Chapitre 20


PDV Madelen 📸

J'avance dans le couloir du bâtiment des Arts quand je repère Sacha devant son casier.

Cela fait un peu plus de deux semaines que nous avons repris le chemin de l'université avec tout ce que cela implique. Fatigue, stress, horaires de dingues avec la préparation de nos expositions respectives et j'en passe. Si j'ajoute à ça mes nuits trop courtes, à réviser ou à faire l'amour avec mon insatiable mec, je suis crevée.
Mais même si je devais aller à la fac en rampant parce que Sacha m'empêche de dormir, ou que mes amis ont décidé d'organiser une fête à l'improviste, comme cela a eu lieu hier soir, je ne changerai rien.

Absolument rien.

J'aurais tout le temps de dormir quand je serai dans un cercueil.

Et si je suis là dans cette aile de la fac ce matin deux heures avant le début de mon cours, alors que j'aurais pu en profiter pour récupérer un peu sommeil et que l'on s'est quitté il n'y a pas une heure, c'est parce que Sacha a oublié une partie de son matériel chez moi. Il est parti juste à l'heure à cause de moi et de mon envie de prendre une douche à deux. Je l'ai un peu retenu... pas qu'il s'en soit plein.

Je peux bien arriver en avance et faire un détour, lui porter ses affaires manquantes et ensuite patienter à la bibliothèque jusqu'à ce que mon premier cours commence.

J'accélère le pas, quand je vois qu'il commence à refermer son casier, puis lorsque j'arrive à sa hauteur le plus discrètement possible, je me positionne derrière lui, sans le toucher, je passe mes deux mains pour les poser sur ses yeux afin de lui boucher la vue.

Je le sens se tendre.

— Devine qui s'est, murmuré-je à son oreille.

Je le sens se détendre.

— Hum, à la réaction de ma queue, je dirais mon petit chat ?

J'enlève mes mains de sur ses yeux, et Sacha en profite pour se retourner.

— Très romantique Chacha, rigolè-je alors qu'il pose une main sur ma hanche pour me rapprocher de lui et l'autre derrière ma nuque.

Il inverse nos positions et me voilà prisonnière entre la colonne de casiers et son corps.

— Mais tu aimes quand je suis romantique, affirme-t-il tout en butinant ma mâchoire.

Je suis là, pourquoi déjà ?
Ah oui, ses affaires.

Je m'agrippe à son sweat, en reculant mon visage.
Sacha émet un râle de protestation.

— Ton cours va commencer, je suis venue te rapporter ton carnet de croquis avec les crayons que tu as oubliés ce matin en partant.

Il ricane.

— À qui la faute si j'avais la tête ailleurs.

— À ma langue magique, dis-je avec une moue pas du tout désolée.

Sacha éclate de rire en resserrant sa prise.

— Exactement petit chat.

Nos pupilles plongent dans les abîmes de l'autre.

— C'est très gentil de ta part ça mon petit chat, se reprend Sacha le premier. Comment puis-je te remercier ?

Oh j'ai bien une idée, pensé-je.

Son air goguenard, sa langue, d'où dépasse son nouveau piercing, caresse sa lèvre inférieure, ses doigts jouent avec une mèche de cheveux qui dépassent de mon chignon, ses iris plongés dans les miens sont des gestes à teneur hautement inflammables pour ma petite culotte. Je crois que nous avons la même.

Je vais pour répliquer, après avoir récupéré quelques neurones au passage, quand du coin de l'œil j'avise une fille qui nous fixe.

Quel est son problème ?

Elle avance dans notre direction d'un pas assuré, ses talons claquant sur le sol en carrelage.
Sacha est toujours de dos collé à mon corps.

— Désolée de te déranger Sacha mais...

Il sursaute.

Je suis donc invisible, c'est bon à savoir.

Au son de la voix féminine, Sacha s'écarte de moi, éclatant notre bulle dans un gros ploc, et je mentirais si je disais que cela ne me vexe pas.

