𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟔
ANGELINE
Tous les cerveaux sont en ébullition. Personne ne sait trop quoi faire, ni même penser. Faut-il croire les paroles de Luke ? Ou plutôt s'en méfier compte-tenu de sa santé ? Ma position sur Luke n'a pas changé : impossible qu'il ait pu commettre un tel acte ; et le voir dans cet état donne des réponses aux questions que je me posais.
Après les nombreuses questions du maître Cohen vient le tour de maître Darrow.
— Monsieur Wright, je vous rappelle que parjurer est un crime.
— Pourquoi mentirais-je ? Je suis sur le point de mourir et il est temps d'avouer mes crimes.
— Justement, vous n'avez plus rien à perdre alors mentir serait faire un cadeau à votre ancien camarade.
— Maître Cohen, j'ai une famille, un fils qui va bientôt avoir neuf ans à la fin de l'année, alors pourquoi je lui cacherais la vérité sur son père ? Il a le droit de savoir comme tout le monde. Est-ce que je regrette ce que j'ai fait ? Bien sûr ! Mais maintenant, et j'en suis désolé pour sa famille, c'est trop tard. Je n'ai jamais voulu tuer Connor Miller. Bien qu'il était une brute sur le terrain, sans empathie pour les joueurs qu'il blessait, il n'était pas moins un être humain. Il avait le sang chaud et il était toujours le premier à vouloir se battre pour un rien.
— Objection votre honneur !
— Peut-être que vous le voyez comme un ange, mais vous avez tort. Ce soir-là, je n'ai fait que me défendre ! J'ai sauvé ma peau pour pouvoir élever mon fils qui était encore dans le ventre de sa mère.
Des coups de maillet résonnent à travers la salle suivis du cri du juge qui demande le silence.
— Votre honneur, monsieur Wright ne jacte que des absurdités.
— Si vous ne me croyez pas, demander à ses anciens coéquipiers !
Alors que la salle est remplie de tension, l'angoisse, la peur m'envahissent et de nouveaux coups de maillet se font entendre, le juge s'adresse cette fois à Luke...
— Monsieur Wright, vous n'avez plus la parole. Vous parlez encore une seule fois et vous allez dehors.
— Votre honneur, j'ai justement un ancien camarade de Connor. Peut-il venir témoigner ?
— Objection ! Votre honneur, je demande une reportation d'audience le temps que je prépare un contre-interrogatoire.
Le juge soupire et accepte la demande de l'avocat Cohen.
— Vu les récentes révélations, monsieur Wright est mis en examen le temps de l'audience.
— Votre honneur, mon client ne peut pas être enfermé dans une prison. Il a des besoins spécifiques qui ne lui seront fournis qu'à l'hôpital.
— Très bien. Un officier sera posté devant sa chambre et il sera menotté.
— Votre honneur...
— Vous préférez qu'il se retrouve dans une cellule ? coupe le juge sèchement.
— Non...
— Bien, l'audience est reportée demain à neuf heures trente, déclare-t-il en donnant un coup de maillet qui annonce la fin de l'audience.
Je ne quitte pas Luke des yeux une seconde, même lorsqu'il se fait emmener de force hors de la salle par un agent. Et alors qu'il va pour franchir la porte de derrière, je croise son regard et lis sur ses lèvres qu'il est désolé. Il faut que je lui parle, que je le voie, qu'on s'explique...
Une fois à l'extérieur du tribunal, je décide donc de m'approcher de Charles. J'interpelle le jeune homme qui se retourne, puis s'avance vers moi.
— Je veux voir Luke. Ton avocat peut me faire entrer dans sa chambre ?
— Je ne sais pas...
— Tu nous dois bien ça, Charles.
Nous échangeons un regard grave avant qu'il hoche de la tête, un mince rictus aux lèvres. Je le remercie puis nous partons directement pour l'hôpital. Durant le trajet, un silence de plomb pèse sur nos épaules, mais que dire ? Aucun mot ne pourra faire disparaître la colère monstre qui me hante.
Une fois devant le Chicago Med, nous nous rendons devant la chambre de Luke. Je ne peux m'empêcher de me demander comment Charles peut connaître déjà le chemin, puis je me dis qu'il a dû être mis au courant avant moi de l'état de santé de Luke...
