Chapitre 37
Connor
Je regarde Emilie s'éloigner une nouvelle fois et je dois vraiment me faire violence pour ne pas tout envoyer bouler pour l'attraper sous le bras et me tirer loin d'ici avec elle.
Une petite partie de mon cerveau me rappelle à l'ordre en me disant que tout ne tourne pas autour de nous pour le coup. Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur ce qu'il se passe entre ces murs. Il faut arrêter ce réseau et sauver ces pauvres femmes.
Putain, depuis quand je suis devenu un mec qui se soucie des autres ?
J'ai surtout très envie de faire souffrir cet enculé de psychologue pour tout ce qu'il a osé faire. Je vais lui faire regretter d'avoir un jour croisé la route de la femme que j'aime.
Une petite mise au point façon Connor Hawkins est nécessaire.
Je me frotte les mains en imaginant les différentes façons dont je vais pouvoir le torturer. Ça fait un bail que je n'ai pas eu quelqu'un sur qui passer mes nerfs. Pouvoir renouer avec la seule partie de noirceur qui ne me rebute pas, me réjouit.
Je reste posté à côté de mon pote en continuant d'imaginer quelle partie de son corps, je lui arracherais en premier quand de nouvelles instructions surviennent dans l'oreillette.
- Connor, Kyle, je viens de mettre au courant les jumeaux et Emmett. Ils viennent de finir une livraison à Manhattan, donc ils sont en route pour venir en renfort. De votre côté, vous allez devoir procéder en deux temps. Il faut réussir à faire entrer les gars avec le 4x4 le plus proche de la porte de service et ensuite convaincre notre cible de vous suivre jusqu'au piège.
- Je sais exactement comment on va procéder, ajoute Kyle en détaillant l'infirmière devant nous. Becky, êtes vous sûre de vouloir nous aider ?
La femme nous regarde d'un air déterminé avant d'acquiescer.
- J'ai fini mon service depuis longtemps, donc si je suis ici, c'est pour aller jusqu'au bout. Dites moi ce que je dois faire ?
Mon ami me jette un coup d'œil et nous n'avons pas besoin de parler pour comprendre à quoi pense l'autre. Nous hochons la tête simultanément et il commence à lui expliquer tout ce que nous avons découvert dans les grandes lignes pour ne pas perdre trop de temps.
Le visage de Becky se décompose à mesure qu'elle découvre ce qui se passe dans cet endroit. Son teint pâlit au rythme de ses émotions en passant par l'incompréhension. La peur. La déception, puis enfin la colère.
À la fin de notre récit, ses yeux sont emplis de tristesse et une ride au milieu du front se crée quand elle fronce les sourcils.
- Je ferais tout ce qu'il faut pour arrêter cette ordure, affirme-t-elle, plus déterminée que jamais.
- Bien. Alors voilà comment on va procéder. Continuer ce que vous avez à faire comme si de rien n'était pendant une dizaine de minutes, le temps de laisser nos amis arriver en renfort. En attendant, je vais essayer de rallier une autre personne à notre cause, indique le blond en faisant référence à son nouveau collègue Ted.
L'infirmière hoche la tête de temps en temps pour montrer qu'elle comprend comment elle doit agir, puis je prends à mon tour la parole.
- Dès que nous serons prêts, vous irez trouver le docteur Barocchi en lui demandant de l'aide pour une patiente incontrôlable. Trouver une excuse qui tient la route pour l'emmener vers le couloir le plus proche de la porte de sortie. Une fois que ce sera fait, nous prendrons le relais, dis-je pendant que mon pote commence à s'éloigner.
Elle s'essuie nerveusement les mains sur son uniforme blanc, alors j'ajoute pour la rassurer :
- Je resterais non loin de vous pour m'assurer que vous ne risquez rien.
Elle acquiesce de nouveau et nous nous séparons.
Allez qu'on en finisse une bonne fois pour toutes.
- Riley, les gars en sont où ? demandé-je tout en me cachant dans un recoin du couloir sans perdre de vue Becky.
- C'est Emmett qui conduit, donc je dirai qu'ils seront là dans moins de cinq minutes.
