IV

PDV Katsuki :

Il était treize heure précises, et je m'ennuyais comme un rat mort. Rester en ville quand tout le monde partait la première semaine des vacances, c'était se garantir un ennui mortel. La grande aiguille de ma montre se baladait mollement sur mon cadran sans que je ne puisse rien faire pour accélérer le temps.

Je n'avais donc vraiment rien à faire ?

Pris d'un élan d'opposition contre le destin je me saisis de mon portable. Je fis défiler la page contact. Denki prenait la pluie à Dunkerque, Kyouka s'était enfuie chez sa mère au Japon, Shoto passait le week-end avec Momo dans le sud... Et Eijiro... Je ne savais pas si le porc-épic était rentré de son voyage aux Maldives. Car oui, Môsieur se prenait une place en business pour les Maldives au calme afin de revenir tout bronzé en novembre. Et moi je me préparais à passer encore une semaine de vacances seul et mon Halloween avec ma sœur.

- T'as l'air d'une larve.

Quand on parlait du loup...

- Laisse-moi être une larve, l'attardée.

La magnifique blonde vint me donner une tape sur la tête. C'était sa façon de dire qu'elle m'aimait selon elle, l'ennui c'était que je n'avais pas le droit de rendre les coups. Le combat était franchement inégal.

- On traite pas sa sœur comme ça.

- T'as été adoptée.

- C'est une phrase exclusivement réservée à l'aînée ça mon petit.

Elle s'assis à côté de moi et commença à jouer avec mes cheveux en faisant de petits zigouigouis avec mes mèches déjà suffisamment bordeliques. Je lui mis ma main dans la figure.

- Dégage la folle.

- Quel méchant garçon.

C'était débile une fille tout de même. Je tentais tant bien que mal de reprendre mon activité première. Celle-ci se pencha sur mon téléphone.

- T'as un hérisson dans tes contacts ?

- Ouais, il s'appelle William, il a 40 ans et il habite à Arcachon.

- T'as l'air de lui parler souvent à ta ptite bête.

En effet, j'avais bien plus parlé à Eijiro ces vacances qu'en tout un mois et demi. Le garçon était monté dans mon estime à une vitesse folle. Avec lui, je me surprenais à arrêter de gueuler pour discuter sérieusement. Et sa bonne humeur était souvent contagieuse d'autant plus qu'il avait beaucoup d'humour.

Ce rapprochement était agréable, Eijiro m'avait prouvé que je pouvais lui faire confiance et c'était devenu en quelques jours ce qui se rapprochait le plus d'un ami pour moi. Un ami sur lequel je hurlais les trois quarts du temps mais un ami tout de même.

Le téléphone sonna littéralement dans ma main avant même que je n'ait le temps d'envoyer mon message.

Le Hérisson
13.32

*
Heey je suis rentré,
complètement décalé
et je pete le feu !
T'es libre cet aprem ?

T'es rentré quand ?
Règle n•1 : Je suis
toujours libre
pendant les vacances.

Hier matin~
Ça te dis d'aller dans
un parc d'attraction ?

Où t'as vu marqué
« peté de thune »
sur mon front ?
*

Ma sœur regardait les messages par dessus mon épaule en pouffant. La connaissant elle devait être entrain de se faire des idées. Je la poussai hors du lit d'un coup de bras.

- Bah quoi... tu veux pas que je regarde les messages de ta peluche ?

- Mais va te faire foutre ! T'étais pas censée bosser ?

- Change pas de sujet ! C'est qui lui ? Il est mignon ? Je le connais ?

- Je change pas de sujet je te ramène sur la voie de la raison.

Je repris mon téléphone en main.

- C'est Eijiro, il a une tête bizarre et tu le connais pas.

- Tu ne m'en dis pas plus petit cachotier ?

Je l'ignorai en me disant qu'elle finirait par se lasser et repris ma conversation.

*
Alleeeeeeeez steuplait
steuplait steuplait

Nan

J'y suis encore jamais
allé et ça a l'air trop bien

Nan

Je t'offre le dîner après !

Tu sais comment
me parler toi

Je commence à te
connaître 😉

Oh non,
pas ce smiley gênant

Tu préfères celui là 😘 ?
Ou celui là 😏😏

Naaaaaan mes yeux
Vade retro satanas !!

😏😏😏😏😏😏😏😏
😏😏😏😏😏😏😏😏
😏😏😏😏😏😏😏😏
😏😏😏😏😏😏😏😏
😏😏😏😏😏😏😏😏

Mais va te faire foutre

J'y compte bien 😏

Oh putain..
rendez-vous devant
chez moi dans dix
minutes si t'es pas là
tu me payes une glace.

