XI
PDV Eijiro :
- Ça caille.
- Ça poulet !
- Denki, encore une comme ça et je te casse les dents.
- Si on peut plus rigoler...
Je soufflai dans mes mains en écoutant mon copain et mon pote se disputer. Avec le temps désormais glacial, l'humeur de Kats était devenue massacrante. Et pourtant, même ses insultes incessantes et le gel de début décembre ne pouvaient entacher mon bonheur. Je glissai mes poings toujours frigorifiés dans mon manteau, une autre main vint rejoindre la mienne au creux de ma poche droite, toute aussi froide. Ses doigts se pressèrent contre ma paume me procurant un frisson. Voilà à quoi ressemblait mon bonheur.
- Hey Porc-épic ? Tu nous écoutes ?
- Désolé je pensais à autre chose.
- Denki proposait une soirée gaming avec Hanta et Mina, pour une fois qu'il a une bonne idée.
- Ça me va !
Je souris en voyant que, à peine arrivés en cours, nous pensions déjà à ce que nous allions faire après et non au contrôle de physique qui va nous tomber dessus dans deux heures. Avec un peu de chance, Present Mic nous "chuchotera" les réponses. Je ne pensai vraiment plus à l'école ces derniers temps, j'avais l'impression de flotter sur un énorme nuage très haut dans le ciel. Quelques jours après avoir annoncé notre relation à notre bande, j'étais rentré chez moi dans un tel état de béatitude que mes parents m'avaient tout de suite grillé. Évidemment, ils avaient immédiatement supposé que la personne que j'aimais était un alpha, pas de chance, j'avais choisi le un pour cent différent dans ce lycée privilégié.
La sonnerie nous fit taire et me tira une fois de plus de ma rêverie, me forçant à me reconcentrer sur la cour grise de l'établissement. Au loin, notre classe se regroupait devant notre salle, nous les rejoignîmes un peu à contre-coeur. Je grimaçai quand la main du blond quitta ma poche, me privant du peu de chaleur que j'avais réussi à accumuler.
Dans la classe l'ambiance changea étrangement. J'avais la désagréable impression qu'on m'observait, de ce regard insistant que l'on sentait entre ses omoplates, et pouvait nous crisper sans qu'on en connaisse la source. Cette sensation horripilante trouva son explication dans un petit mot glissé sur un coin de ma table pendant que j'étais parti résoudre un exercice au tableau et que je ne vis qu'à mon retour. Le papier plié en quatre formait une bouche ouverte prête à révéler un secret. Je lus le mot avec attention avant de regarder autour de moi. Je me sentais toujours épié, mais maintenant je savais que c'était plus que ça. Quelqu'un que je soupçonnais avoir de mauvaises intentions, autrement dit Izuku, voulait me voir après ce fameux contrôle que j'allais rater.
Je froissai le papier avec appréhension. Évidemment, Katsuki et moi n'étions pas passés inaperçus. Au contraire, même certains élèves de la filière SN-K qui ne voyaient pourtant pas plus loin que le bout de leurs assiettes nous avaient demandé si nous étions ensemble. Ce à quoi le jeune homme au tempérament explosif et quelque peu possessif sur les bords avait répondu que Oui et que la période de Free Kiss étant terminée il avait le monopole de ma bouche jusqu'à nouvel ordre.
J'étais vite passé outre les quelques remarques salaces qu'on m'avait lancé dans les couloirs. Dans l'ensemble ce n'étaient que des blagues stupides venant de personnes que nous ne connaissions pas vraiment, Kats et moi nous y attendions un peu. Cependant je m'étais vraiment mis en colère en découvrant qu'une jeune fille de seconde avait plongé mes affaires dans un seau d'eau savonneuse parce qu'elles "puaient l'oméga" entre deux cours. Je n'avais jamais hurlé aussi fort sur quelqu'un de toute ma vie et j'étais rentré chez moi avec un sac et des cahiers trempés, mais plutôt fier de moi.