- OK, de mon côté, ça ne va pas tarder à être bon, nous informe Kyle dans l'oreillette.
De mon côté, la concentration est au maximum. Il est hors de question qu'il nous échappe encore une fois ou que nous devons décaler le plan à nouveau.
J'en peu plus de cet hôpital à la con.
Cette mission doit prendre fin ce soir, quoi qu'il arrive.
L'infirmière reprend naturellement son poste pendant que je garde un œil sur elle un peu plus loin.
Après plusieurs minutes, la geek nous informe que les mecs sont devant le portail et attendent de pouvoir entrer. Kyle nous dit qu'il a réussi à convaincre Ted de nous aider et qu'il gère l'entrée des renforts du côté de la sortie de secours comme prévu. Bien sûr, il reste avec l'infirmier pour s'assurer qu'il ne nous la fasse pas à l'envers.
Becky lève le nez vers moi comme si elle sentait que c'était le moment pour elle de passer à l'action. D'un signe du menton, je lui indique qu'elle doit y aller. Elle hoche la tête en réponse et se dirige vers les bureaux pendant que je sors de ma cachette pour aller près du local ménager où je me suis retrouvé coincé la dernière fois avec Emilie.
Mes lèvres s'étirent dans un sourire au souvenir de cette nuit-là et aux sensations que j'avais ressenties collé contre son corps.
Notre proximité, le danger de se faire prendre avait fait monter mon excitation et il avait fallu tout mon self-contrôle pour ne pas la prendre sauvagement entre deux étagères métalliques.
- La voiture est juste devant, m'indique le blond en arrivant à ma hauteur, me sortant de mes pensées lubriques. Tu as tout ce qu'il faut ?
Je récupère un chiffon posé sur le chariot de ménage un peu plus loin et lui met sous le nez. Il me tend alors une bouteille d'alcool qu'il a dû prendre dans l'armoire à pharmacie. Je l'ouvre pour imbiber le tissu et repose le flacon sur le chariot. Ni vu ni connu.
Je roule des épaules et fais craquer mon cou quand la geek nous annonce qu'ils arrivent.
- J'ai mis les caméras en boucle, vous pouvez y aller.
- OK, tu fais diversion pendant que je l'attrape par derrière, proposé-je à mon ami avant de resserrer le chiffon dans ma paume.
- Je sais que la levrette, c'est ton dada, mais c'est pas très fair-play si tu veux mon avis.
- Ton avis j'men cogne alors ferme là, Winters ! je rage en secouant la tête face au blond qui se bidonne.
Pas moyen qu'il se tienne à carreaux celui-là.
Mon pote reprend son sérieux quand il aperçoit Barocchi avancer vers nous et il part à sa rencontre. Feignant d'être trop accaparé par l'écran de son téléphone, il le percute d'un coup d'épaule.
- Vous ne pouvez pas faire attention, beugle le psychologue contre Kyle en se tournant dos à moi.
L'italien peste contre le non-professionnalisme du faux agent de sécurité et j'en profite pour m'avancer discrètement.
Becky se décale quand je passe mon bras devant lui et plaque la paume de ma main enroulée du chiffon imbibé sur son visage. Le médecin se débat quelques minutes en marmonnant des choses inaudibles avant de s'effondrer comme un poids mort dans mes bras.
- Bien joué, vieux, me félicite Kyle en se retournant vers moi.
Puis, il se dépêche d'ouvrir la porte de service avant que quelqu'un nous repère.
Immédiatement, les jumeaux et Emmett apparaissent dans mon champ de vision et viennent m'aider à porter le doc' jusqu'à l'intérieur du coffre du 4x4 noir.
Emmett attrape ses jambes pendant que Mason ouvre la porte. Nous le portons à bout de bras avant de le lâcher sur la moquette grise anthracite de l'habitacle.
- Partez devant, je dois aller récupérer Emilie, annoncé-je à mes amis avant de tourner les talons.
- Tu es sûr que ca ira ? demande Emmett derrière moi.
- Ouep foutez le camp avant de vous faire griller, je vous rejoins directement.
Sans un mot de plus, je retourne à l'intérieur et referme la porte de service.
