XVII
Pvd Eijiro :
La salle était un peu trop chargée, la déco était kitch et le papier peint me faisait penser à celui de chez ma grand-mère. Je m'attardai sur les lampes aux volumineux abat-jours, les tapis extravagants et enfin la table basse recouverte de magazines, seule preuve que nous étions dans une salle d'attente. Au fond de la salle un jeune homme un peu flippant, aux cheveux bleus et l'air de camé dépressif, feuilletait bruyamment l'une des revues.
Je me penchai pour en ramasser une et regardai la couverture, cela fit sursauter Katsuki. Immédiatement je me tournai vers lui et pris sa main. Lui aussi avait un petit air fou avec ses cheveux en bataille et ses cernes qui lui mangeaient le visage. Mon coeur se serra dans ma poitrine et je caressai ses doigts comme si cela pouvait faire disparaître sa fatigue et son stress.
Mais cela ne marchait pas, ça ne marchait jamais. Voilà un mois que nous portions ensemble ce secret, un mois que lui et moi nous retournions dans nos lits respectifs toutes les nuits, tournant le problème dans tous les sens. Il avait fallu le cacher à nos familles, pour que je sois encore autorisé à le voir et que lui n'ait pas à rougir devant ses parents.
Nos amis non plus n'en savaient rien. Je m'attendais à ce que Deku en parle à tout le monde, mais il avait étrangement tenu sa langue. Chaque jour de silence rendait sa menace plus forte encore et je n'osais plus croiser son regard rieur. Je priais tous les dieux susceptibles d'exister pour qu'il ait finalement choisi de laisser mon petit ami tranquille. Nous n'avions vraiment pas besoin de ça en plus.
Mais bientôt tout serait fini, en un mois nous avions cherché toutes les solutions, des plus extravagantes aux plus sérieuses. Et même si cela ne me plaisait pas...
- Monsieur B ?
Un petit homme avec une légère bedaine et une calvitie se tourna vers nous, entrant dans la salle d'attente. Il portait une blouse blanche et une paire de lunettes rondes, sa moustache frétilla lorsque mon petit ami se leva d'un bond, tellement sur les nerfs qu'il semblait prêt à exploser au moindre contact.
- Veuillez me suivre.
Un centre d'avortement illégal. Voilà le lieu que nous avions choisi. Un endroit où payer en liquide était suffisant, pas de nom à donner, juste une initiale. Nous en avions discuté des heures et avions passé encore plus de temps à chercher un endroit qui nous paraissait sain. Un mois de recherche pour se débarrasser de la petite chose qui s'était invité trop tôt dans nos vies.
La main de mon blond lâcha la mienne pour suivre le docteur. Je me précipitai à sa suite et rattrapai sa manche. Le mec bizarre, sa capuche noire rabattue sur ses cheveux bleus émit un petit rire sarcastique. J'aurais aimé lui écraser mon poing dans la figure. Je détournai mon attention de lui et suppliai le "médecin" du regard.
- Est-ce que je peux rester ?
- Non.
Un petit sourire se dessina sous sa moustache, mes épaules s'affaissèrent et je soupirai de déception. La main de Katsuki s'agrippa à mes doigts et les pressa de toutes ses forces. Il faisait tout ce qu'il pouvait pour avoir l'air fort, mais j'aurais préféré qu'il me parle plus. Même si nous avions discuté il ne m'avait pas fait part de son ressenti concernant la nuit du trois, ou même à propos de notre relation. J'avais beau me dire qu'il voulait sûrement traiter un problème à la fois., c'était dur d'être laissé seul face à ses incertitudes.
- C'est bon Tête d'Orties. Je reviens.
Je hochai la tête et me rassis en silence. La porte claqua et je pris ma tête dans mes mains. J'étais terrifié. On m'avait toujours dit des choses affreuses sur ce genre d'endroits dans mon ancien lycée, bien moins élitiste que le nouveau. Et maintenant j'y accompagnais la personne que j'aimais plus que moi même pour qu'elle s'y fasse peut-être charcuter. Je serrai les dents. Il ne fallait pas que j'y pense. Que j'imagine ce garçon seul, sur une table ou je ne sais où, cela me tordait le ventre.
