15. Shore, sea and ocean

Jeonghan aimait beaucoup sa mère. Elle avait toujours été là pour lui, l'avait soutenu, guidé... accepté. Pendant très longtemps, elle avait tout été pour lui et jusqu'à présent, il ferait tout pour elle.

C'est pourquoi, bien qu'il aurait préféré passer ses vacances tant méritées dans son lit à végéter, il était actuellement dans un train, à quelques minutes d'arriver à la gare de Bamaeul. Son voisin regardait une série en grignotant des chips et la femme un peu plus loin faisait du crochet ; ils avaient tous les deux l'air si paisibles. Un air qu'on pouvait trouver plus souvent dans la petite ville côtière qu'à Séoul.

Bientôt, il reconnut les quelques champs que le train longea, puis la disparition progressive de ceux-ci alors qu'on s'approchait de l'océan, la présence de roches noires sèches sous le soleil chaud qui se faisaient de plus en plus nombreux et enfin, la vue sur l'océan se dévoila aux passagers.

Le bleu pur de l'eau, les rayons du soleil brillant à sa surface comme mille diamants et son étendue infinie coupèrent le souffle de Jeonghan. Jamais cette vue ne le surprendrait pas. Elle était bien trop magique ; nouvelle à chaque fois et pourtant familière.

Jeonghan arriva au milieu de l'après-midi. Le soleil commençait tout juste sa descente vers l'océan et la brise du soir s'élevait déjà.

Sa valise en main, il s'éloigna un peu de la gare et de toute l'agitation qui s'y trouvait pour profiter de l'air marin et du paysage presque paradisiaque. Cela faisait si longtemps qu'il n'était pas rentré à Bamaeul...

Il prit une profonde inspiration. Il sentit l'air marin s'engouffrer dans ses poumons et avec lui, une myriade de souvenirs qui lui donna un vertige, un coup de nostalgie qui lui serra la gorge. S'il avait détesté son père quand celui-ci leur avait annoncé qu'ils devraient quitter Séoul pour son travail, il lui en serait toujours reconnaissant aujourd'hui.

On klaxonna.

Il se tourna vers le parking. C'était sa mère.

Avec ses grosses lunettes de soleil et ses cheveux grisonnants dansant dans le vent, elle ressemblait plus à une vacancière que lui.

Il se dépêcha de rejoindre le véhicule, mit sa valise dans le coffre et s'installa du côté passager. Il prit sa mère dans ses bras, ignorant la sensation désagréable de la ceinture de sécurité pressée contre sa nuque.

Madame Yoon était aussi douce que la dernière fois que Jeonghan l'avait vu. Elle portait toujours le même parfum et ses étreintes étaient toujours aussi réconfortante. Jeonghan se détendit complétement dans l'embrassade.

« Allez rentrons, ton père a cuisiné tes plats préférés. »

Jeonghan constata, quand la voiture s'arrêta dans l'allée de la maison de ses parents, qu'à part la peinture fraiche, rien n'avait vraiment changé. Les plantes sur la véranda étaient toujours aussi resplendissantes, le vieux salon de jardin rouillé par la pluie persistait sous un oranger que sa mère avait planté peu après leur arrivée et son chat, September, dormait sur le rebord d'une fenêtre de l'étage.

Au bruit des portes de la voiture claquant, la porte d'entrée s'ouvrit et monsieur Yoon sortit précipitamment. Il se rua vers son fils et le prit dans ses bras.

« Oh Jeonghan, tu es arrivé ! » il sera l'étreinte autour de son fils qui tentait de dégager du mieux qu'il pouvait la dentelle du tablier de cuisine rose que son père portait de son visage. « Le voyage n'a pas été trop long ? Tu as mangé quelque chose ? »

Jeonghan força son père à le lâcher.

« Maman a dit que tu prépares quelque chose de bon pour le diner. » se contenta-t-il de répondre et son père se mit à hocher la tête vivement.

« C'est une surprise ! Va prendre une douche. Le diner sera servi quand tu auras fini ! »

Jeonghan posa sa valise dans ce qui fut autrefois sa chambre. Deux ans après son départ vers la capitale, ses parents (avec son accord) avaient reconvertit la pièce en bureau ; il y avait même un canapé dans un coin pour pouvoir paresser au calme.

Si la première fois qu'il était rentré, s'être retrouvé dans un espace étranger l'avait perturbé, il était maintenant soulagé. Parce qu'il se rappelait encore parfaitement à quel point Seungcheol était partout dans cette pièce. Passionné de photographie à l'époque, il avait fait de ses amis et de son chat ses principaux sujets. Et quand il s'était enfin mis avec Seungcheol, le visage de ce dernier avait commencé à prendre de plus en plus de place sur ses murs.

Cette pièce maintenant impersonnelle était parfaite pour qu'il puisse se reposer pendant ses vacances et ne pas avoir à ressasser le passé, environnement oblige.

La pense bien remplie et les yeux particulièrement lourd, Jeonghan se glissa dans les draps qu'il avait mis sur le clic-clac du bureau plus tôt dans la soirée. Dès que sa tête toucha l'oreiller, il soupira d'aise.

