Chapitre 6

🎶Trying not to love you - Nickelback🎶

Connor

"Je ne savais pas que j'avais des comptes à te rendre."

Bordel, bien sûr qu'elle n'a aucun compte à me rendre, je ne suis pas son putain de p'tit ami. Mais alors pourquoi la regarder quitter le club au bras de cet enculé et non aux miens m'énerve à ce point ? La voir s'empresser de prendre le parti de cet inconnu au lieu du mien m'a foutu la rage au point que j'ai dû prendre sur moi pour éviter de coller une balle en pleine tête de ce connard.

Depuis qu'elle m'a envoyé bouler, je suis comme un con au milieu de ce couloir sombre, les palpitations de mon cœur s'accélèrent et je suis littéralement en train de bouillir de l'intérieur. Je suis à deux doigts de franchir la porte métallique et de courir sur le parking pour la rattraper et si nécessaire, la ramener de force sur mon épaule.

Mais elle ne te doit rien...

Ce constat me ramène violemment à la réalité. Nous ne sommes que des amis, rien de plus. Cette garce peut bien se taper qui elle veut, je ne suis ni son mec ni son père finalement. Qu'est-ce que j'imaginais ? Que le fait de découvrir son secret, même involontairement, m'aurai offert une place particulière dans le creux de son cœur.

Aucune femme ne t'aimera, tu es le mal incarné...

Cette phrase entendue trop souvent durant mon enfance résonne à nouveau dans ma tête et je comprends qu'encore une fois elle avait raison. Je me dirige d'un pas décidé vers le bar en quête d'un remontant qui me fera - je l'espère - tout oublier.

- Un double, sans glace s'il te plaît, demandé-je à Nora qui est debout derrière le bar.

La femme au carré auburn me toise un instant d'un air suspicieux - elle ne m'a jamais vu boire autre chose que des bières - mais pour toute réponse je la fixe amèrement et mon visage ne doit pas être amical car elle détourne rapidement le regard et s'attèle à me servir mon breuvage tant désiré. Le liquide ambré coule et se déverse lentement dans le verre en cristal, et dès qu'elle finit de me servir je le récupère et le porte à mon nez laissant la douce odeur du bourbon distillé en fut de chêne me chatouiller les narines. L'odeur de mes anciennes dépravations. Je ferme les yeux pour profiter de ce moment et vide le contenu d'un coup sec avant d'en demander un deuxième.

Cette fois-ci Nora lance un regard au loin puis la voix de mon ami arrive jusqu'à mes oreilles. La garce putain.

- Connor il t'arrive quoi mec ? s'inquiète Kyle suivi de près par Emmett.

- Je ne suis pas d'humeur les gars, avoué-je en fixant le verre vide devant mes yeux. Nora la même chose, exigé-je à nouveau à la barmaid.

- Connor tu nous fait quoi là ? réplique le brun en glissant mon verre à nouveau rempli, jusqu'à lui sur le comptoir.

- J'ai besoin d'un verre, tu es ma putain de psy ou quoi ? claqué-je d'un ton froid en toisant Emmett d'un regard noir.

Nous nous dévisageons durement pendant un long moment sans prononcer un seul mot et rapidement mon ami face à moi prend une toute autre posture, laissant place à mon chef et bras droit du réseau.

- Casses pas les couilles Connor, s'agace-t-il en buvant cul sec le verre qui m'était destiné.

- Vous me faites chier bordel ! Je rentre... m'emporté-je avant de contourner le bar et récupérer les clés de la voiture d'Emilie. Je prends ça, je suppose qu'elle n'en aura pas besoin ! craché-je amèrement à l'attention des deux hommes face à moi en agitant les clés sous leur nez.

________

Vingt-sept, vingt-huit... Je commence à faire les cents pas dans ma chambre pour essayer de penser à autre chose. Je suis comme un lion en cage et je n'arrive pas à me calmer. Cette garce à la chevelure dorée et aux yeux aussi bleus que les eaux cristallines d'un lac de montagne, me rend dangereusement faible. Mes émotions contradictoires se mélangent et je la déteste pour ça. Je déteste qu'elle réussisse à me faire ressentir toutes ses sensations.