Mais avec la peur se glissai une émotion étrange et totalement irrationnelle. Le regret. Au fond de moi, une part un peu immature, bizarre et inconsciente aurait aimé que cet enfant vive. C'était peut-être la bête qui s'était jetée sur Katsuki cette nuit là qui reconnaissait l'enfant qui ne naîtrait jamais comme une part d'elle. Ou alors c'était ma peur de perdre tout lien avec le blond après cette mésaventure. Je ne savais pas, je n'aurais jamais l'occasion de voir ce bébé de toute manière.
Je n'avais pas fait part de ce sentiment à Katsuki. Ça aurait pu influer sur son choix et je ne le voulais pas. J'avais beau vouloir être à ses côtés c'était lui dont la vie était la plus chamboulée. Lui qui avait tout subi, je n'avais pas à décider de quoi que ce soit à sa place. Je priai simplement pour que nous traversions et nous remettions de tout cela ensemble.
La porte s'ouvrit d'un coup et mon petit ami en sortit en courant presque. Il passa devant moi, prit son sac et d'un mouvement de tête m'indiqua de le suivre. Je cherchai à comprendre ce qui venait de se passer l'air hagard. Était-ce fini ? Déjà ? J'avais l'impression que cela n'avait duré que quelques minutes. C'était peut-être suffisant ? J'emboîtai le pas du blond tout en cherchant à comprendre.
- Attends ? Tu as payé ? C'est fait ?
Il s'arrêta devant Bertrand II qui semblait plus vieux et plus sale que d'habitude. Il posa son sac se laissa glisser au sol, dos à la vieille carlingue, la tête en arrière. Il tremblait de tous ses membres. Je m'agenouillai à côté de lui.
- C'est fini, d'accord ? On va repartir à zero, tu n'as plus à supporter ce poids et surtout tu n'as pas à t'en vouloir.
Il ne réagit pas et me regarda avec un air tellement malheureux que je crus me noyer dedans.
- Tu as fais ce qui était bon pour toi. Non ?
- J'ai rien fait du tout.
Sa voix n'était qu'un souffle et il tremblait de tous ses membres. Je n'aurais pas su dire si c'était de froid ou d'horreur. Je le fis entrer dans la voiture et l'enroulai dans les couvertures pour lui apporter du réconfort. Ses doigts serraient le tissu comme s'ils s'agrippaient à une ligne de vie. Je haussai les sourcils d'incompréhension, sans oser dire un mot.
- Je...
Il se mordit la lèvre pour ne pas pleurer et je ne savais pas quoi lui dire. Tous les mots que j'avais prononcé avant me semblaient trop faibles, ils ne faisaient pas le poids face au malheur qui fauchait mon petit copain. Je collai simplement mon front au sien, il se dégagea d'abord avant de me laisser faire en soufflant pour se calmer. Il plissa les paupières et énonça d'une traite :
- J'ai rien fait et je me suis enfui parce que ce type a essayé de me toucher. Il était louche il n'arrêtait pas de dire "je vais t'aider, je vais t'aider" mais il avait surtout l'air de vouloir un supplément nature pour service rendu. Et puis il y avait l'ambiance, c'était si glauque avec ses foutues lampes et puis j'ai vu l'aiguille à tricoter et j'ai paniqué. Je- je n'aurais jamais cru qu'on utilise encore une technique aussi barbare. J'ai dit que j'avais changé d'avis mais il a voulu me forcer, il a attrapé mon bras alors je lui ai collé le plus gros coup de tête de toute ma vie et j'ai couru.
Il reprit son souffle et avala sa salive, sa respiration formait un trait de fumée dans cette voiture trop froide. Il releva la tête vers moi avec un air dépité.
- Je suis désolé... C'est trop con...
Je restai interdit un instant et essayai d'assimiler toutes les informations. Ce type avait voulu profiter d'un gosse perdu et terrifié ? Comment était-ce seulement possible ? Et à combien d'oméga acculés s'en était-il pris en leur promettant de les sauver contre un petit "service" ? J'étais si dégoûté que j'aurais pu retourner tabasser ce salaud. Mais j'avais mieux à faire.
- Kats, c'est pas de ta faute, si tu n'avais pas eu peur tu aurais subi des trucs horribles. On va trouver autre chose, tu n'aurais plus à vivre ça je te le promets. Il y sûrement un truc...
- Tu parles.
Son ton était dur et son corps tremblait toujours mais de rage cette fois. Il posa une main sur son pull, au niveau de son nombril.
