Chapitre 28


                         
PDV Madelen   📸           
                 
Le bip incessant de mon phone me sort d'un réveil comateux.
Son enthousiasme ne me contamine pas.

Avec difficulté, je tends le bras vers la table de nuit pour l'arrêter sauf qu'il m'échappe et s'éclate par terre.

Génial.

Au moins ça le fait taire... ben non l'alarme reprend.

— Punaise, râle-je en me penchant pour le ramasser.

Sauf que j'avais oublié les excès de la soirée d'hier soir mais pas ma tête. Oh non, elle s'en souvient très bien et cette garce me le rappelle en jouant du hard core.
Je me rallonge le regard rivés au plafond attendant que mon cerveau et mon mal au cœur arrêtent de se disputer à mes dépends.

Les mots écrits au feutre noir par Liam, Jayden, Yazel, Adrien, celui dont je ne veux pas prononcer le nom, et moi me saute aux yeux. Ce sont des phrases, des citations, des humeurs du moment... on l'a fait le soir de l'emménagement. C'est Sa... lui qui en a eu l'idée pour que je les lise les soirs où j'ai le cafard et ça a marché jusqu'à... il y a quarante-huit heures.

Tu veux pas prononcer son nom mais cela t'a pas empêché de l'embrasser hier soir.
Donne conscience en bon état, si vous êtes intéressés...

Les souvenirs me reviennent les uns après les autres. Plus ou moins glorieux. Plus ou moins violemment.
Je me revois entrer dans le bar de Jayden le moral en dessous de zéro, mon ami m'offrant ses bras, son oreille et ses cocktails dont il a le secret. La soirée qui avance, puis le revoir lui avec sa petasse de femme.

Sa femme. Merde.

Encore des boissons. Mon taux d'alcool augmentant avec les heures qui défilent, puis sa présence près, trop près de moi, heureusement il n' a pas insisté, merci Jayden pour son soutien après que je lui ai tout balancé.
Quelques coups d'œil dans leur direction, ma faiblesse me perdra, égratignant mon cœur un peu plus, des regards croisés, mon frère qui se pointe, et enfin cette connerie monumentale qui m'a fait replonger dans les abysses de mon amour pour lui.
Me rappelant au passage comme c'était bon d'être dans ses bras. Comme c'était exquis de sentir ses lèvres contre les miennes... comme c'est cruel de dire adieu à tout ça.
Comme ça fait mal de devoir éteindre ses sentiments pour espérer continuer à survivre.

Le problème ça a été après.

Quand la réalité est arrivée comme un boomerang et les mots que nous nous sommes jetés à la figure.

Je crois que Mick était présent, j'ai vaguement le souvenir de l'avoir vu au bar pendant que je... oh putain non !

Je me cache sous la couette espérant que cela a le pouvoir de tout effacer.

Décidément le thème de Las Vegas était de sortie hier soir.

La ferme !

Ensuite, tout s'est accéléré.
Je me vois hurler contre mon frère qui me tient en mode sac à patate alors que lui me murmure un truc à l'oreille, impossible de me souvenir ses paroles, le visage de Mick en sang, ou alors ce sont mes yeux imbibés d'alcool qui ont changé la perception des couleurs, puis les sièges confortable de la voiture de Liam et enfin le trou noir. Avant de me réveiller sous la douche. L'eau glaciale m'a fait crier contre Liam,  qui n'en est pas ressorti indemne, je suis sûre que son visage en porte encore les traces, puis à bout de force, grelottant de froid, les larmes ont pris le relais. Mon frère m'a porté jusqu'à mon lit, galérant pour m'enlever mes fringues trempées, car j'étais incapable de l'aider. Il m'a bordé, j'ai senti ses lèvres sur mon front, à peine a-t-il fermé la porte, que je sombrais dans un sommeil sans songe.

Je ressors de sous la couette avant de mourir étouffée.
J'imagine mon épitaphe.

Mon portable c'est tu.

Il serait peut-être temps que je regarde pourquoi j'avais mis une alarme alors que c'est le week-end.

Me sentant un peu mieux physiquement, pas psychiquement, je me penche pour m'en saisir, sauf que quand mes regard percute l'heure je jure :

— Et merde !

Je me précipite hors de mon lit, court, enfin ça c'est ce que mon esprit essaye de me faire croire, car mon corps lui n'est pas d'accord. Je marche donc jusqu'à ma salle de bain, en tendant l'oreille mais tout est calme dans l'appartement. Liam doit encore dormir ou alors il n'est pas rentré, chose plus probable.

Une fois arrivée à destination sans encombre, je jette quelque part mon short et mon débardeur, je ricane en réalisant que mon frère a dû s'en voir pour me déshabiller, tant mieux, et je me glisse sous l'eau... chaude cette fois.

Pas mon délire d'attraper une pneumonie.