Tricheur.
*

Je fis sortir Terumi de ma chambre, son regard se plongea dans le mien avec espoir. Comme elle était belle, ses cheveux blonds cuivrés tombaient en cascades sur ses épaules et ses traits fins étaient soulignés par les deux iris rouges vifs, brillants dans ses grands yeux aux cils épais. Elle avait la chance de ressembler énormément à maman qui était quant à elle d'une beauté sans âge.

- Eijiro... il est sympa ?

Je savais qu'elle s'inquiétait pour moi, il était possible que se soit la seule à s'être rendue compte d'à quel point je m'étais renfermé depuis la guerre avec Deku. Je faisais en sorte de ne pas le montrer aux vieux.

- C'est un gars bien... Et un bon ami.

Elle me fit un sourire qui vint illuminer son doux visage. Je n'avais plus prononcé ce mot depuis longtemps, pour moi, l'amitié était quelque chose de rare qui se gagnait. Même Mei Hatsume que j'appréciais beaucoup n'avait pas droit à ce qualificatif. Le mot eu une saveur étonnante dans ma bouche, comme un parfum de glace rappelant l'enfance que l'on aurait oublié et qu'on retrouvait avec délectation. Eijiro venait de gagner un petit piédestal au fond de moi, une place à laquelle lui seul pouvait prétendre. Et cela me fit du bien.

- Ça me fait plaisir de l'entendre, amuse-toi bien le môme !

- C'est ça, bonne révision la naine.

Je sortis de ma chambre et passai rapidement dans la salle de bain mettre de l'ordre dans cette boule de tignasse insupportable. Puis j'attendis dans le salon devant la télévision. Mon père somnolait dans un fauteuil à côté en marmonnant des choses assez incompréhensibles.

- Et c'est là.... que j'ai perdu mon... papy...

Le pauvre, il avait mal digéré la mort de son grand-père il y a maintenant plusieurs années. Je ne pensais pas qu'il rêvait encore de lui.

- Mais... je l'ai retrouvé.... il était caché dans le.... placard.

Nan en fait il était juste vraiment bizarre. Il avait dit cela avec une petite voix allemande stéréotypée extrêmement drôle. Je ne pus m'empêcher de rire silencieusement. La porte sonna, mon père eut un petit sursaut. Je le laissai se rendormir et sortis mon téléphone. Un chronomètre affichait dix sept minutes et des broutilles.

J'ouvris la porte et découvris un garçon essoufflé à la coupe de cheveux surélevée. Il affichait son sourire d'abruti fini.

- J'ai fais vite t'as vu !

- Sept minutes de retard.

- Rabat joie.

Nous marchâmes dehors lorsqu'il s'arrêta brusquement devant une petite voiture un peu carrée avec un rétroviseur fêlé. Elle avait vraiment des allures de ToTo-mobile, j'allais faire une remarque mais le hérisson ouvrit la portière, apparemment très fier de lui.

- Monte je t'emmène !

- T'as le permis ?

- Bah évidemment !

- À ton âge ?

- Oui bon, ok c'est un faux mais comme je suis un peu livré à moi même j'ai dû apprendre tôt. Et ne t'en fais pas je suis un super super bon conducteur !

J'haussai un sourcil peu convaincu, donc non seulement on est dans l'illégalité mais en plus on roule dans une poubelle mouvante.

- Et ta voiture pouet-pouet elle a le droit de rouler ?

- Je t'interdit de dire du mal de Bertrand II !

- Tu voulais pas l'appeler Jean-Kevindu71 plutôt ?

- Nan, parce que ma maman elle a Bertrand premier !

Je ris en me disant que la voiture de sa mère devait au moins être une élégante berline ou même une voiture de sport. Peut-être même était-ce une limousine gris métallique aux coussin vermeils comme les cheveux d'Eijiro.

Et son fiston se tapait la vieille carlingue pas encore tout à fait bonne pour la ferraille.

Je fis le tour du véhicule pour m'assurer que je pouvais rentrer sans avoir peur qu'elle ne se brise sous mon poids. Juste avant de risquer ma peau dedans, je pointai le rétroviseur fêlé.

- Et ça c'est quoi ?

- Juste une erreur de parcours, ne t'inquiète pas elle roule très bien.

Je montai donc avec réticence dans la petite chose qui tangua sous moi. Eijiro pris le volant et donna une petite tape sur le tableau de bord en tournant ses clefs.

- Allez mon coco ! On est parti !

- Eijiro ? Tu parles à une voiture ?

- Chuuut, il faut surtout pas vexer les vieilles choses !

Il avait parlé tout bas comme pour éviter que Bertrand ne l'entende. Amusé, je rentrai dans son petit jeu.

- Merci de me conduire Mr. Bertrand II !