Fixant le plafond parsemé des étoiles phosphorescentes que ses parents n'avaient pas eu le cœur de retirer pendant les rénovations, il sentit que ces vacances seraient particulièrement relaxantes et enrichissantes.

2

Seungcheol posa sa valise dans l'entrée de la maison. Epuisé, il décida qu'il la monterait dans sa chambre d'enfance plus tard. De plus, il avait plus important à faire pour l'instant ; par exemple : savourer le bon déjeuner que sa mère avait préparé pour son retour à Bamaeul.

Grâce à Yongsu, le chef de leur service avait accepté qu'il prenne une semaine de repos ; en partie pour le récompenser de son travail mais aussi d'avoir réussi à prendre mieux soin de lui-même. A croire que tout le monde à l'hôpital se sentait légitime de mettre son nez dans ses affaires personnelles (en même temps, il passait sa journée avec des gens chargés de traiter des malades, forcément ils finiraient par remarquer qu'il n'était pas au mieux de sa forme puis les améliorations qu'il avait faites).

Quoiqu'il en soit, Seungcheol était enfin rentré dans sa ville natale et n'avait qu'une hâte : retrouver tous les lieux qui avaient marqué son enfance !

« Tes frères ont dit qu'ils allaient essayer de venir cette semaine. Ils vont même emmener les petites. » informa monsieur Choi. Seungcheol se demande à quel point ses nièces avaient grandi depuis la dernière fois qu'il les avait vues. « Monte ta valise et prend une douche, le repas est prêt. »

Malgré la fatigue, Seungcheol obtempéra. Il venait d'arriver, valait mieux garder la paix aussi longtemps que possible. Alors il grimpa les marches de l'escalier deux par deux.

Et pris une sacrée claque quand il passa la porte de sa chambre.

Il avait complétement oublié qu'il l'avait laissé dans cet état la dernière fois qu'il était venu.

Il était encore marié à Jeonghan à ce moment-là et ce n'était que pour quelques jours. Il était donc retourné à Séoul avec cinq ou six photos qui était accrochées au tableau de liège face à son bureau ; laissant derrière lui une vingtaine d'autres, la majorité d'entre elles montrant de jeunes Jeonghan et Seungcheol joyeux. Elles étaient si vieilles que Jeonghan avait encore les cheveux longs sur la plupart.

Une en particulier attira son attention. Seule Jeonghan et September son chat, apparaissait dessus ; Seungcheol avait pris la photo. Il sa rappela ce jour : ils étaient dans le jardin des Yoon. Ils révisaient posés sur une nappe à l'ombre d'un arbre quand September était arrivé, quémandant caresses et pleine attention. Seungcheol, qui avait pris l'appareil pour prendre initialement en photo une fleur particulièrement jolie, avait orienté l'appareil vers le félin et son propriétaire. Là, une brise s'était levé et les feuilles de l'arbre protecteur s'étaient assez écartées pour laisser passer quelques rayons de soleil qui vinrent donner un air angélique à Jeonghan de par leur éclat.

Ils étaient si heureux et insouciants à cette époque...

Seungcheol décrocha la photo, la plia et la glissa dans son portefeuille.

Il ne savait pas pourquoi il avait fait ça. Pour les coups durs, se dit-il mais ça n'était toujours pas plus clair.

Quand il redescendit enfin pour manger, il était toujours déboussolé.

« Merci pour le repas. Je vais me balader pour digérer tout ça. Vous voulez venir ?

- T'inquiète pas pour nous, mon chéri. On se voit plus tard. »

Il fit une rapide accolage à sa mère et sortit. Il décida de faire le trajet qu'il empruntait plus jeune pour rejoindre ses copains aux terrains de basket près du parc pour enfants de la ville. Il traversa paisiblement plusieurs quartiers avant de sentir une inquiétude grandir en lui.

Il s'arrêta de marcher pour jeter un coup d'œil à son téléphone. A n'importe quel moment, Yongsu lui envoyait un message pour le prévenir que l'état de santé de l'un de ses patients s'était aggravé et qu'il devait rentrer d'urgence.

Soudainement, il sentit des bras s'enrouler autour de ses épaules et une poitrine s'écraser contre son dos. Le rire qui lui explosa un tympan ne lui laissa aucun doute quant à l'identité de son assaillante.

Go Hye Mi.

La femme lâcha Seungcheol et glissa sur le dos de celui-ci brièvement avant que ses talons hauts ne touchent le sol à nouveau. Seungcheol se tourna et fit un câlin à son amie d'enfance. Ce n'est que maintenant, après qu'il est posé les yeux sur son visage, qu'il se rendit compte à quel point elle lui avait manqué.

« Ça fait trop du bien de te revoir. » confia-t-il.

Elle fit un petit rire cette fois-ci ; empreint d'un mélange d'amusement et de nostalgie.

