Chapitre 19
PDV Sacha 🎨
— Putain, mais vous n'avez pas osé ?
C'est le cri de Liam qui raisonne dans le salon, couvrant les chants de Noël qui tournent en boucle, alors que l'on vient d'ouvrir le cadeau commun de nos parents.
Deux salles, deux ambiances, pourrait être notre slogan.
Eux sont explosés de rire.
Merci l'alcool... ou pas.
Comme le veut la tradition, à minuit pile, on se précipite sous le sapin pour ouvrir nos paquets.
Et punaise cette année, ils ont fait fort !
Quoi que des fois, je me demande s'ils ont vraiment besoin de boire pour avoir des idées complètement déjantées.
Nous sommes tous les six en rang d'oignons, le billet d'avion non daté, précision qui a son importance, dans une main et la brochure du camp de vacances dans l'autre.
Rien d'exceptionnel à ça.
Alors pourquoi les hurlements de Liam ? Me demandez-vous ?
— Le combi, c'était marrant, mais là ? Souffle Yazel en regardant ses parents pliés en deux, un air dépité sur le visage.
On doit tous afficher le même à ce stade.
À bien y repenser je me demande ce qu'il y avait dans le cupcake géant du dessert. Je ne serais pas étonné que Max et Naël aient renouvelé l'expérience du Space cake.
Mais bon, ce n'est pas le sujet.
Mad se dandine d'un pied sur l'autre, ses yeux alternent entre l'enveloppe qu'elle tient dans sa main et les miens.
— Relax petit chat, hors de question que d'autres mecs que moi te reluquent à poil, la, rassuré-je en la prenant dans mes bras.
Elle allait ouvrir la bouche pour répondre, mais Jayden la devance.
— Sérieusement ? Vous avez réservé une semaine dans un camp naturiste...
Vous l'avez la réponse.
Adrien secoue la tête de dépit.
— À Bali quand même, se croit obligé de préciser Raphaël en souriant avec fierté.
— Mais il pourrait être sur la lune que je m'en tape. Il n'est pas question que je montre mes attributs à toute la planète.
— Tu exagères Jayjay, me moquer-je.
Son regard noir ne me dissuade pas de continuer à le provoquer.
— Et puis ce n'est pas comme si une partie ne les avait pas déjà vues.
— Mais va te faire...
— Stop ! Hurle Alana.
Toujours alignés comme des collégiens dans le bureau du proviseur parce qu'ils auraient mis de la colle sur la chaise du professeur, on stoppe les bavardages.
Sauf qu'en face de nous ce n'est pas le directeur d'un collège, mais sept paires d'yeux aux pupilles aussi rouges et dilatées que des lapins sous myxomatose qui nous fixent.
Il va falloir qu'ils arrêtent avec les cakes aux herbes, je me retiens de penser tout haut.
Aaron prend la parole.
— On a pensé que cela vous ferait du bien, de vous retrouver en communion avec la nature.
Je suis sûrement victime d'une défonce passive, parce que entendre mon père prôner les bienfaits de passer des vacances nue, en toute circonstance, je ne vois que cette explication.
— Je vois pas où est la communion avec la nature à se retrouver entouré de milliers de bites et de chattes, ricane Liam.
— Justement, Liam, insiste mon père, rien qui n'entrave votre corps, que du sable, de l'amour, de l'eau, et un paysage magnifique.
Je parcours des yeux les autres qui ont de plus en plus de mal à garder leur sérieux. Maxine a la tête plongée dans le cou de son mari, qui lui fixe un point derrière nous, Alana se cache le visage et William pouffe dans son verre. Seul Raphaël et mon père arrivent à garder un semblant de sérieux, ah et ma mère aussi.
— Les enfants...
— Non mais ça ne suffisait pas que je tombe sur un sextoy dans le frigo, maintenant tu m'offres un séjour tout compris, Liam mime les guillemets avec ses index, dans le plus grand club naturiste au monde ? C'est quoi la prochaine étape ? Une pute pour mon anniversaire ? Tu sais que je ne suis plus vierge papa ?
