Chapitre 15



PDV Madelen 📸

Assise au comptoir du coin cuisine de la suite d'hôtel que nous avons réservé hier soir, un mug de café que je tiens à deux mains, on est jamais trop prudent, surtout après la soirée que nous avons passée, pour ne pas avoir à rentrer chez Svein et Sofie, et nous retrouver en compagnie de nos parents complètement explosés après avoir découvert le space cake en descendant des bouteilles de champagne.

Non mais franchement. Il nous feraient presque passer pour des rabat-joie, des buveurs de tisanes, des enfants trop sages...

Mais qui a des parents qui planquent des sextoys dans leur frigo ?
Ou qui se délecte d'un gâteau aux herbes magiques comme si c'était un plat d'un restaurant trois étoiles ?

— Les nôtres apparemment, grogne une voix éraillée encore chargée de sommeil.

Merde j'ai parlé à voix haute.

Je regarde par dessus mon épaule pour découvrir Sacha, les yeux encore plein de sommeil, sa tignasse ébouriffée, que j'ai moi même malmenée il y a quelques heures, seulement vêtu de son caleçon noir Calvin Klein, mes yeux ne peuvent pas s'empêcher de détailler ce corps sculpter dans la pierre.

Rodin s'en serait donné à coeur joie.

Sacha surprend mon regard, il va de mes yeux à ma lèvre inférieure que je mords dans un réflexe d'envie de recommencer ce que nous avons fait en rentrant de boite cette nuit.

Avec lui, je me sens insatiable.
Nymphomane.
Une folle du sexe.

Je pivote sur mon siège pour être face à lui. C'est à son tour de me détailler. Je ne porte que sa chemise blanche en popeline sans soutien-gorge, avec mon shorty en dentelle comme seule protection, faible la protection, surtout avec un activateur de libido comme mon petit ami, un sourire carnassier aux lèvres, qui reflète toutes les choses inavouables devant un public qu'il rêve de me faire.

Vas-y moi je vote pour. Public ou pas.
Rhoooo.

Je serre les cuisses, mouvement qui ne passe pas inaperçu aux yeux du prédateur qui n'est plus qu'à quelques mètres de moi.
Après avoir posé mon mug, on est jamais trop prudent, deuxième prise, et sans attendre, Sacha avance de deux pas sans me lâcher de son regard incandescent et vient se caler d'autorité entre mes jambes écartées.

— Bonjour petit chat, murmure-t-il.

En disant cela, sa bouche se pose à la base de mon cou.

— Salut Chacha.

Je le sens respirer ma peau, alors je passe mes bras autour de sa nuque en resserrant mes cuisses, pour le bloquer... au cas où...
Je le sens sourire contre ma peau.

— Bien dormi ? Demande-t-il sans toutefois lever la tête, mais en faisant glisser ses paumes de mains chaudes sur mes cuisses dénudées.

— Hum... courte... Je souffle en penchant la tête sur une côté pour lui donner plus d'espace.

Il ricane, son souffle envoie des milliers de petits frissons sur ma peau.

— Mais putain de bonne... et te voir dans ma chemise me donne envie de t'embarquer sur mon épaule pour t'emmener dans ma caverne et me fondre de nouveau en toi.

Oui oui oui.

Sacha se redresse pour me donner un baiser, doux et sauvage à la fois, sa langue taquine la mienne, je resserre ma prise sur sa nuque, ses mains remontent vers mon entrejambe, puis vers mes hanches qu'il empoigne pour me rapprocher de lui. Je ne loupe rien de son excitation dans cette position et j'en profite pour me frotter à lui. Un son sexy passe ses lèvres, je gémis contre sa bouche, mes doigts s'agrippent à ses biceps, caressent son dos, je me cambre contre le plan de travail, sa bouche quitte la mienne pour embarrasser la peau nue de mon décolleté.

Puis tout s'arrête. Sacha s'écarte, il m'aide à me relever en me donnant un baiser sur le front.

Je boude, ça le fait rire.
Je veux qu'il continue moi.
Et moi donc !

