Chapitre 1
PDV Madelen 📸
Sacha :
T'es où !
J'ai envie de répondre là mais je doute que Sacha apprécie. Alors comme une femme de vingt trois ans supposée être mature, je tape une réponse qui je l'espère lui conviendra... ou pas.
Sacha est... bref c'est Sacha quoi !
Moi:
J'arrive...
Je verrouille mon téléphone, je ferme à clés mon appartement, attrape ma valise à roulette, mon sac à dos, mon sac à main fourre tout, qui exaspère mes amis à chaque fois que je dois le renverser pour chercher un truc et patiente devant les portes de l'ascenseur que celui-ci veuille bien remonter. Pas question que je descende les escaliers, encombrée comme je le suis. Je serais capable de rater une marche et de terminer aux urgences avec une jambe dans le plâtre. Non merci.
Une vibration contre ma fesse droite annonce un message... encore.
Sacha :
T'arrive où ?
Mes doigts s'activent tous seuls.
Moi:
À Tombouctou
On repassera pour la réaction mature.
Des points apparaissent, j'attends la suite...puis disparaissent. Les portes s'ouvrent pile au moment où mon iPhone chante la sonnerie que Sacha s'est attribué. I Know de Placebo.
— Tu te fous de moi ! Éructe-t-il à peine ai-je décrocher.
— Bonjour à toi aussi rayon de soleil de ma vie.
Je pénètre dans la cabine tant bien que mal, heureusement elle est vide, puis une fois cette chose faite, je me concentre sur l'appel de Sacha.
Me foutre de la tête de mon meilleur ami n'est pas l'idée du siècle, surtout quand il est énervé, mais je déteste quand il est agressif avec moi.
— Mad ! Putain on est tous à l'aéroport... qu'est-ce...
— C'est bon, l'avion ne va pas décoller sans moi, le coupé-je.
Silence au bout de la ligne.
J'éloigne l'appareil pour vérifier que la communication n'a pas été coupée.
Les ascenseurs et les réseaux ne sont pas vraiment amis.
— Sacha, t'es là ?
— Ouais... j'étais en train de me demander depuis quand tu es passée d'artiste avec la tête dans les étoiles à celle de tête claque de l'hyper east side !
— Pourquoi ? Attends j'arrive en bas.
— Mad !
Je l'entends vociférer dans l'appareil mais je ne m'en préoccupe pas et me dirige vers les portes de la résidence pour sortir.
Je colle mon mobile contre ma poitrine, afin de saluer le chauffeur de l'Uber que j'ai commandé plus tôt dans la matinée, puis je m'installe sur la banquette arrière en reprenant l'appel, pendant qu'il s'empresse de ranger mes bagages dans le coffre.
La voiture démarre pour s'insérer dans la circulation.
— C'est bon Sacha, dis-je en soufflant. Tu disais ?
— Que tu me gonfles.
— Ca, je le sais. Mais tu m'aimes aussi, alors ça équilibre.
Je me rends compte de ce que je viens de débiter, et un silence gêné s'installe dans la berline.
Sacha et moi c'est une évidence. Depuis toujours. Les deux faces d'une même pièce. Le cœur et l'âme de l'autre. Inséparables depuis notre naissance, nous avons fait les quatre cent coups ensemble, expérimenté nos premières fois... alcool, sorties non autorisées, fumette sur le toit de la villa de mes parents, et sexe... Il a été mon premier, j'ai été sa première d'une longue suite... mais ce n'est pas le sujet. C'était un pacte débile que nous avions passé quand nous étions enfants.
Cela aurait pu changer quelque chose dans notre relation, emmener de la gêne, un trouble, nous éloigner... mais non tout est resté normal entre lui et moi. Ça doit être un signe.
Une amitié amoureuse qui a grandit en même temps que nous.
On est toujours au bord du précipice, à deux doigts de basculer, et puis il y a toujours un mec pour moi, ou une fille pour lui qui nous tire en arrière, alors on s'efforce de faire semblant, de se convaincre que cette amitié, aux liens infinis, nous suffit.