- Je suis trop lâche, j'oserai jamais risquer ma peau dans ce genre d'endroit. Mais je peux pas utiliser les structures publiques, ce serait signer un contrat me garantissant une vie de merde.
Je soupirai d'impuissance. Que pouvais-je répondre à cela ? Même en remuant ciel et terre il n'y avait pas de solutions qui ne mette pas en danger sa vie ou son avenir. Il fallait choisir et cela me faisait terriblement mal de comprendre que le choix n'en était pas un.
Délicatement je posai les doigts sur les siens et les écartai, puis j'ôtai la couverture et relevai son pull, un frisson parcourut la peau du ventre encore parfaitement plat. Je tentai d'imaginer une petite chose bien à l'abri du froid là dessous. Un tout petit être dont j'étais responsable. Je me penchai pour embrasser le nombril du blond, parcourir des lèvres l'épiderme rendu sensible par le froid.
- Alors il ne reste plus qu'à assumer. Si je suis là pour t'aider, tu pourras faire tes études comme tout le monde, tu pourras passer des concours, avoir un métier. On peut s'en sortir.
J'avais parlé contre son bassin, en relevant la tête je vis qu'il me regardait comme si j'étais fou. C'était sûrement le cas.
- Et tu crois vraiment que c'est viable d'élever un gosse à 18 ans, seuls, sans source de revenus ?
Il passa une main dans mes cheveux dans un geste merveilleusement tendre. Cela faisait longtemps qu'il ne m'avait plus touché ainsi, comme si j'étais terriblement important à ses yeux.
- Tu rêves éveillé Tête d'Orties, ce môme va avoir une vie horrible et instable, comme nous.
Je souris et remis son pull en place pour qu'il n'attrape pas froid, posant ma joue contre son torse.
- Mais on est pas seuls Kats. On a chacun des parents qui finiront forcément par nous aider, les tiens plus vites que les miens sûrement mais bon... Et ta soeur ?Et nos potes qui ne nous lâcheront pas ? T'imagines Denki en babysitter pendant que tu bosseras tes exams et moi mes partiels ?
La remarque eut le mérite de lui tirer une petit sourire amusé.
- Lui, j'ose même pas l'imaginer à moins de vingt mètres d'un enfant.
- Ok moi non plus j'avoue, Shoto me semble plus safe. Il est pas très expressif mais ça évitera de retrouver un bébé dans le four.
Il rit pour de bon cette fois et j'en profitai pour l'embrasser. Ça aussi c'était comme nouveau, les baisers échangés étaient complètement inexistants depuis la nuit du trois janvier. Retrouver ces petits moments où il n'y avait rien d'autre que lui, moi, et la banquette arrière d'une vieille bagnole poussiéreuse me fit un bien immense. Et à lui aussi à en juger par le sourire qui se dessina contre mes lèvres.
Et ainsi pendant deux semaines je crus que ça pourrait marcher. Nous avions commencé doucement, en prévenant la soeur de Kats pour avoir un soutient quand il se sentirait prêt à le dire à ses parents. Puis nous nous étions renseignés sur la situation que nous aurions tout deux après l'accouchement, il semblerait que nous n'aurions même pas à mentionner l'existence de l'enfant avant notre entrée dans le monde du travail. C'était clairement la meilleure solution pour lui et moi, même si elle était très dure et moralement lourde à prendre. Faire vivre un enfant ensemble, c'était s'enchaîner l'un à l'autre, et j'avais beau aimer le jeune blond de tout mon coeur, qu'en serait-il dans huit mois ou dans deux ans ? Et si c'était lui qui finissait par me détester ?
Je passais mes jours à y penser, profitant de nos recherches, de nos pas en avant et des réponses que nous trouvions à nos mille et un doutes pour m'attarder sur notre couple. Mais encore une fois, il semblait que ce soit trop facile car ce fut ce moment que choisit Izuku pour tout balancer.
Lorsque j'entrai en cours, exactement vingt jours après la tentative d'avortement ratée, une surprise des plus ignobles m'attendait.
Je pus d'abord entendre la voix d'un blond que je connaissais bien hurler depuis le couloir. Les insultes fusaient et je courus sur les derniers mètres pour voir ce qui provoquait la fureur de mon petit ami.
