12. Nothing has changed

Seungcheol n'était pas stupide. Du moins, c'est ce qu'il aimait croire. La réalité était tout autre.

Il avait beau être un docteur plutôt réputé, il n'était pas l'étoile la plus brillante pour autant.

Parce que s'il l'était, il aurait suivi les conseils de ses amis Minghao et Yongsu. Et ce n'est pas du tout ce qu'il était en train de faire.

Il était arrivé à l'hôpital à 7 heures et il n'avait cessé de travailler depuis. Il avait enchaîné les rendez-vous, les occultations et même les réunions. Il n'avait ingéré ni eau, ni nourriture depuis la veille mais cela ne l'empêchait pas de pousser son corps encore plus loin.

Certains infirmiers avaient bien essayé de le résonner mais il ne voulait rien entendre. Parce que bien qu'il n'ait pas écouté ses amis, il était tout de même froissé par cette situation.

Il savait bien, malgré le fait qu'il ait rouspété quelques jours plus tôt contre eux, qu'ils avaient raison.

Bien sûr qu'il donnait trop pour son travail mais qui le ferait si ce n'était pas lui ? Quand il était arrivé dans ce service, à part Yongsu, les autres docteurs ne faisaient pas grand chose. Alors Seungcheol s'était retrouvé débordé et ça n'avait pas cessé depuis. C'était fatiguant mais ça restait tout de même mieux que de rentrer et devoir affronter la solitude qui s'était installée dans son appartement.

Ce que Seungcheol refusait cependant de voir, c'est que depuis que lui était arrivé dans le service, d'autres derrière avaient suivit et bientôt, les docteurs plus compétents, avaient remplacés ceux qui l'étaient moins. Minghao avait raison quand il disait qu'il y aurait bien quelqu'un à qui reléguer un peu de travail.

Mais bon... Seungcheol étant Seungcheol, il lui faudrait un évènement un peu brutal pour marquer le coup ; quelque chose qui lui ferait prendre conscience que, peu importe soit forte la peur de la solitude, il ne pouvait pas continuer à se malmener ainsi.

Cette événement eu lieu un mercredi du mois d'octobre.
L'air était encore doux et le soleil gracieux mais ça, Seungcheol ne pouvait pas le savoir car il était à l'hôpital depuis la veille déjà. Une demi-heure de sommeil à son actif, il tapait lentement sur son ordinateur quelques notes sur certains de ses patients comme il aimait tant le faire.

Bien sûr, il n'avait pas dormi plus la veille et bien sûr, son corps le lui faisait ressentir.

Il s'efforçait à compléter ses fiches malgré le mal de crâne et la fatigue de ses yeux. Il leva très, très lentement les yeux vers l'horloge accroché au-dessus de la porte de son bureau et sursauta ; il avait cinq minutes pour se rendre à une réunion ! Et le trajet durait une bonne dizaine de minutes !

Il rassembla rapidement ses affaires qu'il fourra ensuite dans sa sacoche (ignorant volontairement le gémissement des feuilles violemment écrasées). Il enfila ses chaussures (ne le jugez pas, le pauvre homme ne pouvait que faire cela pour trouver confort dans son horrible fauteuil) et sortit de la salle précipitamment.

A peine eut-il franchi la porte de son bureau qu'il fut interpelé par un interne.

« Monsieur Choi ! Je vous cherchais ! » s'exclama-t-il et le rayonnement de son jeune visage pas encore trop torturé par la vie fit grimacer Seungcheol. Celui-ci le contourna en lui faisant signe de le suivre. Il pouvait bien répondre à ses questions tout en se dirigeant vers la salle de réunion, n'est-ce pas ?

L'intern déblatérait et Seungcheol n'écoutait pas du tout. Il appuya plutôt violemment sur le bouton d'appel de l'ascenseur et observa avec désespoir les chiffres prendre trop de temps à défiler.

« On va prendre l'escalier. » prévint-il. Il ne laissa pas le temps à l'intern de comprendre ce qu'il avait dit qu'il repartait déjà.

Il poussa la porte et commença à dévaler les escaliers.

« Qu'est-ce que vous en pensez, monsieur Choi ?

- Hein ?

- Le petit de sept ans...

- Hein ? Ah. Heu... Il faudrait—»

Seungcheol ralentit la cadence. Il y avait soudainement beaucoup plus de marches que prévues devant lui...

Il se sentit tanguer. Son pied rata la prochaine marche. Il tomba.

« Monsieur Choi ! » hurla l'intern.

**

Jeonghan jeta un regard dans le miroir et déboutonna sa chemise.

Celle-ci n'allait pas, il en fallait une autre !

« Et un col roulé ? » pensa-t-il à haute voix en faisant un tour sur lui-même pour avoir une vue de tous les vêtements qu'il avait jeté au sol pendant sa séance d'essayage. Il en avait un bien spécifique en tête et il devait mettre la main dessus.

