Chapitre 34
Kyle
Réussir à coincer ce psy à la con sans y laisser des plumes. Une mission simple et tout à fait dans mes cordes, en théorie, car pour celle-ci, chaque détail compte.
Mon amie est en première ligne du danger, donc tout le réseau est à cran. La tension qui règne depuis qu'Emilie a été envoyée dans cet hôpital est pire que tout ce qu'on a connu. Et j'ai peur que si nous échouons, le réseau finisse par imploser.
Après un clin d'œil à la femme dont mon meilleur pote est tombé amoureux et un checke aux jumeaux, je regarde ma montre.
J'ai exactement cinq minutes avant que les gardes ne fassent leur ronde et passent dans cette aile reculée du bâtiment.
Un jeu d'enfant...
Rapidement, je prends la direction de la forêt, récupère la pince coupante à l'arrière de mon pantalon cargo noir et me baisse pour couper le grillage rafistolé.
Une fois le trou assez grand pour que je puisse passer, je me glisse à travers et rejoint la cour. Je rabats la capuche de mon sweat pour dissimuler au mieux mon apparence dans la faible pénombre du début de soirée.
- Kyle, tu peux y aller, il n'y a personne sur ton chemin, mais n'oublie pas que tu as cinq minutes. Pas une de plus.
- Et bah, même pas un peu d'encouragement. J'attendais mieux de ta part, lancé-je en me dirigeant vers le bâtiment. Du genre vas-y beau blond, je suis derrière toi avec les pompons...
- Bordel, ferme là et avance, me rembarre Riley dans l'oreillette.
Un sourire en coin se dessine sur mon visage, pendant que j'arrive à la hauteur de la porte vitrée. Je pénètre silencieusement dans le couloir, en essayant de faire le moins de bruit possible.
- Je viens de mettre en boucle la caméra du couloir. Continue tout droit et tu tomberas sur l'armoire électrique.
Sans un mot, je mets en action ses indications tout en restant concentré.
Cet endroit pourrait clairement servir pour tourner un film d'horreur.
- Quand tu es devant, ouvre l'armoire pour pouvoir connecter l'appareil.
Pendant que j'avance, mes yeux tombent sur un boîtier rouge accroché au mur et j'ai soudain une idée beaucoup plus rapide.
Et surtout, moins chiante...
J'arrive près du boîtier en hésitant un instant, puis, sans réfléchir plus longtemps, je casse la fine vitre et actionne l'alarme incendie de l'hôpital.
- Mais qu'est-ce que tu fous bordel ?!
- J'accélère le mouvement, Collins.
D'un coup, le bruit insupportable de l'alarme retentit tout autour de moi et je donne le feu vert à Mason pour la suite du plan.
C'est parti, bébé...
Par dessus le bruit, je perçois le chaos et j'imagine que le personnel et les gardes commencent à mettre le protocole d'évacuation en marche.
- Le personnel entraîne les patients dehors. Rejoins-les discrètement et neutralise l'un des agents. Montre moi ce que tu sais faire, Winters, dit-elle avec un air de défi.
- Il ne faut pas me le dire deux fois, ma jolie.
À pas de velours, je longe les murs pour ne pas me faire repérer. Je me cache dans un recoin dans le couloir qui mène à la seconde cour extérieure et attend patiemment qu'un agent se pointe.
L'alarme est assourdissante, mais l'avantage, c'est qu'elle masque parfaitement le son de mes pas ou de mes gestes.
Quelques secondes plus tard, j'aperçois un groupe de patients passer devant moi pour sortir, aider par deux infirmières suivis de deux agents.
Je sors de ma cachette et me faufile doucement derrière le dernier.
- Je suis désolé, mec, dis-je en levant le bras.
D'un coup sec, j'abats ma crosse de pistolet sur son crâne et avant qu'il s'échoue par terre, je le rattrape et le tire rapidement vers la pièce la plus proche.
En ouvrant la porte, je jette un œil pour m'assurer qu'elle est vide et la referme derrière nous.
En y pénétrant, je découvre que nous sommes dans un local technique.
Je ne pouvais pas rêver mieux...
Je le dépose sur le sol dans un coin de la pièce dissimulé derrière des cartons, puis j'attrape de quoi l'attacher et lui scotcher la bouche sur les étagères métalliques.
Avant de le bâillonner, j'échange mes habits avec les siens et récupère son badge.
- C'est tellement excitant de jouer les agents infiltrés...
Sans perdre plus de temps, je quitte le local pour rejoindre les gens dehors et mettre en pratique mon don inné pour la comédie.
- Kyle, tout va bien ? me demande Mason resté à l'extérieur du bâtiment.
- Ouais mec, comme sur des roulettes, annoncé-je en faisant tourner le badge autour de mon index. Ça va chier dans les casseroles au pays des dingos !
- Sérieusement ? Tu crois que c'est le moment de citer Deadpool.
