𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟑

ANGELINE

Il est samedi, et même si les nuages gris ont pris le dessus sur le soleil, ce n'est pas ce temps médiocre qui m'empêchera de passer une magnifique journée !

Ce matin, nous avons pris notre temps avec Evan - malgré l'impatience de ce dernier pour découvrir sa fameuse surprise. Nous avons regardé un film, puis nous nous sommes préparés pour l'après-midi. Alors que nous sommes attablés devant un plat de macaronis au fromage, j'inspire profondément et me décide à lui parler de Charles :

— Tu te souviens du jour où tu étais malade et que mon ami est venu te chercher à l'école ?

Il hoche la tête tout en me regardant d'un air intrigué.

— Tu es d'accord si Charles vient avec nous cet après-midi ? demandé-je d'une voix douce.

Il prend une minute pour réfléchir avant de me répondre que ça ne le dérange pas le moins du monde.

Je souris doucement en le remerciant puis j'envoie un message à Charles pour qu'il me rejoigne directement sur le lieu du rendez-vous. Une fois la table débarrassée, nous mettons notre veste, j'attrape mon sac à main et nous quittons l'immeuble.

Durant le trajet, Evan essaie encore de savoir où l'on va, mais j'arrive à tenir ma langue. Après une petite demi-heure de route, nous arrivons sur la jetée Navy. J'observe les passants autour de nous et aperçois alors Charles. Son regard croise le mien et il s'avance dans notre direction, dans un manteau noir qui lui donne une de ces classes !

Arrivé à notre hauteur, Charles sourit doucement et dit bonjour.

— Bonjour, renchérit mon fils.

— Evan, je te présente officiellement Charles. Il passera le reste de la journée avec nous.

— Je suis ravi de passer cet après-midi avec vous deux.

— Vous vous connaissez d'où ?

Nous nous regardons avec Charles, la curiosité de mon fils nous arrachant à tous deux un sourire amusé.

— De l'université, lancé-je.

— Tu connais mon père, alors ?

Et moi qui pensais que ce chapitre était clos... Les enfants peuvent être si perspicaces quand ils le veulent.

— Euh, c'est exact. Nous étions dans la même équipe de football.

— Tu sais où il est ?

Charles et moi échangeons un nouveau regard, tandis que j'essaie de prendre sur moi. Je m'agenouille à la hauteur d'Evan et lui explique d'une voix douce :

— Chéri, comme je te l'ai déjà dit, nous ne savons pas où se trouve ton père... Nous espérons tous qu'il va bien. Mais aujourd'hui, c'est ta journée, alors allons nous amuser, d'accord ?

Il acquiesce puis me prend dans ses bras. Je me redresse puis nous avançons vers le bâtiment. Rien qu'en voyant le décor de l'extérieur, Evan comprend de quoi il s'agit. Il me regarde, un large sourire étirant ses lèvres, et je sais que les questions qui le tourmentent sont à cet instant loin dans son esprit.

Il court vers l'entrée et nous le rejoignons. Sur le seuil de la porte, je tends nos trois tickets à un employé qui les découpe légèrement pour montrer que nous sommes rentrés dans l'établissement.

J'observe mon fils dont le regard émerveillé balaie la salle. Ce complexe propose une immersion complète dans l'univers des dinosaures : le rêve pour Evan ! Il y en a partout, de toutes les tailles et de toutes les couleurs et je dois bien avouer que c'est super bien fait. Certains dinosaures sont entourés par de la végétation, d'autres bougent leur queue ou bien poussent des cris monstrueux aussi vrais que nature. Dès qu'Evan aperçoit une nouvelle espèce, il ne peut s'empêcher d'énumérer toutes les capacités et spécificités de cette dernière.

Nous continuons de découvrir le lieu et tombons sur une activité qui permet aux enfants de monter sur le dos d'un des dinosaures. Nous nous approchons d'une femme d'une vingtaine d'années, en charge de l'attraction.

— Excusez-moi, serait-il possible de monter sur l'un d'entre eux ? demandé-je en désignant les créatures.

— Bien sûr ! Lequel veux-tu chevaucher, mon grand ?

— L'apatosaure !

— Très bien, quand la petite fille aura fini, ça sera à toi.

Il hoche la tête, un grand sourire sur le visage, heureux de monter sur son dinosaure préféré !

Nous patientons sagement tout en discutant avec Evan de ce qu'il voudrait essayer, ici. Et c'est avec un grand enthousiasme qu'il répond :

— TOUT !

Nous rions de sa réponse, et vient son tour de grimper sur le dinosaure. Annaëlle, la jeune employée, s'occupe de bien l'installer puis met en marche la machine. L'apatosaure se met à bouger doucement ce qui m'effraie un peu vu la hauteur de l'engin, mais Charles me rassure en affirmant qu'Evan ne risque rien. Je le prends en photo et monsieur fait comme s'il était un cow-boy qui chevauche un étalon ! Je souris, contente de le voir s'amuser autant.