« Tu m'as manqué aussi, Cheol. » elle prit sa main et entrecroisa leurs doigts. L'air marin souffla et ses longs cheveux noirs suivirent le mouvement. Seungcheol empêcha une mèche de cheveux de venir s'écraser sur le visage de Hye Mi.

« Ça va ? » demanda-t-il. Elle lui fit un sourire résigné.

« Aussi bien que je le peux. » elle fixa quelques secondes un point derrière lui puis se reconcentra sur sa figure et lui fit un grand sourire, maintenant plein de joie. « Allez, vient ! Un nouveau café à ouvert au port, je t'invite ! »

Ils passèrent une superbe après-midi. Ils discutèrent longuement de leurs carrières respectives, de leurs vies personnelles, de leurs projets aussi... Elle lui annonça le succès de sa compagnie de cosmétiques et il se rendit compte qu'il utilisait son gèle capillaire depuis quelques années déjà. Quand le soleil se coucha sur la mer, ils se confièrent leurs peines de cœur et leurs espoirs pour l'avenir. Et quand la lune monta dans le ciel, ils échangèrent des aurevoirs chaleureux, se promettant de se revoir avant que Seungcheol n'ait à retourner à la capitale.

Elle lui fit un baiser sur chaque joue puis monta dans un bus. Il fit le reste du chemin jusqu'à la maison de ses parents dans un silence de réflexion.

« J'ai revu Hye Mi aujourd'hui. » informa-t-il sa mère après le diner.

« Oh, je ne savais pas qu'elle était en ville. » commenta sa mère. Elle lui passa une énième assiette qu'il s'empressa d'essuyer de ranger dans le placard prévu à cet effet. « Comment va-t-elle ?

- Super. Sa boite de cosmétiques à gagner un prix cette année.

- Toujours célibataire ?

- Je crois bien... Elle n'a mentionné personne. »

Il savait que sa mère ne demandait pas cela par rapport à lui mais parce qu'elle s'inquiétait pour la jeune femme. Après le décès de son père, elle n'avait plus personne si ce n'est son chien et elle se faisait particulièrement discrète à Bamaeul. Cependant Seungcheol savait qu'elle allait bien maintenant ; beaucoup mieux qu'avant pour sûr.

« Je vais l'inviter à passer quelques temps à Séoul. » rajouta-t-il. Sa mère lui fit un petit sourire, appréciant l'idée.

« Elle pourra se vider un peu la tête. »

Exactement ce que Seungcheol peinait à faire avec le visage de Jeonghan partout dans sa chambre...

Ils finirent de laver la vaisselle en silence. Le dernier couvert rangé, madame Choi annonça qu'elle allait rejoindre son mari qui avait pris congé dès la fin du repas. Elle s'arrêta à l'entrée de la cuisine, fit demi-tour pour rejoindre son fils qui s'était installé à la table.

« Tu iras récupérer du pain demain, d'accord ?

- Oui Maman. Bonne nuit. » Elle lui fit un léger baiser sur la tempe et il sourit. Il ne serait jamais trop vieux pour l'amour de sa mère.

Seungcheol s'appuya contre le dossier de sa chaise et laissa sa tête tomber en arrière. Il soupira d'un soupir si profond qu'il sentit ses épaules se détendre. A l'étage, la porte de la chambre de ses parents se ferma et le silence se fit dans la maison.

Les grillons commencèrent à chanter dehors et une douce brise vint lui donner la chair de poule.

Il était si bien là...

Comment avait-il pu rester aussi longtemps de ce coin de paradis ?

3

Il était encore tôt quand Seungcheol gara la voiture de son père sur le petit parking que la boulangerie et la pharmacie se partageaient. Il n'avait pas prévu de sortir à cette heure-ci mais ses habitudes de médecin ne l'ayant pas encore quitté, il n'avait pu faire autrement quand il avait ouvert les yeux pleinement réveillé à cinq heures du matin, que de se résigner à commencer sa journée aussi tôt que les pêcheurs de Bamaeul.

Il prit son porte-monnaie sur le siège passager et s'extirpa de la voiture avec grâce et une agilité qu'il n'avait pas le mois dernier. Arrangeant ses lunettes de vue sur son nez, il se dirigea nonchalamment vers la boulangerie.

Etonnement, il y avait déjà une petite queue à l'intérieur. Cinq individus, de taille, de sexe et d'âge différents se tenaient dans un silence religieux les uns derrière les autres. Les deux femmes à l'avant de la file discutaient tandis que le jeune employé rassemblait consciencieusement tous ce qu'elles avaient demandé.

Seungcheol salua tout le monde. Et tout le monde le salua en retour, allant même jusqu'à lui sourire.

La porte s'ouvrit dans son dos et il se tourna vers la personne qui venait d'entrer pour la saluer, aussi poliment et souriant que les autres clients.

Son sourire s'effaça instantanément.

Yoon Jeonghan dans toute sa splendeur.



J'avais dit que je posterai vendredi au plus tard, il est actuellement 23h37, on est toujours vendredi, c'est réussi !

Quoiqu'il en soit, j'espère que ce chapitre vous a autant plu que j'ai aimé l'écrire ! On se voit bientôt <3

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