Chapitre 5

TW : Automutilation

🎶 If you only knew - Alexander Stewart 🎶

Emilie

Mes mains autour de la nuque du beau brun, nous nous déhanchons au rythme de la musique et je ne sais pas si c'est le physique avantageux du fameux Pedro ou si c'est le fait que Connor n'a pas dévié son regard une seule fois de nous qui me rend aussi fébrile. Mais la tension ne cesse d'accroître et les sensations à l'intérieur de mon corps se bousculent.

J'ai soudain une forte envie de sentir la pulpe des doigts de l'inconnu parcourir l'entièreté de mon corps. Qu'il me caresse et répare mes cicatrices à l'aide de baisers endiablés. Qu'il brise mes chaînes et fasse tomber mes barrières pour que je puisse à nouveau supporter le contact d'un homme.

Est-ce que je réussirais à ne pas être dégoûtée quand viendra le moment où il posera les mains sur ma peau nue ? Est-ce que je le laisserais découvrir les traits de ma personnalité, brisée ? Le laisserais-je découvrir ce que j'inflige à mon corps en secret ? Et sera-t-il apeuré par la monstruosité de mes actes ou, au contraire, arrivera t'il à me rassurer et me guérir de mes penchants néfastes ?

J'aimerais me rassurer face à toutes ces questions en me disant qu'il y arrivera, que cette fois-ci c'est le bon. Mais je sais au fond de moi qu'il n'a rien de plus que tous les précédents et que je suis bien trop ancrée dans mes ténèbres pour qu'un simple flirt de boîte de nuit me fasse remonter la pente.

J'ai abandonné depuis bien trop longtemps, personne ne pourra me sauver...

Le DJ enclenche le compte à rebours pour fêter la nouvelle année et c'est le moment parfait pour s'éclipser. Le jeu de séduction a assez duré et il est temps de passer à la vitesse supérieure.

Je m'approche de son oreille et d'une voix douce et sexy je lui murmure que je compte fêter les premières heures de cette nouvelle année chez moi et que j'aimerais qu'il m'accompagne. À peine une seconde s'écoule avant que Pedro accepte mon invitation, un sourire radieux en guise de réponse.

Quand nous nous dirigeons vers la sortie main dans la main, Connor a disparu de mon champ de vision et je me demande bien si lui aussi a trouvé chaussure à son pied et rentrera accompagné ce soir. Et surtout, pourquoi ça m'intéresse autant bordel ?
Sur la piste non loin d'où j'étais, Riley a pris la place d'Emmett aux côtés de Mia, la belle brune est inépuisable ce soir, et les garçons sont installés sur un canapé rouge dans le renfoncement, ne loupant rien des prouesses des deux jeunes femmes. Tout le monde a l'air d'être occupé alors personne ne s'inquiétera de mon absence.

Nous longeons le couloir vers la sortie quand nous tombons nez à nez avec celui que je fuis comme la peste. Il nous dévisage un instant puis pose son regard meurtrier sur l'homme à mes côtés.

- Je peux savoir où tu vas comme ça ? demande Connor froidement en reportant ses yeux sur moi.

- Pas vraiment non ! Je ne savais pas que j'avais des comptes à te rendre.

Mon ton acerbe a le don de l'agacer encore plus. Sa mâchoire se crispe et ses poings se serrent à tel point que je crains qu'il les abattent à tout moment sur l'homme qui tient ma main fermement.

- Il y a un problème ? s'étonne Pedro en posant un regard interrogateur sur moi.

- Non il...

- Oui, TOI ! crache Connor me coupant la parole, tout en continuant de le toiser de toute sa hauteur.

Même si les deux hommes font la même taille, Connor prend inévitablement le dessus. Sa carrure et son aura dangereuse en imposent, rendant son adversaire tout petit face à lui.

- Je ne suis pas sûr qu'elle soit du même avis que toi, dit-il en me déviant son regard dans le mien. Donc c'est plutôt toi qui dérange, mon pote, lâche Pedro en gloussant avant d'être projeté violemment contre le mur.

- Je t'assure que c'est toi le problème et si tu fermes pas ta gueule, je vais vite le régler, mon pote, le menace Connor en le tenant fermement contre le mur, son avant bras sur son torse.

Je me décale entre les deux testostérones ambulantes pour calmer le jeu et éviter que la situation dégénère mais l'incarnation du mal danse dans les pupilles du brun face à moi. Il se penche légèrement au niveau de mon visage comme pour me menacer, et sa proximité déclenche une sensation incontrôlable à l'intérieur de mon corps. Son parfum sauvage et masculin, aux fragrances de vanille boisé et ambré, vient chatouiller délicieusement le bords de mes narines et je retiens ma respiration comme pour m'empêcher de commettre une erreur en abandonnant mon rencard au profit de ses yeux ténébreux.

Mais pourquoi ferais-je ça ?

Peut-être parce que c'est le mal incarné et que tu n'as qu'une envie... Sombrer à ses côtés.

