Chapitre 11

🎶Trouble - Camylio 🎶

Connor

Je savais que continuer à l'ignorer aller être dur mais quand je suis arrivé et que j'ai posé les yeux discrètement sur elle, j'ai compris que ça allait être quasiment impossible. Debout au milieu de la pièce, vêtue d'une robe moulante blanche lui dessinant ses courbes avec sensualité et sa chute de rein laissée nu par son ouverture échancrée. Elle ressemble à un ange. Un ange diablement sexy.

En passant devant Emilie pour saluer son père, j'ai senti ses yeux perçants me mater et je me suis vite sentie à l'étroit dans mon jean. Ma queue tressaillait et elle n'avait qu'une envie : bondir de mon pantalon pour que je la prenne sauvagement sur la table à la vue de tous. Mais j'ai vite retiré ces idées salaces de mon esprit et j'ai pris sur moi. Je me suis même obligé à boire uniquement de l'eau ou du coca. Aucun alcool pour être sûr de rester maître de mes actions, car ce soir je ne devais rien laisser paraître. Je ne devais pas laisser mon côté obscur la détruire encore plus.

Mais quand je l'ai entendu rire aux éclats avec l'autre abruti de Baker, mon cerveau a vrillé et mon corps a réagi sans que je puisse le contrôler.

Le feu et la glace. La tension et la frustration. La haine et l'excitation. Voilà tout ce qu'elle me fait ressentir en un claquement de doigts. Moi qui depuis tout jeune m'oblige à n'éprouver aucune émotion, aucune sensation. Aujourd'hui je n'ai plus besoin de faire quoi que ce soit pour y arriver car c'est comme si mon âme et mon cœur avaient gelé avec le temps.

Sauf que cette glace fond à petit feu quand Emilie est à mes côtés. Et je ne donne pas cher de ma peau, si je ne reprends pas le contrôle de la situation rapidement. Je n'arrive même plus à penser correctement. Mon cerveau m'ordonne de l'éviter mais mes gestes expriment tout le contraire, quand nous sommes dans la même pièce ou que je la vois se rapprocher d'un autre homme.

Voir la haine dans ses yeux lorsqu'elle m'a dit que j'étais insensible à sa peine, que je l'avais aidé simplement par devoir envers mon patron m'a une nouvelle fois fait sortir de mes gonds. Elle ne me connaît pas. Elle ne sait pas tout ce que j'ai subi et que je suis le seul ici à la comprendre, car je l'ai aussi vécu toute cette merde. Moi aussi, j'ai voulu me foutre en l'air un nombre incalculable de fois quand les douleurs que je m'infligeai ne me faisaient plus rien.

Malgré ce qu'elle traverse et ses faiblesses, elle ne se rend pas compte à quel point elle est forte et entourée. C'est ce que je voulais lui dire dans le couloir, mais je n'ai pas eu le temps de lui expliquer car la chieuse de nerd est venue nous interrompre.

Puis la soirée a repris son cours, je me suis éclipsé aussi vite que j'ai pu avant de ne plus pouvoir la lâcher et le mur de glace s'est à nouveau érigé entre nous.

De retour avec les autres, nous nous installons dans le coin salon pour l'échange des cadeaux et l'autre abruti a décidé d'en remettre une couche.

- Tu peux venir t'asseoir ici, lui propose l'autre con de militaire.

Je vais vraiment le buter.

Et sans que je puisse me contrôler, ma bouche s'exprime à ma place :

- Non Blondie va s'asseoir ici ! exigé-je en le fusillant du regard.

De son côté, elle nous regarde d'un air blasé par notre petite querelle d'ado mais je m'en fou royalement. Je suis loin d'en avoir terminé avec ce connard. S'il ne veut pas que je lui arrache les yeux, avec la petite cuillère posée devant moi et que je lui écourte sa vie avec une rapidité aveuglante. Il vaudrait mieux pour lui qu'il oublie tout de suite ma jolie blonde.

___________
Après qu'Emilie soit allée chercher Emmett pour l'échange des cadeaux et la dégustation du gâteau. Marco le sourire aux lèvres nous souhaite une bonne nuit car il part se coucher - il n'a plus vingt ans, le vieux - et nous laisse profiter de la fin de soirée entre jeunes. Il a bien sûr mis en garde Kyle : s'il trouvait ne serait-ce qu'un seul confetti à la con, qu'il a ramené, fouler le sol de sa maison demain matin, il lui ferait à son tour récurer les chiottes du poste de garde.

Et je me demande bien si je ne vais pas en laisser traîner deux ou trois juste pour me venger...