Cinq minutes plus tard, il descend et s'empresse de nous partager son ressenti. Nous poursuivons notre visite sous les commentaires incessants d'Evan - c'est à peine si Charles et moi pouvons en placer une !

Nous continuons les différentes activités que l'exposition propose. Nous rencontrons des bébés Triceratops, Camarasaurus et d'autres encore ! De superbes petits animaux réalistes qui fascinent mon fils. Il arrive même à en toucher quelques-uns.

Après les bébés viennent les adolescents.

— Vous voulez que je vous prenne tous les deux en photo avec le dino ? propose Charles.

— Avec plaisir !

Evan se place d'un côté du Dilophosaurus et moi de l'autre, puis Charles capture l'instant avec son téléphone. Après ça, nous passons à la nouveauté de l'année : l'exposition sur l'océan préhistorique. Nous découvrons alors toutes les créatures qui vivaient autrefois sous les eaux.

— Les tortues de mer d'aujourd'hui sont beaucoup plus belles. Celui-là, on dirait qu'il a un bec d'oiseau.

— Effectivement, chéri.

— Evan, tu as vu ce Mégalodon ? Il est gigantesque !

Evan et moi nous retournons pour regarder Charles qui se trouve quelques mètres derrière nous, à observer le requin géant. Evan accourt vers lui et je les rejoins.

— Le Mégalodon avait la morsure connue la plus puissante de tous les animaux, estimée entre 25 000 et 40 000 livres de force.

— C'est beaucoup ? demande Evan, ses yeux curieux tournés vers Charles.

— Oui, c'est énorme. Tu sais ce que son nom signifie ?

Il secoue la tête et Charles répond aussitôt :

— Dent géante ! dit-il en ouvrant grand sa bouche et en se rapprochant brusquement d'Evan pour l'effrayer.

Je m'esclaffe, et les appelle pour que l'on continue notre tour. Nous terminons l'exposition par une fouille de fossiles. Amusée, je regarde mon fils transformé en un paléontologue hors pair. Il conclut son expérience par un quizz sur l'exposition, dans une mini-station scientifique.

— Félicitations ! Tu as fait un sans-faute. Tu peux choisir une figurine parmi celles-ci.

L'homme qui s'occupe de la station se décale pour laisser voir une rangée de jouets en forme d'animaux. Evan prend son temps, son regard balayant les figurines avec une mine réfléchie, puis il en pointe une du doigt.

— Bon choix, le Mégalodon ! s'exclame Charles.

Evan lui sourit puis il remercie l'homme. Quand nous sortons de l'établissement, nous nous apercevons que la nuit est déjà tombée. Il est à peine dix-sept heures mais c'est comme s'il était déjà vingt heures passées ! Pas de doute, nous sommes bien en hiver.

J'aime bien cette saison, surtout pour l'ambiance de Noël, qui approche à grands pas.

— Alors ça t'a plu ?

— Merci, maman !

Il entoure ma taille de ses bras et me serre fort contre lui.

— Ravi que tu aies passé une bonne journée, chéri.

— Suis-je le seul à avoir envie d'une crêpe ?

Le sourire d'Evan s'étire encore plus. Nous faisons quelques mètres avant d'arriver devant un food truck. Charles paie les trois crêpes au nutella puis nous nous asseyons sur un banc pour discuter de l'exposition. Vu qu'il ne pleut pas, nous décidons de faire le tour de la jetée Navy qui est illuminée de toutes ses lumières chaleureuses. Nous marchons pour lutter contre le vent qui vient de l'océan.

Une fois notre goûter digéré et alors que nous nous apprêtons à rentrer, je me plante face à Charles en prenant ses mains dans les miennes, un sourire au coin des lèvres :

— Ça te dirait de venir à la maison ?

Il me regarde droit dans les yeux avant de me répondre tout en souriant :

— Si vous n'en avez déjà pas marre de moi, alors je viens.

— Pas le moins du monde.

— Charles, tu connais le film Le voyage d'Arlo ?

Nous baissons la tête vers la bouille d'ange qui nous dévisage avec de grands yeux, et Charles répond d'une voix douce :

— Non, je ne le connais pas, mais je serais content que tu me le fasses découvrir.

— On peut le regarder en rentrant, maman ?

Je place mon index sur mon oreille en tendant celle-ci et Evan reprend :

— S'il te plaît !

— Ah ! C'est beaucoup mieux avec la politesse. Oui, on pourra le regarder.

— Merci !

De ma main droite, je tiens celle d'Evan et de ma main gauche, celle de Charles. Nous partons tous les trois jusqu'à la voiture de mon partenaire qui nous ramène chez nous.

Je fais faire le tour de l'appartement à notre invité ; mon fils est ravi de lui montrer sa collection de dinosaures.

— Celui-là, je l'ai appelé Water.

