𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟒

ANGELINE

Un peu plus de quatre mois de bonheur se sont écoulés. La neige a recouvert l'herbe verte des parcs et les branches dénudées des feuilles puis elle a fondu, laissant les bourgeons prendre sa place.

Cela fait quatre mois que je fréquente Charles et tout se passe merveilleusement bien. Ces temps-ci, il dort de plus en plus souvent à la maison et ça ne dérange personne. Evan l'adore, ce qui me réjouit et avoir cette présence masculine autour de lui ne lui procure que du bien.

Durant ces quatre mois, j'ai réussi à dépasser mes doutes à son sujet et maintenant, je vis enfin pleinement ! Je savoure chaque journée passée avec lui et qui inonde mon âme de milliers de rayons de bonheur.

Aujourd'hui, le ciel est dégagé et le soleil brille, nous profitons de cette douce journée pour préparer le repas sur la terrasse des Ross. Sharon et Warren, ayant deviné la nature de notre relation avant même qu'on leur en parle, nous ont invités tous les trois pour le déjeuner.

Nous arrivons devant la demeure. Evan et moi suivons Charles qui ne prend pas la peine de toquer et entre directement chez ses parents. Nous retrouvons les propriétaires dans le salon : Warren lit la revue du jour, tandis que Sharon s'active aux fourneaux. Je crois bien que c'est la première fois que je la vois derrière le comptoir !

— Oh, chéri ! Vous êtes déjà là.

— Salut, maman. Ça sent très bon ! s'exclame-t-il en l'étreignant.

— Merci ! Angéline, je suis contente que vous ayez pu venir.

— Je pense qu'à présent, vous pouvez me tutoyer, Sharon.

— Comme tu voudras, sourit-elle.

— Je vous ai apporté une quiche faite maison.

— Merci, pose-la sur le comptoir.

— Vous voulez de l'aide peut-être ?

— Je ne veux pas t'embêter, c'est ton jour de repos. Aujourd'hui, tu es mon invitée, pas mon employée. Warren, va donc les installer sur la terrasse et sers-leur à boire !

— Allez dehors, je vous rejoins, intervient-il.

Nous sortons et nous prenons place autour de la table du salon de jardin. Evan reste bien sage à mes côtés - je l'ai averti avant de partir qu'il devrait se montrer encore plus obéissant que d'habitude. Monsieur Ross revient avec une bouteille de vin rouge qu'il débouche avant de servir quatre verres.

— Qu'est-ce que tu veux boire, Evan ? demande Charles.

— Mince, je t'ai oublié, fiston. Nous avons du jus d'orange ou du soda, si tu préfères.

Warren me regarde pour savoir si Evan peut en boire, ce que j'autorise. Charles s'en occupe et part dans le garage chercher une canette fraîche ainsi qu'un verre. Mon fils le remercie puis boit quelques gorgées.

Sharon nous rejoint après avoir mis le rôti au four et nous nous mettons à discuter, quand la fameuse question s'échappe des lèvres de Warren :

— Alors, depuis quand êtes-vous ensemble ?

Charles pose son regard sur moi avant de lâcher :

— Papa, ça ne te concerne pas...

— Fiston, tu peux tout nous dire.

— Warren, laisse-les. Nous n'avons pas besoin de le savoir. Charles a raison, c'est leur vie privée.

— Depuis que nous sommes allés à l'exposition des dinosaures, interviens-je. Il y a environ quatre mois.

Tous les regards se tournent vers moi. Je croise l'immense sourire de Charles. Je pense qu'il n'a pas répondu parce qu'on n'a jamais convenu d'une « date » pour le début de notre relation. J'aurais été tentée de dire qu'elle a débuté lors du week-end au chalet, mais ce n'était qu'un séjour sans promesses ni attentes, et je voulais juste voir où cela pourrait nous mener. Quatre mois plus tard, me voilà avec Charles et mon fils dans le jardin des Ross à déjeuner en « famille ».

— Maman...

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Je peux aller jouer ?