En ouvrant la porte, la première chose que je vis fut un biberon qu'on me balança à la gueule. Dans la salle, Hanta, Momo et bien évidemment ce salaud d'Izuku Midoriya immobilisaient Katsuki sur sa chaise. Le blond avait beau se débattre comme un diable et hurler tous les jurons qu'il connaissait, cela n'avait pas empêché ces monstres d'écrire "pute en cloque" sur ses joues au feutre noir. Et pas seulement sur ses joues... l'inscription "bâtard hybride" s'étalait le long de son ventre comme une balafre, révélée par son t-shirt remonté sur son torse. Sur la table, un amas d'objets pour enfant était étalé et c'était sûrement de là que venait le biberon en plastique qu'on m'avait envoyé en pleine figure.
Je mis un temps fou à prendre conscience de la situation. Qu'est-ce que c'était que ça ? Pourquoi les autres élèves tous plus ou moins agglutinés au fond de la classe ne réagissaient pas ? Pourquoi le prof n'était-il pas là quand on avait besoin de lui ?
Je serrai les dents de rage et m'avançai vers le milieu de la salle, j'étais totalement pris au dépourvu, absolument incapable d'imaginer qu'on puisse être aussi cruel.
- Qu'est ce que vous foutez ?!
Le sourire de victoire d'Izuku me donna des envies de meurtre. J'allais les tuer, tous ces porcs. J'allais les tuer pour tout ce qu'ils nous faisaient. Katsuki me regardait avec un tel dégoût dans ses yeux rouges que je ne sus pas dire à qui il était destiné, peut-être au monde entier.
- Oh Eijiro ne t'énerve pas, on voulait juste fêter la grande nouvelle comme il se doit. La classe a le droit de savoir que tu l'as baisé si fort que tu l'as engrossé.
J'avais un goût acre dans la gorge et une horrible envie de vomir. Je m'approchai d'eux en faisant voler un chaise d'un coup de pied pour les atteindre.
- Lâches-le.
- Quoi ? C'est pas vrai ?
J'étais face à eux à présent. Dans leurs yeux, je pouvais lire l'hilarité de Hanta qui voyait ça comme un jeu, le semblant de crainte de Momo qui peut-être se souvenait que nous avions passé toute notre première ensemble, et surtout, surtout, la satisfaction morbide d'Izuku.
- Lâches-le.
Son sourire se figea.
- Non.
Mon poing s'écrasa contre sa sale tête d'ange. Il vacilla en se tenant la joue, ses taches de rousseur éclipsées par la marque qui se formait dessus. Mais je ne m'arrêtai pas là, je le fis tomber contre les tables et m'acharnai sur lui sans un mot, avec pour seul bruit les exclamations terrifiées du reste de la classe et les gémissements de douleur du vert. Momo recula de terreur et Katsuki envoya un coup de genoux bien senti dans le ventre d'Hanta qui s'écrasa au sol avant de s'éloigner le plus possible vers le tableau.
Moi je continuai de faire saigner mes phalanges contre le corps secoué de rires et de cris d'Izuku, comment pouvait-il encore sourire dans cette situation ? Il ne voyait donc pas que cette classe et nos vies étaient un véritable bordel ? Et à qui la faute ? Je finis par me lasser et regarder le jeune homme se tordre de rire, les côtes secouées de spasmes.
- Bravo Kacchan... T'as un petit copain aussi violent que toi.
Je relevai brusquement la tête, Hanta s'était relevé et se tenait le ventre. Momo avait les mains sur la bouche et tout le reste de la classe semblait aussi choqué qu'elle. Même Kyouka et Shoto qui étaient présents semblaient figés comme si ce qui venait de se passer ce matin à sept heure cinquante-cinq était irréel.
Katsuki aussi me regardait, mes yeux se plongèrent dans ses prunelles rouges. Qu'est-ce qu'il y voyait ? Lui au collège quand il tabassait Izuku comme je venais de le faire ? Ou juste un gros con qui venait de perdre son sang froid devant une vingtaine de personnes ? Je regardai mes mains abîmées et d'un seul coup j'eus honte. C'était comme ça que je le protégeais ? En me faisant passer pour un mec violent et contrôlé par ses pulsions devant tout le monde ? Mes yeux se posèrent sur les traces de feutre sur ses joues. Je n'avais rien empêché, je ne l'aidais en rien. Non seulement Katsuki était désormais "l'omega en cloque" du lycée, mais en plus moi j'étais son copain violent. Beau duo... Et comment est-ce qu'on allait expliquer ça à nos parents ?
