Chapitre 14

J'admirais ma chambre avec stupéfaction. Elle n'était pas exagérément grande mais avait une taille raisonnable. Un lit à mi-chemin entre le simple et le double, une grande armoire, un miroir sur pieds qui me dépassait en taille, et un grand bureau juste à côté de la fenêtre. Une porte menait à la salle de bain.

Dix minutes ne s'étaient même pas écoulées lorsque j'aperçu une ombre devant ma fenêtre. Elle fut tellement fugace que je cru d'abord avoir rêvé, mais en m'approchant, je vis Elyam, James et Kalie qui me faisaient des signes d'en bas. J'ouvrais la fenêtre, vérifiant la hauteur. Un des seuls arbres se trouvait à portée de main, aussi j'atteignais d'abord celui-ci d'un bond. Mon cœur rata un battement lorsqu'en pleine chute je me rendis compte que je l'avais vu légèrement plus haut et mal évalué la distance. Je m'accrochais in extremis du bout des doigts, puis atterrissais aux côtés des autres.

-Ma chambre est juste à côté de la tienne...Murmura Kalie en lâchant un soupir soulagé.

Elle m'avait l'air particulièrement stressée depuis que nous étions arrivés. Je me demandais si j'avais bien fait de l'emmener

-La mienne est à l'autre bout du bâtiment, là-bas. M'expliqua James en me montrant du doigt une fenêtre ouverte.

-Je suis juste à sa gauche. Marmonna Elyam.

-Au moins on est tous au même étage, c'est déjà ça.

-Vu que la façade est sculptée régulièrement, il est facile d'escalader. C'est un bon point en cas d'urgence. Par contre, je ne sais pas pour vous, mais depuis qu'on est entrés mon téléphone ne passe plus. Je ne peux ni appeler, ni me connecter sur internet...

Je sortais le miens, pour constater la même chose.

-Autrement dit, il va falloir sortir de la propriété pour pouvoir téléphoner.

-Est-ce qu'on va rester ici longtemps ? Reprit Kalie en regardant les alentours.

Elle se frotta le bras un petit instant avant de s'arrêter, de regarder autour d'elle, et de reprendre. Elle était clairement mal à l'aise.

-A vrai dire, j'en sais rien...Le moins serait le mieux.

Elyam se retourna brusquement vers un des bâtiments à l'autre bout de la cour, les oreilles plaquées sur la tête. J'eu aussitôt l'impression que mon cœur bondissait dans ma poitrine, comme si l'on m'avait injecté de la peur. Ressentais-je une partie de ses sentiments à cet instant ?

-Qu'est-ce qu'il se passe ?

Il ne bougea pas, semblant scruter quelque chose que nos faibles yeux ne pouvaient discerner. Kalie avait sursauté au même instant.

-Non...J'ai dû...rêver. Reprit-il en se retournant vers nous, non sans pas un dernier regard méfiant.

-Bon...Je crois que nous devrions tous aller dormir...pour le peu d'heures qui nous sont accordées. Conclut James

-Tu auras besoin d'aide pour remonter ? Lui demanda Elyam.

-Ca devrait le faire. A toute à l'heure. Répondit-il en nous faisant un signe de main avant de se mettre à marcher vers sa chambre.

-Bonne nuit à tous. Reprit Kalie, avant de s'approcher du mur et de sauter sur celui-ci.

Elle l'escalada avec une facilité déconcertante. Elle attrapa une brique dépassant avec une main, se projeta à sa gauche dans un bond impressionnant et grimpa ainsi d'un niveau. Tout en admirant son numéro de voltige, je remarquais que bien qu'elle soit encore un peu frêle, son poids avait augmenté, la faisant reprendre du poil de la bête.

-Et toi tu veux de l'aide ? Ou ça ira ?

-Non c'est bon, merci.

Puisque tout le monde avait réussi à grimper sans l'aide de personne, j'allais en faire de même, question d'honneur !

-Evite de te casser une jambe.

-Hé ! Je me débrouille très bien en escalade, monsieur.

