Chapitre 22*

🎶Slow Down - Chase Atlantic🎶

Emilie

Nos regards ne se quittent pas, et je me perds dans la noirceur de ses iris. Il me trouble au point de faire accélérer ma respiration et je fini par perdre tous mes moyens quand je prends conscience de ses aveux.

Le rayer de ma vie...
...Vivante et heureuse.

Sauf qu'il n'y a qu'avec lui que je me sens vivante. Connor est le seul qui me donne envie de vivre à en crever.

À cet instant, toute trace de colère a disparu de mon esprit, pour laisser place à une terrible envie de succomber une nouvelle fois.

Je suis debout et ressemble à un chien mouillé au milieu de cette rue déserte. Mon pyjama me colle au corps, faisant apparaître quelques parcelles de ma peau dénudée et mes chaussons sont remplis d'eau. Pourtant, mon corps n'a jamais été autant en effervescence que maintenant. Il brûle de désir pour lui.

Je n'ai qu'une envie : sentir la chaleur de sa peau contre la mienne. Qu'il m'embrasse sans prendre la fuite. Qu'il me prouve que je n'ai pas eu tort de me confier à lui, de lui faire confiance au point de m'accrocher à lui.

C'est ironique non ? Que je me sois attachée à la seule personne qui est encore plus brisée que moi. De voir en lui un sauveur. Celui qui me fera revenir parmi les vivants.

Ils ont peut être tous raison finalement, je suis complétement folle. Folle de m'attacher à cet homme qui menace lui aussi de vriller à tout moment. Mais je crois que c'est justement ça qui le rend à ce point vivant.

Deux âmes brisées valent mieux qu'une, n'est-ce pas ?

Et face à cette pensée, je me laisse porter et m'abandonne totalement à ce que mon esprit me hurle de faire.

Je relève la tête et du bout du nez, je caresse tendrement le sien. J'entrouvre ma bouche et sors ma langue pour essuyer la perle d'eau qui coule le long de ses lèvres charnues.

Connor se crispe à mon contact, sans pour autant me toucher. Seuls nos fronts sont de nouveau l'un contre l'autre.
Son regard devient brûlant de désir et je sais qu'il fait tout pour se contrôler et ne pas poser ses mains sur moi.

"Parce que je sais ce que tu ressens quand on te touche et si tu ne m'arrêtes pas, je ne sais pas jusqu'où je serai capable d'aller avant de pouvoir m'arrêter, m'avait-il avoué devant le feu de cheminée".

Mais c'est pourtant ce que mon être lui hurle de faire. Qu'il pose enfin les mains sur moi pour apaiser ma souffrance et enlever cette malédiction que mon ancien bourreau m'a laissée.

Mon reflet me dégoute, je déteste ce corps depuis tant d'années et pourtant, à ce moment précis, je n'ai qu'une seule envie : que le brun explore chaque parcelle de cette peau que j'abime jour après jour. Cette enveloppe que je ne supporte plus au point de ne plus me regarder dans une glace.

Et si c'était lui qui détenait le pouvoir de me guérir ? Que chacune de ses caresses efface les marques indélébiles que Jacob a laissées sur mon corps. Que ses mains, pourtant toutes aussi destructrices, effacent et réparent mon âme meurtrie.

Nous ne prononçons toujours aucun mot, seul le bruit de la pluie et les gouttes qui atterrissent dans les flaques d'eau viennent bercer le silence de ce moment intense.

Il ferme les yeux quand je passe mes doigts dans ses cheveux et appuie sa tête contre ma paume. J'ai envie de briser ses chaînes, de le rendre fou. Je ne retournerai pas en enfer sans avoir joué avec son roi.

Il rouvre les yeux et braque son regard empli de désir dans le mien et je craque. Ma bouche se pose sur la sienne pour se lancer dans un baiser endiablé. Ma langue entrouvre ses lèvres et part à la recherche de la sienne. Il laisse échapper un son rauque quand elles se touchent, se tournent autour et se lient pour danser sensuellement à l'intérieur de nos bouches.

