20. Signals

1

Joshua baissa les yeux sur le reste de son gâteau.

« Je vois. » dit-il simplement.

Junhui soupira, pensant être sorti d'affaire. Il voulut dire quelque chose mais Joshua ne lui en laissa pas le temps.

Rassemblant ses affaires, il dit sèchement : « Tu es une sacrée ordure, Wen Junhui. » il se leva pour enfiler son manteau.

« Tu vas où ? » Junhui posa sa cuillère, prêt à suivre Joshua comme si celui-ci ne venait pas de l'insulter.

Ce dernier avança une main près du visage de Junhui pour l'empêcher de bouger. Il ne parvint pas à retenir sa colère et enfonça toute sa paume dans le visage de l'autre homme. Junhui, sous le choc manqua de tomber de sa chaise. Il posa ses propres mains sur son nez, les larmes aux yeux.

« Mais putain, Joshua ! » S'énerva-t-il.

Il ne put rajouter quoi que ce soit, Joshua l'attrapa par le col et le tira vers lui, le surplombant, menaçant. Il approcha leurs visages et, ses yeux brillant de fureur plongèrent dans ceux humides de Junhui, il murmura : « Tu n'es qu'une sale pourriture. Si je revois ta sale face, je te défigure. Est-ce que c'est clair ? »

Junhui hocha la tête comme il put. Joshua le relâcha en le poussant en arrière. Il lui jeta un dernier regard dédaigneux puis sortit du restaurant. Joshua commença sa marche pour rentrer chez lui.

Normalement, il serait parti noyer son chagrin ailleurs mais cette fois-ci, il n'était pas triste. Il se sentait juste honteux ; stupide d'être tombé dans le panneau une seconde fois. Il n'arrivait pas à croire qu'il était tombé aussi bas...

Et pourtant... il réalisa qu'il savait que ça finirait comme ça. Il savait que Junhui trouverait le moyen de se foutre encore de lui. Il savait qu'il l'utiliserait, l'userait, puis s'en débarrasserait. Joshua avait bêtement pensé pouvoir être celui qui le ferait. Il n'avait pas pensé qu'il finirait par baisser sa garde au point de redevenir la proie. Il bifurqua violemment dans une petite allée. Là, il hurla toute sa rage. Quelques passants sursautèrent mais ne vinrent pas s'intéresser à sa situation.

« SALAUD ! »

Il fit un tour sur lui-même, passa ses deux mains dans ses cheveux, arrangea son col, puis sortit de l'allée pour retourner dans la rue principale. Reprenant un air civil, il reprit la route vers chez lui.

Il devait effacer et bloquer le numéro de Junhui, changer le code de chez lui et laver les draps de son lit et les vêtements qu'il portait. Il allait effacer chaque trace de Junhui chez lui.

Jeonghan a raison, constata-t-il en fixant le tambour de la machine à laver commencer à tourner. Toutes les couleurs se mélangèrent et il lui devint impossible de discerner ses vêtements.

Nu, il décida d'aller prendre une douche. Il pouvait sentir avec dégoût tous les endroits où Junhui l'avait touché...

Il soupira.

Jeonghan l'avait prévenu. Il lui avait dit qu'il finirait par le regretter. Mais la bêtise de l'homme veut qu'il ne réalise trop tard son erreur, que son arrogance le rende aveugle... et Joshua était sans nul doute un homo sapiens.

Il tenta d'appeler Jeonghan mais personne répondit. Il devait être occupé avec Marc... Joshua leva au ciel.

Il jeta son téléphone sur le canapé.

Il était content de savoir son meilleur ami en couple. Vraiment ! C'est juste qu'après le divorce de celui-ci, il s'était vu vieillir avec lui ; les deux plus beaux et vieux célibataires de Séoul – il voyait déjà la une des journaux.

Parce que, quelque part, ça le réconfortait de savoir que Jeonghan était tout comme lui incapable de se remettre avec quelqu'un et qu'il ne serait pas seul jusqu'à la fin de ses jours...