-Si tu le dis. Bonne nuit.

Il s'avança vers sa fenêtre, et d'un bond, atteignit cette dernière. J'allais réussir à grimper, c'était sûr. Mais d'abord, je me demandais bien ce qui avait pu attirer l'attention d'Elyam...Je n'étais pas trop du style à me mettre en danger, mais là, cela avait totalement piqué ma curiosité. Dans le pire des cas, j'avais toujours un pistolet sur moi, si je tirais, les gens seraient alertés par le bruit.

-On part en balade ? Me demanda Elyam alors que je n'avais fais que quelques pas.

Je me retournais pour le voir à moins d'un mètre.

-Je croyais que tu étais allé te coucher ?

-Je pourrais dire la même chose. Où est-ce que tu vas ?

-Je ne vais nulle part. Je...prends l'air.

-On ne connait pas les lieux, ni les personnes qui y vivent. Se balader seule, en plein milieu de la nuit, c'est loin d'être une bonne idée.

-De quoi as-tu eu peur ?

-Pardon ? De quoi tu parles ?

-Tout à l'heure. Qu'est-ce que tu as vu ?

-Rien du tout.

-Menteur. J'ai sentis ta peur je te signale.

-Je n'ai vraiment pas eu peur ! J'ai juste cru sentir quelque chose, mais j'ai dû rêver, comme je l'ai dit plus tôt.

-Je vais juste aller m'assurer que tu ne n'as pas rêvé alors.

-Si tu fais un pas de plus dans cette direction je ligote et t'enferme dans ton placard jusqu'au petit matin.

-Tu n'as pas d'ordres à me donner je te signale !

-Je ne rigole pas Adria. Ne t'approche pas de ce bâtiment en pleine nuit.

-Donc tu as bien senti quelque chose. Dit moi clairement ce que c'est.

-J'en sais rien, d'accord ?

-Si tu ne me le dis pas, j'irais voir.

Il m'attrapa sans la moindre once de délicatesse par le col, et me tira en avant, me soulevant légèrement du sol. Je sentis mon téléphone glisser de ma poche et l'entendis tomber. Je regardais à mes pieds, cherchant où est-ce qu'il était tombé.

-Dit-donc ! J'espère pour toi qu'il n'est pas cassé. Et lâche-moi tout de suite !

Voyant qu'il ne bougeait pas d'un poil, je relevais mon regard vers lui...et sursautait. Un long frisson remonta le long de mon dos en voyant l'expression de son visage. Ses pupilles s'étaient affinées et étalées en hauteur. La lune se montra un instant, l'éclairant de manière effrayante.

-Elyam ?

-Tu veux savoir ce que j'ai sentis. D'accord, alors ouvre bien tes petites oreilles d'humaine. C'était une nouvelle espèce, je n'avais jamais croisé un individu pareil.

-Une nouvelle espèce ? Mais elles ont toutes été découverte, l'Histoire n'a plus aucune espèce dont nous ne connaissons pas l'origine. Le seul moyen actuel d'en avoir une nouvelle serait d'en créer une artificiellement mais...

Sa poigne devint plus forte, m'empêchant de respirer, et confirmant par la même manière mon hypothèse.

-Je ne...respire...plus...

Il me lâcha, et je me sentis tomber mais il me rattrapa par le bras m'empêchant de tomber dans de la boue. Je m'extirpais de sa prise, et reculais de quelques pas. Elyam me faisait clairement peur à cet instant.

-Dans le meilleur des cas, je me trompe. Dans le pire, cette école est bien plus qu'une simple école. Ca ne restera pas un secret très longtemps. Si jamais ça s'avère trop dangereux, indice ou pas, on se tire d'ici.

Il n'attendit aucune réponse de ma part et disparu en vitesse, vers le bâtiment où nous étions logés. Je ramassais mon téléphone, puis regardais le ciel. C'était moi, ou tout le monde se faisait contaminer par cette ambiance austère ?



De bonnes fêtes à tous :3 ! 

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