XIV
PVD Katsuki :
Je lèvai la tête vers le portail, le coeur léger et un sourire aux lèvres. Une brise douce vint emmêler mes cheveux, mais il faisait encore si bon en ce début de septembre. Je goûtai avec tranquillité ce moment solennel avant de me lancer et de faire un pas dans l'enceinte du lycée. Un sentiment de fierté énorme m'envahit tout à coup, c'était bon, j'étais enfin en...
- TERMINAAAAAAAAALE !!!!
Je n'eus pas le temps de savourer mon moment, deux horribles monstres aux chevelures violette et jaune poussin me firent tomber par terre devant le seuil du lycée Yuei.
- PUTAIN ! Mais ça va pas bien dans vos têtes ?
- Qui c'est qui est grand maintenant ? Qui c'est ? Qui c'est qui a le bac à la fin de l'année ?
J'écrasai mon poing sur le crâne de Denki qui me parlait comme à un toutou et continuai de les insulter allègrement. J'enrageais qu'ils m'aient volé ma si parfaite et merveilleuse dernière rentrée au lycée. Et en même temps je ne pouvais pas leur en vouloir, comment ne pas être un peu fou avec cette drôle d'ambiance ?
- Katsuki tu l'as bloqué !!
Je fronçai les sourcil et en effet me rendis compte que Denki était en plein bug, la bave aux lèvres et les pouces relevés, un air d'abruti sur le visage.
- Il va nous faire le coup chaque année ce con !
- C'est toi qui tape trop fort ! Méchant !
- Non c'est lui qui est trop fragile !!
Notre début de dispute fut interrompu par l'arrivée d'un garçon que je connaissais bien, à la coupe de cheveux soigneusement redressée en pics rouges pour l'occasion. Immédiatement je me relevai et lui volai un baiser. Le sourire qui se dessina sur ses lèvres rattrapa un peu la catastrophe perpétrée par nos deux amis.
- Hey toi, tu m'as énormément manqué !
J'éclatai de rire non sans passer mes mains autour de sa taille avec toute la tendresse dont j'étais capable. Et venant de moi, c'était un sacré effort.
- C'est sûr que ça fait.... Oula... au moins trente-cinq heures qu'on s'est pas vu !
- Je me suis senti extrêmement abandonné pendant ce jour et demi je te signale !
Je levai les yeux au ciel pour toute réponse. Nos vacances ensemble et surtout ce moment passé le soir avant de partir avait changé quelque chose. Je ne saurais pas dire quoi mais c'était assez déroutant et agréable. Comme si on avait ajouté une pièce à un mécanisme pour le rendre plus sophistiqué mais qu'il fallait encore quelques ajustements pour que tout fonctionne parfaitement. Au moins une chose était sûre, l'instant d'intimité que nous avions partagé nous avaient rendus plus tactiles, plus proches encore mais d'une autre manière.
Le jeune homme me tenait d'ailleurs la main sur le chemin qui nous séparait de la salle de classe, pendant que nous écoutions Kyouka raconter ses vacances en Bretagne, sous la pluie. Denki nous suivait comme il pouvait, traîné par la jeune fille haute comme trois pommes lorsque son état second l'empêchait d'avancer.
- Et là devinez quoi ? Une éclaircie ! Alors vite je fonce à la plage ! Mais c'était marrée basse et le temps d'atteindre l'océan j'étais de nouveau sous la flotte. Je te dis pas le retour trempée...
Je souris, ma rentrée, malgré son côté un peu bordelique n'était pas si mal que ça finalement. L'arrivée dans la salle me fit redescendre de mon nuage. Deku me fixait d'un air mauvais, je l'avais presque oublié. Il fallait dire qu'il n'avait pas l'habitude de ce genre de rentrée. Les deux années précédentes, j'entrais seul, je subissais une de ses railleries ou blagues salaces et je repartais seul. Mais malgré la satisfaction de le voir en rogne, l'ambiance me sembla pesante.
Momo rentra dans la salle le menton relevé d'un air hautain qui me rappela son arrivée il y a deux ans. Elle ne nous salua même pas, ne porta pas un regard sur nous et vint s'assoir directement aux côtés de Deku. Je jetai un coup d'œil étonné au Porc-épic tout aussi perdu que moi. Il semblerait que nous ayons manqué quelque chose pendant notre petite escapade à la campagne.
Et je compris vite quoi en voyant Shoto.