— Nina ! S'exclame-t-il d'un air peu enjoué.

Tu m'étonnes.
Ah ! Le modèle et plus, si affinité.

J'en profite pour détailler sa silhouette, puisque pour elle je suis aussi transparente que du verre, ça devrait passer crème, et j'avoue, en toute objectivité de petite amie pas du tout jalouse, que Nina est vraiment belle.

Non mais tu croyais quoi ? T'as déjà vu Sacha avec des meufs pas canons toi ?

— Qu'est-ce que tu veux ?

— Je viens te prévenir que le cours va bientôt commencer, lance-t-elle en me jetant un coup d'œil pas amical, toujours du point de vue de la petite amie pas jalouse, qui jubile intérieurement, et tu sais que le prof n'aime pas que...

Je me décale, puis je me baisse pour attraper mon sac qui gise à mes pieds depuis notre câlin pour en sortir ses affaires, mais Sacha me saisit le poignet avant que je n'ai pu atteindre mon but. Il me relève.

— Merci Nina, la coupe-t-il, alors qu'il fixe son attention sur moi, la mâchoire contractée.

Quand même !

— Je t'attends ou...

Non mais elle ne veut pas lui tenir la main aussi !

— Pas la peine, d'un je connais le chemin et de deux je n'en ai pas fini avec ma copine.

Prends ça dans ta face de modèle.

— Ok, je te garde une place à côté de moi, comme d'habitude.

J'espère qu'elle a pensé à une autre reconversion, sinon elle ne pourra poser que pour les amateurs de Picasso une fois que mon point lui aura refait son portrait.

Sacha a dû sentir que j'étais prête à exploser devant les provocations pas du tout voilées de sa collègue de fac, car il resserre son emprise sur mes hanches.

— Pas la peine non plus, et tu sais très bien que cela n'est arrivé qu'une fois.

Il parle de quoi là ?

Il se baisse à son tour pour ramasser mon sac de cours. Sans un regard pour Nina, il entrelace ses doigts aux miens puis me tire sans ménagement vers un couloir parallèle où étrangement il n'y a personne avant de me pousser contre le premier mur.

Pas si vite mon gars !

— Tu voulais dire quoi par ce n'est arrivé qu'une fois ?

Mode petite amie jalouse de nouveau enclenchée.

— Ce que ça veut dire Mad, que je ne me suis assis qu'une seule fois à côté d'elle.
— Aucun autre sous-entendu ? Parce que ce n'était pas clair Chacha...

Sacha lâche nos deux sacs qui échouent par terre dans un bruit sourd, se passe les mains dans sa chevelure déjà bien bordélique, puis sans attendre, capture mes lèvres.

Pour me faire taire je suppose.
Sauf que...
Je le repousse.
Il souffle.

— Vas-y dis-moi.

Je le sens à court de patience malgré sa retenue, mais j'ai besoin d'être rassurée. Sacha a couché avec tellement de filles dans cette université que j'ai besoin du rappel de confiance.

— Liam m'a dit que toi et Nina...

— Oui après je t'ai expliqué que je ne l'avais baisé qu'une seule fois aussi et qu'il n'y rien eu de plus entre nous Mad. Alors arrête de te prendre la tête là où il n'y pas lieu de le faire.

— Je sais Chacha, mais savoir qu'à chaque pas je vais tomber sur une meuf avec qui t'a couché ne me rassure pas et quand en plus elles sont super canons et posent à moitié nues, je...

Cette fois-ci Sacha plonge son regard brûlant dans le mien en tenant mon visage entre ses mains.

— Arrête ça de suite Astrid. Je suis amoureux de toi ma puce, au point d'en avoir mal chaque fois que je pose mes yeux sur toi et aucune Nina ne pourra changer ça. Alors ne pense pas autres filles qui n'ont jamais été pour moi que des préliminaires. La seule que je voulais, c'était toi. Et rien que toi. Tu as toujours étais dans mes pensées petit chat...