C'était sans compter sur le bel étranger aux cheveux couleur blé qui s'était amouraché de son meilleur ami.

Et honnêtement, Joshua n'aurait jamais parié sur lui. C'est vrai quoi !

Dès qu'il voyait Marc, il était assis à son bureau, caché par la séparation avec celui d'en face. Il disait toujours bonjour sans lever les yeux de ses carnets de notes et évitait par tous les moyens possibles Joshua dans les couloirs.

Joshua savait que c'est parce qu'il l'intimidait. Ce qui était absurde parce que Joshua était un ange ! En somme, Marc était une poule mouillée. Et Joshua n'aimait les poules mouillées.

Mais bon. Si Jeonghan était heureux avec Marc, il n'avait pas son mot à dire...

« J'me fais chier. » constata-t-il. Ses yeux se posèrent sur la porte d'entrée. Il les décolla avec difficulté de la planche pour les poser sur son téléphone.

Il lika une photo. Regarda la porte. Lu un article sur le karma. Regarda la porte. Il se rendit sur Twi—

« Et puis merde ! »

Il balança son téléphone entre les coussins du canapé et courut vers sa chambre.

Aller en boîte ne lui ferait pas de mal, n'est-ce pas ?

2

Jeonghan passait une superbe soirée. Il ne restait que peu à faire pour que le restaurant soit définitivement près pour le grand repas de demain, il revoyait des amis qu'il n'avait pas vu depuis longtemps et Marc et Seungcheol semblaient s'entendre à merveille.

Honnêtement, il avait eu peur en les voyant côte à côte ; ça lui semblait tellement improbable que son cerveau n'avait pas immédiatement reconnu Seungcheol.

Quoi qu'il en soit, ils rigolaient ensemble, s'amusaient et s'entraidaient. Au grand plaisir de Jeonghan ! Parce qu'imaginez l'horreur s'ils étaient trop occupé à se regarder en chien de faïence au lieu d'aider à la préparation. Au pire, Jeonghan les aurait assassiné ; au mieux, il se serait terré dans un coin, honteux.

Vers dix-neuf heures, ils se rassemblèrent tous à l'arrière de la salle, près des portes de la cuisine. Si on y prêtait attention, on pouvait entendre malgré le brouhaha, Mingyu mariner ses viandes et poissons pour le lendemain (le pauvre n'était apparu que deux fois dans la journée et à chaque fois pour dire bonjour et remercier ses amis).

Wonwoo distribua un verre de vin à chacun et ils trinquèrent à la réussite de leur mission.

« Rentrez chez vous ! Reposez-vous bien ! Et revenez demain faire la fête jusqu'au bout de la nuit ! » s'exclama Wonwoo et tous répondirent par des cris de joies.

Il faisait nuit quand Marc, Jeonghan et Seungcheol sortirent du restaurant. Jeonghan rentra sa tête entre ses épaules, entoura son buste de ses bras et trottina jusqu'à la voiture de Marc dans laquelle il se faufila dans l'espoir de moins subir les basses températures de l'hiver.

Il observa par la vitre les deux autres hommes discuter, clairement moins dérangés que lui par le froid. Bien vite, ils se saluèrent et Seungcheol disparut au coin de la rue.

« Hé. » salua Marc en rentrant dans la voiture. Il posa un baiser sur la joue de Jeonghan, la pointe de son nez gelé se posant contre la tempe chaude de Jeonghan. Il démarra la voiture et prit la direction de l'appartement de Jeonghan.

« Seungcheol est sympa. » dit-il, les yeux fixés sur la route. Jeonghan haussa les sourcils. Il ne pensait pas que ce serait le sujet de conversation de leur retour.

« Oui, c'est vrai. Il l'a toujours été... » Jeonghan pouvait compter sur les doigts de la main toutes les fois où Seungcheol avait été méchant. Ce n'était pas dans sa nature et ça ne le serait jamais.