- Vas jouer ailleurs Connor, je ne te dois rien du tout ! craché-je d'un ton méprisant en le repoussant, puis j'attrape de nouveau la main de mon rencard pour reprendre la route en direction de la sortie sans plus de formalités.

Durant le trajet jusqu'à mon appartement, Pedro parcourt la peau de ma cuisse laissée nue par mon short, tout en essayant d'apprendre un peu plus à me connaître.

Un flot de sensations contradictoires se déchaîne dans tout mon être. Je me crispe par moment, ressentant une brûlure à chaque endroit qu'il caresse et aime la sensation de son toucher la seconde d'après. J'essaie de prendre sur moi, de contenir mes émotions du mieux que je peux pour ne pas lui retirer sa main violemment.

Je dois reprendre le contrôle que mon esprit a sur mon corps, réussir à annuler cette malédiction que m'a laissée Jacob après son passage dans ma vie.

- Je peux au moins connaître ton prénom ? demande mon rencard me sortant de mes pensées.

- Est-ce si important ? On sait tous les deux qu'après ce soir on ne se reverra plus.

- Et si moi j'en ai envi ? Te revoir je veux dire ?

- N'en soit pas encore si sûr...

Son visage change et se charge d'incompréhension, ne comprenant pas ce détachement soudain. À mon avis il ne se doute pas que derrière mon joli minois blond se cache une femme au caractère détaché et peu sensible.

Arrivés devant la porte de mon appartement, je cherche mes clés pendant que dans mon dos, Pedro dégage ma chevelure blonde sur l'une de mes épaules pour venir déposer pleins de baisers le long de ma nuque.

La porte s'ouvre et à peine je la referme que je le colle contre le mur reprenant l'ascendant sur la situation. Mes lèvres contre les siennes cherchent ardemment la délivrance. Ma langue se fraye un chemin à l'intérieur de sa bouche pour trouver la sienne. Elles s'unissent, s'entrechoquent, se lancent dans une danse endiablée.

Il retire ma veste, la laissant glisser le long de mes bras pour s'échouer sur le sol de mon entrée, et tout en essayant de lui retirer son tee-shirt, je le guide à travers l'appartement. Arrivés dans le salon, je le pousse pour qu'il s'assoit sur le canapé et il me scrute, désireux d'en avoir plus.

Je passe mes jambes de chaque côté du brun me positionnant à califourchon sur ses genoux et laisse mes ongles manucurés caresser ses épaules musclées, quand à son tour il glisse ses mains dans mon dos et entreprend de retirer mon haut. Je lève les bras pour l'aider à enlever mon crop-top, me retrouvant nue, la poitrine cachée derrière ma dentelle. Ses lèvres embrassent délicatement la naissance de celle-ci tout en continuant de me caresser le dos avec la pulpe de ses doigts.

Soudain, ses douces caresses se transforment petit à petit en millions d'aiguilles plantées dans mon épiderme.

Tout ça c'est dans ta tête, contrôle ton corps...

- Est ce que tout va bien ? demande Pedro en constatant mon retrait soudain.

- Oui oui, pardon. Ne t'arrête pas.

Sans plus de cérémonie, il pose à nouveau ses lèvres sur les miennes et les sensations se mélangent. Des larmes se créent dans le coin de mes yeux et je refreine une nouvelle fois l'envie de le repousser. Je ferme les yeux pour retenir les larmes qui menacent de couler et inspire profondément.

Tout ça c'est dans ta tête. Tu peux le faire...

Le brun passe ses mains sous mes fesses pour me soulever délicatement et inverser nos positions. Allongée sur le canapé, il se met entre mes cuisses et fait glisser lentement ses doigts entre mes seins, descend le long de mon ventre plat puis dépose un tendre baiser sous mon nombril. Pendant que sa main droite déboutonne mon short avec agilité puis baisse ma fermeture éclair, le visage de Jacob apparaît se confondant avec celui de Pedro. Cette vision me met dans un état de transe, une bile acide se forme dans ma gorge et grossit à mesure qu'il explore une nouvelle partie de peau.

🎵Je ferme les paupières, encore une fois, priant pour que tout ça disparaisse et quand je les ouvrent, je souffle voyant que ce n'est que le fruit de mon imagination. Pedro se tient bien là face à moi et non pas mon ancien bourreau.

De son côté, mon rencard continue de me déshabiller en faisant glisser le vêtement prêt à dévoiler les vestiges de mon passé et une goutte de sueur perle le long de mon front face à cette nouvelle hallucination.

- STOP ! hurlé-je sans pouvoir me contrôler en posant mes mains sur les siennes stoppant tout mouvement.

Tremblante et haletante, je me soustrais de ses mains, me relève rapidement pour rattacher mon short et enfiler mon haut. Je continue de m'éloigner de lui, le regard brouillé par les larmes qui ne vont pas tarder à s'échapper et mon cœur qui menace de bondir de ma poitrine.