Madelen pose sa main sur son bras, pour le calmer. Et ça marche.
Mon petit chat a vraiment un don pour arriver à nous calmer d'un simple geste.
— Liam, doucement, le prévient son père. On a voulu déconner, d'accord ?
— Ouais ben la prochaine fois évitez tout ce qui se rapporte au sexe... c'est super gênant.
— Je te croyais plus ouvert que ça, mon fils.
— Mais je suis open, mais...
Il se passe une main dans les cheveux d'exaspération.
— Ce que Liam essaie de te dire papa, enchaîne mon petit chat, c'est que nous n'avons aucun problème de ce côté-là, elle rougit et j'adore ça, ni à le faire, ni à en parler entre nous... mais en discuter avec ses parents, c'est super glauque.
Je resserre mon emprise sur la taille de Mad.
William hoche la tête.
— C'est bon, on a compris, affirme Will en se tournant vers les autres, plus de jouets pour adultes, ni d'allusion au sexe.
Ils hochent tous le menton et les épaules comme pour dire, dommage.
— Si on passait aux cadeaux plus traditionnels ? Interroge Léane en frappant dans ses mains.
Ma mère ainsi que ses propensions à désamorcer les conflits.
Après cette parenthèse qui a eu le mérite de nous faire rire plus tard dans la soirée quand l'alcool et les joints que l'on est allé fumer sur la terrasse ont fait leur effet, j'ai flippé comme un malade quand j'ai tendu la toile que j'avais peinte dans l'après-midi à Madelen.
— Joyeux noël ma puce.
Mon cœur est proche de la tachycardie, le bruit du papier que déchire Mad me rend nerveux. Je suis des yeux ses gestes, me taclant intérieurement d'être aussi peu sûr de moi. Cela ne me ressemble pas. Mais tout ce qui touche de près ou de loin à mon petit chat me rend fébrile.
Ça y est.
Le cadre est entre ses mains, je vois ses lèvres trembler, ses yeux s'humidifier, et je ne peux me retenir de l'enlacer par derrière, ma bouche effleurant sa nuque, où ses petits cheveux se hérissent quand je lui souffle :
— Il te plait ?
Mad ne répond rien.
Merde.
— Mad, dis quelque chose...
Je n'ai pas le temps de terminer ma phrase qu'elle se retourne pour se blottir contre moi, une main entourant mon cou alors que l'autre tient fermement la toile contre son buste.
— Il est magnifique Chacha, déclare-elle en se reculant pour m'observer. J'ai l'impression que tu as percée mon âme, que tu...
— C'est parce que je te connais par cœur ma chérie. Ni ton cœur, ni ton âme, ni ton corps n'ont de secrets pour moi. Tu es ma muse, mon inspiration... Je t'aime Madelen Hansen.
— Merci mon amour. Je t'aime aussi Sacha Castex, depuis toujours et pour toujours.
Je l'embrasse passionnément sous les sifflets d'as autres.
Mad regarde le tableau une dernière fois puis va le déposer sur la table avant de revenir avec une petite boîte rectangulaire emballée avec du papier cadeau rouge retenu par un ruban de pellicule qui en fait le tour.
— Tiens, c'est moins personnel que ton cadeau, mais je sais que...
Mon petit chat se mord la lèvre inférieure en se balançant d'un pied sur l'autre. De mon pouce je tire sur sa lèvre, ce geste ravive trop de choses que j'ai envie de lui faire et je saisis son paquet avec l'autre main.
— Je suis certain que non, ma puce.
Quand je regarde la pellicule de plus prêt pour l'enlever sans l'abîmer, je remarque qu'elle ne s'avère pas vierge, alors je la mets de côté.
— Tu n'es pas obligé de la garder, m'explique Mad, j'ai fait développer les photos qui sont dessus.
