XV
PVD Eijiro :
Il marchait devant moi dans le couloir empli par la pénombre. Je ne percevais que le bruit de ses pas et sa silhouette en mouvement. Cela avait quelque chose d'hypnotique, ce balancement régulier de son corps.
Lorsqu'il entra dans ma chambre et alluma la lampe de chevet, je pus découvrir celui que je connaissais par cœur. Il fit un petit sourire tendre qu'il n'offrait pas souvent et pas à tout le monde. Je m'avançai vers lui, ému, et me glissai dans ses bras pour l'embrasser. Sa main passa dans mes cheveux qu'il décoiffa tout en fermant les yeux. L'autre se baladait déjà sous mon pull comme une petite bête impatiente. J'arrêtai sa course en la prenant dans la mienne et souris.
- Je ne vous savais pas si empressé, Monsieur Bakugou.
- Il n'y a que vous qui me faites cet effet là, Monsieur Kirishima.
La pointe d'amusement dans sa voix se mut en un léger gémissement lorsque je pressai mes lèvres sur sa mâchoire, juste au dessous de son oreille, dans son cou, à la recherche d'une saveur puissante et plus enivrante que toutes les liqueurs du monde. Il rit en basculant avec moi sur le lit, constatant que finalement j'étais le plus empressé de nous deux. Ses mains s'affairaient sur le tissu de mon pull over qu'il semblait abhorrer depuis le début de la soirée, je l'aidai à m'en débarrasser.
Au loin par la fenêtre, l'oeil pâle de la lune jouait à l'aveugle dans le ciel hivernal et faisait comme si de rien était. Elle nous laissait seuls dans un moment d'une tendresse que je n'avais pas imaginé même dans mes plus beaux rêves. Ainsi, dans la demi pénombre je fus le seul à contempler avec extase mon amant se dénuder devant moi, retirer chaque vêtement et le bannir hors de ce lit presque avec cérémonie. Je retins mon souffle lorsqu'il me présenta sa peau sans le moindre artifice comme si c'était la toute première fois.
Après les grandes vacances et jusqu'à cette soirée du deux janvier, nous n'avions pas cessé de vivre ce genre de moments, plus intimes à chaque fois, parfois hésitants mais toujours très forts. Et le contempler ainsi avait toujours été ma partie préférée. Mais le blond ne sembla pas se satisfaire d'un simple regard. Son nez effleura le mien dans une caresse tendre.
- Embrasse-moi.
Et c'est ce que je fis. Sur les lèvres, les joues, le nez, dans des endroits que j'avais appris à reconnaître comme ceux qu'il aimait le plus. Très vite je descendis tout le long de son corps, marquant sa peau par moment, laissant un sillon de baisers sur son ventre. Il soupira de plaisir lorsque je descendis jusqu'à son aine, son bassin se souleva un peu et sa main vint se glisser dans ma nuque comme pour approuver le mouvement. C'était toujours aussi troublant de découvrir comment son corps réagissait, de m'aventurer un peu plus loin dans l'intime avec lui, le long de ses jambes, sur son sexe et entre ses cuisses.
Mais alors que je me croyais être le plus téméraire de nous deux, mon amant fit quelque chose qui me dérouta un instant. Lentement, il écarta un peu plus les jambes et se pencha pour récupérer un préservatif dans un des vêtements laissés de côté. Il le plaça dans ma main, son geste me sembla presque solennel.
- Attends, tu es sûr ? Enfin je veux dire, on en a pas discuté et on a encore le temps si...
- Bon dieu Eijiro, oui j'en suis sûr ! Tu veux un GPS pour t'aider ou tu vas t'en sortir ?
J'éclatai de rire devant son air renfrogné que je lui connaissais si bien. Je lui volai un baiser, nos torses s'effleuraient alors que lentement je prenais mes marques, passant une main entre ses fesses, c'était tellement intime qu'au départ je n'osais qu'effleurer cette partie de son corps que nous avions toujours évité par pudeur.
- C'est marrant je m'attendais à ce que tu me demandes d'être en dessous.
- Oh ça t'arrivera ! Mais pour la première fois je préfère compter sur ton expérience je t'avoue.
- Oula, je ne garantis rien.