Je jette un coup d'oeil vers Sharon qui hoche la tête tout en souriant. Evan la remercie puis récupère à ses pieds le ballon de foot qu'il a emmené et part s'amuser un peu plus loin. Nous suivons un moment Evan du regard avant que Warren lâche de but en blanc :

— Eh bien, Angéline, vous avez tout mon soutien. Il faut pouvoir le supporter, mon fils !

— Papa !

Nous rions tous ensemble et je reprends :

— J'arrive à le gérer et puis je dois dire qu'il a beaucoup changé.

— Oui, il a l'air calme et posé, maintenant.

— Vous savez que je suis juste là, avec vous ?

Nous ricanons une nouvelle fois avant que les hommes de la maison décident de rejoindre, Evan pour jouer avec lui. Je reste avec Sharon pour les observer et elle me dit, le sourire aux lèvres :

— Je suis contente que Charles et toi, vous vous soyez trouvés. Vous vous êtes connus à l'université alors ?

— Pas tout à fait. J'étais dans une école de cuisine, mais j'allais souvent sur le campus pour voir mon petit-ami de l'époque qui est le père d'Evan. Il était le capitaine de l'équipe de football dans laquelle Charles jouait. C'est comme ça que je l'ai rencontré, mais nous n'étions pas plus amis que ça...

— Je vois. Quand vous parlez du capitaine, vous parlez de ce cher Luke White ?

— Exact, c'est bien lui. À l'époque, ils étaient tous les deux très proches. Dès leur rencontre, Luke avait pris Charles sous son aile.

— Oui, il était souvent ici, à la maison. Comment va-t-il ?

— Je ne sais pas... Nous nous sommes séparés il y a plusieurs années maintenant, et je n'ai plus eu de contact avec lui.

— Désolée si ma question t'a mise mal à l'aise.

— Ça va, mais est-ce que je peux vous en poser une en retour ?

— Bien sûr !

— Pourquoi Charles s'appelait-il Charlie Davis, à l'époque ?

— Eh bien, c'était les années où Charles était un rebelle. Il faisait tout et surtout n'importe quoi. Il s'est même fait exclure de son dernier lycée après trois ans. Il ne voulait pas que les autres jeunes de son âge le voient comme un fils à papa - c'est ce qu'il nous avait dit. Alors il s'est fait passer pour un autre...

— Luke était au courant ?

— Oui, il l'a deviné en venant ici. Il était très intelligent, et très courageux.

— Effectivement...

— Je suis achevé ! s'exclame soudain Warren en se laissant tomber dans un fauteuil, son verre de vin à la main. Votre fils ne manque pas d'énergie !

— Chéri, tu n'es plus tout jeune...

— Merci de me le rappeler... Je vais boire pour oublier.

Sharon et moi pouffons de rire en l'entendant. L'irruption de Warren a clos notre conversation sur les hommes qui ont chamboulé ma vie. Sharon se lève soudainement, annonçant qu'elle va voir si le rôti va bien, et revient quelques instants plus tard :

— Le rôti est bientôt prêt. Nous pouvons commencer à manger l'entrée.

J'appelle mon fils et Charles qui nous rejoignent à table. Nous dégustons ma quiche dans la bonne humeur. Ensuite vient le tour du rôti, pour lequel je complimente Sharon, ravie.

— C'est vous la pro, Angéline.

— Je vous assure qu'il est très bien. Il n'est pas sec, la viande est tendre et les pommes de terre fondent dans la bouche.

— Alors je suis contente !

Une fois nos assiettes vides et nos ventres pleins de la tarte aux pommes de Sharon, nous rentrons chez moi. Evan va faire ses devoirs sur son bureau qui n'est pas encombré pour une fois par ses dinosaures, tandis que Charles et moi nous installons sur le canapé, devant la télévision.

En plus d'avoir passé un agréable moment avec ses parents, j'ai pu en apprendre un peu plus sur Charles et Luke, et certaines de mes questions trouvent enfin des réponses...

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BONNE SAINT-VALENTIN ! 
Je la passe en mode soirée Netflix avec ma soeur ! 😂

A vendredi !

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