Perdant son contrôle, il craque à son tour. Il pose enfin sa main au niveau de mes reins et déclenche de doux frissons sur mon échine.

Il presse un peu plus le bas de mon dos pour rapprocher mon corps du sien et je sens la bosse se former sous son jean. Au contact de son torse contre ma poitrine, mes tétons durcissent à travers le tissu mouillé avant que sa deuxième main rejoigne la première. Elles descendent sur mes fesses et il les presse doucement.

Soudain, Connor se retire brusquement, rompant notre baiser et braque à nouveau son regard sur moi. La respiration haletante, il passe sa langue sur ses lèvres légèrement gonflées et, comme dévoré par le besoin, il plaque sa bouche à nouveau sur la mienne.

Ses mains toujours au niveau de mes fesses, il les glisse plus bas et me soulève du sol.

Instinctivement, j'enroule mes jambes autour de lui et il se retourne en direction de la voiture. Sa bouche se détache de la mienne et commence à m'embrasser sur mon menton, la joue, le cou où il mord délicatement ma chair avant de me poser sur le capot.

Le métal froid de la carrosserie entre en contact avec mes fesses et je halète.

- Mmmh... Connor.

Je sens ses lèvres esquisser un sourire contre ma peau et il continue ses baisers jusqu'au lobe de mon oreille qu'il lèche avant d'embrasser mon point sensible.

Mon intimité pulse entre mes cuisses, et je veux plus. J'ai besoin de plus.

Entre deux souffles erratiques, il murmure :

- Cette fois-ci, monte dans cette foutue bagnole avant que je ne contrôle plus rien et que je te prenne à même le capot.

Mes lèvres esquissent un sourire quand je me rends compte de l'effet que je lui fais. Il perd pied autant que moi. Mes iris bleus verrouillés dans les siens, je caresse son torse de la pulpe de mes doigts, avant de descendre du véhicule et son corps réagit au quart de tour.

Je détourne le regard et ouvre la portière avant de rentrer dans l'habitacle, rapidement suivi par Connor.

Dans la voiture, la tension est toujours palpable et je dois me retenir pour ne pas monter à califourchon sur ses genoux derrière le volant. Quant à lui, il essaie de se contenir tant bien que mal. Mais j'aperçois ses doigts blanchir en tenant fermement le volant.

- Maintenant que tu m'as libéré de cet enfer, où comptes-tu m'emmener ?

- Dans un motel, il faut que tu te changes avant d'attraper la crève, répond-il du tac au tac.

Je détaille ma silhouette encore trempée et me demande bien comment il va faire pour sécher nos vêtements dans un motel.

- Mais je n'ai rien d'autre. Désolée, tu aurais dû me prévenir de ta venue, j'aurais préparé un sac de voyage, le taquiné-je avec une légère pointe d'amertume.

- Ne t'en fais pas pour ça, je suis un mec prévoyant, rétorque-t-il sur le même ton.

La pluie cesse peu à peu et, après quelques minutes de route, nous apercevons le néon d'un motel briller dans la nuit. Connor actionne le clignotant et nous nous dirigeons vers le parking.

Il arrête le contact et je me détache, mais quand je m'apprête à descendre de la voiture, il m'arrête brusquement.

- Hors de question que tu viennes avec moi.

Étonnée, je le dévisage, ne comprenant pas pourquoi il m'interdit de descendre. Je ne vais quand même pas me sécher à même sa voiture. Il fait froid, je suis trempée et quelqu'un pourrait me voir.

- Personne d'autre que moi ne posera les yeux sur toi... dans cet état, précise-t-il en voyant mon incompréhension.

Je baisse les yeux et ne peux m'empêcher de rougir en voyant que ma peau apparaît toujours à travers mon pyjama mouillé. Et plus précisément, mes tétons rosés. Son côté jaloux et possessif déclenche une nouvelle sensation à l'intérieur de moi, accentuant la moiteur entre mes cuisses.