Il doit lire l'incompréhension sur mon visage car du pouce il me désigne les épaves derrière lui.
Comme souvent quand il est comme ça avec moi, j'occulte tout ce qui n'est pas nous. Et là nous ne sommes pas seuls.

Insatiable.
Nymphomane.
Folle du sexe.
Et sans cervelle.
Tout va bien !

— Quelqu'un peut arrêter le bulldozer qui persiste à vouloir creuser dans mon cerveau.

Adrien.

— Surtout qu'il ne trouvera rien, atteste Liam en baillant.

— Je t'avais prévenu Adri que les mélanges ne sont jamais bons, renchérit Jayden.

— Ça dépend lesquels... chattes et bites fond de bon...

Je vois passer furtivement un coussin qui je suppose est destiné à mon frère.

— Putain t'es vraiment pas bon au lancer mec ! Et tu veux être prof de sport, le provoque Liam en ramassant le coussin. Ça craint.

Il rit tout seul de sa connerie.

— J'espère que tu vises mieux quand tu baises.

Ca c'est Jayden.

Sacha et moi observons le spectacle.

— Tu veux des pop-corn chérie ?

Je rigole devant sa demande et lui fait passer un saladier imaginaire qu'il fait semblant d'attraper.

— La ferme, se renfrogne Adrien.

— Mouah il est vexé le prof de la gonflette...

Liam n'a pas pu terminer sa phrase car il est coupé par la sœur du futur prof justement.

— Non mais vous avez aucun respect en fait, râle Yazel qui sort d'une des chambres pour pénétrer dans le salon.

Comme il n'avait que deux chambres, Sacha en a pris une pour nous, sans laisser le choix à nos potes et l'autre était pour Yazel, d'où le fait que les trois mecs ont dormi dans le salon.

Elle n'a pas l'air en plus grande forme que nous tous.
Il faut dire qu'on s'est lâché sur les boissons elle et moi.

Je repense à Sacha qui en plus d'éloigner des mecs un peu trop entreprenants à dû aussi me gérer... car quand je bois je suis une véritable calamité... mais je l'ai remercié comme il se doit une fois que nous sommes rentrés. Et là aussi il a dû réfréner mes ardeurs en me rappelant que nous n'étions pas seuls.

A ce moment là de mon excitation je m'en foutais royalement qu'on m'entende le supplier de me faire l'amour... Ma mémoire m'informe que j'ai plutôt employé un baiser vite et fort, mais comment faire confiance à quelque chose qui était sous l'emprise des cocktails Blue Hawaiian que j'ai bu ?
Mais maintenant que je me tiens, sobre, devant eux, j'ai comme un doute sur la confiance inébranlable que j'avais de moi cette nuit.

En me remémorant la nuit, mes yeux s'égarent vers Sacha de l'autre côté du bar en train de se servir un café. Il hausse les sourcils quand il me voit l'observer en mimant un « quoi », mais je secoue la tête pour lui faire comprendre que ce n'est pas d'important.
Il sourit de plus belle car il a deviné, forcément on parle de mon double là, à quoi je pensais. Je souffle et ça le fait rire. Heureusement les autres sont trop accaparés par Yazel qui ronchonne.

D'ailleurs...

— Vous pouvez pas attendre d'être seuls pour avoir ce genre de conversation sérieux.

— Genre !

— Quoi, genre Jay ?

Celui-ci allait répondre mais le regard noir que lui lance Adrien l'en dissuade.
Comme quoi l'alcool n'a pas complètement grillé les neurones de notre pote.
Pendant mon temps de réflexion, un deuxième coussin a atteint sa cible.

— Aïe, t'était pas obligé de frapper si fort, je suis juste à côté mec, se plaint mon frère.

Je suis appuyée contre le bar.

— On peut compter les points bébé chat si tu veux.

Concentrée sur mes amis, je n'ai pas entendu Sacha se rapprocher.

— Oh toi ta gueule, le chanceux, ronchonne Jayjay.

Le chanceux fait un clin d'œil.

— Frustré mon Jayjay ?