Mais ce que j'avais vécu était bien ridicule comparé à ce qu'on faisait subir au blond. En plus des insultes et coups d'épaules dans les coursives, certains avaient fait preuve d'imagination. Il avait notamment reçu une pièce de lingerie fine et un sextoy accompagnés du mot "pour faire plaisir à ton maître". Il avait trouvé cela tellement ridicule qu'il avait explosé de rire avant de tout jeter, mais moi ça m'avait vraiment choqué. J'ai eu beau chercher le coupable pendant trois jours je ne l'avais pas trouver, et force était de constater que ce n'était pas Izuku.
Je reportai mon attention sur le démon assis à quelques mètres de moi. Évidemment, il était impossible que le jeune homme aux cheveux verts ne se doute de rien, étant toujours au courant de tout et distillant les informations les plus compromettantes et souvent les plus fausses avec son sourire d'enfant. Mais j'espérais vraiment qu'il joue à l'aveugle, ou qu'il nous oublie. Toute la semaine j'avais prié pour que nous ne soyons qu'un des énièmes couples de ce lycée, même en m'étant vite rendu compte que c'était impossible. Aussi je sortis de cet examen avec une boule au ventre loin d'être due à la feuille à moitié vide que je venais de rendre.
Le jeune homme m'attendait dehors avec cette grimace qui lui déformait toujours le visage. J'avais prévenu Katsuki, en lui demandant de ne venir que si je me faisais trop long. Et il était bien possible qu'il finisse par venir me tirer de là car Izuku Midoriya ne voulait pas me lâcher. Il me le fit bien comprendre.
- Alors ? Comme ça on se fait l'omega ?
Évidemment, tout en lui puait la condescendance et le mépris, son sourire se fit carnassier.
- J'ai pas de comptes à te rendre.
- C'était quoi déjà Eijiro ? "Non vous pouvez toujours rêver ! Jamais je ne ferais une telle chose, c'est horrible de faire du mal aux petits omégas comme ça..."
Il avait pris une voix d'acteur tragique et plaçait une main sur son front, yeux fermés, tête en arrière, souriant et apparemment très fier de son petit jeu. Puis il se lassa et me regarda avec une haine si violente que je crus vraiment que ses yeux allaient me transpercer. Un instant, mes jambes flanchèrent et j'eus peur de m'écraser au sol.
- Tu t'es pris pour quoi sérieux ? Un saint ? T'as l'impression d'être le gentil de l'histoire hein ?
- Ça t'es pas venu à l'esprit qu'il pouvait juste me plaire ?
- Hum si... au début. Puis je me suis rendu à l'évidence : soit tu veux te faire son cul, soit t'as pitié de lui. Ça booste ton ego pas vrai ? De prendre sous ton aile un mouton noir. T'es pire que moi en fait.
- Mais tu racontes n'importe quoi ! J'ai pas pitié de lui ! C'est juste...
- C'est juste que t'as envie de te vider les couilles alors.
- Non !
J'étais perdu, acculé et le combat que je menais était vain. Izuku ne comprendrait jamais. C'était perdu d'avance et pourtant je ne pouvais pas laisser tomber si facilement, lui permettre d'être aussi dévastateur. Au fond de moi je remerciais le ciel que le jeune homme aux cheveux verts soit venu me parler en premier, je ne savais pas quelles horreurs il aurait inventé pour dégoûter Katsuki de moi.
- T'es dégueulasse...
- Je préfère le terme pragmatique. Enfin bon, maintenant qu'on est fixés, tu pourrais me raconter comment ça s'est passé ?
- Va te faire foutre.
- Pas avant de savoir comment il était. Avoue qu'il était encore bien puceau et qu'il n'a pas arrêté de se plaindre.
- Désolé de te décevoir mais...
- Arrête de nous faire chier le nerd.
Le blond s'approcha de nous à grandes enjambées, il portait son manteau au grand col qui se rabattait mal. Comment Izuku pouvait-il voir en lui un être inférieur, un seul instant ? Moi je voyais un dieu. Toujours était-il qu'il tombait mal, j'aurais aimé réussir à rembarrer le jeune homme sans lui, ça aurait simplifié les choses. Maintenant il allait en profiter pour cracher ses immondices sur Kats', il ne se fit d'ailleurs pas prier.
- Kacchan ! Tu tombes à pic, Eijiro me racontait deux trois trucs sur toi.
