Chapitre 5



PDV Madelen 📸

Assise sur l'un des deux sofas du salon de mes grands-parents, je suis de loin la conversation entre Yazel, Jayden et Adrien. Il est question d'une sortie en boîte de nuit demain soir pour fêter le début des vacances. Tradition que l'on respecte à chaque venue en Norvège.

À l'instant, je regrette d'avoir laissé mon appareil photo à l'étage dans ma chambre. J'aurais aimé immortaliser le regard que pose ma meilleure amie sur Jayjay.
Si elle ne fait pas attention, tout le monde va se rendre compte qu'il se passe un truc entre eux. Ou qu'il s'est passé.

Ils ont beau être discrets, mais si moi je les ai surpris dans le van, d'autres peuvent le faire. Surtout que Jayden n'est pas des plus subtil avec ses allusions ou ses regards vers la libanaise aux magnifiques yeux en amandes.
Et pas sûr qu'Adrien, protecteur comme il est avec elle, souhaite que l'un de ses meilleurs amis portant l'étiquette de queutards de la bande, ait jeté son dévolu sur sa petite sœur.
Même si en soit, il n'a rien à dire.

Cependant on connaît tous Adrien et sa possessivité envers sa sœur.
Sœur qui ne manque jamais une occasion pour le faire tourner en bourrique.

Le canapé s'affaisse à ma gauche et un poids se fait ressentir sur mon épaule.
Liam mon frère en mode baleine échouée.

— Alors comme sa petite sœur ..., je tourne la tête vers Liam attendant qu'il continue, mais il ne me regarde pas, et est concentré sur Sacha et Aaron entrain de discuter appuyés contre l'âtre de la cheminée, toi et Sacha...

— Quoi moi et Sacha ? Questionné-je sur la défensive, mais un brin agressive.

— Tout doux Mad.

Il lève une main en l'air en signe d'apaisement, l'autre étant toujours autour de mon épaule.

— Je t'aime et j'aime Sacha comme un frère, pourtant ne pense pas que cela m'empêchera de lui casser la figure s'il te fait du mal. Comme cela ne me gênerait pas de t'engueuler si tu joues à la garce avec lui.

Je hausse un sourcil, je ne commente pas cette démonstration de protectionnisme.
Après tout, si cela conforte son ego de grand frère super protecteur, ce n'est pas moi qui vais lui enlever sa cape.

Liam enchaîne.

— Sacha est mon meilleur ami, je le connais par cœur.
— Moi aussi Liam. Et certainement plus que toi.

Il ricane en me fixant cette fois.

— Je sais sœurette, c'est pourquoi je suis content que vous ayez enfin réalisé ce que tout le monde voyait depuis des années. Même si je ne comprends pas pourquoi il a attendu toutes ces années et quel déclic il a eu ... la magie de Noël doit être plus forte cette année, ou alors il a enfin réalisé qu'à force d'attendre un autre aller lui passer devant.

Aucun risque, mais je garde ma réflexion pour moi.

Liam rit de sa connerie et reprend plus sérieusement.

—Tu es la fille qu'il lui faut je n'ai aucun doute, toutes les autres n'ont été que des substituts de toi...

Sans le vouloir mon frère me met des images dans la tête que j'aurais préféré ignorer.
Ne pas penser à toutes ses filles qui sont passées dans ses bras Mad.

Il était célibataire, il est beau, artiste, avec une attraction sexuelle que même une nonne dans un monastère aurait renié sa foi pour quelques heures de plaisir en sa compagnie.

Liam doit lire en moi, et un beau brun aussi, car pile au moment où mon front se plisse à l'évocation de ses parties de baise, il tourne son visage vers moi, ses yeux se fond interrogateurs, la mâchoire contractée, indifférent à son père qui continue de lui parler. Aaron ne remarque rien.

Je secoue la tête imperceptiblement pour lui faire comprendre que tout va bien quand Liam enfonce le clou, toujours en le regardant.

