chapitre 3
26 MAI 2024 : 8h04
décize, bourgogne-franche-comté
Les premiers rayons du soleil, perçant à travers les rideaux de ma chambre, me tirèrent doucement d'un rêve doux mais flou. Mon esprit encore dans les vapes et les yeux encore mi-clos, je tâtonnai à la recherche de mon téléphone posé sur la table de nuit. L'écran s'alluma au contact de mes doigts, projetant une lumière blanche dans la pénombre de la pièce.
Je parcourus rapidement les notifications, les messages de mes amis, les rappels de devoirs, rien de bien inhabituel. Jusqu'à ce que mes yeux se posent sur une alerte d'actualité, frappante, rouge. Mon cœur s'emballa. L'intitulé était court mais glaçant : "FLASH INFO : Vol ou disparition au musée du Louvre". Je cliquai dessus, la respiration coupée.
Les détails s'affichaient devant moi, des descriptions défilant sur l'écran. Plusieurs tableaux et reliques portés disparus. Les vidéos des caméras des caméras de surveillances s'éteignant toute en même temps l'espace de cinq secondes, ce qui fut assez pour que les peintures disparaissent. Aucuns agents de sécurité présents dans les salles victimes de l'incident, aucunes alarmes déclenchés et aucun indices d'effraction ou d'intrusion quelconque. Le seul points communs entre toutes les œuvres volés est l'époque : toutes avait été écrites, peintes ou sculptés sous le reine de Louis XIV, le roi Soleil. Indice ou coïncidence ?
Mon sang ne fit qu'un tour et mes mains se mirent à trembler. Mes pensées se brouillaient, l'angoisse montait. Je devais absolument savoir si ces œuvres avaient un lien, aussi minimise qu'il soit, avec celle que j'avais pu voir au château. J'avalai difficilement ma salive, essayant de calmer la panique grandissante qui menaçait de m'envahir. Je savais que cette histoire était loin d'être anodine, mais pas de là à que ça impacte autant la réalité.
J'inspirai profondément et décidai de chercher plus d'informations, quand un titre attira mon attention. "Le célèbre tableau du Roi Soleil en tenue de sacre, disparu du musée du Louvre". Mon cœur s'accéléra et je cliqua sur l'écran. Une journaliste expliquait la disparition du célèbre tableau dans des conditions très étranges.
C'en fut trop. J'éteignis mon téléphone et le rallongea, la tête tourné vers le plafond. Ça ne pouvait plus être un coïncidence, j'en était maintenant presque certain. Je m'insultai mentalement de ne pas avoir pensé à prendre des photos. Il faut dire que dans le feu de l'action, tout parait s'enchainer si vite. Une chose est sûre : il fallait que je retourne au château, je devais en avoir le cœur net et éclaircir cette histoire.
L'article avait laissé une empreinte d'angoisse sur mon esprit. Mes pensées tourbillonnaient alors que je descendais les escaliers, le téléphone toujours serré dans ma main tremblante. Je devais aller voir par moi-même. Je ne pouvais pas rester ici, impuissant. Mais comment expliquer cela à mes parents sans les alarmer davantage ?
Je pris une grande inspiration, essayant de calmer les battements frénétiques de mon cœur. En atteignant la cuisine, je me forçai à adopter une expression détendue. Ma mère était assise à la table, une tasse de café fumante devant elle, lisant le journal. Mon père préparait des œufs brouillés à la poêle. L'odeur familière du petit-déjeuner remplissait la pièce, mais aujourd'hui, elle semblait pesante, presque oppressante.
« Salut, maman. Salut, papa », dis-je en entrant, essayant de cacher mon agitation.
« Bonjour, mon chéri », répondit ma mère sans lever les yeux de son journal. Mon père se retourna brièvement pour me lancer un sourire. « Bien dormi depuis hier soir ? »
« Oui, bien dormi », mentis-je, la gorge serrée. « J'avais prévu de sortir avec des amis aujourd'hui. On devait faire un tour en ville, mais du coup je ne sais pas trop si vous seriez d'accord. »
Ma mère leva enfin les yeux, son regard empreint de douceur et de sollicitude. « Pourquoi pas. On a eu un peu peur hier soir mais si tu restes avec tes amis en ville, je ne vois pas le problème. Tu veux que je te prépare quelque chose à emporter ? »
« Non, merci. Je vais prendre un petit-déjeuner rapide et partir tout de suite. »
Je me servis une tranche de pain et du beurre, essayant de paraître naturel. Mon estomac était noué, mais je savais que je devais manger un peu pour garder des forces. En réalité, je ne savais pas encore exactement comment j'allais rejoindre la foret, mais je sentais que je devais m'y rendre. Mon esprit était en ébullition, échafaudant des plans confus.
« À quelle heure tu penses rentrer ? » demanda mon père en déposant une assiette d'œufs devant moi.
« Je ne suis pas sûr. Peut-être en début d'après-midi. Je vous enverrai un message pour vous tenir au courant. »
Je terminai rapidement mon petit-déjeuner, essayant de ne pas paraître trop pressé. Je remontai brièvement dans ma chambre pour récupérer mon sac à dos. À l'intérieur, je fourrai quelques vêtements de rechange, une bouteille d'eau, et mon chargeur de téléphone. Juste au cas où.
Je redescendis et embrassai mes parents, leur promettant de faire attention. Alors que je franchissais la porte d'entrée, je sentis un poids immense se soulever de mes épaules, remplacé par une détermination farouche. Je devais savoir ce qui se passait réellement là-bas.
