Chapitre 21



PDV Sacha 🎨

Je remonte la fermeture Eclair de mon blouson en cuir, car en cette fin du mois de janvier on se les caille à Big Apple.
Je réajuste mon bonnet sur ma tête puis je sors une cigarette du paquet en attendant Madelen.
Je regarde l'heure sur ma montre, plus que cinq minutes et son petit corps tout chaud sera appuyé contre le mien le temps que l'on rentre à mon appartement en moto.

Je ne la prends que très rarement, le métro suffit pour me conduire à la fac, mais ce matin j'étais pas mal à la bourre après que Mad ait insisté pour que je la rejoigne sous la douche. Et impossible pour moi de refuser une proposition pareille. J'ai promis à son père que je ferais tout pour que sa fille soit heureuse et comblée, je suis pas certain qu'il pensait à ce genre de sacrifice quand on a en parlé le soir du réveillon de noël, mais la satisfaire sexuellement fait aussi partie de son bonheur et du mien.

J'écrase ma clope avec le talon de ma boots avant de jeter le mégot dans un cendrier proche, quand une silhouette se matérialise en face de moi. Je fais comme si je ne l'avais pas vu, je passe à côté d'elle pour reprendre ma place initiale et me concentre sur Madelen qui vient de passer les portes son attention est monopolisée par son iPhone. Je ricane en voyant qu'un mec la contourne pour ne pas lui foncer dedans, Mad ne l'a même pas calculer. C'est tout elle ça.

— Salut !

Je me retourne pour me trouver nez à nez avec une fille dont le visage ne me dit absolument rien.

Sans rien cacher de mon agacement, je m'appuie contre mon monstre d'acier en croisant les bras sur ma poitrine sans répondre.
Mad progresse, et franchement après la scène de ce matin avec Nina, je ne suis pas sûr que mon petit chat supporterait une autre de mes admiratrices.

Voyant que la meuf ne bouge toujours pas, elle se balance d'un pied sur l'autre, en tordant une grande enveloppe blanche qu'elle tient dans ses mains, je lève un sourcil pour l'inciter à poursuivre.

— Je...

— Hey ! La coupe Madelen qui vient d'arriver à notre hauteur.

— Hey ! Ça va ? Lui demandé-je en l'attrapant par la taille.

J'ai toujours besoin de la toucher quand elle est près de moi.

Je dépose un baiser à la commissure de ses lèvres, mais je sens bien que mon petit chat est préoccupé par la fille qui n'a visiblement pas compris qu'elle dérangeait.

Les yeux de Mad font des aller-retour entre moi et la statue vivante.

— On y va ? Dis-je nerveux pressé de me tirer d'ici.

J'attrape les deux casques posés sur la selle pour en tendre un à Madelen quand l'autre décide de l'ouvrir.

— Tu ne te souviens pas de moi, hein Sacha ?

Mad est plus tendue qu'un arc et moi je scrute celle qui est en train de foutre le bordel dans mon couple d'un œil torve.

Toujours aussi nerveuse, elle nous regarde tour à tour, et j'avoue que l'air que je dois afficher ne doit pas la rassurer.

Tant mieux.

— Je devrais ?

Connard.
J'assume.

Madelen de plus en plus fébrile, fixe la fille intensément, peut-être pour essayer de mettre un nom dessus, après tout, je lui ai toujours parlé des filles avec qui j'ai couché, ou alors elle me voyait avec lors des nombreuses soirées que nous avons passées ensemble.

J'ai beau fouiller dans ma mémoire, son visage ne me dit absolument rien. J'ai eu quelques flirts, j'ai baisé avec pas mal de filles, pas un serial Fucker du niveau de Liam, pas toujours à jeun, mais pas éméché au point de ne pas me souvenir de ... au putain !

Un flash. Éblouissant qui me vrille le cerveau.
Si. Une putain de fois.
Putain. De.Ville. Des. Pêchers.

Mad perçoit mon changement d'attitude.

C'est un peu le problème quand vous sortez avec votre meilleure amie, votre âme sœur, elle connaît toutes vos réactions.

Mes yeux descendent vers le ventre de la fille, ouais réflexe à la con, mais je me raccroche aux branches, elle porte un manteau assez ample, mais pas de bosse visible.

Je souffle de soulagement.

Médiocre récompense de mon obsession de sortir toujours couvert, même en étant bourré.
Bien mal m'en a pris quand je croise le regard meurtrier de Madelen.

Et j'ai mal.
Mal de lui infliger ça.
Mal d'avoir pu ne serait-ce qu'imaginer que j'ai pu mettre en cloque une fille.
Mal de lire dans ses magnifiques yeux la douleur et la tristesse.

— Pas vraiment vu l'état dans lequel tu étais, répond la fille en regardant ses chaussures.
— Je peux savoir d'où vous vous connaissez, intervient mon petit chat.

Ma gorge est sèche, ma salive s'étant fait la malle, je déglutit malgré tout, prêt à lui expliquer.

— De Las-Vegas, me devance celle dont je ne me souviens plus du nom.
— Ah.

Je devine le cheminement des pensées de Madelen.

Un week-end entre mecs, pendant lequel ni Liam ni moi ou même Jayden n'avons donné de nos nouvelles, nous n'avons rien raconté non plus à notre retour.

— Et donc, tu t'es souvenu de moi des mois après. Pour ? Et d'abord comment tu as su quelle fac je fréquente ? La questioné-je perplexe et tendu.