Je m'apprêtais à ouvrir la bouche pour le faire taire ou au moins m'expliquer mais je m'y pris trop tard.
- Tu sais... Ce que ça fait de baiser avec toi. Il avait l'air assez déçu.
Je me figeai et éclatai de rire, tout de suite accompagné par Katsuki qui était plié en deux. Mais bien sûr ! C'était si bête que je n'y avais pas pensé. J'essuyai une petite larme échappée de mon œil pendant que mon copain s'esclaffait :
- T'es préjugés te perdront, Deku.
J'avais été si con de ne pas remarquer que Izuku était tellement fermé d'esprit qu'il ne pouvait nous sortir qu'un énorme coup de bluff. Bluff qui évidemment ne passerai pas. Il était tellement aveuglé par sa haine qu'il n'avait même pas pu concevoir une relation alpha/oméga sans rapport sexuel. Il était d'aillleurs beau à voir avec sa mine perdue, mettant du temps à comprendre en quoi sa remarque avait pu susciter le rire. Le sourire que me fit le blond me rassura totalement. Nous n'avions rien à craindre des gens qui, comme Izuku Midoriya, ne pouvaient que se faire de fausses idées. Une de nos grandes craintes s'était envolée.
Jugeant cette conversation terminée nous le laissâmes planté là et partîmes rejoindre les autres pour manger dehors. La nourriture à la cantine était vraiment trop horrible aujourd'hui, et il était hors de question que je meurs maintenant. Lorsque nous débouchâmes dans la cour H, nos amis se jetèrent presque sur nous, la mine inquiète.
- Alors ça allait ?
Nous nous regardâmes un instant avant de leur offrir un grand sourire.
- On s'est vraiment inquiété pour rien.
Un cri de joie nous répondit et tout la petite bande s'en alla vers le stand de hot dog beaucoup trop cher et tout le temps bondé qui avait le mérite de nous offrir de la nourriture décente. Une fois la moitié de notre porte-feuille envolée nous nous installâmes dehors malgré le froid, sur une petite place tranquille.
- C'est moi ou la vendeuse draguait Momo ?
La façon dont Shoto se retourna vers Kyouka était juste hilarante, je regrettais de ne pas avoir filmé sa tête on aurait pu en faire un gif. Denki en recracha une partie de sa canette de Coca. Katsuki renchérit d'un air joueur.
- C'est pas toi, j'ai remarqué aussi.
Son sourire s'élargit un peu plus faisant pouffer tout le monde sauf le pauvre bicolore qui ne savait plus contre qui s'énerver. C'était si drôle de se moquer de cette jalousie qu'il éprouvait à l'égard du monde entier. Le pauvre, avec une copine aussi jolie, il devait se sentir dépassé. Ce genre de blague, c'était un peu sa cure.
- En fait, ya que Shoto pour ne pas se rendre compte que tout le monde mate sa copine.
- C'est pas drôle les gars.
- Ah si je suis désolée ! On dirait que le monde s'écroule sur toi dès que ça arrive.
- C'est pas vrai je fais des efforts ! T'y mets pas Momo, s'teuplait.
La jeune fille étouffa un rire avant d'avaler et déposer un baiser sur la joue de son petit ami anxieux. La plaisanterie s'arrêta là, même si certains pouffaient encore. Le silence s'installa le temps pour tout le monde de finir de manger.
- Vous pensez que Izuku a un faible pour Katsuki ?
Je me retournai vers le jeune homme aux yeux dépareillés.
- Euh Shoto, t'essaies de nous refaire la blague à l'envers là ? C'est pas drôle.
Katsuki non plus n'avait pas l'air amusé du tout, son visage s'était fermé comme une huître en moins d'une seconde. Et aucun des deux compères ne renchérit, décidément, ce n'était pas une blague amusante.
- Je veux dire, il a pas arrêté de crier sur tous les toits qu'il voulait se taper Katsuki. Et quand il a appris que vous étiez en couple, c'est à toi qu'il a voulu faire du tort et pas l'inverse.
Dit comme ça, l'hypothèse se valait. Je frissonnai à l'idée qu'un gamin aussi exécrable ait pu penser à mon copain ainsi, tout en commettant toutes ces horreurs. Personne n'était assez tordu pour faire autant de mal à un être aimé, n'est-ce pas ?