Marc hocha la tête, pensif.

« Je comprends pourquoi il t'a plu.

— Marc... » Jeonghan n'aimait pas du tout ce qu'il se passait. Marc s'en rendit compte rapidement. Il prit un air paniqué :

« Ah désolé ! Je ne voulais pas te mettre mal à l'aise ! Je voulais juste dire que je sais à quel point il a fait partie de ta vie et à quel point qu'il t'est toujours cher... » Jeonghan s'apprêta à nier mais s'interrompit. Ce serait mentir que d'affirmer le contraire. Il ne voulait pas mentir à Marc.

Seungcheol, que Jeonghan le veuille ou non, faisait partie de son histoire. Il en ponctuait tous les chapitres ou presque. Il avait vécu la plus grosse partie de sa vie avec ou près de lui. Alors bien sûr que d'une certaine manière, il lui était cher.

« Tu as raison. » dit-il finalement.

Marc sourit. « Je l'aime bien, tu sais. On devrait l'inviter à manger un de ces quatre.

— Heu...

— Il n'est jamais venu chez toi, c'est ça ? Ce serait un bon début, tu ne crois pas ? Pour que vous repartiez sur de bonnes bases.

— Si. Si... » C'était beaucoup d'un coup pour Jeonghan qui préféra regarder par sa vitre, faisant ainsi comprendre que la conversation était close.

Seungcheol ? Chez lui ? Ça ne lui plaisait pas du tout... Pas que Jeonghan avait honte de son appartement ; il était super lumineux, super chic, super grand... et aussi super vide. Il ne voulait pas que son ex-mari puisse constater à quel point sa vie avait été vide depuis leur séparation.

Certes il avait Marc maintenant mais tout ce qu'il laissait traîner chez Jeonghan c'étaient sa brosse à dents et quelques vêtements pour quand il voulait passer la nuit chez Jeonghan mais devait aller travailler le lendemain. Donc rien de bien ostentatoire où qui donnerait assez de vie aux pièces communes...

« Pas tout de suite. » dit-il tout bas.

Il voulait renouer avec Seungcheol mais ce ne serait pas dans l'immédiat. Il devait d'abord sauver son honneur...

Es-tu stupide ? Pensa-t-il amèrement. Il n'y a plus rien à sauver. Seungcheol t'a déjà vu au plus bas.

Il tourna la tête vers Marc. Est-ce que lui, continuerait à l'aimer s'il le voyait comme Seungcheol l'avait vu ?

« Tu as faim ? On pourrait commander des pizzas. » dit Marc, sortant Jeonghan de ses sombres pensées.

Il n'avait pas faim mais adhéra tout de même à l'idée de son petit-ami. Parce que s'il voulait que Marc reste avec lui, il ne devait que lui montrer ses côtés plaisants.

Marc l'aimait, il le savait. Mais ce n'était pas un amour assez fort ; il ne résisterait pas aux possibles mauvaises périodes de Jeonghan et d'autres problèmes dans ce genre. Il était encore trop tôt ; cet amour était encore trop fragile. Et puis de toutes façons, Jeonghan ne souhaitait pas que Marc ait à subir ça. Il voulait qu'il ait la vie la plus paisible qui soit...

Alors Jeonghan fit son plus beau sourire et s'exclama :

« Je prends les olives ! »

Marc se dit faussement choqué et Jeonghan rit. D'un vrai rire.

« Je t'en donnerai une. » fit-il sur le ton de la confidence. Marc gara la voiture et se tourna pour de nouveau embrasser la joue de Jeonghan.

Il adorait quand il faisait ça.

*

Si vous demandiez à Marc s'il pensait toujours à Seungcheol, il répondrait « non ». Mais ce serait un mensonge.

L'une des qualités de Marc était sa compétitivité ; il avait toujours réussi dans la vie grâce à celle-ci. Cependant, elle pouvait aussi s'avérer être un énorme et douloureux défaut.

Et actuellement, elle le rendait fou.