Il était pâle comme la mort, adossé à un mur, assis en travers de sa chaise, l'air vraiment mal dans sa peau. Immédiatement Eijiro se précipita vers lui et Denki sortit de sa torpeur. Je laissai faire mon petit ami, c'était celui qui avait le plus de tact de toute la bande, il valait donc mieux qu'il parle seul avec le bicolore. Quant à moi je me tournai vers les deux autres pour en savoir plus. Denki se rongeait les ongles, ce qu'il ne faisait jamais, et Kyouka gardait les yeux baissés, l'air malheureux.
- Il s'est passé un truc pendant les vacances.
Ce n'était pas vraiment une question, il était évident à voir ces deux là que c'était fini. C'est l'électrique qui prit la parole pour tenter de m'expliquer ce qui s'était passé.
- T'as pas pu aller à la soirée de rentrée vu que t'étais encore dans la voiture avec Eijiro. Mais il s'est vraiment passé des choses un peu moches.
Je n'eus pas le temps de poser plus de questions. Le professeur Aizawa arriva avec son éternelle démarche d'homme épuisé, enroulé pour ne pas changer dans sa grande écharpe grise. Immédiatement nous nous installâmes, la violette à ma gauche resta silencieuse, Eijiro s'installa à ma droite et m'éclaira un peu sur la situation.
- Ils ne sont plus ensemble. Momo a merdé à la fête de prè-rentrée chez Hanta. C'est assez flou vu que Shoto n'y était pas. Mais en gros elle aurait embrassé quelqu'un devant Kyouka et Denki et leur aurait demandé de ne rien dire au bicolore.
Je hochai la tête en tentant d'assimiler les informations. Ça ressemblait à une gaffe toute bête due à l'alcool, ça pouvait arriver mais je comprenais aussi la réaction de Shoto. Je serais sûrement rentré dans une colère noire s'il m'était arrivé la même chose. Mais de là à arrêter une relation de presque un an ? Je ne devais pas avoir toutes les infos.
- Mais Shoto l'a appris comment du coup ?
- Justement, c'est là le problème, c'est Kyouka qui est venue le lui avouer, Denki et elle trouvaient ça malsain de lui cacher la vérité. Mais évidemment, notre aimant à fangirls préféré n'a pas vraiment apprécié.
Je jetai un oeil à ma voisine, elle nous écoutait d'un air dépité. Donc le mieux pour comprendre tout ce qui s'était passé il y a deux jours était d'en parler avec elle. Je me tournai vers la jeune fille qui semblait redouter le moment de devoir nous adresser la parole. Eijiro passa la tête par dessus mon épaule. Devant nous Aizawa avait fini de distribuer ses feuilles et faisait déjà la sieste.
- Le mieux ce serait que tu nous expliques tout ce qui s'est passé. On va pas s'en sortir si on a dix milles paroles rapportées.
Kyouka se mordit l'intérieur de la joue, comme si elle cherchait la meilleure façon de commencer. Eijiro tenta de la rassurer un peu mieux que moi.
- On veut juste comprendre pour pouvoir épauler Shoto. Le but c'est pas de lyncher qui que ce soit.
La jeune fille se décrispa un peu et hocha la tête, un peu moins anxieuse que quelques minutes plus tôt.
- Ok... Je- Avec Denki au début on se disait juste qu'elle avait beaucoup bu, et que le lendemain elle s'en voudrait et irait en parler avec Shoto. Enfin bref, on estimait que ça nous concernait pas vraiment, c'est pas nous le couple. Le lendemain, sobre donc, elle s'est contentée de faire comme si de rien était avec un clin d'oeil complice. Mais vous connaissez Shoto, il tient énormément à cœur la fidélité et il est jaloux d'un rien. Alors on est ses potes, on a eu l'impression que c'était trop important pour qu'il n'en sache jamais rien.
Intérieurement je tentais de reconstruire une petite carte mentale de tout ce qui s'était passé pendant notre absence. Je savais que le couple TodoMomo vivait mal l'éloignement des vacances d'été, mais il m'avait semblé que ce n'était pas bien grave. De plus, je pesais le pour et le contre. Certes les deux compères avaient fourré leur nez dans le couple du bicolore, mais en même temps ce n'est pas comme si on pouvait laisser passer le comportement de la jeune fille, surtout si elle n'avait aucunement l'intention d'en discuter avec son copain après...
- Donc, Shoto s'est évidemment énervé et senti déçu, et ensuite ?
- On se doutait bien que ça lui ferait pas plaisir ! Mais on ne pouvait rien faire d'autre... Ce serait revenu à lui mentir et franchement, on est bien plus proches de lui que de Momo.