Nous arrivons devant l'officier posté sur le seuil, et nous laissons faire l'avocat Darrow pour qu'il me laisse entrer - même cinq minutes, ce serait déjà bien. Après quelques instants de négociation, l'officier Smith me laisse entrer. Je le remercie et entre tandis qu'il referme la porte derrière moi.
— Angel... Que fais-tu ici ? demande Luke en essayant d'enlever ses lunettes à oxygène, mais je l'en empêche.
— Non garde-les, dis-je en m'asseyant avant de reprendre, pourquoi Luke ? Pourquoi ne m'avoir rien dit ?
— Je ne voulais pas voir cette expression de pitié sur ton si beau visage...
— Ce n'est pas de la pitié, Luke. C'est de l'inquiétude parce que je t'aime, avoué-je en posant ma main sur son visage.
Et alors que le silence s'installe, les émotions prennent le dessus et une larme coule sur nos joues.
— J'aurais aimé être là pour toi dès le début, Luke. Tu sais que j'aurais tout fait pour toi..., jusqu'à que la mort nous sépare.
— Je suis désolé, Angel...
Je le prends dans mes bras et il se met à pleurer. Je suis bouleversée : je ne l'ai jamais vu dans cet état sauf à la naissance d'Evan, mais c'étaient des larmes différentes. Mais là, c'est comme s'il se vidait de toutes les émotions qu'il a dû porter seul ces dernières années et j'en viens à regretter de l'avoir en quelque sorte mis à la porte...
— Moi aussi, Luke. À l'époque, nous étions à bout... J'étais tellement fatiguée par la naissance d'Evan et toi tu étais submergé de tous les côtés, j'aurais dû te soutenir davantage... Pardonne-moi.
— Tu n'as rien à te faire pardonner...
Nos fronts l'un contre l'autre, nous nous regardons droit dans les yeux avant de nous embrasser tendrement. Nous sommes interrompus par le policier qui m'annonce que c'est l'heure.
— Je serai là demain et tous les autres jours qui suivront, lancé-je.
Je sens à contrecoeur nos mains se détacher l'une de l'autre. Je récupère mon sac à main et quitte la chambre après avoir regardé Luke une dernière fois.
Dans le couloir, je retrouve seulement Charles, son avocat n'est plus là.
— Ce n'était pas la peine de m'attendre, précisé-je marchant.
— Angéline, je lui ai dit de ne pas avouer ce crime, mais il a insisté, dit Charles une fois que nous sommes à l'abri des regards.
— C'est toi qui aurais dû insister pour qu'il ne le fasse pas ! Maintenant, il va passer ses derniers jours allongé dans un lit d'hôpital et menotté alors qu'il n'a rien fait, tout ça pour sauver ton cul !
— Je n'ai jamais voulu ça...
— Nous sommes deux dans ce cas.
Je le laisse en plan dans les escaliers puis je quitte l'établissement et prends le métro pour rentrer chez moi quand ma meilleure amie m'appelle.
— Hey... Comment ça s'est passé ?
— Luke est malade, Sofia...
Ma voix se brise à ces mots. Je suis accablée de regrets, je voudrais tellement revenir en arrière et tout recommencer. Effacer des paroles prononcées sans réfléchir.
— Angel... Je... suis désolée, qu'est-ce qu'il a ?
— Nous n'avons pas eu le temps d'en discuter, mais... c'est grave, il n'en a plus pour longtemps.
— Tu as besoin d'en parler ?
— Non, je n'en ai pas envie... Tu voulais quelque chose ?
Quelques secondes passent, je la sens hésiter.
— Qu'est-ce qu'il y a, Sofia ?
— Je ne veux pas te déranger avec ce que tu traverses...
— Ne t'en fais pas ! Tu as tellement fait pour moi.
— Tu pourrais me garder Emma le reste de la journée ? Nael n'est qu'à une heure trente d'ici et j'aimerais lui faire une surprise.
— Bien sûr, pas de problème ! Emmène-la à la maison, j'arrive bientôt.
— D'accord, merci ma belle !
— Avec plaisir !
Je raccroche et soupire longuement. Je ne peux pas refuser de prendre sa fille, pour une fois qu'elle me demande quelque chose... Elle n'a jamais refusé de s'occuper d'Evan donc je peux lui faire plaisir pour quelques heures. Ça me fera penser à autre chose...
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J'espère que ce chapitre vous à plus et que le prochain vous plaira davantage !
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