Suite à ses mots, il disparaît dans la nuit, puis revient rapidement à la voiture et m'indique qu'il a récupéré les clés d'une chambre.

Je descends et je vois Connor prendre des vêtements dans le coffre, avant de me tendre la main et nous diriger vers le bâtiment.

Il glisse les clés dans la serrure et nous pénétrons dans la chambre. Celle-ci n'a rien de romantique, elle comporte le strict minimum et les murs sont défraîchis, mais mon esprit me rappelle que nous ne sommes pas là pour y passer la nuit comme un couple en vadrouille. Nous sommes ici simplement pour nous sécher.

- Bon, tu nageras forcément dedans, mais ça permettra que ton pyjama sèche en attendant, indique-t-il en posant la pile de vêtements sur le lit.

Il arque un sourcil avec un demi-sourire avant de me dire :

- Je pars à la douche, ne t'enfui pas en attendant.

Alors j'attends et m'assois sur le lit, jetant des coups d'œil à la porte de la salle de bain restée entrouverte. La vue que m'offre cette petite ouverture - Connor de dos et nu derrière la paroi de douche embuée - accentue mon désir. Je reluque sans vergogne son dos musclé recouvert de tatouages et son cul ferme et tout aussi musclé.

🎵À cette vision, mes cuisses se serrent l'une contre l'autre et mes dents viennent mordre ma lèvre inférieure.

Et je décide de faire abstraction de tout le reste et d'écouter mon cœur. Je me lève et, tout en retirant mon pyjama, je me dirige à mon tour dans la salle de bain.

Je pousse doucement la porte et entre dans la douche, collant ma poitrine contre son dos.

- Emi.... Je ne... murmure-t-il bloqué entre son désir et sa raison.

Il se retourne face à moi, sa bouche s'ouvre et se ferme sans qu'il puisse continuer sa phrase. Ses yeux parcourent mon corps nu et ses mains se serrent pour réussir à se contrôler.

Soudain, son regard s'assombrit et sa mâchoire se crispe.

- Qui t'a fait ça ? demande-t-il d'une voix sèche.

Je baisse les yeux sur ma silhouette et y découvre de nombreux bleus et griffures, me rappelant ce que j'ai fait endurer à mon corps après la séance avec le docteur Barocchi.

Honteuse, je lui réponds simplement.

- C'est... moi.

- Comment c....

- Shhhh... le coupé-je en posant mon doigt sur sa bouche. Je ne veux pas parler, Connor. Je veux juste ressentir. J'en ai besoin s'il te plaît, rien qu'une fois...

Il braque à nouveau son regard sombre dans le mien avant de me dire.

- Je ne peux pas... Car si je commence, je ne pourrai pas m'arrêter. Un coup que je t'aurais goûté Blondie, je ne pourrais plus m'en passer.

- Alors ne t'arrête jamais, susurré-je en me mettant sur la pointe des pieds.

Je passe une nouvelle fois ma langue sur ses lèvres, ce qui le fait chavirer. Ses mains se posent au niveau de mes hanches et il échange d'un geste vif nos places. L'eau chaude de la douche ruisselle sur mon corps avant qu'il me colle contre la faïence froide. Le contraste chaud-froid me fait sursauter et ma peau se remplit de frissons faisant durcir mes tétons de plus belle.

Sa langue récupère une goutte d'eau qui perle le long de ma clavicule avant de l'embrasser. Pendant que les battements de mon cœur s'accélèrent, Connor dépose une ligne de baisers dans mon cou, puis descend à la naissance de ma poitrine.

Mes mains remontent dans son dos, caressent ses épaules dessinées et quand il pose ses lèvres à quelques millimètres de mon téton droit, mon ventre se tord de plaisir.

Sous ses baisers et ses caresses je ne ressens aucune peur, seulement un sentiment de sécurité. C'est le seul homme qui arrive à me procurer ce sentiment, le seul face à qui je ne veux pas prendre la fuite. Bien au contraire, je veux sentir le poids de ses mains sur ma peau jusqu'à mon dernier souffle.