Je veux évacuer tout ce qui pollue mon cerveau, l'envoyer dans les égouts.
Malheureusement cela ne fonctionne pas comme ça.

— Pourquoi Sacha ? Hurlé-je.

Je frappe de mes mains le carrelage de la douche, des larmes dévalent mon visage se mélangeant à l'eau, je tombe sur les genoux le visage enfoui dans les mains. Et je pleure encore.

Violemment. Mes sanglots secouent mon corps.
Je crie à m'en bousiller les cordes vocales.

Avoir de nouveau goûter à ses lèvres, à sa tendresse, me flingue, m'anéantit, m'ensevelit sous un tas de nostalgie. Parce que ce que nous avons été, nous ne le serons plus. Jamais. Car je ne peux pas retourner avec lui en sachant qu'il a donné à une autre ce qu'il m'avait promis.
Et puis, il ne m'a pas affirmé avoir signer ce putain de contrat. Si ça se trouve, Sacha s'est rétracté et veut tenter un truc avec elle. A cette pensée mon estomac se révulse, mais je prends une grande inspiration pour ne pas vomir dans la cabine de douche.

Ah parce que tu crois qu'il t'aurait embrassé si ce n'était pas le cas ?
Je t'ai pas sonné.

La petite voix bien planquée au fond de moi me dit que non. Que jamais il n'aurait fait ça. Mais bon il n'était pas censé être marié non plus, alors...

Quand je suis enfin calmée, je termine de me savonner, je me sèche, me maquille légèrement, tout ça en mode zombie, de toute façon même avec un ravalement de façade complet mes parents verront qu'un truc cloche. Je démêle ma tignasse qui se la joue revival des années quatre-vingt et quand j'estime que je n'obtiendrai pas mieux, je retourne dans ma chambre afin de choisir la tenue pour un repas en famille.

Car oui c'est ce que j'avais oublié.

Aujourd'hui dimanche mes parents ont invité Sa...tan et ses parents pour fêter leur retour de vacances. Je suis contente de revoir maman, elle m'a manqué, mon père aussi. J'appréhende leur réaction quand ils sauront, mais il va bien falloir que je leur raconte toute l'histoire.
A savoir si je le fais en mode garce activée, devant Léane et Aaron ? où si j'attends que nous soyons que tous les trois. Et éviter à S, l'humiliation de l'engueulade du siècle.

Je devrais demander à Mick qu'il me prête son équipement de quarterback c'est-on jamais.
Le mari de l'année pourrait en avoir besoin.

Mon choix se porte sur une chemise d'homme blanche que je rentre à moitié dans ma jupe en cuir froissée, des collants opaques et mes low boots noir.

Je sors de la chambre pour me diriger directement vers le coin cuisine. Je fais couler un café en grignotant un croissant, tout en jetant un œil sur les mails, quand un appel de ma meilleure amie en face Time est demandé.

Je l'accepte et le visage magnifique mais fatigué de Yazel apparaît en plein écran.

— Hey ! Comment vas- tu ma belle ?

— Hey ! Ça va et toi ? Déjà debout ?

— Tu sais que je n'aime pas les...

— Coucou la photographe, nous coupe Adrien.

— Salut Ad ! Tu vérifies si ta sœur se nourrit bien ?

Yazel ricane alors que son frère balaie ma remarque d'un geste de la main.
C'est une plaisanterie entre nous, le côté trop protecteur d'Adrien vis à vis de sa sœur. Si il savait le pauvre...

— Tu as une petite mine Mad, vous êtes sortis hier soir ?

Hum on peut dire ça.

Je n'ai rien dit encore à mon amie, en même temps ça ne fait que deux jours.
Je vote pour une part de vérité.

— Oui.
Je devine que Yazel attend que je développe, comme à chaque fois que je lui raconte en détail nos soirées, car elle est souvent en tournée, mais pas cette fois.

Si je le fais je m'effondre.

Sauf que c'est Yazel et son sixième sens est impitoyable.

Je la vois froncer les sourcils en demandant à Adrien d'aller voir ailleurs.
Et il s'exécute avec une telle docilité que je me demande ce que sa sorcière de sœur lui a mis dans son café.

— Balance ce qu'il ne va pas ma chérie.

Pas facile.

— C'est Sacha qui a joué au con ? Il faut que je rentre pour lui couper les corones ?

Oui. Non.
Non pas quand même.

Je ferme les yeux pour éviter un déluge, respire fort et les mots s'arrachent difficilement de ma bouche.

— Sacha est marié.

Silence.

Heureusement que Yaz est toujours à l'écran sinon j'aurais pu croire à une coupure.
C'est vrai que j'aurais pu mettre les formes, mais en le disant vite, ça fait moins mal.

— Yaz ? Tu as buggé ?

