Disparition ( Chapitre 3)




Quelque chose atterrit dans la figure d'Ivy, la réveillant illico presto. Elle passa la main sur son front et y décela une goutte d'eau. De la pluie ? Dans sa chambre ? Y avait-il une fuite dans le toit ?

Ce n'est qu'après être sortie des brumes du sommeil qu'elle se rendit compte que quelque chose clochait. Son dos lui faisait mal, comme si elle avait dormi sur une roche.

Avec une grimace de douleur, elle se redressa en se frottant les yeux. Le soleil était déjà couché et ses yeux mirent plusieurs minutes avant de s'habituer à l'obscurité environnante. L'obscurité ? Mais attendez !

Elle étira sa main afin d'allumer sa lampe de chevet, mais n'atteignit que du vide.

-         C'est quoi ce bordel ? maugréa-t-elle.

Ce ne fut que lorsque que ses yeux s'habituèrent à son nouvel environnement qu'elle laissa échapper une exclamation de stupeur.

-         Non, mais je rêve ! s'exclama-t-elle.

Elle n'était plus dans sa chambre, mais bel et bien dans une forêt. Elle se trouvait étendue sur un lit de feuilles mortes.

-         Dégueulasse, ronchonna-t-elle en essayant d'enlever les feuilles qui s'étaient emmêlées dans ses cheveux.

Que faisait-elle endormie par terre ? En deux cent ans, elle n'avait jamais fait de somnambulisme, alors pourquoi aujourd'hui ?

Ivy essaya de se remémorer l'heure à laquelle elle s'était endormie. Comme d'habitude, ça avait pris un certain temps. Le soleil était haut dans le ciel lorsqu'elle avait finalement fermé les yeux. Elle faisait beaucoup d'insomnies ces derniers temps.

Elle se pinça, mais, la douleur étant bien réelle, elle dut admettre qu'elle était éveillée. Hélas, l'endroit ne lui disait rien. C'était une forêt avec de grands arbres feuillus dont elle ne voyait pas la cime. De toute façon, il faisait tellement sombre qu'elle voyait à peine ses pieds. Plusieurs ombres dansaient autour d'elle, poussées par le vent. Les branches des arbres ressemblaient à de longs doigts prêts à saisir les inconnus qui s'aventuraient dans cet endroit.

Ivy frissonna d'horreur. Elle ne s'était jamais promenée seule en forêt, et encore moins de nuit. Elle n'avait également jamais été dans les scouts et ignorait comment se débrouiller au milieu de cette nature sauvage. La mi-vampire portait encore les mêmes vêtements que lorsqu'elle s'était couchée. Ses pantalons étaient plutôt chauds, mais son mince débardeur ne la protégeait pas du froid.

-         Si c'est une farce de David, aussitôt que je sors d'ici, je l'étripe.

Le connaissant, il aurait aussi pu la transporter dans son sommeil et la laisser dans cet endroit glauque pour lui faire une blague. Lors de son centième anniversaire, il lui avait préparé une surprise. Il l'avait emmenée en voiture dans un endroit où, disait-il, elle pourrait magasiner ce qu'elle voudrait. En fin de compte, la voiture s'était arrêtée devant un dépotoir et il avait ri pendant des jours devant la réaction de sa sœur. Suite à cette « surprise », elle ne lui avait pas reparlé pendant un an.

Ivy décida de bouger avant de mourir de froid. Elle était pieds nus et devait faire attention. Heureusement, la lune éclairait son chemin, même si elle se le frayait au hasard.

Elle s'arrêta net lorsqu'elle entendit un sifflement près de son oreille. Non, c'était plutôt un battement d'ailes. Un oiseau ?

Ivy jeta un regard confus autour d'elle, puis ses yeux se posèrent sur un tronc d'arbre renversé. Elle poussa alors une exclamation de surprise lorsqu'elle vit des dizaines de papillons bleus reposant sur l'écorce.

-         Impossible, se dit-elle en s'approchant d'eux.

Jamais elle n'avait vu autant de papillons réunis ensemble. C'était tout simplement splendide ! L'un d'eux vint se poser sur son bras. La mi-vampire fronça les sourcils. Cela lui rappelait quelque chose...

Elle écarquilla les yeux lorsqu'elle se souvint d'avoir vu un papillon identique la veille sur la plage.

-         Ne me dis pas que c'est à cause de toi que je me trouve ici ! s'exclama-t-elle.

Une chance qu'elle était seule, sinon on l'aurait prise pour une folle à parler à un papillon !

En guise de réponse, l'insecte ouvrit ses ailes et prit son envol. Il alla se poser sur l'arbre avec les siens.

-         Ça y est ! Je suis folle, se dit Ivy en s'agenouillant par terre. Oh Grand Esprit, si tu m'entends, sache que je retire ce que j'ai dit. Je préfère m'ennuyer dans mon lit qu'être ici.

Ivy ferma les yeux et attendit quelques instants, mais elle se trouvait toujours au même endroit.

-         Je t'emmerde ! hurla-t-elle alors. Je vous emmerde tous !

Au moment où elle criait ses mots, un coup de fusil résonna dans la forêt.

-         Oh ! Oh ! je crois que le Grand Esprit n'est pas content, se dit-elle.

Elle sursauta au second coup, puis se releva précipitamment lorsqu'elle vit la balle enfoncée à quelques centimètres d'elle, en plein milieu du tronc où les papillons s'étaient déposés. Ceux-ci s'envolèrent rapidement, et si Ivy n'avait pas craint pour sa sécurité en cet instant, elle aurait trouvé le spectacle magnifique.

-         Merde ! s'écria-t-elle en se relevant.

Quelqu'un la prenait pour une bête sauvage !

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