La voix d'Eijiro vint apaiser la jeune fille pendant que je jetais un coup d'oeil vers le fond de la salle. Sur la gauche Denki tentait d'apporter un peu de bonne humeur au pauvre jeune homme qui devait vivre un moment horrible. Et quasiment à l'opposée, la brune échangeait des messes basses avec Deku et Hanta, le trio infernal fraîchement reformé. L'année promettait...
- Bon on va voir comment ça va se passer dans les prochains jours. Si j'en crois le comportement de Denki là tout de suite, et surtout celui de Shoto qui ne l'a pas envoyé bouler, il ne vous en veut pas vraiment. Je pense qu'il est juste malheureux.
La sonnerie retentit une minute plus tard et tout le monde se lèva pour continuer ce jour de rentrée ailleurs que dans une salle de classe. Mais notre bande de pote n'était pas vraiment en état de fêter quoi que ce soit. Eijiro sembla s'en inquiéter d'autant plus que le bicolore avait rangé ses affaires très, très, trop vite pour mieux s'enfuir comme s'il voulait éviter de parler à qui que ce soit. Et un Shoto qui rangeait son cartable à cette vitesse, c'était annonciateur de l'apocalypse.
Quelques jours plus tard ce fut cependant plus calme. Le bicolore reprenait des couleurs, son ex quant à elle ne nous disait toujours pas bonjour. Il était donc temps d'avoir un peu plus d'explications de la part de notre ami. Et il semblait décidé à nous en donner puisqu'il nous installa tous dans la cour et sortit des petits beurres de son sac.
- C'est la nouvelle tradition de rupture ?
- Faut croire...
Eijiro lui passa une main dans le dos en signe de réconfort. Le bicolore soupira avant de tendre un biscuit à tout le monde et de commencer son histoire.
- Bon on ne peut pas dire qu'on était le couple parfait pendant ces vacances. J'étais avec ma mère les trois quarts du temps, j'étais moins présent à cause du divorce de mes parents et... bref c'était pas dingue. Mais on s'aimait encore beaucoup, du moins moi je l'aimais encore beaucoup.
Denki croqua dans son petit beurre un peu trop bruyamment, j'en aurais ri si la situation n'était pas si pesante.
- Alors quand Denki et Kyouka sont venus me voir... j'étais dégoûté. Je savais qu'on avait pas la même conception du "baiser en soirée" mais on en avait discuté un nombre incalculable de fois et chaque fois elle me disait qu'elle ne le ferait pas, parce que j'étais son mec et que si ça ne me convenait pas il n'y avait pas à chercher plus loin. Maintenant je me dis que ce n'est peut-être même pas la première fois qu'elle me mentait.
Il prit sa tête dans ses mains et immédiatement tout le monde fut sur lui, Kyouka vint se glisser en enlaçant son cou, profitant de sa petite taille pour arriver sans encombre sur ses genoux. Eijiro et Denki vinrent l'entourer de leurs bras. Évidemment le pikachu humain en profita pour boulotter le paquet de gâteux. Mon copain me fit signe de venir aussi. J'hésitai un instant, je n'étais pas très câlin, à part avec le hérisson, mais je pouvais faire une exception.
Nous nous retrouvâmes donc à cinq sur le béton de la cour, formant un drôle d'amas de bras et de jambes complètement désordonné. Très vite il devint d'ailleurs compliqué de nous dégager et des rires fusèrent.
- Bon les gars je vous aime bien mais j'arrive plus à respirer !
- C'est ma jambe ça ?
- Non Denki, ça c'est la mienne.
- Ah pardon !
- D'ailleurs si tu pouvais la lâcher ça m'arrangerait.
Denki lâcha finalement ma cheville me permettant d'enfin trouver une position plus stable. Shoto avait retrouvé le sourire et c'était le plus important. Il était clair qu'en parler avec nous lui avait fait du bien et finalement, il n'en voulait pas tant que ça à Kyouka et Denki de lui avoir dit la vérité, même si évidemment c'était moins bien que de l'entendre de la bouche de sa copine.
En parlant du loup, Momo marchait directement vers notre petit groupe. Intérieurement je grognai, c'était trop dur d'avoir un moment tranquille ? Elle vint se planter devant son ancien petit ami non sans fusiller les deux compères du regard. L'atmosphère pourtant si agréable se fit d'un coup bien plus tendue.
- T'as encore des affaires à moi chez toi, tu me les ramèneras ?
- Ouais. Je ne comptais pas les garder de toute façon. Tu les auras demain.
- Merci.