Un rire qui se rapproche plus du ricanement me répond.

— Comment ça, Sacha est marié ?

Impossible de me répéter.

— Il t'a épousé et tu ne me l'as pas dit ? Ou alors vous étiez à Las Vegas d'où ta sale tête ?

Maintenant c'est moi qui ris jaune.

Je peux comprendre que ma meilleure amie soit perdue, je ne suis pas sûre moi non plus d'avoir retrouver mon chemin.

— Marié, comme dans Sacha a épousé une fille qui n'est pas moi mais c'est bien à Las Vegas par contre.

Les yeux de Yazel sont aussi grands que des soucoupes. Elle se passe les mains sur le visage et moi, je la regarde en portant le verre de vin blanc que je me suis servi finalement pour me donner le courage d'affronter cette discussion.

— Tu picoles ? Déjà... il est quoi midi à New-York non ?

— Ouais mais il est bien dix-huit heures quelque part.

Pour une fois que je suis pragmatique.

— Mad, souffle mon amie. J'aimerais être avec toi. Tu veux que je rentre ? je n'ai pas de représentation pendant deux jours ? Et Adrien comprendra...

— Non Yaz c'est bon ! Je vais me débrouiller, là coupé-je.

Ou pas. Vu que tu commences à boire un lendemain de cuite.
Conasse.

— Mais quand ça ? Reprend Yazel, comme si son cerveau venait de comprendre.

— Pendant leur week-end spécial débauche, mime-je entre mes doigts, à Las Vegas.

— Celui où ils s'y sont allés tous les trois pour fêter le diplôme de Jayden et l'acquisition du bar ?

Sans qu'elle ne le formule, je sais quel cheminement prennent ses pensées.

— Celui-là même.

Et ils l'ont bien fêté, pense-je.

— Et du coup... Yaz se mord le pouce, signe qu'elle est nerveuse, Jayden aussi ?

— Non. Seulement Sacha et mon frère idée débile d'ailleurs qui vient de lui.

— Liam a vraiment déconné, fulmine-t-elle.

— Ils étaient tellement bourré qu'ils ne s'en souviennent pas. Jayden est celui qui avait le moins bu. Et puis tu connais sa phobie de l'engagement. Ca aide sûrement à éviter ce genre de connerie.

Je ne vais pas lui dire qu'il était dans une chambre en train de se taper un nana.
Je ne sais pas quel niveau de relation ils entretiennent, pas entièrement du moins, seulement ce qu'elle m'en dit quand nous étions en Norvège.
Je la sens soulagé et triste à la fois.

Merde !

— Je suis désolée Yaz, je ne voulais pas ...
— C'est bon Mad, t'inquiète pas je connais Jayden.

Oh ma Yazel, serais-tu tombée dans les filets du beau barman ?

— Mais qu'est-ce qui a fait que la mémoire leur soit revenue ?

— La fille que Sacha a... épousée, je grimace, est venue le trouver à la sortie de la fac...

— Tu y étais ?

Malheureusement oui.
Je hoche simplement la tête.

— Fuck ! Et alors ?
Yazel monte le ton et cela a dû alarmer son frère car il revient dans le salon.

— Un problème les filles ?

Sa sœur lui dit de se taire, en lui précisant qu'elle lui racontera tout plus tard, et de repartir d'où il vient. Il râle, me dit au revoir et j'entends la porte claquer.

— Il est vexé non ?
— Il s'en remettra.

Je lui relate toute l'histoire, depuis mon pétage de plomb quand j'ai quitté l'appartement de Sacha jusqu'à ma soirée d'hier dans le bar de Jayden.

Ma meilleure amie reste calme.
C'est tout elle ça !
Elle analyse, répète certainement dans sa tête ce que je viens de lui raconter, comme elle le fait pour les mouvements de danse.

Alors j'attends.
Et puis :

— Sacha est dingue de toi Mad. Il n'a pas pu rester avec cette fille.

Je ricane.

— Oui et ?
— Et tu vas devoir écouter toutes ses explications, car je suppose que tu ne lui a pas laissé le temps d'en placer une ? J'ai raison ou j'ai raison ?

Bitch.

— Hum.

— C'est bien ce que je pensais.

— J'aimerai bien t'y voir tiens !

— Oh crois moi ! si mon petit ami potentiel m'avait fait un coup pareil, je l'aurais écouté, puis je lui aurais fait comprendre par un coup de pied bien placé mon point de vue et enfin  on aurait baiser comme des dingues.

J'equarquille les yeux devant le programme de ma Best.

— Ben quoi ?

— Je ne te savais pas si...

— Tu imagines que je suis dans un milieu de bisounours et de licornes, ma madeleine ?

— Non bien sûr... mais je ne me sens pas capable de lui pardonner Yaz.