Il ne pensait qu'à Seungcheol. Il voulait le dépasser, lui montrer qu'il était meilleur et le favori de Jeonghan. Au début, il s'en fichait. Puis il avait passé la nuit à se remémorer tous les évènements de la journée. Certes il était tombé sous le charme du médecin mais maintenant qu'il n'était plus là et que Marc pouvait réfléchir, il ne l'aimait pas.

Ou du moins, sa compétitivité avait pris le dessus. Il n'avait rien contre Seungcheol en soit si ce n'est qu'il avait clairement toujours des sentiments pour Jeonghan. C'est pour quoi Marc devait lui montrer que Jeonghan ne voudrait plus jamais de lui ; parce que Marc était parfait pour lui.

« Tu ne te prépares pas ? » demanda Jeonghan, les cheveux encore humides de la douche qu'il venait de prendre. Marc posa son téléphone et prit la serviette que tenait Jeonghan pour lui sécher les cheveux lui-même.

« Si, si. J'étais juste plongé dans mes pensées.

— Tes pensées ? T'es sûr que c'est pas plutôt ton sudoku qui te préoccupe ? »

Marc ricana. Il profita des cheveux de Jeonghan coincés dans la serviette pour lui embrasser la nuque. Il se délecta du frisson qui parcourut le dos de son petit-ami.

« Je vais prendre ma douche. » chuchota-t-il dans l'oreille de Jeonghan en lui mettant sa serviette sur l'épaule.

S'éloignant, il reconnut le soupir de frustration charnelle qui échappa à Jeonghan. Marc sourit ; il était sûr qu'il n'aurait pas réagit ainsi si c'était Seungcheol qui avait fait ça.

Il prit rapidement sa douche puis se dirigea vers la chambre de Jeonghan dans laquelle l'attendait le costume qu'il avait décidé de porter pour la célébration de la nouvelle étoile du restaurant de Mingyu. C'était une très grande réception puisque le chef cuisinier et son mari avaient invité toutes les personnes qu'ils jugeaient avoir joué une part (importante ou pas) dans la réussite du restaurant. Aujourd'hui les amis proches et demain, le restaurant proposerait au menu des plats spéciaux et ce, sur toute la semaine.

Marc, soucieux de plaire aux amis de Jeonghan avait spécialement acheté son costume pour l'occasion. Il avait pris un noir similaire à celui du costume que Jeonghan porterait. Il avait même acheté deux mouchoirs brodés pour en glisser un dans la poche de Jeonghan et l'autre dans la sienne

Enfin prêt, il retourna dans le salon où l'attendait son petit-ami. Jeonghan était assis sur le canapé, dans cette nonchalance gracieuse qui en avait séduit plus d'un ; le regard sérieux posé sur le téléphone de Marc. Il tentait de résoudre un sudoku ; il avait presque fini, d'ailleurs.

Marc s'assit à côté de lui. Jeonghan soupira.

« Je ne comprends vraiment pas ce que tu trouves d'intéressant là-dedans. C'est pas compliqué mais...

— Tu devrais t'y mettre pourtant, rien que pour le bien de ton vieux cerveau. »

Jeonghan loin d'être vexé, éclata de rire.

Marc se délecta du son. Un peu inconsciemment, il se pencha vers son petit-ami pour l'embrasser.

« J'adore ton rire. » confia-t-il.

Jeonghan ne répondit rien. Il le tira simplement dans un autre baiser, plus long, plus tendre.

« On va être en retard. » Marc se força à se décoller de son petit-ami.

Jeonghan gémit mais se leva tout de même.

Quand ils arrivèrent au restaurant, ils furent émerveillés par la décoration comme s'ils n'avaient pas passé la journée de la veille à la mettre en place. Il y avait déjà beaucoup de monde. Tous les invités étaient assis bien sagement à leur place, discutant avec les autres invités qui partageaient leur table. Ayant travaillé sur la décoration des tables, Jeonghan savait déjà où Marc et lui devaient s'assoir. Alors il guida son petit-ami, slalomant entre les tables, saluant au passage les invités qu'il reconnaissait.

