9. Only Goodbyes

Etrange. C’était le seul mot que Jeonghan pensait correspondre à son état, au réveil. Ces derniers jours étaient allés très vite. Il avait pratiquement fini l’article ; celui-ci avait été validé par Nana elle-même (la partie sur le désespoir du médecin à la mort d’un patient étant la cerise sur le gâteau) et il ne restait plus à Jeonghan que faire quelques corrections et c’était bon. Il n’avait pas besoin de se rendre à l’hôpital pour faire cela ; sa présence aujourd’hui était seulement dû au fait qu’il devait rendre le passe qui lui avait été donné à son arrivée deux semaines plus tôt et faire ses adieux à tout le service pédiatrique.

C’est le cœur un peu lourd qu’il fit le trajet jusqu’au bureau de Seungcheol. Il toqua doucement à la porte, priant pour qu’il ne soit pas encore là -que son séjour à l’hôpital puisse se rallonger un peu.

Malheureusement, la voix de son ex-mari se fit entendre de l’autre côté du panneau en bois.

« Entrez ! » ce qu’il fit sans se faire attendre. Il profita de ce cour instant entre l’abaissement de la poignée et la pleine ouverture de la porte pour forcer un sourire.

« Hé… ça va ? »

Seungcheol, maintenant que Jeonghan prenait bien le temps de l’observer, avait le visage bien moins fatigué qu’au début. C’était une bonne chose.

Le médecin lui fit un rapide salut de la main puis continua à taper sur son ordinateur comme il le faisait probablement avant l’arrivée du journaliste.

« Tu en es où de ton article, au fait ? » Demanda-t-il sans regarder Jeonghan.  Celui-ci savait que bien que Seungcheol ne sonnait pas particulièrement intéressé par ce qu’il disait, ce n’était pas le cas.

Il réalisa avec surprise qu’il fut une époque où il avait oublié cela. Il se rappela avoir pensé ne plus être digne d’intérêt et aussi l’étrange sentiment de colère et de tristesse qui le secouait à chaque fois qu’il se faisait cette réflexion.

C’est curieux comment le temps nous ouvre les yeux sur certains événements…

« J’ai pratiquement fini l’article. Nana veut que je rentre demain du coup je suis venu rendre mon passe. »

Les cliquetis du clavier de Seungcheol s’arrêtèrent et un lourd silence s’installa. Jeonghan fixa les affiches sur le mur derrière son ex-mari et se revit les accrocher avec un scotch de très mauvaise qualité. C’était à l’époque où ils manquaient cruellement d’argent.

Jeonghan était coursier à sa toute première entreprise et Seungcheol venait tout juste d’intégrer le service. Jeonghan avait trouvé ces affiches dans une brocante. Elles n’étaient pas particulièrement jolies et faisaient même un peu vielle école mais il leur avait trouvé un certain charme. Seungcheol avait grimacé quand il les avait vu pour la première fois mais elles étaient toujours là, tenues par un nouveau scotch, pratiquement six ans après leur achat ; il les aimait bien, au final.

« Tu t’es beaucoup amélioré en termes de rapidité d’écriture. » Seungcheol brisa le silence. Jeonghan lui sourit.

« Mieux encore que tu le croies, c’était mon tout premier gros dossier. » Il fit un pouce en l’air en même temps que Seungcheol. Son étonnement se traduisit par un rire plaisant.

Son ex-mari l’imita, ses yeux pétillants et ses joues prenant une légère teinte rougeâtre.

« Après il faut dire que j’ai eu une sacrée aide. » rajouta Jeonghan et Seungcheol sourit un peu plus.

On toqua à la porte.

« Bon… » soupira Seungcheol « On se voit pour ton pot de départ ? »
Jeonghan hocha simplement la tête puis laissa place à la femme qui attendait dehors.

*

La fête eu lieu au déjeuner. Mme Kwon, Mlle Kim et Mr Lee avaient préparé tout plein d’amuse-bouche et du thé glacé.

Les trois quarts du personnel ne savait pas ce que l’on fêtait mais ils n’allaient pas manquer de la nourriture gratuite.

Il n’eut pas de grands discours ou de grosses embrassades. On posa des questions à Jeonghan ; ce qu’il comptait faire après, dans combien de temps sortirait le magazine et s’il allait faire un article sur un autre service de l’hôpital.

Il répondit patiemment à tout le monde. Il eut cependant du mal à rester concentré ; ses yeux se tournaient toujours vers la porte, espérant qu’une certaine personne se déciderait à faire acte de présence.

Le pot de départ prit fin et il fallut tout ranger. Jeonghan prit tout son temps pour rassembler les gobelets en carton et pour laver les assiettes en céramique dans lesquels avaient été disposés les snacks.

Après un temps ridicule passé à rassembler les couverts recyclables, il se rendit à l’évidence : Seungcheol ne viendrait pas.
Alors il fit une dernière accolade à ses trois amis de l’hôpital, prit son sac et partit remettre son passe à monsieur Kim de l’administration.

