𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟕

LUKE

Tandis que j'ouvre les yeux lentement, la lumière du soleil qui passe par les stores m'éblouit et je les referme immédiatement. Je me retourne sur le flanc, récupère mon portable sur la table de chevet et regarde si j'ai un message d'Angéline, mais non... J'inspire profondément puis pars me laver. L'eau ruisselle sur ma peau et je pense à tous ces moments que j'ai loupés avec Evan. À l'époque, j'aurais dû trouver une meilleure solution pour nous tous... Je n'ai pas réussi à protéger tout le monde, et ceux qui comptaient le plus pour moi en ont souffert. Quel con !

Angéline a eu raison de m'éloigner d'elle et de notre fils. Notre famille aurait été encore plus ravagée si j'étais resté auprès d'eux. Mon seul objectif maintenant, c'est de passer le plus de temps possible avec ceux que j'aime avant que je ne passe derrière les barreaux dans quelques mois.

Une fois habillé, je récupère ma veste en jean puis je quitte le motel pour aller chercher un café au coin de la rue. Assis à une table en terrasse, je joue nerveusement avec mon portable en le faisant tourner entre mes mains, quand il se met à sonner. Je regarde le numéro qui s'affiche, mais la joie de recevoir enfin un appel s'estompe en voyant que c'est juste Charles.

Je décroche et réponds vite à ses questions, je ne veux pas manquer l'appel d'Angel... Je fais de mon mieux pour le rassurer et finalement, notre échange est aussi aussi bref que la vue du téton de Janet Jackson lors du Superbowl.

Les minutes défilent et mes yeux se posent sur les passants : des personnes seules, des couples qui se tiennent par la main où s'embrassant tendrement - ce qui me renvoie à mes propres souvenirs de l'université... Des enfants passent aussi par là avec un sourire qui illumine leur visage. En voyant leur bouille pleine de joie, un sourire se dessine à son tour sur mes lèvres.

Sur les coups de midi, alors que je mange de la pizza dans ma chambre d'hôtel aux murs boisés, mon téléphone sonne à nouveau. Je me précipite dessus et aperçois un numéro que je ne connais pas : ça ne peut être qu'elle !

— Allô ?

— Luke ? C'est Angéline.

— Comment tu vas ?

En vue du silence qui suit, je me demande si ma voix n'était pas trop enthousiaste.

— Angéline... ?

— Oui désolée, Evan me demandait quelque chose... Je vais bien. On va bien.

De nouveau, un silence s'installe. Mais ce n'est pas un silence gênant, c'est celui que vous avez avec une personne quand vous vous sentez bien avec elle.

— Tu es libre cet après-midi ?

— Oui.

— Rejoins-nous à quatorze heures devant le pavillon du parc Ping Tom Memorial Park.

— Je serai là ! À tout à l'heure.

— À tout à l'heure.

Un échange tout aussi court que celui que j'ai eu avec Charles, mais celui-ci m'a mis de meilleure humeur. Durant le temps qu'il me reste, je me torture l'esprit pour savoir de quoi je pourrais bien parler avec Evan. Aime-t-il les animaux ? Qui est son meilleur ami à l'école ? Sa matière préférée ou encore le sport qu'il pratique ? Tant de questions dont, j'espère, j'aurai bientôt les réponses. Je suis impatient de voir mon fils, de lui parler, le serrer dans mes bras après toutes ces années...

Je décide de partir de bonne heure pour arriver en avance et ne louper aucune seconde à leurs côtés. Une fois à l'entrée du fameux parc, je me dirige vers le pavillon à l'architecture typiquement chinoise qui est le point central du parc. Je m'assieds sur l'un des deux bancs se trouvant devant le bâtiment et scrute les alentours.

Mon téléphone affiche bientôt l'heure du rendez-vous. Je vais pour lever les yeux quand une voix douce surgit de derrière moi. Je me retourne tout en me levant :

— Bonjour Luke...

— Angéline...

Nous échangeons un mince sourire avant que mes yeux se posent sur le petit être qui se cache derrière le dos de sa maman. Angéline passe son bras autour de ses épaules et lui fait faire quelque pas en avant.

— Evan, voici ton papa...

Je m'agenouille à sa hauteur pour lui adresser la parole :

— Ravi de te revoir, Evan.

J'observe son si beau visage et alors qu'il me regarde de haut en bas, j'aperçois ses yeux. Ils n'ont pas changé depuis que je suis parti, ils sont toujours bleus. C'était ma crainte qu'ils changent de couleur en grandissant, mais je constate avec émotion qu'Evan me ressemble beaucoup.

— Tu dis bonjour ? intervient sa mère.

Il laisse échapper un « bonjour » à peine audible, d'une voix si douce que je sens mon cœur se gonfler dans ma poitrine.

— Et alors tu fais ton timide, chéri ? D'habitude, il n'est pas comme ça..., c'est une vraie pipelette.

— Ça ne fait rien... Il est intimidé..., à vrai dire, je le suis aussi.

Nous décidons d'aller nous asseoir à une table de pique-nique. Assis tous les trois autour de la table, Angéline sort quelques figurines de dinosaures du sac d'Evan, et ce dernier commence à jouer avec.

— Je vois que tu aimes les dinosaures. C'est lequel ton préféré ?

— Lui, dit-il en levant le T-rex.

— Très bon choix. Il terrifie tout le monde celui-là ! Je peux... jouer avec toi ?

Il me regarde avant d'acquiescer. Nous jouons donc aux figurines sous les yeux attentifs d'Angéline. Nous inventons une histoire et tandis que les minutes s'écoulent, je sens que le courant avec mon fils s'établit peu à peu. En plus d'être plus réceptif à mes questions, il parle beaucoup plus.

Tout à coup, Evan me regarde, un grand sourire sur le visage.

— Tu veux jouer au baseball ?

— Au baseball ?

— Il pratique ce sport après l'école, le mercredi.

— Oh ! Oui, je veux bien !

Angéline nous donne des gants ainsi qu'une balle. Nous nous mettons en place, puis nous nous faisons des passes sous les encouragements d'Angéline.

Je ne vois même pas le temps passer tellement je m'amuse. Je suis vraiment heureux d'être ici avec eux. Commençant tous les deux à fatiguer, nous faisons une pause. Tandis qu'Evan va boire, je décide d'aller nous chercher un goûter. Après un aller-retour au foodtruck du parc, je reviens avec trois crêpes aux Nutella qui sentent tellement bon que je me les garderais bien toutes les trois pour moi !

Nous mangeons tranquillement en nous posant des questions l'un sur l'autre. Je commençais à me sentir bien, jusqu'à ce qu'Evan pose une question qui me désarçonne totalement :

— Tu vas repartir ?

J'échange un regard avec sa mère avant de répondre :

— Je ne sais pas.

Et voilà... C'est la première fois que je mens à mon fils. Je ne veux pas qu'il sache ce qu'il se passe, c'est trop tôt...

— Ne fais pas cette tête. Nous allons passer autant de temps ensemble que je le pourrai..., enfin si ta maman le veut bien ?

— On essaiera, oui.

Le sourire d'Evan renaît sur ses lèvres ; j'avais oublié comme il est bon de voir son enfant heureux. Angéline a excellé dans l'éducation de notre fils ces sept dernières années. Cet enfant est parfait. Il est intelligent, généreux, d'une gentillesse remarquable. Il sera quelqu'un plus tard. Quelqu'un d'important. Quelqu'un dont je serai fier d'être le père.

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Chapitre tranquille où l'on découvre la relation père-fils :)

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