Arrivé à leur table, Marc le dépassa habilement pour lui tirer sa chaise. Jeonghan, surpris et amusé du geste, s'assit sans rien dire. Vite rejoint par Marc, il se mit à l'aise.

Ils n'étaient que tous les deux pour l'instant.

« Merci de nous avoir aidé avec tout ça. » dit Jeonghan en serrant la main de Marc.

Celui-ci haussa les épaules.

« C'est tout naturel. »

Jeonghan gloussa à cette réponse. Il déposa un baiser sur les lèvres de Marc.

« C'est ça que j'aime avec toi. Tu es tellement gentil. »

« Jeonghan a toujours aimé les gentils garçons »

Marc fit un sourire qui n'atteignit pas ses yeux.

Une chaise a leur table fut tirée. Marc leva les yeux.

Deux hommes se tenaient face à eux. Le plus petit avait des cheveux noirs courts ramenés vers l'arrière à l'aide de gel, l'autre à la mâchoire carrée avait des cheveux plus longs, bruns, encerclant son visage de jolies boucles.

Leurs costumes, assortis, étaient de marque ; tout comme leurs chemises sur lesquelles était discrètement brodés sur le col, un logo.

Ils transpiraient l'aisance.

Le plus petit posa une main sur la table, se pencha en avant vers Jeonghan et prit un air séducteur.

« Hé bel homme, tu viens souvent ici ? »

Marc gonfla le torse, prêt à s'affirmer mais Jeonghan éclata de rire.

Il fit mine de s'éventer. Et l'homme gloussa. Puis Jeonghan se leva et lui fit un rapide câlin.

« Ça fait tellement longtemps, Seungkwan ! Depuis l'anniversaire de Nawon ! »

Jeonghan glissa des bras de Seungkwan pour offrir le même traitement à l'autre homme.

« Hansol ! Qu'est-ce que t'es chic !

— Il est tout le temps chic quand on sort. » intervint Seungkwan. Il bougonna quelque chose dans le style « j'aimerai qu'il soit comme ça même quand il n'y a que moi... » avant de se tourner vers Marc.

Il lui tendit sa main.

« Boo Seungkwan, enchanté.

— Marc Anderson.

— Tu es le fameux petit-ami dont Mingyu m'a parlé, hein ?

— Je suppose ? Ah moins que Jeonghan me cache quelque chose... »

Tous rigolèrent.

Hansol et Seungkwan prirent place à la table et Jeonghan retourna au côté de Marc.

Soudain, la porte des cuisines s'ouvrit et la lumière du restaurant se tamisa, ne laissant plus qu'un lumineux vaisseau de lumière dans le fond de la salle. Mingyu, avança rapidement jusqu'à la lumière, un microphone fermement tenu dans la main.

« Bonsoir tout le monde ! » il agita sa main de libre et quelques personnes dans la salle l'imitèrent. « Merci beaucoup d'être là ce soir avec nous ! Sans vous, on en serait pas là. Vous avez été invité à fêter la nouvelle étoile de mon restaurant car vous avez participé à l'acquisition de celle-ci ! »

Marc détourna son regard de Mingyu pour le poser sur Jeonghan. Les deux coudes sur la table et le menton posé sur le dos de ses mains liées, il regardait attentivement son ami d'enfance faire son discours. La lumière chaude épousait ses traits d'une manière divine qui coupa le souffle de Marc.

Eventuellement, Wonwoo piqua le microphone à son mari, clairement meilleur en cuisine qu'en discours ; et abrégea la souffrance des invités... sauf de Marc, bien sûr, qui n'avait rien suivi.

Les lumières revinrent à la normal. Et les petites discussions à chaque table reprirent.

Seungkwan se tourna instantanément vers Jeonghan : « Tu étais à Bamaeul il n'y a pas longtemps, n'est-ce pas ? C'était bien ?