Parce qu'il se savait à la fois irrésistible et adorable dedans. Son tissu épais et doux et sa couleur chocolat donnait toujours envie aux gens de prendre Jeonghan dans leur bras. Et ça tombait bien car Jeonghan mourrait d'envie que Marc le sert contre lui.

Ils avaient rendez-vous au restaurant Le Golden (comme Jeonghan l'avait promis quelques semaines plus tôt) et Jeonghan avait pour but qu'ils finissent tous les deux à se faire des câlins. Il considérait que c'était quelque chose qui manquait un peu dans leur relation.

Il n'avait pas à s'inquiéter niveau sexe, ah ça non ! Marc était très... Endurant. Mais en dehors de ces moments d'intimité, ils n'étaient pas très proches.

Comme ils se voyaient beaucoup au travail mais ne pouvaient trop entrer en contact au risque de dévoiler leur relation, Jeonghan avait l'impression qu'on lui privait de quelque chose. Surtout qu'en plus, quand ils se voyaient, ce n'était jamais pour bien longtemps car Marc devait rentrer chez lui pour nourrir son chien.

Bref, tout ça pour dire que ce soir, Jeonghan aurait ses câlins !

Il trouva son col roulé dans le tas de vêtements et le brandit victorieusement.

« Let's go faire tomber des cœurs ! » il sautilla vers la salle-de-bain.

***

La première chose que Seungcheol entendit quand il revint à lui, se fut les sanglots de l’interne. Ensuite, il reconnut la voix de Yongsu et d’un autre médecin de son service.

Il ne pouvait pas comprendre clairement ce qu’ils se disaient mais il savait que Yongsu était en colère.

Il se demanda si c’était de sa faute avant de se faire remarquer à lui-même que c’était une question bête ; bien sûr que c’était de sa faute.

« Docteur Choi ? » demanda timidement l’interne en apparaissant dans le champ de vision réduit de Seungcheol. Il disparut tout aussi tôt, appelant presque désespérément Yongsu.

Celui-ci fut le prochain que Seungcheol vit. Il était tout rouge de colère et ses yeux brillaient comme s’il avait pleuré un peu plus tôt.

Pourtant, quand Seungcheol lui demanda faiblement ce qu’il s’était passé, il répondit d’une voix claire et stable :

« Tu es tombé dans les pommes sur le chemin de la réunion. Si le petit gars t’avait pas rattrapé, tu te serais cassé quelque chose ; c’est sûr.

- Vous avez eu beaucoup de chance. » intervint l’autre docteur.

Seungcheol voulu se redresser mais Yongsu l’en empêcha sans aucune douceur. Seungcheol ne tenta rien à nouveau.

« Est-ce qu’il peut rentrer chez lui ou tu veux encore l’examiner ? » demanda Yongsu à l’autre docteur.

Celui-ci lui donna le feu vert pour ramener Seungcheol à son appartement. Yongsu s’éloigna, expliquant qu'il allait chercher les affaires de Seungcheol et demandant à l’intern d’aller prévenir les quelques médecins en salle de repos de la situation.

Seungcheol attrapa le garçon avant qu’il parte.

« Désolé de la peur que j’ai dû te causer.

- Ce n’est rien, Monsieur Choi. Reposez-vous bien, c’est tout ce qui importe. »

Seungcheol fut heureux de constater autant de bonté en quelqu’un. Il sourit à l’intern, lâcha la manche de celui-ci et reposa sa tête sur l’oreiller.

Avec un peu de chance, Yongsu serait trop inquiet pour disputer Seungcheol.

****

Toc toc

« J'arrive ! » Jeonghan arrangea sa frange, s'assurant que celle-ci avait toujours l'air très douce et dérangée dans un effet de coiffé-décoiffé. Il se posta devant la porte, prit une profonde inspiration et prépara son sourire.

Il ouvrit grand la porte pour que Marc ait une vue complète de son look. Le sourire du blond se décomposa et Jeonghan commença à s'inquiéter. Puis il remarqua le rougissement des joues et du cou de son petit-ami et il gloussa.

« Je te fait tant d'effet que ça ? » demanda-t-il en attrapant sa sacoche. Il glissa son bras autour de celui de Marc et approcha son visage du sien.

Marc balbutia. Jeonghan l'observa un moment, puis ayant presque pitié de lui, l'embrassa tendrement.

« J'ai envie de te rouler dans une couette et te garder pour moi jusqu'à la fin des temps.» articula enfin Marc. Jeonghan se sentit rougir de plaisir.

Sa main glissa doucement le long du dos de Marc ; il prit un grand plaisir à le sentir frissonner. Il atteint sa nuque et tira lentement sur les quelques mèches de cheveux que ses doigts rencontrèrent. Marc serra les dents, ses yeux perçant se posant sur Jeonghan. Il sourit.

« Ah moins que tu préfères un tout autre scénario ? » Jeonghan haussa les épaules. Il s'éloigna de Marc, l'air malicieux.