Au bout d'un moment, je sors fumer pour prendre l'air et essayer de mettre de l'ordre dans mes pensées. Je m'apprête à m'asseoir, mais me ravise rapidement quand je vois le banc totalement recouvert de neige. Alors, je me colle le long de la baie vitrée et m'allume une clope. Je regarde la fumée épaisse que j'expire former un gros nuage blanc sous le spot allumé quand Kyle sort pour me rejoindre.

- Ça va mec ?

- Oui pourquoi ça n'irait pas ? retorqué-je en expulsant une nouvelle bouffée de cigarette.

- Tu as l'air tendu comme un string c'est tout, explique-t-il en haussant les épaules et en se frictionnant les mains l'une contre l'autre à cause du froid.

- Et toi tu as l'air gelé comme une merde, gloussé-je en le voyant tourner en rond.

En réponse, il me regarde un air malicieux collé au visage, puis se penche au sol avant de récupérer de la neige et de former une boule dans ses mains.

Oh lui aussi je vais le buter...

-Putain Winters t'a pas fait ça ?

- Si !

Je le fixe à nouveau dans les yeux d'un air mauvais.

- Dis moi pas que tu as osé faire ça ? répété-je en regardant la neige couler le long de ma chemise.

- Si je l'ai fait, rit-il en sautillant comme un gamin.

Je jette ma clope dans le cendrier avant de me ruer sur lui. Il se met à courir pour essayer de m'échapper, puis se baisse pour fabriquer une deuxième boule de neige tout en gloussant comme un enfant de cinq ans.

Alors je le suis dans sa connerie. Je me baisse à mon tour et commence à lui balancer une boule, deux boules, jusqu'à l'atteindre en plein visage. Le voir écarquiller les yeux au contact du froid et de la neige qui dégouline sur sa tête de con me fait éclater de rire.

Bordel ça fait un bail que j'ai pas ri comme ça.

Rapidement Emmett et Liam nous rejoignent intrigués par ce qui se passe à l'extérieur, suivis de près par les jumeaux et se mêlent tous à la partie.

Emilie

Après que mon père nous a laissé pour aller se reposer, nous nous sommes tous retrouvés ensembles dans le salon. J'ai bien cru que Mason et Connor allaient se foutre sur la gueule, mais Logan a détendu l'atmosphère et mon diable s'est éclipsé à l'extérieur.

De mon côté, je me sens un peu plus légère, depuis que je lui ai craché tout ce que j'avais sur le cœur. Mais j'aurais quand même aimé connaître la fin de sa phrase, savoir ce qu'il pensait réellement et ce qu'il voulait dire en m'affirmant que lui seul comprenait parfaitement ce que je vivais.

Il ne parle pratiquement jamais, alors les moments où il le fait sont généralement précieux ou tranchants.

Riley, Mia et moi sommes revenus du côté de la salle à manger pour parler de l'organisation du mariage, quand j'aperçois à travers la baie vitrée Kyle rejoindre Connor à l'extérieur sur la terrasse enneigée.

Riley nous parle dans son charabia de geek - qui d'ailleurs n'a aucun rapport avec le mariage - quand le spot extérieur s'éclaire une nouvelle fois, et qu'une scène digne d'une cour de récréation se joue devant mes yeux. Les garçons sont en train de se courir après, en se lançant des boules de neige à tour de rôle. Certains chutent carrément au sol avant de retourner à l'attaque.

Intriguées, mes deux amies se retournent en direction de mon centre d'intérêt et nous finissons par rire en les regardant faire.

- Mais... Qu'est-ce qui leur prend ? demande Mia entre deux rires.

- Je sais pas mais j'ai moi aussi quelques comptes à régler avec un blondinet assez perché, s'exclame Riley en se levant et nous faisant signe de la suivre.

Je la regarde et secoue la tête de gauche à droite.

- Mmh Mmh, ne comptez pas sur moi. Je suis en talon aiguille, je vais me tordre une cheville avec ces conneries, l'informé-je avant de voir les yeux pétillants de mon ancienne coloc et de la geek me fixer. Vous faites chier, c'est pas vrai.

Je me lève, lisse le devant de ma robe avant de rétorquer :

- Ok, mais si j'ai des béquilles pour ton mariage tu t'en prendras qu'à toi, balancé-je à Mia, qui en réponse, me fait sa moue légendaire.

Nous sortons à notre tour à l'extérieur et Riley qui elle, est en boots commence à se ruer sur les hommes dehors en hurlant :

- C'est la guerre, s'exclame-t-elle avant de se mettre à courir en zigzaguant pour éviter les projectiles en riant aux éclats.

Les boules de neige volent dans toutes les directions, accompagnées de cris de défi et de rires.