- Ça se tient pas.
À côté de moi, Kats qui s'était braqué ressortait lentement de sa coquille. Ses traits étaient toujours crispés mais il nous regardait désormais du coin de l'oeil.
- Croyez-moi il me déteste, il me déteste tellement que si on l'autorisait à prendre un couteau et tenter de me tuer, il se jèterait sur l'occasion.
- Mais...
- Ya pas de mais, je le sais, c'est tout.
Personne n'osa répliquer. Je glissai mes doigts entre ceux du blond, les entrecroisant en douceur. Son pouce vint immédiatement caresser le dos de ma main, donnant l'impression que c'était moi qui avait besoin d'être réconforté. Les discussions se firent peu à peu plus légères. Mais tout tourna à nouveau au vinaigre lorsque Denki commença à parler de Pokemon.
- Les gars vous allez jouer à Épée et Bouclier ?
- Faudrait déjà qu'on ait la switch.
- Ça va encore être la même histoire pas originale, les mêmes starters moches, ya plus aucun intérêt...
- Comment oses-tu dire ça ? En plus les starters sont trop choupis !
- Vous pensez pas qu'on a passé l'âge sérieux ?
- Ya pas d'âge pour Pokemon ! Est-ce que t'as seulement vu toutes les nouvelles options stratégiques du jeu ?
Entre Denki le fanboy, Kyouka la gamine, Shoto le rabat-joie, Momo la gameuse et Katsuki qui rageait de ne pas avoir la sainte console, la discussion allait vite finir en massacre. Les arguments se changèrent en remarques pleines de mauvaises foi, puis en engueulades. Shoto venait d'ailleurs de se prendre un coup de coude bien placé de sa copine. Selon le code du lycéen, Pokemon pouvait très bien être un motif de rupture.
Pour dérider Kats' qui ne pourrait de toute façon pas jouer au jeu, je me lançai dans le rôle du commentateur, cherchant dans leurs âneries la phrase la plus débile, les priant d'en venir aux mains. Quand il pouffa enfin je me permis de finir mon numéro. Il avait repris des couleurs et sa main vint se poser sur ma joue. M'offrant la plus belle des récompenses pour avoir fait le con, il m'embrassa devant nos potes trop occupés pour s'en rendre compte. Son souffle brûlant contrastait avec nos peaux gelées. Je le laissai glisser ses doigts contre ma nuque malgré le froid qui m'enveloppait.
- Putain les gars un peu de sérieux.
- Vous voyez pas qu'on est en pleine crise ?
J'avais fermé les yeux mais je pouvais imaginer le doigt d'honneur que leur faisait Kats comme si je le voyais. Je sentis le blond sourire contre mes lippes, étouffant un rire dans un souffle. Je repris sa lèvre inférieure d'assaut comme si nos amis n'avaient rien dit, les ignorant totalement.
- Vous savez quoi ? Ils ont raison ! Faisons l'amour, pas la guerre !
- Les capotes coûtent moins cher.
- Partouze !!
- Remets ce pull tout de suite Denki !!
Cette fois-ci je ne pus m'empêcher d'ouvrir les yeux pour voir si oui ou non notre abruti de pote s'était vraiment déshabillé par ce froid. Même une fois le baiser rompu, je restai blotti contre le jeune homme et regardai la pile électrique se les geler à cause de sa bêtise. Son grand col me gênait un peu, mais je m'en fichais bien et me contentais de sentir son torse tressauter quand il riait.
Hélas nous dûmes rentrer au lycée, toutes les bonnes choses ayant une fin. Notre petit groupe rentra en courant car, avec toutes ces histoires, nous avions oublié l'heure. Nous allions subir les remarques désagréables et graveleuses de Mme. Midnight pour le plus grand plaisir de Denki. Le jeune blond aimait un peu trop attirer l'attention de notre jeune et jolie prof d'anglais pour son bien.
En cours Izuku ne dit plus rien, plus de bout de papier plié, plus de sourire ou de remarque stupide. Et, pour la première fois de l'année, Ochako vint vers moi spontanément à la fin des cours, et avec le sourire.