— Disons qu'un événement récent... à ces mots mon regard se porte de nouveau sur son ventre, m'a forcée à mettre les choses en ordres, et pour répondre à ta seconde question, ton pote avait donné son numéro de téléphone à ma meilleure amie, en lui spécifiant que si elle devait passer par ici, ils pourraient remettre ça. Un vrai gentleman soit dit en passant.

Son ton acerbe me gonfle.

J'ai envie de lui retourner qu'une fille qui accepte de baiser au premier verre offert n'est pas vraiment une ladie mais je m'abstiens.

Mais pas mon chaton qui sort ses griffes.

— Je suppose que tu parles de mon frère Liam ?

La fille hoche la tête.

— Et bien... écoute moi bien...

— Melly.

— ... Melly, si mon frère a jugé bon de lui donner son numéro c'est très certainement que ton amie en valait le coup... au lit je veux dire, et je pense pas qu'elle se sente offusquer qu'il lui ait proposé de la revoir pour remettre ça, mime t-elle entre ses index, surtout qu'elle n'a pas dû l'être quand il lui a offert un verre, je connais ses méthodes, et qu'elle l'a suivi pour passer la nuit avec lui. Alors je te pose la question, qu'est ce que tu veux de Sacha ?

Ma meuf est une Warriors.

Je passe un bras par-dessus ses épaules pour la rapprocher et la réchauffer. Mad grelotte, la nuit commence à tomber il est temps que l'on dégage.
A moins que ce soit de colère.

— Si tu as terminé, conclué-je.
— Tiens.

Melly me tend l'enveloppe qu'elle tenait dans ses mains.
Mes yeux font des allers retour entre elle et le bout de papier.

— Elle ne va pas exploser Sacha, tu peux la prendre.

— J'adore ton humour, grincé-je des dents.

— C'est en partie pour ça qu'on a passé la soirée ensemble... et la nuit, se plaît-elle d'ajouter.

Madelen se crispe dans mes bras.
Putain elle avait besoin de le préciser ?

— Ouais ben apparemment ça n'a pas été si mémorable.

Pathétique.
Je suis pathétique.
Et salaud.
Et honnête.

Melly à la mâchoire crispée, mais ne rétorque rien.

— Sacha prends cette enveloppe et rentrons, s'il te plaît.

Ce n'est pas une question mais une supplique.

— Bien sûr chérie, la rassuré-je en lui donnant un baiser sur la tempe.

Je me saisis du pli, l'enfonce dans mon sac de cours, je tends un casque à Madelen, j'enfile le mien, mais avant de démarrer j'entends Miss Vegas me préciser qu'elle a écrit son numéro de mobile au cas où. Et sans un regard pour Melly, je quitte le parking en trombe mon petit chat coller à moi comme je l'espérais des minutes plus tôt.

Le trajet m'a paru trop court.
A chaque kilomètre avalé, je sentais l'étau se refermer un peu plus sur ma cage thoracique. Et ce n'est pas les mains crispées de Mad sur mon abdomen qui me diront le contraires. A plusieurs reprises mon regard a essayé de capter le sien par le rétroviseur mais à aucun moment elle n'a pas détaché ses yeux du paysage qui défilait, alors je serrais ses mains dans la mienne dès que je le pouvais.

Je gare ma moto sur l'emplacement qui m'est réservé dans le parking souterrain, j'attrape la main de Madelen pour entrelacer ses doigts aux miens, j'ai besoin de la sentir, elle ne les retire pas, alors je me dirige vers l'ascenseur.
Une fois dans la cabine, le silence s'étire, malaisant. Du coin de l'œil, j'avise mon petit chat qui trouve très intéressant le panneau de commande. Je réajuste la bretelle de mon sac à dos, j'ai l'impression qu'il pèse une tonne depuis que cette putain d'enveloppe y est rangée, les portes s'ouvrent, je laisse Mad me précéder.
Dans le couloir où nous marchons pour rejoindre mon appartement, seuls le bruit de nos pas résonnent sur le plancher en bois. Je déverrouille la porte, l'ouvre afin que Mad puisse passer et l'angoisse qui se tarit au fond de moi depuis tout à l'heure remonte comme un tsunami.

La douce odeur du parfum de Madelen flotte encore entre les murs, mutilant un peu plus l'organe qui me sert à vivre.

Je balance mon sac à dos par terre.

— Je... disons nous en même temps.
— Je t'en prie, honneur aux dames.

Mon trait d'humour tombe à plat.

— Je vais prendre un bain... et... ensuite... je...

Je m'approche lentement.

— Mad ?

Je soulève son visage en le prenant en coupe.
Ses yeux me sondent et ce que je peux y lire me coupe en deux.

Peur. Tristesse. Déception.

— Quoi que peut contenir cette fichue enveloppe, n'oublie jamais que c'est toi et uniquement toi que j'aime.

Madelen ne dit rien, alors je la relâche en inspirant, pour éviter de dire une chose que je regretterai plus tard ou de faire un geste brutal qui pourrait l'effrayer.

— Je vais dans mon atelier. Des cartes de différents traiteurs sont posées sur le passe plat, choisi ce que tu veux pour dîner.

Sans attendre une réponse, je tourne les talons et pars m'enfermer dans la pièce témoin de tous mes états d'âme.

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