- Comment ça tu ne me promets pas cinq orgasmes et l'impossibilité de me mettre debout demain comme tout alpha qui se respecte ?
Je fronçai les sourcils un instant, comment aurais-je pu promettre ça ? Cela faisait presque deux ans que je n'avais pas fait ça, le sexe ce n'était pas comme le vélo, ça se perdait et ça demandait beaucoup plus de confiance. Kats posa ses mains sur mes joues pour relever mon visage, je n'avais même pas conscience d'avoir baissé la tête.
- Hey, tête d'orties, c'était une blague d'accord ? J'ai juste envie de toi, et être avec toi maintenant c'est tout ce qui m'importe. Donc pas de pression, ok ?
Je lui fis un maigre sourire qu'il vint embrasser pour me rassurer. Ses lèvres me redonnèrent un peu plus d'ardeur et les caresses reprirent. Lentement j'osai glisser un doigt en lui. Les sensations furent totalement différentes de ce à quoi je m'attendais, c'était vraiment, vraiment étroit, plus que je ne l'aurais cru.
- Euh... C'est pas censé mouiller plus abondamment que les autres un oméga ?
La tête qu'il tira me fit comprendre que je venais de dire une grosse connerie.
- Et tu crois vraiment qu'avec une pauvre caresse et trois bisous mouillés je vais être tout feu tout flamme ?
Je grimaçai, évidemment dit comme ça...
- Attends...
Je me figeai pendant que copain laissai glisser ses mains sur tout mon corps, avant de gémir de surprise et d'euphorie lorsqu'il saisit nos deux membres en même temps. Je compris vite ce qu'il avait l'intention de faire. Et au fil de ses caresses quelques soupirs lui échappèrent et contre mon doigt, la surface se fit plus souple et glissante. Nous continuâmes ainsi le temps qu'il fallut, lui cherchant de ses mains de nouvelles manières de nous faire du bien et moi nous préparant pour la suite.
Lorsque je mis le préservatif et me présentait devant l'intimité de mon blond, nous eûmes un léger sourire complice, ses yeux plongèrent dans les miens.
- Prêt ?
- Prêt.
Et le plus précautionneusement possible je me glissai en lui, ça avait un côté tellement enivrant, tellement intime que j'avais presque l'impression de faire quelque chose d'interdit. Une vague de chaleur monta en moi, c'était beaucoup trop bon.
- Aïe ! Bordel de merde !
Je revins vite à la réalité, j'avais terminé de m'enfoncer en lui d'un coup sec, beaucoup trop rapide et sûrement très désagréable pour mon blond.
- Pardon !
- C'est pas grave. Ça va passer.
Je repris plus doucement, veillant cette fois-ci à ne pas m'emballer. Les débuts se firent très doux, et Katsuki avait raison, cela finit par passer. Alors seulement l'ambiance changea. Je le vis d'abord dans la façon dont mon blond se cambra sous moi, dans son souffle devenu erratique.
- Putain qu'est-ce que... ?
Finalement moi aussi je le sentis comme lui. Cette moiteur dans l'air qui le rendait plus lourd, l'odeur légèrement sucrée qui semblait nous envahir. J'avais du mal à respirer et pourtant c'était si bon que je ne pus m'empêcher d'accélérer et d'enfouir mon nez contre le torse du jeune homme, complètement asphyxié par cette odeur extatique. C'était aussi étrange que merveilleux. J'étais en pleine possession de mes moyens, je n'étais pas en rut, et pourtant je le sentais lui, j'étais conscient de tout ce qui émanait de lui. C'était comme si mon corps me disait "Tu fais l'amour avec un oméga, c'est pour ça que tu es là et c'est tout ce dont tu as besoin". C'était parfait.
- Je le sens aussi, je vais bien. C'est sûrement juste hormonal.
- Mais je ne suis pas en... Je n'ai aucun.. Pourquoi ils n'en parlent jamais de ça ??
La panique semblait monter chez mon petit ami. Immédiatement je m'en inquiétai et m'arrêtai complètement pour le calmer. L'odeur se fit immédiatement moins présente, Kats sembla peiner à reprendre son souffle. Je nous fis basculer sur le flanc, c'était moins confortable mais rassura encore un peu le jeune homme qui peinait à retrouver un souffle normal. Moitié à cause du plaisir, moitié à cause de la peur.