- Je ne sais pas ce que vous lui avez fait mais je n'avais jamais vu Deku comme ça.
- On a pas fait grand chose pourtant. Tu sais plus éloigné il est, mieux je me porte.
Son sourire s'élargit à ma remarque, elle devait bien se rendre compte que beaucoup ne portaient pas son meilleur ami dans leur coeur.
- Il a passé le repas à s'exclamer. "Mais tu te rends compte ? Il ont pas couché ensemble" ou encore "Putain mais qu'est ce qu'ils foutent alors ? Un Monopoly ?". C'était... j'ai honte de le dire... Assez plaisant à voir.
Katsuki sortit de la classe à son tour et nous rejoignit sans autre salut pour la jeune brune qu'un signe de tête. Ochako était vraiment une jolie fille, pas le genre bombe comme Momo, le genre bien à elle, avec ses joues rosies par le givre et ses, hélas bien rares, tendres sourires. Celui qu'elle arborait à l'instant commençait déjà à s'effacer.
- Je voulais vous prévenir, il va sûrement retenter quelque chose bientôt.
La discussion devint d'un coup bien plus sérieuse. Si sérieuse que, lorsque Denki, Mina et Hanta passèrent près de nous, ils jugèrent bon de ne pas d'approcher d'avantage.
- Katsuki, je suis désolée de dire ça comme ça, mais il va sûrement envoyer le dossier à Eijiro.
- Quel dossier ?
Le regard qu'échangèrent les deux autres me fit comprendre que j'allais bientôt tout savoir. L'air sombre, mon blond pris la parole.
- Vers le milieu de la troisième, Deku n'en pouvait plus, il endurait tout ce que je lui faisais depuis trop longtemps... Il a voulu porter plainte.
Je demeurai quelques instant sans comprendre, tentant d'enregistrer ce qu'il était en train de dire. Je savais, Katsuki m'avait dit qu'il n'avait pas été un tendre au collège mais je ne m'étais pas rendu compte que c'était à ce point. Pour la première fois je posais le mot "harceleur" à côté de mon petit ami, et l'assimilation faisait mal.
- Mais la première fois qu'il est allé au poste, on lui a dit que c'était trop flou, que sa plainte ne tenait pas la route. Alors il a constitué un dossier, il notait chacune de mes remarques, de mes humiliations. Il prenait en photo ses cahiers que j'avais saccagé, parfois jeté à l'eau ou par la fenêtre. Il prenait aussi les marques de coups... Je ne savais pas qu'il faisait ça, je l'ai appris d'Ochako en seconde.
L'entendre parler de ce genre de choses, en mentionnant bien que c'était lui et seulement lui qui les avait commises, me donnait mal à la tête. Je ne voulais pas penser qu'il y avait eu un autre garçon, violent et cruel, que je n'avais pas connu. Une horrible pensée me traversa, celle que si j'avais vu à quoi ressemblait Katsuki Bakugou à 14 ou 15 ans, je l'aurais peut-être détesté autant que je déteste Izuku aujourd'hui. Ochako me tira de mes pensées sombres, le regard de mon copain demeurait impénétrable et, je devais l'avouer, un peu inquiétant.
- Izuku m'a parlé plusieurs fois de cette plainte qui n'a jamais abouti. Quand juste avant de rentrer au lycée il est revenu avec tout ces documents, on l'a pris plus au sérieux. Puis il a dit que son harceleur était un oméga. Les policiers se sont, je le cite "foutu de sa gueule au point qu'il aurait voulu mourir dans l'instant". Un alpha qui ne sait pas se défendre contre un oméga, c'est un débile ou un trouillard.
Les yeux d'Ochako trahissait son émotion, dans ma tête, je faisais une chronologie complète de tout ce que j'avais raté et que cette classe avait voulu me cacher.
- On a refusé de l'aider ! A cause d'une histoire si bête. Ça n'excuse pas entièrement qu'il se soit vengé si violemment derrière mais... Enfin, je suppose que Katsuki devrait te dire la suite. Ce n'est pas une histoire simple. Je vais y aller. Je suis désolée.