Pedro se relève aussi vite que moi, la respiration hachée ne comprenant pas ce qu'il a fait de mal - rien justement - et il ne sait pas comment agir visiblement. Je pense qu'il n'a pas l'habitude de rencontrer une femme qui, après l'avoir allumé lui hurle d'arrêter.

- Je suis désolé je ne peux pas, j'y arrive pas, expliqué-je déboussolée.

- Est-ce que j'ai fais quelque chose de mal ?

- Non... tu n'y est pour rien... c'est juste qu... balbutié-je en reculant jusqu'à ce que mon dos heurte le mur.

Pantelant, il s'approche de moi en me murmurant :

- Mais parle-moi, qu'est-ce qui ne va...

- VA-T'EN ! crié-je apeurée qu'il s'approche à nouveau de moi. J'ai dit... Va.T'en... S'il te plaît, bégayé-je submergée par toutes les émotions qui m'assaillent.

Je me laisse glisser contre le mur, mes mains agrippées fermement à mon cuir chevelu comme pour m'accrocher à la réalité, et ne pas succomber aux fantômes du passé.

Le bruit de la porte qui claque m'annonce qu'il est parti me laissant dans un silence pesant, avec pour simple compagnie ma respiration hachurée s'accordant aux palpitations de mon cœur désordonnées.

Je me lève précipitamment vers la porte d'entrée pour la fermer à clé et appuie mon dos contre celle-ci. Tout en essayant de me calmer, j'essuie les gouttes salées qui ont envahi mon visage et je me dirige dans la cuisine en quête de réconfort.

Je récupère la bouteille de vin confortablement installée dans le frigo - du chardonnay mon préféré - puis sers le contenu dans un verre à pied que je bois cul sec. L'alcool coule le long de mon œsophage, pour se répandre délicatement dans mon corps et venir cajoler mon âme.

Je porte à nouveau le verre rempli à mes lèvres et recommence, encore et encore, jusqu'à ce qu'il ne reste plus aucune goutte dans la bouteille.

Le corps sans aucune énergie et titubant, l'âme brisée et vide, je marche en direction de ma salle de bain à la recherche d'un soulagement bien plus profond. Je récupère mon objet de torture, presse la molette avec mon pouce et admire la flamme orangée danser devant mes yeux.

L'intérieur de mes cuisses me démange à travers mon short en jean et l'envie de me punir pour ce nouvel échec est bien trop forte. Alors je recommence mon rituel : je déboutonne mon vêtement le laissant glisser le long de mes jambes fines, dévoilant ma nudité cachée par mon string noir. Je me laisse glisser le long du mur, et presse une nouvelle fois la molette.

Les larmes reprennent de plus belle, je serre les dents, ferme les yeux et la main tremblante, j'approche la flamme de ma cuisse. Le feu embrase ma chair et cette douleur qui est normalement délicieusement vive ne me fait... Rien. Strictement rien. Je ne sens aucun soulagement, aucune rédemption. Ma souffrance est toujours là, ancrée au plus profond de mon être.

Si même cette torture ne me soulage plus, rien ne pourras me sauver.

Je suis condamnée à vivre avec une âme torturée et brisée à tout jamais.

J'envoie le briquet valser contre le mur en face de moi laissant ma colère s'exprimer. Les tremblements reprennent à nouveau et je sens mon esprit se déconnecter de la réalité petit à petit. Mon corps ne cesse de se battre alors que mon esprit, lui, ne souhaite qu'une chose : finir de mourir.

Car ce soir-là, Jacob ne m'a pas tué physiquement mais il a anéanti tout ce qui était à l'intérieur de moi.

J'attrape mon portable logé dans ma poche arrière de short, fais défiler le répertoire et appuie sur ce numéro maudit.

- Alors Blondie ton rencard n'était pas à la hauteur de tes attentes pour que tu te sentes obligée de m'appeler à 3h00 du mat' ?

- Connor... Je... j'ai besoin d'a...

Sentant la panique au bout du fil, son air redevient aussitôt sérieux :

- Emi, qu'est-ce qui se passe ? Où es-tu ?

- Je n'en peux plus. La douleur ne me fait plus rien... C'... C'est trop dur, sangloté-je en essayant de faire le vide dans mes pensées obscures.

- Ne t'en fais pas ça va aller, dit moi où tu es ?

- Chez moi, dans ma... salle de bain av... avec mon briquet.

À travers le téléphone je n'entends plus le son de sa voix mais le bruit d'un interrupteur et d'une porte qui claque violemment résonne dans le combiné, puis il conclut en m'indiquant :

- OK j'arrive. Tu m'entends, je pars tout de suite. Tout va bien se passer.

*****
Hello tous le monde 😁

Alors ce chapitre quoi en dire 😱 il m'a pris tellement de temps, je voulais faire les choses bien, vous faire passer par tout les émotions possibles en même temps que notre pauvre Emilie et j'espère que c'est réussi 😈

Ce petit enemies to lover qui s'installe me plaît pas mal et vous ? 😅

Et Connor que pensez vous de sa réaction ?

Xoxo
Liv.

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