Je m'en voulus tant, la scène repassa en boucle dans ma tête et je cherchai mes amis du regard pour le détourner de celui du blond qui me sembla d'un coup accusateur. Tous les yeux étaient rivés sur moi et cherchaient à deviner si j'allais à nouveau me jeter sur quelqu'un. Putain, comment est-ce qu'on avait pu en arriver là ? Les larmes me montèrent aux yeux et un cri écorché passa mes lèvres.
- Pourquoi vous me regardez comme ça ? C'est pas moi le monstre ! Je voulais juste que ça cesse !
Personne ne répondit.
- J'ai fait ça parce que vous vous ne faisiez rien ! Vous êtes tous des lâches ! Des lâches !! Vous les auriez regarder nous humilier sans un mot ! Katsuki n'est pas une bête de foire. NOUS ne sommes pas des bêtes de foire !
Ma voix se brisa et je passai une main sur mes yeux pour cacher mes pleurs. Le prof arriva pile à cet instant pour constater du massacre le massacre. Katsuki tenta précipitamment d'effacer les mots sur son visage, Izuku se relevait en gémissant de douleur, ne manquant pas l'occasion de se faire passer pour la victime. Les jouets pour enfants étaient éparpillés par terre dans un bordel monstre.
- Qu'est-ce que c'est que ça ?
Personne n'osa répondre. Personne ne savait. Mes larmes évoquaient un mal être d'adolescent. Le visage boursouflé du gamin aux cheveux verts semblait indiquer un règlement de comptes. Les marques sur les joues du blond faisaient plutôt penser à un geste de discrimination. Et les objets partout au sol... une simple crèche.
- Les trois au milieu, vous allez avec moi chez le proviseur tout de suite. Les autres vous ne bougez pas de là, vous rangez, vous jetez ces merdes et en silence.
Tout le monde s'exécuta et le silence de plomb s'attenua un peu sous nos pas. Denki qui était en retard et ne se doutait de rien regarda ce carnage avec une mine éberluée. Shoto me pressa l'épaule en me regardant passer, pour m'encourager, me pardonner ou juste en signe de pitié ? Je n'en savais rien mais j'en étais vraiment reconnaissant.
Puis nous attendîmes le proviseur, et ensuite nos parents. Ceux de Katsuki arrivèrent en premier, sa mère hurla sur le directeur d'établissement à pleins poumons, l'accusa d'abus de pouvoir et de comportement discriminatoire quand il tenta d'expliquer la situation. Evidemment tout y était passé, l'horrible mise en scène qui avait tourné au passage à tabac et les marques sur les joues de mon copain qui n'avait pas ouvert la bouche. Madame Bakugou se tut alors et le père de Katsuki souffla bruyamment comme si cela ferait passer la pilule plus vite. C'était la pire façon d'annoncer une grossesse non désirée...
Mais notre supplice n'était pas fini. La mère d'Izuku nous fit savoir son intention de porter plainte contre moi et cracha limite au visage de la femme blonde qui lui faisait face. Apparement la haine que les deux garçons se vouaient l'un pour l'autre avait déteint sur leurs parents. Enfin vint une de mes deux mères, Sekai Kirishima. Jusque là j'avais tout suivi comme en transe, enfermé dans le même mutisme que le blond. Les yeux étonnés de ma génitrice me ramenèrent vite à la réalité. J'étais mort.
- Je sors d'une réunion rien que pour vous alors il y a intérêt pour que ce soit plus important qu'une rixe d'adolescents.
- Croyez-moi Madame c'est un peu plus grave que cela.
Toute l'histoire fut à nouveau déballée. Izuku, le harcèlement, l'erreur, les insultes et les coups. "Madame Kirishima" m'administra une gifle monumentale devant tout le monde et je fus renvoyé pendant dix jours, Izuku pendant cinq. Momo et Hanta ne furent même pas appelés.
Au moment de sortir de chez le proviseur, je crus que ce serait ma culpabilité qui serait la plus terrible à supporter, ou encore l'air dégoûté de ma mère qui ne voulait plus entendre un mot de ma bouche. Mais non, le pire fut de voir Katsuki s'éloigner de moi sans m'accorder un regard, comme presque trois mois plus tôt lorsque l'erreur avait été commise. Il se contenta de suivre ses parents dans leur voiture, la main de son père passa dans son dos dans un geste tendre. Peut-être qu'après ce fiasco, il ne voudrait plus de moi.
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