Deux cent quatre-vingt-dix, c'est le nombre de jours durant lesquels je n'ai pas bu une seule putain de goutte d'alcool fort et à cause d'elle, ce soir j'ai renoué avec mes penchants obscurs. Si Emmett n'était pas intervenu, Dieu seul sait jusqu'où j'aurais pu aller avant de réussir à me contrôler.

Il est hors de question que mes démons intérieurs reprennent possession de mon corps. Je dois absolument me vider la tête, la faire sortir de mon esprit. Et la seule chose qui peut m'empêcher d'aller récupérer une bouteille dans le bar de la propriété et de me laisser porter jusqu'à ne plus réussir à penser, c'est de me dépenser jusqu'à ne plus avoir aucune énergie.

🎵Je me dirige alors dans le fond de la pièce où trône un vieux sac de frappe maintenu par une chaîne métallique accrochée à une poutre en bois. J'enfile mes gants de boxe et commence à enchaîner les coups. Gauche, droite, gauche, droite.

Au bout d'une heure, après avoir enchaîné les coups de poings, uppercut et fini par m'acharner dessus à coup de pied, je suis complètement lessivé et l'envie de renouer avec mes mauvaises habitudes a disparu.

Pour le moment...

J'inspire puis expire pour calmer ma respiration chaotique dû au trop plein d'adrénaline et enlève mes gants pour récupérer mon paquet de clopes posé sur la table de nuit en bois qui est installée à gauche de mon lit. J'ouvre la baie vitrée et mes pieds nus foulent le sol en béton du balcon. La sueur qui perle le long de mon échine déclenche des frissons et hérisse mes poils au contact du froid polaire de ce mois de janvier.

J'aurais de la chance si je n'attrape pas la crève.

Les avants bras appuyés contre la barrière en ferraille, je tire sur la cigarette en contemplant le clair de lune brillant dans la nuit. Celle-ci trône fièrement au milieu du ciel comme pour guider les âmes perdues qui errent dans l'obscurité.

Quelques lattes plus tard, ma respiration redevient de plus en plus normale mais mes pensées, elles, sont toujours dirigées vers une seule personne.

Est-elle encore, à cette heure-ci, blotti dans ses bras ? Se sent-elle épanouie grâce à lui ?

Et puis merde, je m'en contre fou après tout. Si elle est heureuse avec lui, grand bien lui fasse. De toute façon cette femme est insupportable alors imaginer être plus que des amis serait creuser ma propre tombe. Avec son apparence de pétasse légendaire et son caractère à la con, je ne nous donne pas deux jours ensemble avant de s'entretuer. Elle est pipelette, têtue comme une mule et elle s'est forgé une carapace pour ne pas montrer ses faiblesses. Et de mon côté je ne suis pas un putain de psychologue...

Je refuse qu'elle hante mes pensées et me torture l'esprit encore plus longtemps alors je jette mon mégot dans le cendrier extérieur et retourne à l'intérieur. Je contourne mon lit pour récupérer mon téléphone posé lui aussi sur un coin de ma table de nuit et j'enclenche ma playlist qui ne tarde pas à résonner dans les enceintes accrochées au plafond.

Je détache ma ceinture, déboutonne mon pantalon et retire mon boxer avant de me diriger dans la salle de bain. L'avantage de vivre dans la somptueuse propriété de Marco c'est d'avoir une pièce assez grande pour contenir un dressing et une salle de bain attenante à ma chambre. Un réel changement comparé à mon ancienne piaule que j'avais chez ma mère. Elle faisait à peine dix mètres carrés avec des murs moisis et un pauvre matelas sur un sommier pourri à même la moquette. Ma chère mère préférait liquider le peu d'argent qu'elle avait pour se droguer plutôt que pour meubler confortablement notre appartement.