Sauf que plus le temps passe et plus Sacha occupe mes pensées les plus intimes.
J'ai l'habitude de lui dire, qu'il est ma pellicule vierge, celle que je remplie de moments partagés, de pans de nos vies, et lui me rétorque que je suis les couleurs qui embellissent ses toiles blanches.
Énoncé de cette façon, ça paraît niais. Mais l'idée est là.
La voix de Sacha me reconnecte au présent, et je parie que si il devait peindre ce moment, le noir ou le gris prédomineraient.
— Tu m'écoutes Madelen ?
Aïe quand il prononce mon prénom en entier ce n'est jamais bon.
— Quoi ?
— Putain ! T'as rien écouté ou quoi ? Je disais, t'aimer...
Mon cœur virevolte dans ma poitrine aidé par une multitude de petits papillons, avant de se rétamer comme une crêpe à la suite de sa phrase.
RIP les lépidoptères.
— Ne m'empêchera pas de t'enfermer dans la soute avec les bagages si tu bouges pas ton petit cul.
Il y a une soute dans les jets privés ?
Je m'abstiens de poser la question, je passe déjà pour une gamine capricieuse je vais éviter d'aggraver mon cas avec blonde sans cerveau.
Non pas que je sois blonde... je suis brune comme ma mère.
— Sacha pourquoi tu stresses, on part avec le jet que nos pères ont réservé...
— Et tu crois qu'il n'y a pas de plan de vol à respecter ?
Je souffle tout en tapant sur l'épaule du chauffeur. Celui-ci me fixe à travers le rétroviseur intérieur et répond à ma question muette.
— Dans un quart d'heure nous y sommes madame.
Je le remercie d'un signe de tête et donne l'information à mon maniaque du contrôle.
— Un quart d'heure et mon petit cul sera devant toi.
— Mad, tu...
Sacha se reprend et je l'imagine très bien se passer une main dans sa tignasse aussi brune que celle de son père Aaron, en alluma une clope par frustration. D'ailleurs le bruit caractéristique de son briquet tempête résonne à mes oreilles.
— Je sais. A de suite Chacha.
Il a horreur que je le surnomme ainsi. Enfin c'est ce qu'il essaie de me faire croire. Parce qu'un jour, je l'ai surpris en train d'engueuler une fille qu'il venait de se taper pour l'avoir surnommé de cette manière et lui rappeler que j'étais la seule qui en avait le droit.
Pas la peine de préciser que mes rapports avec elle n'ont pas été cordiaux durant le peu de temps qu'elle est restée.
Je raccroche avant qu'il n'ai pu répliquer. De toute façon la berline passe le portail de l'aéroport privé et pénètre sur le tarmac de la Guardia, pour s'immobiliser au pied de l'appareil.
Je repère mon ami en bas des marches de l'appareil appuyé nonchalamment contre la rampe, une cigarette aux lèvres, les yeux braqués sur moi à travers la vitre teintée.
Un doux frisson caresse ma peau sous ce regard appuyé.
Il ne me voit pas, et pourtant on dirait qu'il sait exactement où je suis assise.
En même temps, gourdasse c'est pas un bus non plus ! Il n'y a qu'une banquette arrière.
J'ouvre la portière, je m'apprête à sortir de la voiture quand Sacha se décolle de la rampe pour me rejoindre. En levant les yeux, je peux apercevoir le reste de nos amis en haut de la passerelle. Ils applaudissent ces abrutis.
Je lève mon majeur bien haut ce qui a pour effet de faire redoubler leur hilarité.
Sacha esquisse un sourire, le sourire, celui qui me trouble, puis me tend sa main pour m'aider à sortir de l'habitacle.
Son geste ne me surprend pas car Aaron et Léane ses parents qui sont également mon parrain et ma marraine ainsi qu'à Liam mon frère jumeau, l'ont élevé en parfait gentleman.