— Super ! C'était revigorant.

— C'était quand déjà ? » intervint Hansol.

« Il y a quelques semaines. » conclu Jeonghan après réflexion. Hansol hocha la tête. Puis il prit un air surpris. Il posa son poing dans la paume de son autre main.

« Seungcheol était là au même moment !

— Ah oui... On s'est vu quelques fois.

— Vous avez pu discuter avec Seungcheol, alors ? » demanda Hansol. Il fit une grimace en goutant la boisson de Seungkwan, reposant le verre où il l'avait trouvé.

Jeonghan hocha la tête, Hansol sourit.

C'est vrai qu'avec leur rupture, leur grand groupe d'amis s'était retrouvé désorienté. Il ne savait qui inviter à quoi, distribuer justement les sorties et évènements... et puis avec la vie, ils s'étaient aussi perdus un peu de vue ; c'était plus compliqué d'organiser des réunions quand tout le monde avait un emploi du temps différents.

Il ne vit pas le regard soupçonneux que Marc jeta à Hansol ni celui indifférent que celui-ci lui renvoya.

Plus tard dans la soirée, l'espace où Mingyu avait fait son discours devint une piste de danse improvisée. Rapidement, Marc s'était joint au groupe d'invités qui se dandinaient, laissant derrière lui un Jeonghan fatigué.

Loin de s'ennuyer Jeonghan observait son petit-ami et ses deux amis s'éclater.

Somnolant, il laissa son esprit divaguer. Le voir si heureux lui rappela ses tourments de la veille...

*

« Hé, Hanie... Debout. »

Jeonghan ne sortit pas sa tête de sous le drap, ignorant sans difficulté Seungcheol.

« Tes parents sont là. »

Il sentit la grande main chaude de son petit ami se poser sur son épaule à travers le drap. Ses yeux s'embuèrent. Il ne répondit pas.

Alors Seungcheol s'assit et, toujours en laissant le drap sur Jeonghan, le serra dans ses bras.

Ils restèrent comme ça de longues minutes. Jusqu'à ce que la chaleur du corps de Seungcheol traverse le fin tissu du drap et pousse Jeonghan à enfin se montrer.

Sentant le mouvement sous lui, Seungcheol se décolla. Le drap glissa et Jeonghan apparut.

Il avait l'air horrible. Il avait des cernes profondément creusés sous ses yeux, ses cheveux étaient emmêlés et secs et ses vêtements froissés et souples d'avoir été portés bien trop longtemps.

Jeonghan, enfin conscient de son état, baissa les yeux vers ses jambes.

Seungcheol passa une main dans les cheveux de son fiancé et, quand celui-ci se pencha contre sa paume, l'étreignit. Jeonghan sentit son corps chaud entourer le sien. Comme si c'était un jour normal. Comme si Jeonghan était normal.

Comme si Chulhei était toujours là.

Personne ne s'attendait à ce que son oncle décède. Chulhei était encore jeune et plein d'énergie. Mais le destin avait eu raison de lui.

C'était arrivé plus tôt dans la semaine. Chulhei venait de fermer son café, il n'était pas loin de 20h30. Alors qu'il s'éloignait du bâtiment, un homme complètement sous lui avait foncé dessus. La voiture s'était écrasée contre le bâtiment voisin au café, tuant Chulhei sur le coup.

Son mari, Jungwan, avait été appelé le quart d'heure qui avait suivi l'accident par l'hôpital. La quart d'heure suivant, il était veuf. Et l'heure d'après, Jeonghan apprenait que son oncle et parrain n'était plus.

Heureusement, il avait fini tôt au travail. Il était déjà rentré chez lui quand son téléphone avait affiché un appel de son père. Quand Seungcheol était rentré, il l'avait trouvé endormi, accroupi entre le canapé et le mur, la table basse qui s'y trouvait initialement renversée.