— Elles ont toujours eu pour vocation de le faire patienter. Sauf peut-être la dernière Nina, qui est restée plus longtemps que les autres dans son lit... sûrement son côté artistique, s'esclaffe-t-il.

Frère ou pas, il commence à me gonfler. Je ne sais pas où il veut en venir, mais je suis assez grande pour prendre mes propres décisions et assumer le passé « baise » de Sacha.

— C'est bon, le coupé-je, énervée qu'il s'immisce dans mon histoire avec Sacha, prête à me lever, tu n'as pas besoin de me raconter tout ça. Je ne suis pas un de tes potes de beuverie.
Les commentaires scabreux sur la vie sexuelle de Sacha ne m'intéressent pas. Si je veux avoir des détails j'irai le lui demander moi-même. Alors occupes toi de te trouver une ou plusieurs Norvégiennes pour te soulager et tu me laisses gérer ma vie.

Le ton est monté sans que je m'en rende compte si bien que tous les regards sont braqués dans notre direction. Dont un plus intense que les autres. Les poings serrés contre ses cuisses, le front plissé, ses yeux font des aller-retour entre mon frère et moi.

Ce n'est pas la première fois que Sacha et mes amis aussi assistent à une dispute entre Liam et moi, mais c'est rare que je m'énerve autant.

— Mad ! Essaye de me retenir Liam.

Sauf que je suis trop e colère contre lui.

Sans rien ajouter de plus, je quitte sans me retourner la pièce pour retrouver ma chambre et commencer à défaire mes valises. Ça canalisera mon envie de meurtre sur mon frère jumeau.

Il n'a énoncé que des vérités que je connaissais déjà.

Toutefois le rappel à sonner comme une dague plantée en plein cœur.
Ce sentiment sournois, qui déploie ses tentacules à chaque fois que j'y pense ou que je vois Sacha avec une de ses pétasses, fait son apparition.

La jalousie.

Elle me tord l'estomac, fait remonter une bile acide le long de mon œsophage, si bien que je me précipite aux toilettes, dans la salle de bain attenant à ma chambre et que je vais partager avec Sacha justement, seules séparation physique entre nos deux chambres, pour éviter de vomir sur la moquette moelleuse.

Pas sûr que Sofie apprécie.

Pas envie de fournir des explications à mes parents qui prendrait des plombes sur mon comportement. Les connaissant, surtout mon père, tous les scénarios catastrophes y passeraient. Maladie, grossesse, rupture amoureuse... et j'en passe.

Il peut avoir une imagination très fertile en ce qui nous concerne mon frère et moi.
Fausse alerte. Mon cœur et mon estomac se calment peu à peu, mais je reste encore appuyé la tête dans mes bras à genoux sur le sol chaud de la salle de bain.

Je sursaute quand je sens une main se poser délicatement sur mon épaule.

— Tout va bien petit chat ?

La voix de Sacha est douce, mais je dénote un signe d'inquiétude. Alors pour le rassurer je feinte.

— Oui juste un coup de fatigue.

Je relève le visage vers lui qui tient mes cheveux dans son poing, néanmoins je devine à ses pupilles qu'il n'est pas dupe de mon explication.

— Tu me connais, je suis une véritable marmotte et ces bêtes-là, n'aime pas le jet-lag.
Sacha fronce les sourcils.

— Je suis sûr que cela a un rapport avec ton frère et votre conversation, balance le beau brun qui ne tient pas compte de mon explication.

Trop perspicace mon peintre adoré.

Il m'aide à me mettre debout et une fois fait, il entoure mon cou de ses bras, me forçant à lever la tête vers son visage en tirant sur ma tignasse.

— Et la véritable version maintenant bébé ?

Je grimace à l'idée de passer pour une pauvre fille jalouse.

Surtout que Sacha n'apprécie pas ça, je l'ai assez côtoyé avec ses plans culs en l'entendant les remettre en place chaque fois qu'une s'aventurait sur ce terrain.

— Je ne te lâcherai pas tant que tu ne m'auras pas tout dit Mad.