- Tu n'aimes pas ça ?
- Si, au contraire ! C'est ça le plus terrible. T'as du le voir c'est... c'est incroyable comme sensation. Ça rend tout tellement simple. Et en même temps c'est comme si tout mon organisme me hurlait "Laisse-le te faire tout ce qu'il veut. C'est un alpha, ce sera forcément bon". C'est... c'est terrifiant.
Je lui souris en hochant la tête. Je le comprenais totalement, même si c'était moins désagréable pour moi, mon corps avait aussi instigué ce rapport de force. Qu'il soit paniqué par l'idée de devoir perdre le contrôle à cause de ses hormones était normal.
- Tu veux t'arrêter ? Ça va revenir si on bouge à nouveau. Si tu ne te sens pas de le supporter...
- Non. J'ai dit que je te faisais confiance. Je veux aller jusqu'au bout.
J'enfouis ma tête dans son cou, sa réponse me rendait vraiment heureux. Nous gardâmes cette position qui, même si elle n'était pas la plus pratique, avait le mérite de rendre les mouvements plus lents et diminuer l'effet des phéromones qui étaient bien vite revenues. Malgré tout, nos corps se heurtèrent à nouveau, nos souffles se mélangèrent, et l'odeur et les râles de plaisir de mon amant me rendirent complètement fou. Ses mains me brûlaient de partout, dans ma nuque, mon dos, sur mes hanches. C'était tellement bon que je vins le premier dans un gémissement rauque. Pendant un court instant je me sentis vidé de toute force, je pris une grande goulée d'air qui me brûla la gorge.
La main de mon blond s'égara dans mes cheveux. Il me laissa le temps de me remettre, de sortir un peu de la brume que nous avions créé. Alors seulement je lui accordai toute mon attention, je jetai le préservatif et revînt vers lui. Mes doigts se posèrent sur son membre, continuant de lui procurer le plaisir que nous avions ressenti quelques instants plus tôt. À nouveau son souffle se modifia, s'écrasant contre ma clavicule avec une lourdeur qui me fit frissonner d'extase. Un soupir de contentement lui échappa lorsque je passai un doigt sur toute la longueur de son sexe jusqu'à son frein. Mais alors il attrapa mon autre main et la fit glisser entre ses jambes.
- Ça ne va pas suffire.
J'embrassai sa joue et obéis à sa demande, ma main passa sur ses fesses et mes doigts revinrent se glisser en lui. Il ne lui fallut pas beaucoup plus longtemps pour se laisser aller contre moi dans un dernier râle. Ce fut à ce moment là que je compris qu'il avait eu trop peur de se laisser aller avant. Et qu'il n'avait sans doute pas voulu d'un orgasme dicté par ses hormones. Je souris tendrement, le cœur gonflé de fierté, c'était tout lui.
Il me rendit mon sourire avant de fermer les yeux un moment comme pour se remettre de la vague qui s'était déversée sur lui l'instant d'avant. Je restai là, émerveillé, les yeux perdus dans le vague lorsqu'ils ne s'adonnaient pas à la contemplation du plus bel être au monde. Il avait la peau si pâle, et air si heureux qu'il me fit retomber amoureux de lui comme si c'était possible. Ma paume glissa contre son flanc, la sienne cherchait ma joue dans la pénombre revenue.
- Je t'aime.
Son souffle et le mien s'entremêlèrent un instant pour savourer ce mot. Je ne savais plus lequel de nous deux l'avait prononcé en premier mais il résonnait si fort dans la pièce que l'air me semblait plus lourd, comme chargé de sa présence. J'aurais pu passer ma vie ainsi et ne rien faire d'autre que de l'écouter sortir de sa bouche et le prononcer moi-même.
- Par contre tu baises vraiment comme un éléphant enragé.
- Quoi !? Kats tu viens de gâcher un moment tellement intense, tellement parfait ! C'était hyper poétique dans ma tête en plus...
- Parfait, parfait, parle pour toi ! J'ai super mal au reins moi à cause de ton énorme...
- Ok j'ai compris ! Stop !