Je me glisse sous le jet et laisse l'eau chaude ruisseler sur mes muscles tendus par l'effort et je pose mon front à même le mur en faïence froide laissant mon esprit divaguer vers le passé.

Je me rappelle d'une nuit vers mes quatre ans. J'avais eu le malheur de me pisser dessus de peur car elle s'était barrée pendant plus de cinq heures me laissant seul, enfermé dans ma piaule insalubre. Quand elle m'avait découvert, recroquevillé dans un coin de la pièce, le pyjama souillé par ma propre pisse, elle s'en était prise à moi.

Ma mère avait déversé sa colère à l'aide de coups de poing et de coups de pied, les uns plus violents que les autres, marquant mon visage et mon corps frêle d'énormes bleus. Ce soir-là elle avait pris cette excuse pour se défouler une nouvelle fois sur moi, mais malgré mon jeune âge, j'avais appris à reconnaître les moments où elle était en manque. Et c'était clairement le cas. Ce jour-là son dealer avait sûrement encore une fois refusé de lui faire crédit et elle n'avait pas eu sa dose de cocaïne...

Soudain la sonnerie de mon téléphone retentie dans les enceintes me tirant de ces mauvais souvenirs pour me ramener à la réalité.

Je ferme le robinet, attache la serviette autour de ma taille et récupère mon téléphone. Mes lèvres s'étirent en un léger sourire narquois quand je vois le nom de la personne qui m'appelle.

- Alors Blondie ton rencard n'était pas à la hauteur de tes attentes pour que tu te sentes obligée de m'appeler à 3h00 du mat' ? blagué-je en décrochant.

- Connor... Je... j'ai besoin d'a...

Au son de sa voix brisée et comprenant sa détresse, mon cœur se comprime à l'intérieur de ma poitrine, laissant mon cerveau et mon corps agir en symbiose. Toute la rancœur et la colère que j'ai ressenti il y a quelques heures disparaissent au profit d'un tout autre sentiment.

L'inquiétude.

Après l'avoir rassuré au téléphone et lui avoir indiqué que j'arrivais tout de suite, je me dépêche de récupérer un jogging et un tee-shirt dans mon armoire. Je rabats mes cheveux encore mouillés sur le dessus de mon crâne laissant certaines mèches rebelles dégouliner le long de mes tempes, trempant le tissu en s'échouant sur mon torse.

Encore une raison pour attraper la crève.

Je récupère ses clés de voiture et descends les escaliers de la propriété en quatrième vitesse avant de m'engouffrer dans son Audi TT.

J'ai l'air fin avec mon mètre quatre-vingt-quinze dans sa bagnole, franchement.

Par contre je ne regrette pas les 300 chevaux sous le capot, qui m'ont permis d'arriver en un rien de temps en bas de son immeuble. Je sors en trombe de l'habitacle et pénètre dans le hall d'entrée, prenant la direction des escaliers toujours aussi pressés.

Arrivé au troisième étage, je me dirige devant sa porte d'entrée pour toquer. Mais après quelques instants à attendre, personne ne vient ouvrir et je commence à craindre qu'elle ne m'ait pas écouté et qu'elle se soit fait encore plus de mal. Je presse la poignée mais la porte est fermée à clé.

Bordel de merde !

J'abats mon poing de rage contre la porte et quand je commence à m'éloigner pour me préparer à défoncer la porte, j'entends le cliquetis de la serrure et Emilie apparaît tremblante sur le pas de la porte, encore plus brisée que je ne le pensais. Ses cheveux blonds initialement soyeux sont tout emmêlés et les pointes sont mouillées, les larmes ont fait couler son mascara recouvrant ses jolies pommettes rosées d'une couleur charbon.

Nous nous regardons sans prononcer un mot pendant quelques secondes avant qu'elle se jette à mon cou laissant ses sanglots éclater contre mon épaule.

*****

Alors ce PDV de notre psychopathe adoré ?

Pour connaître la finalité de cette soirée vous devrez attendre encore un peu 😜

Xoxo
Liv.

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