Alors je vais traîner.
Oui oui traîîîîne.

— Madelen !

Oups.

— Ok ok, dis-je vaincu. Mais je te préviens, ton estime pour moi va redescendre d'un coup.
Il fronce les sourcils d'incompréhension, mais me fait signe du menton de poursuivre.

— Liam m'a... enfin... il m'a rappelé ...

— Madelen ! Gronde-t-il.

Deux fois qu'il prononce mon prénom en entier.

Si je ne veux pas l'énerver plus qu'il a l'air de l'être, il vaut mieux que je n'insiste pas à jouer la fille timide et que je me lance.

— Tous tes exploits sexuels... enfin pas en détails hein, m'embrouillé-je, mais...

Sacha reste muet, seul ses iris veulent dire des choses et ses doigts aussi qui se resserrent sur ma nuque.
Je m'y perds quelques secondes avant de continuer et attaquer la partie qui me fera passer soit pour une mytho, soit pour... quoi d'ailleurs ?

— Et aussi, que justement si tu couchais avec autant de filles différentes, c'était en attendant que...
— Que tu acceptes de tenter un truc avec moi, termine-t-il à ma place.

Je fais oui de la tête.

Sacha se rapproche un peu plus de moi. Ses prunelles toujours plantées dans les miennes.

Ma poitrine touche son torse. Un courant électrique traverse ma peau. Je passe mes bras autour de sa taille fine en faufilant mes mains sous son haut pour toucher sa peau. Je le sens frissonner sous mes doigts. Les siens s'emmêlent dans mes cheveux comme il aime le faire, puis descendent le long de ma colonne vertébrale puis font le chemin inverse. Ses gestes sont hypnotiques et me donnent envie de beaucoup plus, mais avant j'ai besoin que Sacha me confirme une chose.

— Ça mais aussi, il m'a parlé d'une certaine Nina qui aurait traîné un plus longtemps que les autres...
— Liam parle trop.

C'est ça son explication ?

Je me recule pour sortir de ses bras, en revanche il m'en empêche en resserrant sa prise.

— N'y pense même pas Mad.

— Tu ne lis pas dans les pensées, si ?

— Non, cependant je te connais assez pour deviner ce que tu allais faire. Alors avant que tu ne te retranches sur ton lit, avec tes écouteurs et que tu te fermes au monde, je vais tout te dire, ok ?

Punaise il m'a observé plus que je ne l'imagine.

Sacha attend mon approbation, et comme une grande fille, je la lui donne.
Tampis pour mon petit cœur en guimauve.

— Nina est une fille que j'ai connu dans mon cours de peinture. C'est un modèle en fait. Alors oui Liam m'a souvent vu avec elle parce que justement, c'est elle que l'on devait dessiner...

— Et cela inclut de coucher avec ?

J'ai dû oublier ma subtilite entre New-York et ici.
Ouh vilaine fille !

Sacha me lâche. J'ai froid tout d'un coup. Il passe ses mains dans sa tignasse la malmenant encore plus.

Qu'est-ce que j'aimerais le faire à sa place...
Focus Mad.

— Je l'ai baisé une fois Madelen, m'avoue-t-il toujours en me fixant. Et même pas chez moi, dans un placard de la fac. Sauf que ce qu'a pris Liam pour de l'attachement, c'est le fait qu'il nous croise souvent ensemble, mais c'est elle qui me poursuit depuis que j'ai couché avec, et qu'elle n'arrête pas de me chauffer tellement que ça en devient gênant. Je l'ai rembarré à plusieurs reprises, mais elle n'a pas l'air de comprendre.

Je vais m'en faire une amie d'elle.

— Alors non Nina n'est pas restée plus longtemps que les autres dans mon lit petit chat. D'ailleurs, elle ne l'a jamais vu.

Sacha essaye de faire de l'humour, mais je ne suis pas réceptive. Il s'en aperçoit et tout en se penchant, il frôle mon oreille, sans qu'aucune autre partie de nos corps ne se touche, de son souffle chaud pour me murmurer :

— La seule qui y restera un temps indéterminé si elle le souhaite est juste en face de moi. Là où est sa place.

