II
La foule s'amassait sur les quais du port, en pleine effervescence. Les yeux des petits, ainsi que ceux des grand brillaient de milles éclats devant tant de nouveauté et de splendeur. Les jeunes parlaient entre eux, d'une manière qui se voulait rebelle, les tous petits pointaient la nouvelle vedette en souriant et les plus grands parlaient entre eux, comparant chacun les commérages dont ils avaient eut vent. A quai, soumis à des regards curieux, des cris, des larmes, des embrassades, des au revoir, se tenait fièrement dressé le RMS Titanic. Les journaux en avait fait la une plusieurs semaines plus tôt, sa construction en Irlande rendait ses habitants fières et ses passagers grimpaient fièrement à son bord, la tête haute, le torse bomber, le coeur en fête, l'esprit embrumé de participer à se voyage inaugurale qui se prévoyait déjà inoubliable.
Hautement paré, le regard fuyant, le bras tenant celui de sa cadette, Harold regardait d'un air las le paquebot qui lui faisait face. Ce navire imposant et monstrueusement immense serait son négrier. Le Titanic était le lien entre son départ d'Angleterre, et son retour en Amérique. Une pensée bien amer, qui le fit grimacer. Il n'aimait déjà pas ce navire. Il ne voulait pas partir, quitter la chaleur de son pays d'origine pour retourner sur les terres froides et tristes de l'Amérique, et moins encore retrouver son père.
« Ne trouves-tu pas ce navire magnifique, Harold ? »
« Surement. »
« Je suis sûr que l'intérieur est au moins aussi merveilleux que cet extérieur. Peut-être même mieux. »
« Manifestement. »
Gemma adressa un regard lourd de sens à son aîné, le priant silencieusement de manifester un peu plus d'entrain à leur monter à bord du paquebot. Regard auquel il répondit d'un mince sourire. Il pourrait peut-être faire un effort devant sa soeur, et lors des dîners qu'il passerait très certainement en compagnie d'autres membres de la première classe, mais une fois qu'il serait reclus dans ses appartements, rien ne l'empêcherait de manifester son mécontentement. Mais si Gemma souhaitait tout mettre en oeuvre pour lui faire oublier un peu ses tracas, alors soit. Il ne pouvait rien lui refuser.
« Pressons nous, mes enfants. Allons, allons, grimpons ! »
Rose, saucissonnée dans sa robe, au corsage probablement serré jusqu'à l'étouffement comme à ses habitudes, était rouge du peu d'efforts physique qu'elle devait entreprendre. Harold tiqua en regardant la rampe de passage qui menait à l'entrée des premières classe, et un sourcil haussé passa son regard entre cette dernière et sa tante, se demandant lequel des deux finiraient par succomber en premier à l'épreuve qui l'attendait. Un rictus s'empara de ses lèvres, et c'est avec cette pensée de sa tante passant par dessus bord, balancer par une puissante rafale de vent, qu'il grimpa à bord de sa prison flottante. Finalement, ni Rose, ni la rampe ne cédèrent et après quelques gouttes de sueurs, les trois personnes arrivèrent à bord.
Le navire sentait le neuf, le sol était immaculé, les uniformes des stewards étaient impeccables, les murs parfaitement propres. Aucun doutes n'étaient possibles, le Titanic semblait tout droit sorti d'un rêve, pour les autres. Car pour Harold, il ne s'agissait que d'un radeau solide, qui détruirait sa vie.
On les conduisit à leurs appartements, leurs bagages suivant derrières eux. Rose pénétra dans le premier des appartements que Desmond Styles avait réservé pour eux, tandis que Gemma prit possession du deuxième. Harold pénétra finalement dans ses propres quartiers. Tout comme le reste à bord, tout était neuf, même l'air semblait neuf. Après avoir remercié correctement son porteur, Harold s'enferma et se laissa tomber sur son lit, regardant imperturbablement le plafond. Il était désormais à bord, pour rejoindre sa potence. Que dieu lui vienne en aide, sinon il en mourrait. Un coup bref fut porté à sa porte, avant que quelqu'un ne pénètre dans ses appartements. Une tornade de cheveux châtains fit irruption, de même qu'un tourbillon de bleu. Il se redressa mollement, regardant ce garçon, habillé en steward lui faire face.
« Monsieur Styles, je suis Louis Tomlinson, votre steward personnel. J'espère que vous ferez un bon voyage à bord du Titanic. Si vous avez la moindre demande, n'hésitez pas à m'en faire part, et je ferai de mon mieux, dans les délais les plus restreints pour répondre à celle-ci. »
Et quelques part, entre le sol et l'océan, assis sur son lit, le regard ancré dans ce bleu céruléen, Harold senti son coeur louper un battement.
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