— Et pourquoi ce nom ?

— Parce que c'est un dinosaure marin et qu'il vit dans l'eau, rétorque-t-il comme s'il s'agissait d'une évidence.

— Ah bah oui, suis-je bête !

Nous échangeons un sourire complice. Je propose de jouer à un jeu de société : le Time's up, un jeu où il faut faire deviner le mot inscrit sur sa carte. Nous faisons plusieurs parties déjantées, dont une où Charles mime la démarche d'un T-rex, qu'Evan reconnaît immédiatement !

— Cette carte était pour toi, petit ! Tu sais que j'imite à la perfection le vélociraptor ?

— Ah bon ?

Assis sur le canapé, nous observons Charles qui imite le fameux dinosaure. Debout, les bras pliés, il marche en levant les jambes lentement et en tortillant sa tête de tous les côtés. Nous rions jusqu'à en avoir des crampes !

En début de soirée, vu que c'est jour de fête, je cède à la demande des garçons pour commander des pizzas chez Arturo :

— À quoi vous les voulez ? demandé-je en composant le numéro d'Arturo.

— Quatre fromages ! s'exclament-ils en choeur.

Je souris à leur réponse spontanée. Décidément, ils ont vraiment les mêmes goûts ! J'appelle la pizzeria et Arturo décroche à la première sonnerie. Je passe ma commande et il me suggère de descendre dans un quart d'heure. Je profite de ce laps de temps pour qu'Evan aille vite se laver et pour lancer le DVD du Voyage d'Arlo.

— Tu veux une autre bière ? lancé-je à mon ami.

— Oui, merci.

J'en sors deux du frigidaire et pars m'asseoir à ses côtés.

— Ça ne te dérange pas de regarder le film ?

— Non, ne t'inquiète pas, j'adore les films !

— Je n'ai pas envie que tu te sentes pris au piège.

— Pas du tout, Angéline. J'ai accepté de rencontrer ton fils et à vrai dire, je l'apprécie beaucoup. Cet enfant est une boule d'énergie !

— Oh ça oui ! ricané-je avant de boire une gorgée.

— Je n'ai pas envie de partir, je suis bien avec vous..., renchérit-il en posant sa main sur ma cuisse.

— Je suis contente que tu sois là.

Je me penche doucement vers lui. Nos lèvres ne sont plus qu'à quelques centimètres l'une de l'autre quand la voix stridente d'Evan nous interrompt.

— Maman !

— Je reviens...

Je me lève et me rends dans la salle de bain où Evan m'explique qu'il a oublié son pyjama dans sa chambre. Alors je sors et pars le chercher pour le lui amener. Quand je sors à nouveau de la salle d'eau, mon téléphone sonne : c'est Arturo.

— Tu peux le surveiller ? Je vais chercher le dîner.

— Je m'en occupe, répond Charles.

Je descends à toute vitesse, salue le patron, le paie puis remonte avec le repas. Alors que j'entre dans l'appartement, j'aperçois les garçons jouer aux figurines sur le tapis du salon. Je ne peux m'empêcher de sourire à la vue de cette scène. Ils s'entendent bien, je ne pouvais pas rêver mieux !

Nous mangeons donc tout en regardant Le voyage d'Arlo et en dévorant nos pizzas avant d'aller nous installer tous les trois sur le canapé. J'ai la tête posée contre l'épaule de Charles qui est allongé dans l'angle du divan, alors que la tête d'Evan est appuyée contre mon flanc.

Lorsque le générique de fin se lance, j'entends de légers ronflements qui proviennent du petit monstre contre moi. Je bouge lentement, essayant de ne pas le réveiller, puis j'éteins la télé.

— Je vais aller le mettre dans son lit.

— Laisse, je vais le porter.

Je souris à Charles et le laisse faire tout en le suivant. J'avoue que plus il grandit et plus j'ai du mal à le porter...

Je place la couette sur lui, embrasse son front puis nous sortons de sa chambre. Charles m'aide à ranger le salon et je le remercie. Debout l'un face à l'autre, un rictus au coin des lèvres, je lance :

— Je t'aurais bien dit de rester, mais je préfère qu'on prenne notre temps pour Evan.

— Je comprends parfaitement. En tout cas, tu as un fils en or et j'ai passé une excellente journée.

— Également.

— Je vais te laisser.

Nous restons là sans rien dire, mes yeux plantés dans les siens. Nous nous penchons à nouveau l'un vers l'autre jusqu'à ce que nos lèvres se touchent cette fois. Un baiser plein de tendresse et d'affection.

— Bonne nuit, Angel.

— Bonne nuit, Charles.

Il ouvre la porte puis la passe. Il se retourne une dernière fois avant de s'en aller. Je ferme la porte et me dirige vers la salle de bains.

Serait-ce le début d'une vie comblée de bonheur ? 

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Soyez prêt pour ce qui va suivre... ♥

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