Je sors de mes pensées quand il lape mon téton. Il l'embrasse, le lèche avant de le mordiller tout en caressant mon autre sein avec sa main. Il passe ensuite au deuxième et réitère cette douce torture avant de continuer son chemin vers le bas de mon corps.

Il se baisse et dépose des baisers au-dessus de mon nombril puis sur le bas de mon ventre. Mon vagin pulse créant de petites décharge électrique entre mes cuisses. 

Quand il arrive juste au-dessus de mon intimité, mes doigts passent sur ses côtés rasés avant de se glisser dans ses cheveux noirs. Ses mains de nouveau sur mes hanches, il pose ses lèvres sur ma cuisse et instinctivement elles s'écartent pour lui laisser le champ libre, oubliant totalement ce qu'elles cachent habituellement.

Le brun embrasse délicatement ma peau avant d'arriver au niveau de mes cicatrices. À cette idée, je me crispe, laissant la honte me compresser la poitrine. Mais mon cœur manque de défaillir quand je sens ses lèvres embrasser tendrement chaque cicatrice. L'une après l'autre, avec délicatesse.

Face à ce geste, tout mon être se gonfle d'une sensation nouvelle et une perle salée coincée dans le creux de mon œil coule sur ma pommette.

Il pense être le mal incarné, mais à cet instant précis, il ne se rend pas compte de ce qu'il vient de déclencher à l'intérieur de moi. Grâce à cette tendresse que je ne connaissais pas, il recolle quelques morceaux de cette âme brisée.

Quand toutes mes cicatrices ont été recouvertes d'un doux baiser, il se dirige vers mon intimité. Connor pose sa bouche sur la fine ligne de poils avant d'aller à la rencontre de mon bourgeon sensible.

Il le lèche, crée des petits cercles autour et mes jambes tremblent sous ses assauts. Il a à peine commencé que je suis déjà sur le point de jouir. Mes doigts toujours dans son cuir chevelu, agrippent un peu plus sa tête pour l'inciter à continuer.

- Connor, je...

Ma tête se penche en arrière, laissant la pointe de mes cheveux mouillés caresser le bas de mes reins et je me colle à la faïence. Mes yeux se ferment, sentant la jouissance arriver de plus en plus.

Il mordille mon clitoris avant de le sucer délicatement, réitère son geste une seconde fois et une boule d'extase explose à l'intérieur de moi. L'orgasme se répand dans l'entièreté de mon corps, rendant mes jambes chancelantes et des larmes coulent le long de mes joues tant cette sensation m'avait manqué.

_____________

Allongés l'un contre l'autre sur le lit, emmitouflés dans nos serviettes. Connor caresse mes cheveux, et je sens la fatigue peser sur mes yeux. 

Tout ce flot d'émotion et cette tension m'a plongé dans un état d'euphorie et je suis vidée de toute énergie. Bercée par le silence apaisant, mes yeux sont sur le point de se fermer quand le brun me demande d'une voix douce : 

- Tu me fais confiance ?

Je rouvre les yeux presque endormis et relève mon visage vers le sien.

- Oui, et j'avoue que ça me fait peur... J'ai peur de m'accrocher à quelque chose qui n'est pas réel.

- Je ne peux pas te promettre que tout ira bien, nous sommes trop écorchés par la vie pour ça. Mais une chose est certaine mi corazón, c'est que nous deux, c'est bien réel.

Ses mots me touchent et mon être fond devant cet homme, qui habituellement ne ressent rien, se montre aussi ouvert et bienveillant avec moi. Mais une partie de mon esprit ne peut pas oublier ces dernières semaines et les lianes épineuses s'accrochent à nouveau pour me retenir. 

- Mais à quelle condition, Connor ? Qu'est-ce qui va se passer ensuite, pour moi, pour nous ? demandé-je dans un murmure pratiquement inaudible par peur de connaitre déjà la réponse. 

Le regard fuyant, je fixe à travers la pénombre le mur défraichi face à moi. 