Madame Yoon l'avait prévenu et il était rentré en urgence. Il avait pris Jeonghan dans ses bras et l'avait déposé dans leur lit. Puis Jeonghan n'en était pas sorti pendant pratiquement une semaine.

Seungcheol avait contacté pour lui sa supérieure, lui expliquant vaguement la situation. Elle s'était montrée très compatissante, assurant que Jeonghan pourrait revenir travailler quand il le pourrait.

Seungcheol fit un baiser sur la tempe de son mari puis un autre sur sa joue et son cou. Il le touchait, l'enlaçait, l'embrassait... Il ne fit aucun commentaire sur l'odeur de Jeonghan.

Alors il éclata en sanglots.

« Ça va aller, Hanie. » chuchota Seungcheol. « Ça va aller... »

Jeonghan se mit à pleurer plus fort, hoquetant, peinant à respirer.

« Qu'est-ce qu'on va faire ? » demanda-t-il avec difficulté.

Seungcheol le berça. Quand ses pleurs furent calmés, il déposa un autre un baiser sur son front.

Cinq autres minutes plus tard, Seungcheol et Jeonghan sortaient lentement de la chambre pour se rendre dans le salon.

Monsieur et Madame Yoon conservèrent une distance de sécurité, n'osant toucher leur fils prêt à s'effondrer.

Ils revêtaient tous deux des vêtements noirs, la mine sombre.

La mère de Jeonghan lui fit un sourire triste.

« On va être en retard, mon chéri. » dit-elle simplement.

Les mains de Seungcheol encerclèrent les épaules de Jeonghan comme s'il avait sentit la rechute imminente de son petit-ami.

Les jambes de Jeonghan cédèrent sous son poids. Seungcheol n'eut aucun mal à le retenir.

Il dit quelque chose aux parents de Jeonghan puis porta celui-ci jusqu'à la salle de bain.

Il posa Jeonghan sur le rebord de la baignoire et s'accroupit face à lui. Parvenant à connecter leurs regards, il lui murmura :

« Il faut qu'on te prépare, Hanie.

— Je peux pas... »

Il ferma les yeux, les sentant brûler de la promesse de nouvelles larmes.

Seungcheol le força à le regarder, essuyant l'unique larme qui dévala sa joue.

« Si tu ne vas pas le voir, Jeonghan, tu vas le regretter toute ta vie. Jungwan a besoin de toi. Tu as besoin de lui. » Il caressa le visage de Jeonghan, écartant les quelques mèches de cheveux collés à son front. « Jungwan a besoin de toi. »

Jeonghan se leva lentement, retirant chacun de ses vêtements. Seungcheol ouvrit l'eau chaude et versa un peu du gel douche préféré de son mari sur un gant. Il fit Jeonghan s'assoir sur le tabouret de leur baignoire et s'occupa de lui.

Avec douceur, il le rinça, le savonna et le rinça à nouveau. Il l'enveloppa dans une grosse serviette toute douce et le sortit habillement de la baignoire, habitué à manipuler les longs membres de son mari.

Il sécha ses cheveux, les coiffa et le laissa s'habiller.

Quand Jeonghan fut présentable et un peu moins sur le point de s'effondrera, Seungcheol lui fit un câlin.

Il lui rappela : « Je t'aime. »

*

« Jeonghan, danse avec moi ! » s'exclama Marc.

Jeonghan sursauta. Il avait complétement oublié où il se trouvait... Marc apparut dans son champ de vision ; bien que penché en avant, il remuait tout son corps au rythme de la musique.

Par réflexe, Jeonghan prit la main qu'il lui tendait et fut entraîné sur la piste de danse improvisée.

Quelle idée de penser à ça maintenant...

La date approche.

« Tu es prêt à enflammer la piste de danse, baby ? » dit Marc d'une drôle de voix. Jeonghan éclata de rire.

La main de Marc se glissa dans son dos et il sourit.

Laissant derrière lui ses mauvais souvenirs, Jeonghan se plongea dans la célébration

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