendant la main. Je suppose que je ne reste qu'un gamin pour lui, que je ne suis que Lee Jaejoon, le jeune a qui il donnait cours mais je ne perds pas cette occasion. Je viens serrer sa main avec appréhension comme si je retrouvais un parent éloigné dix ans après...

– « Appa, tu fais qu... Oh, bonsoir. Je suis Choi Jiho, le fils de Mr Choi. » Son fils se présente poliment avant de s'incliner respectueusement face à nous. Je reste le fixer sans rien dire. J'ai tellement envié ce garçon lorsque je le voyais rire et jouer avec son père. Je suppose qu'il fait parti des gens que je déteste sans même les connaître...rien que par pure haine.

– « Oh, j'ai rencontré un ancien élève. Tu sais Lee Jaejoon... » raconte le Professeur Choi de sa voix rauque mais aimante. Son sourire n'a toujours pas disparu de son expression si joyeuse. Son fils échappe un soupire de surprise avant de me tendre la main comme s'il était heureux de me rencontrer. Je réponds à sa gentillesse avant de me rappeler que Takuya est toujours là, à côté de moi.

– « Hum... Je vous présente Takuya Terada, c'est mon colocataire. Il vient du Japon. » le présentais-je avec maladresse. Professeur Choi, visiblement surpris vient désormais serrer la main de mon homme. Je suis nerveux, extrêmement angoissé. Je ne sais quoi dire, quoi faire, ni même comment réagir...

– « Jiho, peux-tu y aller avant moi avec ta mère et ta femme ? Je vais...aller boire un café avec Jaejoon, s'il est d'accord... » J'hoche instinctivement la tête sans même m'en rendre compte alors que son fils s'éloigne rapidement après nous avoir salué. Professeur Choi nous a invité à boire une boisson chaude dans l'un des cafés d'à côté. J'ai proposé à Takuya de rentrer avant moi mais il a insisté pour m'accompagner, il doit sûrement lire sur mon visage à quel point cette rencontre me chamboule. Je ne l'ai pas contredis parce qu'au fond de moi, j'étais soulagé de pouvoir le savoir à mes côtés. Revoir Professeur Choi me rend perplexe. Je ne sais pas si je suis heureux ou bien si tout ça n'est qu'une mauvaise idée. Il faut dire que divers souvenirs me reviennent en mémoire. Notamment le dernier jour où je l'ai vu.  

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