« Je sais pas encore... » il fit volte-face pour se retrouver face à Marc et se mit à marcher à reculons.

Le blond accéléra le pas et tenta d'attraper Jeonghan qui esquiva de peu sa main. Il n'avait cependant pas prévu que son manteau le trahirait.

Dans l'agitations, l'un des pans se tendit et Marc en profita pour attraper Jeonghan.

Coincé dans ses bras, Jeonghan ne put retenir un cris de surprise. Marc le ramena contre lui et le plaqua contre les portes de l'ascenseur.

« Je vais te dévorer tout cru.

- Doucement, cow-boy. » chuchota Jeonghan en posant, sans pression, sa main sur le buste de Marc.  « Offre-moi d'abord une séance de câlins avant de passer à l’étape supérieure. »

Marc posa ses lèvres contre le cou du châtain. Il mordilla un peu la peau avant de se redresser.

« Bien, qu’il en soit ainsi. »

Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent et Jeonghan serait tombé si les bras de Marc ne s’étaient pas contractés autour de sa taille pour le retenir.

« Après vous, mon cher. » Marc fit un clin d’œil.

*****

Seungcheol fit signe à Yongsu qu’il pouvait partir mais celui-ci le fixait de sa voiture avec attention. Il soupira, montrant visiblement son agacement et entra dans son immeuble. A peine eut-il le temps d’atteindre l’ascenseur que son téléphone vibra dans sa poche.

Il ignora l’agacement profond qu’il ressentit et décrocha ;

« Tu ne veux pas que je rentre chez toi, je l’accepte. Mais alors il faut que tu restes avec moi au tel jusqu’à ce que tu sois couché dans ton lit. »

Seungcheol leva les yeux au ciel.

« D’accord, si ça peut te soulager.

- N’utilise pas ce ton avec moi, monsieur. Je ne suis pas celui qui est tombé dans les pommes en descendant des escaliers parce que je maltraite mon corps.

- Arrête de dire que je le maltraite… »

Yongsu soupira. Seungcheol put parfaitement le voir faire et il sentit son estomac tourné de mal aise.

« Je refuse d’avoir cette discussion avec toi encore. Pas maintenant. Pas après la frayeur que tu nous a faite. T’es chez toi ?

- Ouais… » Seungcheol ferma la porte. Retira ses chaussures avec les pieds et traina sa carcasse jusqu’à sa chambre. Il posa le téléphone sur sa table de chevet et commença à se déshabiller.

« Je ne veux pas te voir à l’hôpital de cette semaine. » dit Yongsu.

Seungcheol voulut protester mais son ami ne lui en laissa pas le temps.

« Les gars et moi, on va se partager tes dossiers et tes rendez-vous. Le secrétariat se chargera de prévenir tes patients.

- Merci. » se força-t-il à dire. Il se glissa dans les draps malgré le fait qu’il mourrait d’envie de faire des choses.

« Ecoute, Seungcheol. Tu as besoin de ce repos. Repose-toi bien, mange mieux et… ça fait combien de temps que tu n’es pas allé faire de la randonnée ? Va faire une petite balade, laisse le soleil réchauffer ta peau et tes poumons absorber de l’air frais. »

Il mentirait s’il disait ne pas trouver l’idée tentante. Il ne se rappelait pas la dernière fois qu’il avait sentit l’odeur de l’herbe chaude et des fleurs sauvages.

Yongsu continuait de parler mais Seungcheol comprenait de moins en moins ce qu’il disait. Allongé dans son lit, immobile, ses yeux commençaient à se faire lourds.
Bientôt, la voix de Yongsu devient qu’un bourdonnement lointain et Seungcheol s’endormit.

******

Jeonghan cala sa tête sur le torse nu de Marc. Un soupir d’aise traversa ses lèvres et Marc frissonna.

« Est-ce que c’est un manière de dire que t’es partant pour un second round ? » demanda-t-il et Jeonghan rigola nonchalamment.

« Non, gros pervers. C’est une manière de dire que je suis particulièrement à l’aise. »

Marc se tourna un peu et coinça encore Jeonghan entre ses gros bras.

Il pourrait vraiment s’y faire ; être entouré comme ça dans un cocon doux et bien chaud.

« Je vais te garder dans mes bras jusqu’au levé du soleil, alors.

- Seulement jusque là ? »

Marc sourit doucement, ses yeux s’attendrirent et sa main vint caresser le dos de Jeonghan.

« Demain soir, on reprendra là où se sera laissés, ok ? »

Jeonghan hocha la tête et Marc lui embrassa le front.

Il ferma les yeux, savourant la chaleur du corps de son petit-ami, les restes de l’odeur de son parfum sucré et le doux sentiment d’être aimé.

A cet instant précis, rien au monde n’aurait pu le dissuader d’être ailleurs.

Sa respiration s’égalisa et il se détendit. Bientôt, il dormait.

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