Le dialogue était glacial, leurs regards ne se croisaient pas, la tension était telle qu'on pouvait presque voir apparaître des éclairs entre eux. Momo tourna les talons dans un soupire que je jugeai assez dédaigneux. En repartant, elle posa son regard sur moi et ce que j'y vis me fit comprendre qu'elle n'avait jamais vraiment changé. Elle me regarda comme si j'étais couvert de boue, comme si j'étais la chose la plus sale qu'elle ait jamais vu. Avait-elle muselé son dégoût pendant qu'elle sortait avec Shoto ou est-ce qu'elle rabattait sa colère sur moi parce que j'étais une cible classique ? Je n'en savais rien mais ça ne me plaisait pas. Immédiatement je serrai les poings.
- T'as un problème ?
Eijiro me lança un regard alarmé qui voulait clairement dire "Putain Kats c'est pas le moment". Évidemment que ce n'était pas le moment, mais autant qu'elle joue son rôle d'enfoirée un bon coup et qu'on en entende plus parler ensuite.
- Maintenant que je n'ai plus à fréquenter une erreur de la nature ? Non.
Je lui aurais bien balancé mon poing à la gueule mais une main sur mon poignet m'empêcha de faire le moindre geste. D'un simple regard, Tête d'Orties me fit comprendre que c'était une bataille qui ne valait pas le coup. La jeune fille posa les yeux sur nous un court instant avant de partir non sans y aller de son petit commentaire.
- Dégueulasses.
En l'occurence cette remarque puérile me fit sourire. D'accord elle était juste jalouse qu'un être infiniment inférieur soit plus heureux qu'elle. Et à la rigueur elle cherchait à atteindre Shoto avec un message du genre "je n'ai jamais pu blairer tes potes". Rien de bien grandiose finalement, je pris la main du hérisson dans la mienne, moitié pour l'apaiser, moitié pour la provoque. Shoto quant à lui secoua la tête d'un air consterné.
- Je n'arrive pas à croire que je sois sorti avec elle.
- Oh tu sais, l'amour rend aveugle, et elle cachait pas trop mal son jeu.
- Ouais mais... enfin si ça peut te rassurer Katsuki, elle n'a été tendre avec aucun d'entre vous quand on s'est engueulés. Je l'ai rarement vue être de mauvaise foi mais pour le coup elle a fait fort.
- Te bile pas avec ça. Elle peut rager autant qu'elle veut, ça me passe au dessus de la tête.
Le bicolore se contenta d'hocher la tête d'un air grave. Les deux compères quant à eux décidèrent que le moment pas fun était terminé et qu'il était temps de passer à autre chose. C'est ainsi que nous eûmes droit à la révélation du siècle. Denki, la pile électrique, le pikachu raté, le joyeux luron sortait avec la déléguée de la classe de Terminale B : Kinoko Komori ! En apprenant cela j'explosai littéralement de rire.
- Attends ? La belle gosse avec des cheveux super longs qui ressemblent à des épines ? Et qui ne sourit jamais ?
Le jeune homme nouvellement en couple se gratta la tête d'un air un peu gêné.
- Baaah ouais ? Elle est super sympa même si elle ne comprend pas toujours toutes mes blagues...
Je repartis dans un rire tonitruant mais bien vite calmé par la tape réprobatrice d'Eijiro sur mon crâne. Cela eut le don de m'arrêter tant j'étais étonné, d'habitude c'était lui l'homme battu du couple. Cela n'empêchait en rien le fait que que je trouvais le couple un peu mal assorti, après je connaissais peu la jeune femme, peut-être que c'était en fait une fille hilarante et qu'elle le cachait très bien.
- En tout cas c'est vraiment cool pour toi ! Félicitations !! Mais il faudra que tu nous la présente devant des sandwiches sinon on va être dépaysés.
- Pas de souci !
C'est ainsi que le lendemain nous fîmes la connaissance de Kinoko devant des sandwiches triangles au thon. Et c'est également ainsi que deux semaines plus tard nous aidâmes Denki à noyer son "chagrin", mais surtout sa gourmandise, dans les petits beurres lorsqu'ils rompirent d'un commun accord, l'un parce qu'il la trouvait trop coincée, l'autre parce qu'elle pensait qu'il était trop bruyant. Je n'en dis rien devant Denki mais je fis bien vite remarquer à mon copain que j'avais eu raison. Celui-ci me gratifia d'une seconde tape sur la tête en deux semaines. Décidément, cela devenait une habitude, cette année de terminale semblait pleine de nouveautés.
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