Attention ! Pas ceux avec le cul pincé, qui vous donnent l'impression de les dévergonder en proposant d'aller boire un verre à Brooklyn.
Non ceux qui savent aussi bien porter les jeans troués comme maintenant que les costumes Armani sur mesure.
Ceux qui en toutes occasions vont vous tenir la porte d'un restaurant ou d'un bar, pour ne pas vous exposer directement, laisser sa place aux vieilles dames dans le métro, vous baiser en prononçant des mots d'amour ou vous faire l'amour en disant des insanités mais toujours à veiller à prendre soin de vous et vous faire sentir importante. Cela pour une seule nuit, ou même une heure...
Sacha est un aimant à gonzesses avec son mètre quatre-vingt-dix, son corps sculpté dans le marbre, son teint mat qu'il a hérité de son père, ses yeux verts, et la douceur des traits du visage de Léane.
Il est très facile de tomber amoureuse de lui, mais la réciprocité semble impossible... Je ne l'ai jamais vu sortir avec une fille plus de quelques jours, même à la maternelle il n'avait pas d'amoureuse. C'est pour dire.
Mais contrairement à ce que son image renvoie, il n'en profite pas, contrairement à mon frère Liam ou à Jayden le fils de Raphaël et Alessia mes autres parrains marraines.
Nous sommes une grande famille. Nos parents sont amis depuis des années et sont si liés par un passé compliqué que c'est aussi fort que des liens de sang.
La Famiglia. C'est comme cela que l'on se nomme.
— Tu penses sortir de là un jour ?
Mes pensées reviennent vers le beau gosse qui attend toujours ma main. Enfin mes doigts parce que dit de cette façon, ça peut prêter à confusion.
— Oui pardon je...
— Tu étais où cette fois-ci petit chat.
Oui il me surnomme petit chat, il a trouvé que ça s'accordait bien avec Chacha, pour m'énerver car je n'ai rien d'un chaton docile, mais c'est de bonne guère alors je le laisse dire.
— Nulle part.
Sacha me connait assez pour savoir que je lui mens.
— Allez viens.
Sacha me tire par la main pour m'entraîner vers l'escalier, après avoir déposé un baiser sur ma tempe, pendant que le stewart se charge de mes bagages. Je le salue au passage en prenant de ses nouvelles, puis arrivée en haut, je me jette dans les bras de mes meilleurs amis.
— Punaise on a cru qu'on décollait sans toi, m'informe Jayden en souriant.
— Même pas en rêve Jayjay.
— Il faudrait vous installer, nous presse Tom l'agent de bord.
On acquiesce puis on se dirige tous vers le coin salon du jet. Une fois nos ceintures attachées, Max le pilote nous informe du traditionnel temps de vol ainsi que de la météo... d'une façon atypique et bien à lui.
— Bonjour les jeunes, on le salue à notre manière en hurlant et sifflant car Max nous le connaissons depuis que nous sommes enfants. Bonne ambiance aujourd'hui pour les huit heures trente de vol, même les Dieux nordiques ont décidé d'être cool car la météo est au beau fixe à Oslo et les températures agréables pour un mois de décembre à savoir à peine moins deux degrés. Je crois que j'ai tout dit... ah non, le post-it était tombé désolé, on s'esclaffe tous, puis Max reprend, je vous souhaite un bon vol les enfants.
Max est un pilote extraordinaire qui est au service de la famiglia depuis trente ans. Il a toujours su nous faire rire pour faire passer la peur du décollage ou de l'atterrissage pour certains d'entre nous. D'où son annonce absolument pas officielle mais qui a le don de me décontracter.
Ca mais aussi les doigts entrelacés au miens de Sacha. Il sait que je flippe en avion, alors il s'arrange pour être toujours sur le siège à côté du mien.
Nous applaudissons une fois le décollage impeccablement effectué puis chacun se détache et les conversations reprennent dans un joyeux bordel.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top