Je continue mon déballage, et quand j'ouvre la boîte, je reste sans voix devant ce qu'elle contient.
— C'est ce que je crois ?
Mad hoche simplement la tête.
— Putain ! Comment t'as fait ? C'est génial, tu es géniale mon amour.
Alerté par mon explosion de joie, tous les regards se tournent vers nous, mais je n'en tiens pas cas et hisse Madelen à ma hauteur pour la faire tourner tout en l'embrassant.
— Et c'est reparti ! Entends-je en reconnaissant la voix de Liam.
Je lui réponds en levant bien haut mon majeur.
Rire de l'assemblée.
Je repose mon petit chat, pas la peine d'alimenter l'imagination déjà bien assez fertiles de nos amis en leur jouant un film porno, avant que mon érection ne transperce mon pantalon et sort les deux billets d'entrée du MET de New-York pour une visite privée de deux heures en nocturne.
C'est un de mes rêves de pouvoir déambuler dans ce musée en toute tranquillité, avec pour seule compagnie des toiles de maîtres ainsi que des sculptures. Mais savoir que je vais pouvoir accéder à ce rêve grâce à, puis avec mon petit chat, le rend encore plus beau.
— Merci Mad, je... comment t'as su ? Posé-je sincèrement ému.
— Je me suis souvenue d'une de nos nombreuses conversations sur nos rêves en rapport avec nos passions donc voilà, en plus l'exposition éphémère te plaira j'en suis certaine.
— Peu importe, le plus important est que je puisse le faire avec toi. Le reste, c'est que du bonus... mais putain quel bonus.
Une fois redescendu de mon petit nuage, j'extirpe du fond de la boite les photos en noirs et blancs qui y sont. Là encore je suis comme un chiot à qui on présente un nouveau jouet.
Trois clichés qui assemblés constituent un triptyque... Mad m'a photographié en train de peintre, et les trois assemblés forment le tableau final. Son visage de profil, une cigarette coincée entre ses lèvres.
Madelen ne fume pas, mais ce jour-là, mon imagination la voulais rebelle.
Je sais où je vais les accrocher dans mon appartement, mais je veux l'avis de Madelen.
— Une idée d'où je pourrais les mettre ?
Un large sourire vint éclairer son visage.
— Hum, je crois, oui.
— Vas-y, je t'écoute mon petit chat.
— Est-ce un piège, monsieur Castex.
— Absolument pas, mademoiselle Hansen, je surjoue une main sur le cœur avec un air faussement offensé.
— Ouais.
Madelen n'est pas dupe, mais je suis sincère quand je lui affirme que ce n'est pas un piège, je souhaite simplement savoir où elle les verrait.
— Au-dessus de ta cheminée du salon dans trois cadres en verre. Le mur en brique les mettrait en...
— C'est parfait, la, coupé-je, les deux mains sur son visage, c'est exactement là où je voulais les accrocher.
Et je fonds sur cette bouche si tentatrice en rouge cerise.
Quand tout le monde eut terminé d'ouvrir leurs cadeaux, que nous avons fait le tour pour voir ce que chacun avait reçu, la fête a pris une autre tournure. Nos parents nous ont laissé pour aller se coucher, car leur avion décollait tôt le lendemain matin, en nous souhaitant un joyeux Noël et un bon retour aux États-Unis, et en nous faisant promettre de les tenir au courant dès que l'on y serait.
À partir de là, le salon s'est transformé en tripot, parties de poker, verre de whisky et cigarettes, ont occupé une partie de la nuit, puis quand on en eu marre que les filles nous dépouillent, Jayden a pris les commandes du bar et de la playlist et s'en était terminé pour notre lucidité.
La seule chose qui est encore très claire dans ma tête à mon réveil quelques heures après, c'est la façon dont Mad et moi nous sommes couchés... je lui ai fait l'amour jusqu'aux premières lueurs de l'aube.
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