La matinée était fraîche, le ciel d'un bleu limpide contrastant cruellement avec l'image obscure et glaçante de j'avais de la nuit au château. Je marchai rapidement vers l'arrêt de bus, vérifiant sans cesse les informations sur mon téléphone. Les réseaux sociaux étaient inondés de vidéos, de questions posées par les journaliste et d'interrogations. Apparemment le Louvre n'était pas le seul musée touché, d'autre lieux abritant des œuvres du XVIIème siècle avaient été victime de disparitions.
À l'arrêt de bus, quelques personnes attendaient déjà. J'essayai de ne pas paraître trop nerveux, mais mon esprit était en ébullition. Le bus arriva finalement et je montai à bord, m'installant à l'arrière. Le trajet me parut interminable, chaque minute étirée par l'angoisse et l'impatience. J'avais choisi de descendre à l'arrêt le plus proche de la forêt qui abritait la clairière, espérant pouvoir trouver un chemin sûr pour m'approcher du Mont. Avant de descendre, je pris soin de reregarder l'itinéraire enregistré par mon vélo le soir dernier afin de ne pas me perdre une seconde fois.
En descendant du bus, je respirai profondément l'air frais, essayant de me concentrer. La forêt se dressait devant moi, sombre et silencieuse, contraste frappant avec le tumulte de mes pensées. Je m'enfonçai dans les bois, suivant le sentier que j'avais emprunté la veille.
Chaque craquement de branche sous mes pieds, chaque chant d'oiseau semblait amplifié, comme si la nature elle-même retenait son souffle. Je progressai rapidement, mes pas guidés par l'urgence de la situation. Plus j'avançais, plus la similarité des sentiers était frappante : les mêmes arbres, les mêmes points d'intersexions, les mêmes plantes. Je commençais à comprendre la raison de mon égarement le soir dernier. Malgré la trace GPS sur moi, je ne pouvait m'empêcher de frissonner à l'idée de m'égarer une seconde fois.
Soudain, j'entendis un bruit de moteur derrière moi. Je me retournai, le cœur battant, et vis une fourgonnette s'arrêter. Un homme barbu en sortit, vêtu d'un ensemble de bucheron. Son visage était grave, marqué par la fatigue.
« Qu'est-ce que tu fais ici, gamin ? » me lança-t-il d'une voix autoritaire. « Cette zone est dangereuse, les arbres peuvent tombés très facilement, surtout après la tempête d'hier soir. Tu ne devrais pas être là. »
Un tempête ? Pourtant il n'y avait eu aucun signes d'une quelconque tempête ou forte pluie la nuit dernière...
« Je... je cherche un château », balbutiai-je, la gorge sèche. « Il est pas loin d'après mon GPS. »
L'homme haussa un sourcil, l'air surpris. « Il n'y absolument aucune château dans les environ. Je sais, je coupe des arbres dans cette foret depuis 20 ans. En tout cas, c'est dangereux de rester seul ici. Monte, je vais te rapprocher autant que possible de itinéraire. »
Reconnaissant, je montai dans la camionnette. L'homme conduisit prudemment à travers la forêt, évitant les débris et les arbres abattus. Au fur et à mesure que nous avancions, la destruction devenait de plus en plus évidente. Le sol était inégale et beaucoup d'arbres et de branches bloquait les chemin, sans toutefois paraitre comme un obstacle au barbu, qui prenait plus de vitesse pour rouler par dessus.
« Voilà, normalement c'est juste à droite. », dit-il les yeux posé sur mon GPS. « En tout cas je peux te répéter que si c'est réellement un château que tu cherches, tu vas être déçu. »
Il ria un bon coup en marmonnant quelque chose dans sa barbe avant de ma taper amicalement le dos. Je le remerciai et descendis de la camionnette, mon sac à dos fermement accroché à mes épaules. Je marchai avec précaution, évitant de trébucher sur les branches éparpillées au sol. Mon téléphone vibra, un message de mes parents : « Comment ça se passe avec tes amis ? » Je pris une profonde inspiration et répondis rapidement, essayant de dissimuler la vérité : « Tout va bien, je rentre plus tard. »
À mesure que je m'approchais du cœur de la clairière, mon cœur s'accélérait. Je dégageai quelques branche de mon passage et atteignis enfin la limite des arbres. Ce que j'avais vu autrefois comme une vaste prairie abritant le plus somptueux et lumineux des châteaux, s'était subitement changé en l'espace d'une journée en une véritable carrière abandonnée. Des centaines de troncs d'arbres jonchaient le sol, à moitié décomposés.
Je restai figé quelques secondes afin de digérer le spectacle qui se déroulait devant moi. C'est impossible, j'ai dû me tromper de chemin, me dis-je.
Mais il fallait que je revienne à la réalité, c'était bien l'endroit que j'avais traversé hier, le GPS me le confirmait. Tout ceci était obligatoirement le fruit de mon imagination.
Je m'assis quelques instants, afin d'assimiler la situation. Ma main gauche se perdit dans mes cheveux tandis que je posai l'autre à terre. Mon yeux ne se décrochait pas du paysage que j'avais devant les yeux. Tout se confrontais dans ma tête, si bien que je ne pouvais distinguer le réel de l'irréel. Je voulu me relever quand ma main sentit quelque chose sous la terre. Un bout de métal.
Intrigué je l'extrais le petit objet du sol pour voir que soit s'agissait-il. Mon estomac se serra lorsque je reconnu la breloque qui était habituellement attaché à ma combinaison de vélo à chaque sortie. Elle avait dû tomer l'autre soir lors de ma fuite. Maintenant, je ne pouvait plus avoir de doute, ce que j'avais vécu hier dans le château était bel et bien réel.
FIN
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