Voilà le mot est sorti.
Et c'est ça qui me fait peur. Ne pas pouvoir lui pardonner et donc ne plus avoir Sacha dans ma vie, dans mon cœur et dans mon âme.

— Tu le feras parce que tu l'aimes, que c'est ton âme sœur et que sans lui tu n'existes pas Madelen. Comme c'est pareil pour lui. Prends le temps qu'il faut Mad. Pose toi les bonnes questions au calme. Mais je t'en supplie, n'agit pas sur un coup de tête. Tout le monde fait des erreurs surtout en ayant bu. Cette fille ne représente rien pour Sacha, et je suis même persuadé que c'est à toi qu'il pensait et si ça se trouve il croyait dans son brouillard alcoolique que c'est toi qu'il épousait.

A quelques mots près c'est exactement les arguments de Sacha.

Je ne réponds rien mais Yazel me connaît assez pour savoir qu'elle a visé juste.

— Sauf que tu oublie une chose essentielle Yaz.

— Laquelle ? Demande ma meilleure amie avec une moue perplexe.

— Que je ne sais pas s'il a signé la demande de séparation.

— Ben facile. Pose lui la question.

Son air nonchalant me met en rogne.

— Ouais facile dans le cas où je lui parlerais encore...

Mon esprit me torture en m'envoyant des images de nos bouches collées.

Je rougis et Yazel le remarque.

— Toi tu m'as pas tout dit ? Si ?

— Disons que...

— Accouche mon frère va revenir et je ne vais pas pouvoir le virer éternellement.

— J'ai embrassé Satan cette nuit.

Mes paroles sont en mode mitraillette.
Mon amie éclate de rire.

— Satan donc, affirme-t-elle une fois calmée. Et c'était bien ?

Elle se fout de moi.

— J'avais bu. Beaucoup. Alors je ne me souviens plus.

Et la palme de la meilleure actrice est attribuée à... Madelen Hansen.

— Mais bien sûr ! Non mais attend ça veut dire qu'il a trompé...
— Stop ! Crie-je. Je culpabilise assez.

Et elle rigole.

— Heureuse que tu trouves ça divertissant, râle-je.

— Excuse-moi ma madeleine. Mais je trouve ça tellement ridicule que tu es pu te sentir coupable. Cette fille n'est qu'un accident de parcours, réfléchi Mad ils se sont mariés à Las Vegas complètement bourré. Ça en dit long.

Je me tais.

— Bon je vais devoir te laisser ma belle, soupira-t-elle face à mon mutisme. Adrien vient de revenir et là je ne peux pas le mettre à la porte une troisième fois sans que je ne prenne le risque qu'il coupe le courant.

Je ris pour la première fois depuis des jours.

— Ok ok ma Yaz. Moi aussi je dois te laisser. Je déjeune chez mes parents avec Léane, Aaron, Sacha et mon frère. Embrasse le pour moi et merci...

Je bloque la larmes qui menace de couler.

— Ne pleure pas Mad. Sinon moi aussi je vais pleurer et là Adrien nous forcera à tout lui raconter. Soit forte. Et j'aimerais être là pour assister au spectacle quand les parents vont l'apprendre. Je ne donne pas cher de leur peau.

— Moi non plus.

On se dit au revoir en se promettant de se rappeler au plus vite.
Ma meilleure amie me manque. Encore deux mois et elle fera une halte ici avant de repartir dans un autre pays cette fois.

Quelques minutes plus tard, je hèle un taxi depuis le trottoir.
Assise sur la banquette arrière, je contemple les rues animées de la grosse pomme, repoussant au maximum les pensées qui m'assaillent des retrouvailles avec Sacha.

Le destin est un sacré connard.

Car quand le yellow card me dépose devant l'immeuble où habitent mes parents, Sacha gare son coupé le long du trottoir en face.

Je paye ma course, puis je me précipite vers l'intérieur.
Après voir saluer le gardien, j'appuie comme une folle qui voudrait échapper à un tueur en serie, sur le bouton de l'ascenseur. Sauf que celui-ci ne s'ouvre pas à temps, et je suis la pauvre fille du film qui se fait tuer, pile à l'instant où les portes s'ouvrent. Sauf que ce n'est pas un criminel mais bien mon ex qui est derrière moi.
Son parfum l'a trahie. Je respire comme une droguée en manque.
Sacha retient les portes afin que je puisse rentrer dans la cabine. Je suis de dos, attendant qu'il y pénètre à son tour, mais les portes se referment, et j'ai à peine le temps de le voir par l'entrebâillement, prendre les escaliers.

Aucun mot n'a été échangé. Aucun regard non plus.
Et pourtant sa présence m'a écrasée.

Le baiser que nous avons échangé cette nuit revient tel un boomerang.

Trois étages.
Pour souffler, pour me recomposer une attitude, pour faire semblant...

                    

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