C'est à peu près ainsi que s'acheva ce moment merveilleux : sur une remarque grivoise du garçon que j'aimais et qui m'avait offert le plus beau moment de tous les temps en plus de sa première fois. Je voulais tant le prolonger que je le regardai s'endormir tout contre moi. Je ne me lassai pas de cette sensation, de l'impression merveilleuse que son coeur ne battait que pour moi, puisque j'étais le seul à l'entendre. Je sombrai dans le sommeil à mon tour, entraîné de la plus belle des façons par se rythme entêtant.
Mais si la soirée du deux janvier avait été un paradis incroyable, elle fut bien vite éclipsée par la matinée du trois qui se transforma en enfer. J'ouvris les yeux, le corps endolori par une étrange sensation. Tout l'air autour de moi me semblait poisseux, j'avais la bouche pâteuse et une tension dans le ventre que je n'avais jamais expérimentée mais que mon instinct connaissait bien. Immédiatement je m'assis dans le lit en cherchant la source de l'odeur vanillée qui embaumait la pièce. Katsuki n'était plus entre les draps mais une force atroce m'indiqua vers où me diriger.
Je rampai sur le lit, le corps chaud, une fièvre inconnue et tout à fait détestable me brûlait de l'intérieur et mes tripes se contorsionnaient à chaque instant. Je ne savais pas ce que je faisais. C'est ce que je me dis en me regardant avancer sur les draps. C'est ce que je constatai quand un jeune homme blond, nu, tremblant et suant sur le sol se présenta à ma vue, et que je ne trouvai rien d'autre à faire que de coller son dos à mon torse.
Je n'aurais pas pu décrire ce que je vivais. Je voyais tout avec ma conscience normale mais rien ne m'obéissait. Je voyais mes mains agripper les biceps de celui que j'aimais tant avec une violence dont je ne me pensais pas capable. Je laissais une bête immonde au souffle animal se frotter contre mon petit ami comme un chien, je ne pouvais absolument rien faire pour l'empêcher. Et cette bête, elle me ressemblait trait pour trait, elle grognait avec ma voix, elle respirait avec mes poumons. Mon coeur se serra, cette horreur qui était en train de balayer tout ce que nous avions construit en plus d'un an, ce monstre que j'aurais tant voulu tuer. C'était moi.
Des larmes coulèrent entre les omoplates du blond lorsque cette chose infâme se glissa en lui. Seules preuves du dégoût qui me prenait aux tripes.
Mon esprit se rebellait, cherchait des solutions partout. Mais rien. Je posai mes yeux sur mon petit ami presque immobile sous moi. Une colère sans nom monta jusque dans ma gorge. Pourquoi est-ce qu'il ne réagissait pas ? Le jeune homme que je connaissais par cœur m'aurait frappé et arraché les yeux pour ce que la bête que j'étais lui faisait en cet instant. Il ne se serait jamais laissé faire. Et là je ne voyais qu'une poupée désarticulée, laissée à l'abandon sur le sol.
Un petit cri terrifié échappa à Katsuki Bakugou, un gémissement d'animal qu'on torture et qui ne sait pas par où s'enfuir. Un petit cri d'oméga. C'était à vomir. J'étais à vomir et je ne savais toujours pas pourquoi mon corps continuait de m'infliger un tel spectacle.
Pendant un instant mon cerveau déconnecta. Ma vue se troubla et mes oreilles bourdonnèrent, c'était comme un voile que mon esprit déposait sur ce moment pour ne pas souffrir. Comment est-ce que cela avait pu arriver ? Tout était si parfait ! Le hasard n'avait donc pas honte de nous infliger ça ? Je voulus en pleurer mais cette fois plus aucune larme ne s'échappa de mes yeux.
Puis l'irréparable se produisit. Le corps de la chose trembla au dessus de celui du blond avec une violence qui me fit mal. Et cette fois-ci il cria pour de vrai, plusieurs vrais hurlements, francs, emprunts d'une douleur sans nom. Je fus immédiatement ramené à la réalité, je ne contrôlais toujours rien mais je subissais tout avec encore plus de force que précédemment. Et j'avais beau me débattre, mon blond demeurait encore prisonnier de la bête humaine et hurlait à la mort.