Il se força à passer au magasin de jouets sur le chemin du retour car l’anniversaire de Nawon approchait et qu’il n’avait cessé, jusque là, de retarder le moment où il devrait parcourir ce qui semblait être des milliers de rayons de jouet pour trouver celui parfait ; croisant les doigts, à son passage en caisse, pour que la petite n’ait pas trop changé de goût depuis la dernière fois qu’il l’avait vu.

S’il s’était tenu bien droit et sérieux toute la journée, dès que la porte de son appartement se ferma derrière lui, il s’avachit. Il lâcha tous les sacs dans le hall d’entrée et traina des pieds jusqu’à la salle-de-bain.

Couché dans un bain bien chaud, il se remémora sa journée. Se rappelant l’absence de Seungcheol au pot de départ, il fronça les sourcils. Peu importe, il n’avait plus de temps pour ce type, de toute façon ils ne reverraient pas de si tôt.

**

Kim Nawon faisait partie de ses enfants particulièrement chanceux. Elle avait deux parents aimant et une ribambelle d’oncles et tantes pour la gâter. Bien sûr, ils n’étaient pas toujours tous présents puisqu’ils étaient un peu tous dispersés et occupés mais ils étaient là tout de même ! Tous les ans, quand son anniversaire approchait, ses pères couraient dans tous les sens pour lui organiser deux anniversaires ; un avec la famille et un avec ses amis.

Cette année, Wonwoo et Mingyu avaient choisi pour thème le toute dernière obsession de leur fille : la Belle et la Bête. Ils avaient demandé à tous leurs amis de mettre des costumes et des robes soit blanc, soit noirs et ils leur fourniraient quelques accessoires à leur arrivée.

Les festivités avaient commencé en milieu d’après-midi. La maison était décorée de roses en plastiques et de papier crépon jaune et bleu. Seungkwan avait ramené son karaoké et Hansol avait pu mettre la main sur quelques guirlandes lumineuses pour parfaire la décoration onirique.

Minghao slalomait entre les invités, son appareil photo fermement dans les mains, à la recherche de la petite fille pour prendre d’elle le plus beau cliché. Mingyu sur ses talons, au bord de la crise de nerfs parce que dans une foule d’adulte, une enfant de six ans était très difficile à trouver, regardait dans tous les sens.

« Chéri, tu n’aurais pas vu Nawon ? » demanda-t-il à son mari en passant à ses côtés. Celui-ci haussa les épaules, pas le moins du monde inquiet.

« Regarde dans l’entrée. » C’est là où ils avaient posé tous les cadeaux qu’elle avait reçu jusque là ; il pouvait l’imaginer, les doigts fermement appuyés contre le bord de la commode, les yeux grands ouverts et fixant le tas de cadeaux emballés de papier multicolore qu’elle pouvait à peine voir de sa petite taille.

Ils finirent par la trouver là où Wonwoo l’avait prédit, en compagnie de son oncle préféré : Seungcheol.

Celui-ci avait accouru depuis le travail pour retrouver ses amis et sa nièce préférée. En arrivant, elle lui avait sauté dessus en criant son nom puis elle avait crié un peu plus fort quand elle avait vu la taille du cadeau qu’il cachait tant bien que mal dans son dos.

Depuis, elle paradait dans l’appartement, traînant le médecin par la main pour qu’il salut comme il se doit tous les invités. Et peu importe à quel point il rougissait d’être ainsi montré, elle continua sans relâche jusqu’à ce qu’elle ait vu tout le monde.

Ce qui avait dû être le cas puisqu’elle était ensuite partie portée son attention sur ses cadeaux.

***

Plus tard dans la soirée, on sonna. Une amie de Mingyu, chargée d’ouvrir la porte de l’immeuble aux invités, demande à travers le téléphone de l’entrée le mot de passe. Wonwoo la vit hocher la tête très sérieusement puis appuyer sur le bouton avec une icône de clé. Il croisa son regard et elle lui fit un pouce en l’air, très fière de son travail. Il leva son verre pour la remercier puis se reconcentra sur la discussion agitée de Chan et Seokmin.

Soudain, on sonna à la porte et la même amie se dépêcha d’ouvrir.

« Tout ça pour dire qu’il est essentiel de mettre les coquilles d’œufs dans le comp… » s’interrompit Seokmin.

Wonwoo leva les yeux de son verre. Bien qu’une partie des invités s’amusait toujours sur le balcon, riant et parlant fort, l’autre moitié dans le salon s’était tut. Tout le monde était tourné vers le petit hall d’entrée d’où venait d’émerger Jeonghan.

Wonwoo sentit tout son corps se tendre. Il n’était pas supposé être là. Il était supposé venir le weekend suivant, pour la fête avec les amis d’école de Nawon. C’était comme ça un an sur deux depuis son divorce !

« Bonjour tout le monde ! » S’exclama Jeonghan sans se rendre compte des grands yeux de tous. « Où est ma princesse ? » dit-il bien fort et des petits pas étouffées par des chaussettes lui répondirent.

« Oncle Hanie ! » Elle se jeta sur lui si fort qu’il faillit tomber en arrière.
Seokmin fit la réflexion qu’elle ne l’accueillait jamais comme cela et Soonyoung lui répondit que s’il arrêtait de l’embêter, peut-être l’aimerait-elle plus.