- Tu connais déjà la suite, je ne peux pas aller au-delà des ordres de ton père. Je dois te ramener avant l'aube. Mais je te promets que cette nuit n'est que le début.

Il me relève délicatement le menton pour que nos regards se croisent.

- Mais avant, j'aimerais t'emmener quelque part... Si tu veux bien.

Même si la frustration me gagne et qu'une part de moi lui en veut d'être aussi loyal envers mon père, j'accepte sa demande, car je ne veux pas que cette nuit s'arrête. 

Après trente minutes de route, nous arrivons devant une devanture peinte en noir avec une enseigne doré : Art'ink

Dubitative, je suis Connor à l'extérieur de l'habitacle, tenant les pans de son pantalon pour ne pas le perdre. Les néons illuminent l'intérieur du shop et je me demande bien ce que nous venons faire chez un tatoueur et surtout pourquoi il est encore ouvert à cette heure tardive.

Un petit carillon retentit quand nous passons la porte et indique notre venue.

- Connor, ça fait un bail, le salue un homme barbu derrière son comptoir en bois.

Robuste à la carrure imposante. Ses cheveux, qui devaient autrefois être noirs de jais, sont maintenant parsemés de mèches grises, attachés en une queue de cheval désordonnée. Son visage est marqué par des rides profondes, témoignant de son âge mûre, et une barbe poivre et sel encadre son visage, ajoutant à son allure de sage rebelle.

- Ouais mais, ta vieille carcasse me manquait trop, rétorque le brun en souriant.

Je me surprends à sourire aussi face aux deux hommes qui ont l'air de s'apprécier. Rares sont les fois où Connor souris sincèrement, alors cet échange montre qu'ils doivent avoir un lien particulier tous les deux. 

- Tu sais ce qu'elle te dit ma vieille carcasse trou duc, rétorque-t-il avant de rire.  Alors dis-moi quelle était l'urgence pour que tu me demandes de faire du nocturne ? Et surtout, qui est cette jolie demoiselle ? 

Face à ses questions, Connor fronce les sourcils et le fusille du regard. 

Cet homme a gardé le shop ouvert spécialement pour nous. À la demande expresse de Connor.  Je me demande aussi quelle est cette urgence...

Il se tourne vers moi avec un sourire malicieux avant de me demander :

- Tu me fais toujours confiance ?

Je hoche la tête pour répondre positivement et Jack - le fameux barbu - nous invite à aller dans la salle dédiée aux tatouages.

- Alors que faisons-nous ? 

Je les regarde à tour de rôle, sans savoir quoi répondre. Je ne pensais pas que nous venions pour moi, alors je n'ai pas pensé à réfléchir à ce que je pourrais faire. Mais l'excitation me gagne quand je comprends que je vais à nouveau me faire tatouer. Ce n'est pas mon premier tatouage, alors l'aiguille ne me fait pas peur. On peut même dire que je suis accro à cette sensation. 

Certaines personnes font du yoga pour se détendre ou extérioriser et bien moi, je me fais tatouer. Mais depuis cette fameuse nuit, il y a quatre ans, le tatouage a été remplacé par mon penchant pour les brûlures. 

Connor s'approche du barbu et lui chuchote quelque chose à l'oreille. Celui-ci acquiesce avant de regarder mes jambes cachées par le jean trop ample.

- Ok, c'est parti alors, dit Jack avant de sortir son matériel et de commencer à le désinfecter.

- Tu vas devoir retirer ton pantalon, m'indique le brun. Et interdiction de regarder avant la fin, ordonne-t-il un doigt dans ma direction comme s'il parlait à une enfant.

Je baisse le vêtement jusqu'aux genoux, dévoilant le boxer que Connor m'a prêté, et je suis tout à coup soulagée de ne pas porter un de mes strings.

L'homme face à moi me jette un coup d'œil pour avoir mon approbation et après un hochement de tête, il commence à me tatouer. 