- Non tu as bien fais, merci beaucoup Ochako.
J'attendais le moment où Kats allait hurler au scandale, dire que tout ceci n'était qu'un horrible mensonge, une invention. Mais rien, la jeune fille partit en silence et nous fûmes seuls à dix-huit heure sur une coursive glaciale. Et en guise de défense, je n'eus qu'une phrase qui me brisa le coeur :
- Je ne pourrais jamais savoir quoi du procès ou de cette année en enfer était la punition la plus adéquate.
- Je suis censé penser quoi !?
J'étais en colère, contre Ochako qui, même avec bienveillance et pour empêcher Izuku de nuire, me montrait ce passé que je n'aurais jamais voulu connaître. Contre Katsuki qui ne s'était pas autant confié que ce que je m'imaginais, qui finalement me cachait encore bien des choses. Contre le monstre aux cheveux verts pour ce qu'il était devenu et pour tout ce qu'il avait fait après. Et un peu contre moi, de m'être montré si naïf, de n'avoir pas compris que tout n'était pas blanc ou noir. Et le pire était sûrement que Katsuki Bakugou me regardait comme s'il s'attendait à ce que je tourne les talons et ne revienne plus jamais.
- Que le monstre qu'est devenu Deku, c'est moi qui l'ai crée. Et que j'ai beau essayer de changer, il me suit partout, il voit tout, sait tout de moi et ne me lâchera pas. Et que c'est tant pis pour moi.
Un instant je ne fis que tenter de me rentrer dans le crâne ce qu'il était en train de dire. Donc il estimait cette étrange malédiction méritée ?
- Si Izuku avait essayé ce qu'il a voulu faire ce matin en troisième, tu aurais réagi comment ?
Son regard se perdit un instant sur le mur derrière moi, comme s'il me traversait. Je voulais savoir si j'avais sous les yeux quelqu'un de similaire à cet ado cruel et inhumain qu'on m'avait décrit ou si le jeune homme en face de moi était bien celui qui me faisait tant d'effet.
- Izuku ne se serait pas permis de faire une remarque de ce genre au moi de collège. J'aurais hurlé, je l'aurais sûrement frappé aussi, insulté pour moins que ça. Puis j'aurais sûrement ajouté "Alors le nerd, c'est qui la tapette oméga de nous deux ?". Ça finissait souvent comme ça. Bref, j'aurais agi comme le pire des connards.
Et étrangement, aussi terrible que soit cette réponse, elle me rassura. Je traversai le pauvre mètre nous séparant et le pris dans mes bras, l'étreignant avec toute la force dont j'étais capable, quitte à l'étouffer. Il se passa un moment avant qui ne me rende mon étreinte avec la même force, me coupant presque le souffle.
- Je suis tellement heureux de voir que le garçon avec lequel je sors a eu une réaction totalement différente... Par contre Katsuki Bakugou premier du nom.
Je l'écartai de moi pour le regarder dans les yeux, essayant de ne pas me laisser troubler par le soulagement immense qui se reflétait dans ses pupilles.
- J'aimerais apprendre ce genre de chose avant que la meilleure amie d'Izuku ne juge bon de me mettre au courant. Et par ta bouche.
- J'aurais du te le dire.
- Oui putain Katsuki tu aurais du me le dire !
- Tu m'en veux.
- Ouais un peu.
Je lui souris en le voyant reprendre cette bouille triste qui me faisait fondre, avec sa façon de me regarder du coin de l'oeil.
- Mais tu peux te faire pardonner en passant la soirée seulement avec moi plutôt qu'à cette soirée gaming où Denki fera exprès de se mettre entre nous.
Un tout petit frémissement parcourût ses lèvres, comme une mauvaise tentative de sourire. J'ajoutai avant qu'il ne pense qu'il serait pardonné si facilement
- Et je veux un baiser parce que putain ça fait beaucoup beaucoup à digérer quand même.
Cette fois si, ses lèvres s'étirèrent vraiment, mais je n'eus pas le loisir de les voir. Je ne pus que les sentir se déposer sur les miennes, se mouvant avec le même rythme doux que ses mains dans mon dos. Tout contre mon oreille, il finit par murmurer :
- Ça me va.
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