Les secondes s'égrainèrent dans une lenteur infinie, la chose haletait, Katsuki s'était cassé la voix et ne proférait plus que de petit sons malheureux. Et lentement je vis arriver quelque chose de plus terrible encore. Sa tête, ma tête, se rapprochait dangereusement de la nuque du blond, passant un coup de langue sur sa peau qui me dégoûta et me terrifia en même temps. Tout sauf ça ! Un sursaut me prit et je plaquai mon avant-bras contre la nuque du jeune homme, l'écrasant contre le sol au passage. Aussitôt la bête se jeta dessus et planta les crocs dans sa propre chair, rendue stupide par l'envie instinctive de mordre et de posséder. Elle semblait si désireuse de le marquer qu'elle ne comprenait même pas quelle peau elle déchiquetait. Du sang coula dans ma gorge, mais j'étais fier de savoir que ce n'était pas celui de mon petit ami. Que je n'étais pas en train de totalement gâcher sa vie. C'était une maigre victoire, mais une victoire tout de même.
La bête se calma finalement et me laissa sa place. Immédiatement je m'écartai du blond qui resta seul sur le parquet, les jambes encore tremblantes d'effroi. Je clignai des paupières et regardait ce massacre. Qu'avions-nous fait ? Comment cela était-il seulement possible ? Je croyais qu'il ne pouvait pas avoir ses chaleurs maintenant. Je jetai un coup d'oeil à mon avant-bras mordu de partout. Ça pissait le sang et mes dents me faisaient encore souffrir d'avoir mordu si fort. Comment est-ce que ça avait pu arriver ?
Je relevai la tête vers mon blond et découvris quelque chose qui me fit plus mal que tout ce qui venait de se produire, plus mal que le sentiment d'avoir été forcé par mon propre instinct, plus mal que l'impression d'avoir tout gâché. Tellement mal que je voulus disparaître à jamais. Il me regardait avec une tristesse et une lassitude infinie, les yeux embués de larmes qu'il refusa de laisser couler.
- Kats...
Tout fut emporté par la colère, il se rua vers la salle de bain et s'enferma sans même me parler.
Je me précipitai à la porte, tambourinai contre elle comme si cela le ferait sortir plus vite avant de me contenter de supplier.
- Kats, il faut qu'on en parle ! Je, je ne voulais pas, je ne pensais pas que...
À genoux devant une porte, et lui, sûrement encore plus malheureux que moi caché derrière. C'était tout ce à quoi nous avions été réduits en quelque minutes. Plus de nous, plus de petit ami, d'amant, plus de regard amoureux. Juste un profond dégoût qui part des tripes et qui semble s'insinuer jusque dans mes poumons. Mes épaules s'affaissèrent.
- Pitié, on doit en parler. Est-ce qu'on aurait pu le prévoir ? Si on reste seuls on va...
Je n'eus pas le temps d'en dire d'avantage, le blond habillé me regardait par l'entrebâillement de la porte, la mâchoire serrée et le regard soigneusement dirigé vers le fond de la pièce. Et moi devant lui, implorant. C'était donc tout ce qu'il restait de nous ? Est-ce que le sort nous punissait d'avoir été trop heureux ? De nous être trop aimés ? Est-ce que nous nous étions joués de la nature, à penser qu'un alpha et un oméga ce n'était rien d'autre que deux hommes et pas deux codes génétiques mus par des lois cruelles ? Peu importait ce que nous avions mal fait, le résultat était là, et il était affreux.
- S'il te plaît,...
Je relevai les yeux vers lui implorant, j'aurais tant voulu qu'il hurle, qu'il me crie dessus, qu'il casse un meuble, me frappe et s'énerve comme il n'a jamais été énervé contre moi. J'aurais donné ma vie, tout ce que j'avais de plus précieux pour qu'il m'insulte de la pire des façons et explose de colère. Mais il ne fit rien de tout cela et se dirigea vers la porte sans un mot.
- Non !
Je courus pour attraper son bras, pour sauver quelque chose de la tempête qui venait de nous ravager. Pour ne serait ce que comprendre où avait été notre erreur. À la place, je ne reçus qu'un geste vif d'un jeune homme qui tente de se dégager au plus vite et un regard empli d'horreur, un gouffre au rouge éteint où les seules lueurs présentes étaient celles de la honte. Et il n'avait pas dit un mot. Il était parti sans dire un mot.
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