Je l'empêche de continuer en prenant sa bouche d'assaut.
Comment résister aussi.

— Ok.
C'est tout ce que je trouve à dire.

Sacha s'empresse de reprendre mes lèvres, me collant un peu plus contre la cloison, son corps contre le mien, une main à plat contre la cloison près de ma tête alors que l'autre s'empresse passer entre nous, pas de temps à perdre, franchit la barrière de mon jean pour se poser directement sur mon shorty.
Un son entre un gémissement et un soupir passe la frontière de ma bouche.

— C'est moi qui te mets dans cet état ma puce ? Murmure-t-il.

Ses doigts glissent sur le tissu le long de mon sexe, appuyant pile à l'endroit que je voudrais qu'il me soulage. Je m'agrippe à ses épaules, bougeant mes hanches à la recherche d'un apaisement qui tarde à venir.

— D'après toi Chacha ?

Les mecs peuvent être idiots avec leur question qui frise la Palisse.

— Je ne pensais pas à ce point.

Ou naïfs.

— Tu parles !

Sacha ricane en accélérant les mouvements de ses doigts.

— Besoin d'être soulagé peut-être ma chérie ?

N'en pouvant plus, et me rappelant que nous sommes dans un couloir dans lequel n'importe qui, étudiants comme professeurs, pourraient nous surprendre, je réponds :

— Tu ne m'avais pas parlé d'un placard ?

Sacha éclate d'un rire franc.

Il est beau. Magnifique. Et il est à moi.

— Si, si, dit-il une fois calmé. Suis moi.

Sans attendre, il me tire derrière lui, il ouvre une porte sur la gauche, me pousse à l'intérieur après avoir claqué le battant d'un coup de boots, mon dos heurte des étagères, Sacha m'encadre dès ses deux bras qui viennent se poser de chaque côté de mon corps, nos fronts se touchent. Je me retiens à ses épaules pour ne pas vaciller quand il murmure de son timbre grave dans mon cou, me faisant frémir.

— Et maintenant mon petit chat ?

Le froid du piercing couplé au souffle chaud de sa respiration m'envoie des frissons dans tout le corps.

— Maintenant, monsieur Castex, il ne vous reste pas longtemps pour me prouver qu'il n'y a que moi, et rien que moi, j'effleure du bout des doigts son entrejambe tout en parlant, qui vous met dans cet état...

— Les actes plutôt que les mots... j'approuve.

Vingt minutes plus tard, les lèvres gonflées, les joues rosées, je me dirige vers la bibliothèque après avoir accompagné Sacha devant la porte de l'amphithéâtre dans lequel son cours avait déjà commencé.

En sortant de mon dernier cours de la journée, j'ai les yeux plongés sur mon téléphone en pleine lecture du message que m'a laissé Yazel plus tôt, pour me prévenir qu'elle était bien arrivée à Los Angeles avec sa troupe.
La soirée d'hier soir au bar de Jayden était pour lui souhaiter un bon départ. Elle sera absente de New-York pendant les trois mois que vont durer ses représentations.
Je rédige un court message en lui souhaitant de tout déchirer.
Je lui téléphonerai plus tard, en FaceTime comme nous avons l'habitude de le faire, décalage horaire ou pas.

Puis mon regard se porte vers le parking où je repère mon mec appuyé contre son bolide, les bras croisés sur son torse, la mine renfrognée certainement à cause de ce que lui dit la fille qui se tient en face de lui.

Je remonte l'anse de mon sac, ensuite je descends les quelques marches du perron sans les lâcher des yeux, avec cette sensation étrange que j'avais ressenti quand nous étions en Norvège, que Sacha me cache quelque chose.

Arrivée à proximité, Sacha détourne son regard pour le planter dans le mien, un sourire timide étirant ses lèvres.

Un pas de plus.

Allez courage ma fille, ça ne peut pas être si terrible ! Encore une qui tente sa chance.



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