- Bordel Riley jolie, t'as la ref ! Je suis doublement excité.
- Pitié, ne m'appelle plus jamais comme ça...
Tout en continuant de taquiner la geek, je me faufile discrètement dans le premier groupe de patients que je trouve en cherchant la blonde du regard.
Pendant ce temps, mes yeux se posent sur certains patients. Je n'arrive pas à décrire le sentiment que j'éprouve en les regardant.
Certains ont l'air tout à fait normaux et se font terriblement chier, d'autres sont complètement shootés. Ils parlent à leur main ou à des personnes imaginaires et ils ont clairement leur place dans cet endroit. Et une petite partie me fait de la peine à fixer le ciel nuageux comme s'ils étaient émerveillés par quelque chose de totalement banal.
Je ne sais pas ce qu'ils leur font vivre ici, mais le peu qu'Emilie nous a raconté donne la chair de poule. Personne n'aimerait être à leur place, c'est certain.
Après quelques minutes, l'alarme s'arrête et la voix d'une femme s'élève pour percer le brouhaha de la foule.
- S'il vous plaît, retournez dans vos chambres dans le calme. Il n'y a plus aucun danger, donc merci de prendre votre temps et de suivre le personnel médical.
Comme des robots, les patients s'exécutent un à un et suis le personnel médical pour rejoindre leur chambre.
Je rentre dans mon personnage et fais de même en prenant exemple sur les autres agents de sécurité quand j'aperçois au loin mon amie pénétrée, elle aussi, dans l'hôpital.
- Eh merde... dis-je dans un soufflement.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- J'ai Emilie en visuel, à peine deux mètres devant moi.
- Elle a réussi à se mêler à la foule, donc quel est le problème ?
- Elle parle avec Barocchi...
Après avoir arpenté pratiquement tout l'hôpital avec Ted, alias le plus barbant des binômes; Il a passé son temps à me raconter sa vie trépidante avec son Yorkshire Samantha.
Et spoiler alerte, il est gay, si certains en doutaient.
Je me retrouve enfin seul pour finir la dernière ronde, et ça tombe très bien, car c'est l'étage où se trouve la chambre de la blonde. Chambre 217.
Pendant que je marche dans le couloir aux murs blancs dégageant une forte odeur de désinfectant, éclairé par les néons fluorescents qui nous donnent un teint terne et blanchâtre. Ils nous plongent directement dans un nouveau remake de Twilight.
Je m'assure que personne n'est dans le coin, et pénètre dans sa chambre pour voir comment elle va et comment s'est passé les retrouvailles avec le psy taré.
Quand je referme la porte derrière moi, seul le vide m'accueille. Il n'y a personne dans la pièce alors que le couvre-feu a été lancé et que tous les patients ont l'obligation d'être dans leur chambre.
- Euh... les gars. On a un p'tit problème, alerté-je mes amis dans l'oreillette.
- Quoi encore ?
- Je crois qu'Émilie a disparu...
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Ce matin, la fureur de mon ami me renvoie notre échec cuisant en pleine figure. Hier soir, le plan qui devait ne durer que quelques heures et être sans embûche a finalement pris une tournure inattendue quand Emilie a disparu...
La nouvelle a affolé tout le monde, et je n'ai jamais vu Connor dans un tel état.
C'était à prévoir de toute évidence, mais nous pensions avoir étudié le plan comme il le fallait. Comme quoi même les meilleurs plans ont toujours des failles.
- Putain, je vous ai dit que la théorie et la pratique n'avaient rien à voir. J'aurais dû être là-bas avec elle, s'énerve le brun face à Marco en faisant les cents pas.
Le front de notre chef se plisse un peu plus de contrariété avant qu'il croise les bras sur son torse.
- Tu n'aurais rien pu faire non plus au risque de griller ta couverture et mettre en péril le plan.
- Mais j'en ai rien à carrer de votre plan à la con. J'aurais fait brûler ce putain de bâtiment avec tout le monde dedans s'il le fallait, mais Emilie serait avec nous à l'heure qu'il est.
Depuis notre départ de l'hopital, je me remémore tout le plan en boucle pour voir où ça a pu merder et je suis sûr que sa discussion avec Barocchi est le déclencheur. Il a visiblement plus d'un tour dans son sac et a le personnel à sa botte.
Elle pourrait être n'importe où à l'heure qu'il est.
Dès que j'ai informé Riley de sa disparition, elle a cherché sa trace ou un indice sur les caméras. Rien.
De plus, elle ne peut pas remonter les caméras. Elle peut les faire tourner en boucle et les pirater, mais elle ne peut pas voir ce qui s'est passé avant.
Et cette mauvaise nouvelle a le don d'énerver davantage mon ami.
- On continue le plan comme c'était prévu, mais cette fois-ci, j'y vais aux côtés de Kyle et c'est non négociable, exige Connor face au reste du groupe.
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