Je suppose que oui, puisque comme il n'y avait que deux chambres et qu'Adrien malgré la quantité d'alcool qui circulait dans son sang ce serait aperçu que Jayden n'était pas au salon avec eux, n'a pas pu rejoindre Yazel.

Quoi que.

Au vu de son comportement dans le club cette nuit et du nombre de nanas plus open les unes que les autres... je me demande. Pourtant, je fouille dans ma mémoire, mais c'est la première fois depuis que nous avons l'âge de sortir en soirée, que je ne l'ai pas vu draguer ou partir avec une meuf direction les toilettes de la boîte ou une ruelle sombre. Bien sur il est rentré dans leur jeu, on parle de Jayden, mais il n'est pas allé plus loin. Alors peut-être qu'il est vraiment fustré.

Je jette un coup d'œil à ma meilleure amie, mais elle feint l'indifférence.
Ça va partir en nintawak cette discussion.

— Bon ! Si on arrêtait là et qu'on prenait notre petit dej ?

Toujours aussi diplomate ma ballerine.

Ou elle nous cache un truc. En tout cas ça marche car l'attention des mecs est porté sur la table de la salle à manger où est disposé tout un tas de plats sous cloche.

— Tout est prêt, je les informé, j'ai commandé plus tôt au room service.

Yazel me sourit et j'en fait autant. Elle a compris que j'ai compris.

— T'es la meilleure des sœurs, me flatte Liam en déposant un bisous sur ma tempe.

— Liam ! Punaise, tu ne t'es pas lavé les dents, et je ne sais pas où ta bouche à traîner cette nuit !

Cet imbécile part dans un grand éclat de rire qui fait pester Adrien et son mal de crâne.

— Tu veux pas savoir sœurette.
— C'est bien pour ça que je veux que tu tiennes ta bouche loin de moi.

Sacha resserre son emprise en riant.

— Je t'aime bébé chat.
— Gnagnagna...

Sacha lève son majeur et j'en fait de même ce qui accentue notre hilarité.

— On atteint un haut level là les mecs, se moque Yaz.

— Si tu veux, je peux te montrer mon haut ... Aïe, putain mais c'est quoi ton problème Adri ? Il t'on rien fait les coussins.

— Eux non ! Mais toi Jay, arrête d'insinuer des trucs de cul à ma sœur.

Le pauvre, s' il savait.

D'ailleurs Yazel doit avoir la même pensée que moi, car elle me jette un regard furtif, un sourire en coin en croquant dans un croissant.
Bitch.

— Putain les mecs, s'exclame Liam, Adrien a prononcer le mot cul. On essaye bite ou chatte la prochaine fois.

On est tous éclaté de rire quand Adrien attrape mon frère par surprise et le hisse sur son épaule, sous les cris aiguës de Liam et marche jusqu'à la terrasse ou il le balance dans le couloir nage sous nos yeux écarquillés.
Heureusement que l'eau est chauffée sinon mon frère était bon pour faire une hypothermie.

— Comme ca tu vas te remettre les idées en place.

On applaudit quand on voit Liam remonter à la surface et sans qu'Adrien s'y attende, il lui attrape le mollet et le fait basculer dans l'eau avec lui. S'ensuit une bataille à qui fera couler l'autre, puis gagner par l'envie de se joindre à eux on saute tous dans la piscine.

Le reste de la matinée, après notre baignade, nous avoir changé, et pris le petit déjeuner, se déroule comme elle a commencé entre vannes et lancers de coussins quand nous nous y sommes tous mis. Je serais incapable de me souvenir de quoi c'est parti. Peut-être de Liam qui n'arrêtait pas de provoquer Adrien, encore, les tasses qu'il a bu ne lui a pas suffit, ou de Jayden qui a essayé, je dis bien essayer, avec sa subtilité habituelle d'aller rejoindre Yazel sous la douche alors que son frère revenait de la chambre de sa sœur justement.

Bref !

Après que l'on se soit calmé, j'ai téléphoné à ma mère pour savoir si l'on pouvait rentrer, elle n'a pas compris pourquoi je lui demandais la permission, je ne me suis pas attardé sur les explicationspuis, elle a répondu par l'affirmative. J'en ai informé mes amis, et en début d'après-midi nous avons regagné la villa de mes grands-parents.