Connor et Mason règlent leurs comptes à l'aide de grosses boules de neige lancées avec force. Emmett et Mia se sont mis à faire un bonhomme de neige après que la brune eut ses cheveux tout frisés à cause de toute la neige reçue. Et moi, je suis littéralement en train de courir, en collant dans la neige glacée pour éviter les projectiles que Liam me lance après avoir décidé de me prendre en cible.

Entre deux fous rires, j'aperçois Kyle qui glisse sur une plaque de verglas et s'étale de tout son long dans le jardin. Sa chute nous stoppe instantanément dans nos guerres mutuelles et provoque un fou rire général.

Riley s'approche pour lui demander s'il va bien et elle lui tend la main pour l'aider à se relever, mais cet énergumène en a décidé autrement. Il esquisse son sourire démoniaque avant d'agripper fermement sa main et de la faire tomber au sol à son tour. En réponse, la geek lui étale de la neige partout sur lui et relance encore une fois les hostilités.

Au bout d'un moment, je rejoins les filles pour faire des anges dans la neige - gelée pour gelée, autant en profiter à fond - avant que nous soyons tous épuisés.

Les vêtements trempés et nos visages rougis par le froid et les rires, nous décidons de rentrer pour aller prendre une bonne douche chaude. Heureusement, nous sommes à la propriété et il y a assez de salles de bain et d'eau chaude pour tout le monde.

- On devrait faire ça plus souvent, dit Mia en me suivant vers ma salle de bain accompagnée de Riley.

- Ouais je suis d'accord avec toi, réponds-je un sourire sincère se dessinant sur mes lèvres, un des rares qui existe encore.

- Parfois ça fait vraiment du bien de lâcher prise et de s'amuser comme des gosses, rétorque Riley avec le même sourire au visage.

En espérant que ce moment de bonheur qui apaise mon cœur ne disparaisse pas aussi vite que la neige fond au soleil...

___________
Assise sur le tapis devant le feu de cheminée, j'apprécie le calme maintenant que tout le monde est rentré chez lui ou parti dans son aile de la propriété. Emmitouflée dans des vêtements secs et chauds, je regarde les flammes crépiter dans l'insert et étonnamment je me sens bien. J'appréhendais cette soirée, mais finalement elle m'a fait un bien fou.

Je passe mes doigts sur mes cuisses cachées par mon jogging et je n'ai aucune envie de me faire du mal. En tout cas pas ce soir ...

Soudain quelques pas discrets se font entendre derrière moi et me sortent de mes pensées, puis sa voix rauque vient percer le silence apaisant de la pièce.

- Ce n'est pas de la pitié, loin de là, dit-il en réponse à mes reproches du début de soirée. Tu passes par plein d'étapes et d'émotions différentes. Tu te sens vide, perdue et tu veux te foutre en l'air un million de fois. À chaque fois que la douleur t'envahit et qu'elle est trop forte pour que tu arrives à lutter. Mais elle est souvent bien plus forte que toi alors tu essaies de te faire du mal toi-même pour réussir à prendre le dessus. Parfois ça te soulage et parfois même celle-ci n'y change rien...

Je l'écoute sans dire un mot, allant jusqu'à suspendre ma respiration pour ne pas l'interrompre. Les yeux rivés sur les flammes qui dansent toujours devant moi et face à cette douloureuse réalité, des petites perles salées se créent dans le coin de mes yeux, brouillant peu à peu ma vision.

- Et parfois la seule façon de réussir à t'en sortir c'est de te laisser submerger par cette douleur, de lâcher totalement prise. Et un jour tu n'auras plus l'impression de te noyer, tu remonteras à la surface et petit à petit tu apercevras le rivage, continue-t-il de m'expliquer.

J'aimerais y croire...

J'ose enfin me retourner pour lui faire face, et je remarque qu'il a gardé une certaine distance entre nous et qu'il ne me regarde pas directement. Il fixe un point derrière moi comme s'il était mal à l'aise, et que me regarder en m'avouant tout ça est trop dur pour lui. Et moi, je suis soulagée que la lumière tamisée créée par la petite lampe posée sur le buffet et le feu de cheminée éclaire légèrement le salon et l'empêche de voir mes larmes dévaler mes joues.

- Comment je peux m'en sortir alors que la seule chose que mon âme veux faire, c'est finir de mourir ? avoué-je à demi-mots en retenant un sanglot.

Il amorce un pas hésitant, puis un deuxième dans ma direction avant de s'accroupir face à moi et d'oser enfin ancrer ses yeux ténébreux dans les miens, avant de poursuivre.

- Peut-être que tu ne guéris pas parce que tu essaies d'être celle que tu étais avant cette fameuse nuit. Mais cette personne n'existe plus... Cet événement t'a brisé, changé et tu es devenue une nouvelle personne. Cette nouvelle toi n'attend qu'une chose, que tu la laisses naître. Alors laisse la prendre vie mi corazón.