Jeonghan déposa un baiser sur la joue de Nawon puis lui tendit son cadeau. Elle lui fit une tentative de révérence puis partit déposer le présent dans l’entrée.

Wonwoo vit avec horreur Seungcheol sortir des toilettes et s’intriguer de l’agitation dans le salon. Et comme au ralenti, il l’observa s’approcher de son ex-mari, les yeux fixés sur la petite ; il le vit faire son sourire poli de salutation avant de poser son regard sur son ex-mari et se décomposer la seconde suivante en réalisant qui était le nouvel arrivant (son ex-mari).

****

Bon. Jeonghan avait fait une bêtise.

Il ne savait pas que c’était au tour de Seungcheol d’assister à la première fête d’anniversaire de Nawon. Honnêtement, il était trop déboussolé depuis quelques jours pour être pleinement fonctionnel.

C’était embarrassant.

Il était bien conscient des regards des invités sur eux deux ; il pouvait imaginer leur inquiétude, les voir prier pour qu’aucun d’eux ne lance les hostilités ou parte en claquant la porte.

Ils n’étaient pas très malins ; Seungcheol et Jeonghan savaient se tenir. Ils étaient suffisamment éduqués et malins pour ne pas faire ça.

Ou tout du moins, Jeonghan l’était.

Il ne pouvait pas en dire autant de Seungcheol.

Il se revit ramasser les couverts le plus lentement possible. Et espérer bêtement le voir arriver à un moment donné. Il était en colère.

Parce qu’il se sentait honteux d’avoir pensé que Seungcheol ferait l’effort de pointer le bout de son nez.

Alors il slaloma à travers les invités, fit un regard noir à la femme qui parlait à Seungcheol pour faire fuir celle-ci puis se posta très proche de lui pour lui bloquer toute fuite possible.

« Tu n’es pas venu à mon pot de départ. » dit Jeonghan sur le ton de la constatation. Il secoua un peu le fond de son verre, attendant une réponse.

« J’avais plus de travail que je ne le pensais. » dit Seungcheol.
Jeonghan se retint de lui dire qu’il mentait. C’était le cas, c’était sûr mais il n’allait pas gâcher la fête de Nawon en rentrant en conflit avec son ex.

Alors il hocha la tête, comme s’il comprenait.

« Je vois. Tout va bien pour tes patients ?

- Tous soignés ! » s’exclama le médecin. Jeonghan décida d’arrêter de jouer avec lui, il avait l’air d’être prêt à imploser.

Ils restèrent un moment sans rien dire puis Seungcheol tapa ses cuisses et soupira.

« Je vais… aller voir Seungkwan et Hansol, je n’ai pas eu le temps de les saluer. »

Finalement, il n’avait pas fini. Il voulait sa revanche.

« Ah, moi aussi, tiens ! Allons-y alors ! »

La mine de Seungcheol fit ce truc où sa lèvre inférieure se tournait vers le bas mais pas celle du haut, comme une sorte de grimace bien moche. Il ne savait pas que c’est à ça qu’il ressemblait quand il n’était pas content d’une situation et tentait de le cacher. Jeonghan ne pouvait décidément plus arrêter maintenant ; il était lancé.

Alors il attrapa Seungcheol par le coude et le tira vers leur deux amis.

« Hé, les gars ! » S’exclama le journaliste en traversant la pièce. Il fit des sourires polis aux quelques personnes qu’ils croisèrent. Tout comme Hansol et Seungkwan, toutes ces personnes faisaient la même tête : les yeux et la bouche grands ouverts.

Jeonghan s’arrêta tout juste à soixante centimètres du couple comme un automate dont le mécanisme avait fini un cycle.

« Ça fait si longtemps ! » Il lâcha Seungcheol pour serrer dans ses bras les deux autres hommes. « Seungkwan, j’ai vu que ton nouvel album s’est super bien vendu, félicitations ! Et toi, Hansol ! Ce film mon dieu je suis allé le voir deux fois au cinéma. »

Seungkwan gonfla les joues et fronça les sourcils.

« Jeonghan a eut le temps de regarder deux fois le nouveau film de Hansol et d’écouter mon album mais pas toi, Seungcheol ? Ne me dit pas que ton après-midi libre d’hier ne t’a servi à rien ! »

La main dans le sac, gros naze. Pensa Jeonghan en souriant. Il était vexé mais aussi satisfait.

La tête de Seungcheol n’avait pas de prix, vraiment. Blanc comme un linge puis rouge comme une tomate.

Jeonghan le fixa jusqu’à ce que leurs regards se croisent. Il resta un moment immobile puis fit un faux sourire à Seungcheol et laissa le trio, prétextant devoir discuter avec Chan.

Malgré le brouhaha environnent, il put tout de même entendre le bruit que fit la main de Seungkwan en rencontrant violemment le bras de Seungcheol et celui-ci lui geindre qu’il n’avait rien fait.

La réponse étouffée mais clairement agacée de Seungkwan arracha un sourire à Jeonghan. Lui, ne pourrait pas s’énerver contre Seungcheol mais Seungkwan, oui.



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