Beaucoup de personnes indiquent la sensation de l'aiguille comme une sensation de picotement ou de grattement, mais pour moi, elle est tout autre. La répétition du mouvement de l'aiguille et le bruit constant de la machine ont un effet presque méditatif, m'aidant à faire le vide dans mon esprit et me soulager de toutes émotions négatives. 

Au bout d'une heure et demie, Jack m'indique avoir terminé. Il applique une crème hydratante sur ma peau et m'invite à aller regarder le résultat dans le grand miroir installé dans le coin de la pièce. 

Je ne me fais pas prier plus longtemps. Je descends du fauteuil en vieux cuir marron et vais contempler cette nouvelle pièce. 

Soudain, une sensation de hâte, mais aussi de peur se crée en moi. Je suis impatiente de découvrir ce que Connor a choisi pour moi, mais le dégoût ne peut s'empêcher de s'immiscer à l'intérieur de moi.

Une boule se forme dans le creux de ma gorge à l'idée d'apercevoir cette enveloppe corporelle que je ne supporte plus.

Je ferme les yeux en m'approchant de la glace, prends une profonde inspiration avant de glisser mon regard sur ma jambe nue. 

Le devant de ma cuisse est décoré d'un miroir orné d'une bordure perlée en noir et blanc dont la glace est partiellement brisée. De l'autre côté du miroir où la glace est intacte, un sublime petit papillon bleu apparaît, comme si ce petit être jaillissait du côté de la glace qui n'est pas abimée.

Je contemple cette pièce magnifique avec émotion, quand je sens le torse imposant de Connor se placer dans mon dos. Il passe la pulpe de ses doigts à côté du tatouage sur ma cuisse nue.

- Brisée, mais pas détruite, murmure-t-il dans le creux de mon oreille. 

Je me retourne pour lui faire face et d'une main délicate, il me relève le menton pour plonger son regard dans le mien.

- Ce tatouage prouve que même dans l'obscurité, il y a toujours de l'espoir.

- Il est magnifique, Connor, avoué-je la voix tremblante d'émotion.

- C'est toi qui le rends magnifique, dit-il avant de me donner un doux baiser empli de sincérité.

Touchée par son geste, j'ai soudain envie moi aussi de lui faire passer un message. 

- Est-ce que moi aussi j'ai le droit de te choisir un tatouage ? demandé-je avec le même sourire malicieux qu'il avait en arrivant. 

Il acquiesce et je m'approche à mon tour de Jack pour lui glisser la phrase qu'il doit tatouer. Je fais signe au brun de retirer son tee-shirt et commence à chercher le meilleur endroit pour inscrire les quelques mots que j'ai en tête.

La tâche n'est pas facile, car son corps est rempli d'encre noire et il ne reste pas beaucoup de place. Mes yeux scrutent son torse avec minutie et je découvre les nombreux motifs qui le recouvrent.

Puis, là, sous son pectoral gauche, j'aperçois un espace vide sous cette rose épineuse. 

Sous son cœur. L'endroit parfait pour inscrire cette phrase qui aujourd'hui prend tout son sens. 

Je désigne l'endroit au tatoueur sous le regard inquisiteur de l'homme face à moi. 

Après une vingtaine de minutes, Jack finit de le tatouer et Connor part en direction du miroir pour découvrir à son tour le tatouage que j'ai choisi. 

"Deux âmes brisées valent mieux qu'une."

Surpris, il papillonne des cils et son regard se charge d'une lueur que je ne connaissais pas. Il se laisse gagner par l'émotion et j'aimerais graver cette image à tout jamais dans ma mémoire. 

Cet homme aux penchants psychopathes, qui ne ressent aucune émotion, est ému. Ce soir, il laisse échapper son humanité.

Après s'être raclé la gorge pour chasser l'émotion qui le gagne à son tour, il se retourne et plaque une nouvelle fois ses lèvres contre les miennes.

Cette fois-ci, son baiser est plus sauvage, mais libérateur. Il me transmet tout ce qu'il ressent à cet instant et j'ai l'impression que nos deux âmes chantent à l'unisson. 

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