Ses douces paroles glissent contre ma peau créant de multiples frissons avant de frapper mon cœur de plein fouet. Comment ses mots peuvent avoir autant d'impacts sur moi ? Et qu'a-t-il réellement vécu pour me comprendre à ce point sans avoir besoin de lui parler ?

Son regard quitte mes yeux pour descendre sur mes pommettes et s'arrêter sur ma bouche. Il passe sensuellement sa langue sur sa lèvre inférieure en rapprochant sa main de moi, mais il la suspend à quelques millimètres de mon visage avant de plonger à nouveau ses iris sombres dans le bleu cristallin des miens.

- Empêche moi de te toucher ou même de t'embrasser, m'implore-t-il la main toujours suspendue dans les airs en me dévorant du regard.

- Pourquoi je ferais ça ? murmuré-je sentant mon cœur battre de plus en plus vite face à cette proximité.

Mais pour une raison que j'ignore, ce soir ce n'est pas la peur qui fait accélérer mon cœur.

- Parce que je sais ce que tu ressens quand on te touche et si tu ne m'arrête pas je ne sais pas jusqu'où je serais capable d'aller avant de pouvoir m'arrêter.

Sa bouche à quelques millimètres de la mienne, je sens son souffle erratique caresser mes lèvres et se mêler au mien, rendant l'atmosphère chargée de tension palpable.

Une chaleur se répand délicieusement dans mon bas ventre, créant une moiteur d'excitation entre mes cuisses.

- C'est justement ça le problème Connor, avoué-je en posant ma main sur sa joue et en caressant sa lèvre inférieure de la pulpe de mon pouce. C'est que je n'ai aucune envie que tu arrêtes.

Et quand les derniers mots franchissent la barrière de mes lèvres, je ne sais pas qui de lui ou de moi comble l'espace entre nous et se rue sur les lèvres de l'autre, mais nos bouches se trouvent dans un baiser langoureux. Nos dents s'entrechoquent dans le mouvement et sa langue entrouvre mes lèvres pour aller à la rencontre de la mienne. Elles se cherchent, se tournent autour, se titillent en écho à notre relation mutuelle.

Ses dents mordent ma lèvre inférieure, puis il lèche délicatement l'endroit malmené comme pour apaiser la douleur.

Ce baiser est tellement à son image...
Brutal mais atrocement sensuel.

Puis en une seconde, la frustration vient lacérer ma peau telle une lame de rasoir quand il arrache brusquement ses lèvres des miennes.

- Je ne peux pas faire ça... lance-t-il en se relevant rapidement. Je... je finirais par te détruire...

- Je suis complètement brisée, est-ce que tu crois réellement pouvoir aggraver les choses ? demandé-je frustrée par son retrait soudain.

Pour une fois que je n'ai pas envie de prendre la fuite, c'est lui qui ne veut pas de moi...

- Tes lèvres ont le goût du paradis mais le diable n'a malheureusement pas le droit d'y accéder... murmure-t-il dans l'ombre de la nuit.

Mes lèvres, le paradis ?
Les âmes brisées ne vont pas au paradis Connor...

- Pourquoi penses-tu être mauvais à ce point ?

- Car c'est la vérité Muñeca... Quand tu entends depuis que tu es né que tu es le mal incarné et que tu détruis tout autour de toi. Qu'on aurait préféré que tu ne naisse jamais. Tu ne peux que finir par y croire... explique-t-il en détournant le regard et en s'éloignant de moi.

Mes lèvres ont le goût du paradis, celles qui pour lui ouvrent les portes d'un bonheur éternel auquel il ne pense pas mériter. Les siennes au contraire ont le goût de la damnation, le châtiment éternel, où les âmes ne peuvent se reposer. Mais ce qu'il ne sait pas, c'est que je suis prête à périr mille fois dans les flammes de l'enfer avec lui, s'il le faut, pour sentir à nouveau le goût de ses lèvres sur moi.

Je suis prête à me condamner à errer dans les limbes à tout jamais pour qu'il me réchauffe de sa chaleur soit disant maudite. Mais de son côté, il commence à quitter la pièce avant de s'arrêter une dernière fois et ajoute :

- Je serais là pour toi, dès que tu en ressentiras le besoin j'accourais, mais je ne peux pas être plus que ça. Je ne dois pas être plus que ça...

Puis je le regarde s'enfuir aussi vite et discrètement qu'il est apparu plus tôt, me laissant seule, frustrée et désorientée. Et pour simple compagnie, le doute que tout ce qu'il vient de se passer ne soit que le fruit de mon imagination....

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