- Qu'allez-vous faire de lui ? demande l'infirmière qui est restée stoïque face à toute cette manœuvre.
- Ne vous inquiétez pas pour ça, on gère, assuré-je en lui attrapant l'une de ses mains.
Je fouille dans mon sweat noir et en ressors une liasse de billets que je lui colle dans la paume.
- Cadeau pour le dérangement, indiqué-je avec un clin d'œil avant de partir en direction de la chambre 310.
D'un pas pressé, je me dirige vers l'escalier central et monte les marches quatre à quatre. Arrivé au deuxième étage, je repère une plaque accrochée au mur qui indique l'emplacement des chambres.
Les 300 à 340 se trouvent au troisième alors je prends à nouveau l'escalier.
Mes pieds foulent la dernière marche quand un cri d'effroi résonne dans le fond du couloir.
Mes jambes se mettent à courir vers la fameuse chambre et quand j'ouvre la porte, j'aperçois Emilie assise sur le sol, les genoux repliés qui fond en larme.
Sans même me regarder, elle m'implore entre deux sanglots.
- Non, ne t'approche pas.
Je ne l'écoute pas. Je m'avance doucement vers elle et m'accroupis à sa hauteur. Je pose mon index sous son menton pour relever son visage.
Elle relève la tête, les yeux mi clos et quand elle les ouvres, je capte son regard voilé de tristesse.
- Qu'est-ce qui se passe, blondie ? demandé-je en essuyant une larme qui s'échoue au dessus de sa pommette.
- Je... j'ai perdu... Elle est morte.
Elle bégaie, renifle et n'arrive pas à formuler une phrase qui a du sens.
Je ne comprends pas ce qui se passe, ni qui est mort.
Je retire mon index de sa peau humide pour me relever. Aussitôt, elle replonge sa tête dans ses mains pour laisser éclater de nouveaux sanglots.
La fenêtre grande ouverte attire mon attention. Je fais un pas pour regarder dehors.
Le ciel est rempli d'une multitudes d'étoiles et la lune est pleine en son centre, mais le paysage change radicalement quand en penchant la tête vers le sol, j'aperçois le corps inerte d'une femme.
- Fais chier...
Sa fameuse amie. Celle qu'elle voulait sauver et la faire quitter cet endroit morbide n'a malheureusement pas été de cet avis.
Je m'assois aux côtés de ma blonde avant de la prendre tendrement dans mes bras.
- Hey, viens par là.
Réticente pendant un instant, elle finit par se laisser aller contre mon torse pendant que je lui caresse les cheveux en essayant de la réconforter.
Son corps qui était pris de spasmes se détend peu à peu et sa respiration se calme.
- Je suis vraiment désolé pour ton ami. Mais nous devons quitter cet endroit. Tout de suite, dis-je au bout d'un moment, ne voulant pas risquer de nous faire prendre.
- Je ne vais nulle part. Vous aviez tous raison finalement, c'était une bonne chose de m'enfermer. Tout le monde meurt à cause de moi.
- Ne dis pas n'importe quoi, râlé-je plus fort que je ne l'aurais voulu. Tu n'y es pour rien, tu n'aurai rien pu faire. Ce n'est pas ta faute.
Elle se décale pour me faire face et tout en fronçant les sourcils, elle ajoute.
- Tu vois ce que ça donne quand j'ouvre mon cœur et que les personnes s'accrochent à moi. Eh bien, elle meurt et je ne veux pas que tu sois le prochain.
- Je suis un grand garçon pour savoir ce qui est bon pour moi ou non, mi corazón. Je t'assure que tu es de loin la plus belle chose qui m'est arrivée depuis des lustres. Et si je dois courir se risque pour ne serait-ce que quelques instants supplémentaires à tes côtés, je m'en contre fou.
Je me relève et la surplombe de toute ma hauteur.
- Je te rappelle que je suis égoïste, alors il est hors de question que je te perde à nouveau. Si je dois te porter sur mes épaules pour te faire sortir d'ici, soit ! lancé-je en lui tendant la main qu'elle finit par attraper après plusieurs secondes d'hésitation.
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