Je me promène dans un parc de la capitale, mon appareil photo dans un main, bravant le froid, mais ces moments en solitaire font partie de mes nécessités. Autant j'adore être en compagnie de mes amis, autant me retrouver seule pour faire le point, immortaliser des paysage ou des inconnus, réfléchir à certains de mes choix... et justement aujourd'hui, sous le ciel gris menaçant, devant ces paysages immaculés, la neige fraîche crissent sous mes pas, j'ai besoin de prendre du recul après ces deux jours intenses passés avec Sacha.
Et ces nuits.
Aussi.

A peine la porte de la maison franchie, je les ai informés que je sortais pour me promener. Sacha me connaît par cœur, il sait que je le fais souvent à New-York, il m'a simplement embrassé en me souhaitant une bonne promenade, avant de se diriger dans sa chambre une toile vierge à la main.
Si j'ai besoin de mitrailler tout ce qui m'entoure, lui a besoin de peindre pour coucher ses émotions.

En aucun cas je ne regrette d'avoir franchi le pas si ténue entre notre amitié et l'amour que je ressens pour lui. Mais je serais naïve si j'acceptais le fait qu'il me cache quelque chose sous prétexte que je suis dingue de lui et que j'ai une confiance aveugle en lui.

On s'est toujours tout raconté, enfin je croyais, peut-être est-ce un oublie de sa part, après tout, nous n'étions pas ensemble, il ne me doit rien, mais ce qui me fait tiquer et penser que c'est assez grave c'est la façon qu'il a eu de se tendre aux paroles de mon frère.

Pourtant, je refuse d'aller sur ce terrain là.

Mes pas, ainsi que les pensées me portent jusqu'au bord de la mer, où le vert des petites îles qui la parseme ressort sous cette masse grise imposante. Je dégaine mon appareil, et mitraille ce paysage fabuleux. Le vent fait tanguer les petites embarcations, la mer s'agite de plus en plus, mes cheveux qui dépassent de mon bonnet virevoltent autour de mon visage, le fouette, mais je n'en tiens pas compte et continue de prendre en photo ce paysage sauvage, magnifique et indomptable.

Vert et gris. Comme un rappel à la couleur de nos yeux à Sacha et moi.

Plus je l'immortalise, plus il me fait penser à mon mec.

Même si c'est l'être le plus doux, qu'il me laisse l'apprivoiser, il a ce côté inaccessible, comme son père d'ailleurs, qui fait que malgré nos années d'amitié, et maintenant d'amour je peux être intimidé quand son regard se fait perçant.
Oui Sacha est comme ce paysage.

Mon téléphone vibre dans la poche intérieure de ma parka me faisant baisser mon appareil.
Je le sors.

Quand on parle du loup... et non je ne dois pas penser aux attributs de Sacha maintenant.
Irrécupérable.

— Allô.
— Tu comptes passer la nuit dehors petit chat ?

Je regarde l'heure sur mon téléphone et m'aperçois que cela fait plus de trois heures que je suis partie et que le jour commence à décliner.

— Non, je ne me suis pas aperçue de l'heure.

— Pourquoi cela ne m'étonne pas.

— Parce que je suis comme toi quand tu peins Chacha... le temps n'a pas d'emprise sur nous...

— C'est vrai, c'est pour ça que je suis là pour te le rappeler. Et puis, je voudrais que tu rentres...

— Est-ce un ordre monsieur Castex ?

— Non, les ordres je les garde pour quand tu es nue et docile entre mes bras.

Et voilà ! En deux adjectifs, j'ai l'impression que la température est montée d'un coup.

— Mad ? T'es toujours là ?
— Oui.

J'entends Sacha ricaner.

— Je sais à quoi tu penses, j'ai les images en tête moi aussi, mais là de suite, je suis impatient que tu reviennes car je souhaite te montrer quelque chose.

Curieuse je demande :

— Qu'est ce que sait ?
— Rentre et tu le sauras.

Il ne me laisse pas le temps de répondre qu'il raccroche.
C'est quoi tout ce mystère ?

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