En m'affirmant cela, il avance d'un pas d'une démarche féline, si bien que je recule jusqu'à ce que Sacha m'accule contre le mur en carrelage gris de la salle de bain.

Je suis prise au piège.

Néanmoins je suis consentante et tout à fait ouverte à diverses propositions qui impliquent le prédateur et sa proie.

Sacha pose ses deux mains à plat de part et d'autre de mon visage contre le mur, sa tête est baissée de façon à ce que nos yeux soient plongés dans ceux de l'autre et son souffle chaud réchauffe mes lèvres. Il suffirait d'un mouvement pour que nos lèvres se scellent. Je sais que Sacha réclame que je fasse le premier pas, pour se rassurer, pour que je lui démontre que son honnêteté ne va pas me faire revenir en arrière.

Même pas en rêve.

Que Nina et toutes les autres aillent se faire voir.

Alors dans un élan de témérité et de vérité, je fonds sur ses lèvres. Sacha me rattrape quand je me jette sur lui. J'entoure sa taille de mes jambes quand il me soulève, mes doigts agrippent ses épaules, ses mains sont posées sur mes fesses, et je m'abandonne à ce baiser dont je suis l'initiatrice, mais Sacha reprend le pouvoir et dans son baiser il fait passer toutes les choses qu'il ne m'a encore dites. Je resserre mon étreinte pour qu'il comprenne que j'accepte son explication, mais que dorénavant il n'y aura plus ni de Nina ou n'importe qui portant des talons hauts.

Et il accepte, car ses lèvres, sa langue, ses mains me le confirment.
Mon front appuyé contre le sien, nous reprenons notre souffle.

— Toi et moi, petit chat. Juste toi et moi.
—Plus de modèle dans un placard ou ailleurs Castex.

Sacha mord sa lèvre inférieure en me regardant intensément.

— Seulement toi si tu en as envie...

Son sourire canaille me fait craquer.

— Serais-tu en train de me faire comprendre que tu satisferas toutes mes envies, et cela, peu importe l'endroit ?

Tout en posant la question, mes doigts sinuent sur la peau douce de son torse traçant des arabesques qui le couvre de chair de poule.

tu veux et quand tu veux bébé.

Je resserre mes jambes autour de sa taille, car Sacha ne m'a toujours pas lâché, prête à l'embrasser et me perdre à nouveau quand j'entends la voix de ma mère m'appeler du couloir.

Sacha et moi soufflons de concert, puis il me fait descendre non sans me faire sentir son érection qui s'impatiente de sortir.

Je prends le temps de lui donner un dernier baiser qu'il se force à ne pas approfondir.

— On se voit en bas Mad.

Son timbre est rauque, chargé de désir.

— Hum.

Sacha rigole devant mon impassibilité, il faut dire que je ne bouge pas, même si j'adore ma mère, à cet instant, je prie pour que quelqu'un la détourne de ce couloir, me poussant vers ma chambre.

Mais avant de fermer la cloison coulissante, il m'interpelle.

— J'aime quand tu es jalouse mon petit chat.

Puis la porte coulisse ne me laissant pas le temps de lui répondre.
Encore une fois, il a su lire en moi.

Même un char d'assaut n'aurait pas été plus subtil.

Pile au moment où j'y pénètre, Alana ouvre la porte et dès qu'elle m'aperçoit vient me prendre dans ses bras. Elle scrute mon visage, portant encore les stigmates de mon rapprochement d'avec Sacha. Joues rouges, cheveux emmêlés, lèvres gonflées, mais elle ne fait aucune allusion.
Seul un petit sourire étire sa bouche.

— Tu m'as manqué ma madeleine.
— Toi aussi mamounette.

Je la serre fort contre moi.

Qu'est-ce que ça fait du bien de retrouver les bras réconfortants de maman, et pourtant d'autres que je viens de quitter me manque déjà.


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