Eijiro rit et démarra dans un cliquetis et un crachotement de pétrole digne des toutes premières bagnoles. Nous fîmes donc route à soixante à l'heure vers le parc d'attraction. Je me dis qu'on aurait mieux fait de prendre le bus. Le vieux Bertrand le second tanguait comme un rafiot en mer et en plus il émettait une pollution pas possible. Après un nouveau virage chaotique où j'avais dû m'accrocher à la poignée, je posai la question fâcheuse.

- On arrive quand ?

- Quand tu seras moins con.

- Ah bah merci Connard.

Il se tourna vers moi, il semblait au paradis. Il ne démordait pas de son sourire bête donnant l'impression que c'était le plus beau jour de sa vie. Je ne pus m'empêcher de rire en le voyant ainsi.

- Regarde ta tête ! On dirait que l'Eden te tend les bras !

- Ah ? Ah oui ?

Il sembla quelque peu gêné, des rougeurs apparaissaient sur ses joues, je m'en amusai encore plus.

- Sérieux t'es mécanophile ? Qu'est-ce que ce sera quand t'auras une vraie bagnole !

Comme pour répondre à ma phrase, ce bâtard de Bertrand pila net alors que le parc était enfin visible.

- PUTAIN SAL..

- NE L'INSULTE PAS !

Je me retournai abasourdi vers le garçon qui semblait très sûr de lui. Il caressa doucement le volant tout en chuchotant.

- N'écoute pas ce con jaloux parce que tu vas plus vite que lui. Il ne pensait pas ce qu'il disait, il est bête et ignorant.

- Tu veux pas lui faire un bisous tant que t'y es ?

- Nan. Ça c'est toi qui va le faire !

- Tu te fout de ma gueule ?

- Allez ! En t'excusant de l'avoir insulté et de m'avoir traité de mécanophile. Sinon on ne redémarre pas.

Ma fierté me hurlait de ne rien faire mais le moteur ne tournait toujours pas et, bien qu'il n'y ait que peu de trafic, je commençais à craindre l'arrivée de nouvelles voiture. Aussi je me penchai et posai mes lèvres sur la partie devant moi.

- Désolé d'être con... Content ?

Il me souris, plongeant un regard étrange dans mes yeux. Puis il se pencha et tourna la clé.

- ESPÈCE DE SALAUD !!

- Tu l'as cherché !

Je boudai pour les quinze minutes de trajet restantes. Comment avait-il osé ? Il m'avait fait embrasser cette saloperie de machine pour rien ? Mais j'allais le frapper c'était pas possible !

Il se gara sur un parking presque vide, il faisait froid, le vent soufflait et des nuages gorgés de pluie passaient au dessus de nos têtes. Eijiro avait deviné la même chose, il se tourna vers moi en claquant sa portière.

- On a choisi le bon jour.

- Ouaip, ça pour sûr, yaura pas beaucoup de monde.

Nous nous dirigeâmes vers le guichet presque vide. Les deux tiers de mon argent y passèrent.

- Tu veux qu'on commence par quoi ?

- Une montagne russe !

Il eut un rire comme s'il était déjà persuadé de ma réponse et nous partîmes en direction d'une des attractions. C'était un grand huit bleu nous faisant passer sous un genre de tunnel étrange. Il y avait un peu de queue, mais rien d'insurmontable.

La montée permettant de prendre de la vitesse au début était pour moi la partie la plus amusante, c'était le moment où tout le monde stressait à mort. Eijiro à côté de moi tentait de faire bonne figure mais je percevais très bien les légers frémissements le parcourant grâce à nos jambes collées dans le tout petit wagon. Il avait cependant les yeux rougis par l'excitation et me regardait du coin de l'œil. Une fois arrivés au plus haut, nous nous sourîmes.

- Prêt ?

- Prêt !

Et dans un même élan nous fûmes projetés en bas en levant bien haut les bras.

- OooooooooLLLLLÉEEEE !!!!

À la sortie, nous nous regardions fiers comme des enfants. J'avais adoré et il n'y avait rien de plus drôle que Eijiro la tête en bas. Ça ne changeait absolument rien ! J'étais mort de rire.

Nous passâmes devant les photos sans nous arrêter, nous n'avions pas du tout l'intention d'acheter. Le porc-épic me regarda avec un air joueur.

- Tu n'as pas eu peur Katsuki ?

- Évidemment que non abruti !

- Voyons si tu auras peur là-bas !!

Il me pris par la main et me tira dans une maison hantée. J'avais horreur de ça, mais on avait déjà dit que nous choisissions chacun notre tour. Aussi je m'engouffrai avec lui dans la bouche sombre du manège.

Monstres et fantômes se succédaient sans grand intérêt. Eijiro marchait un peu devant moi du coup je n'avais même pas le temps d'être surpris par les pièges. Une main sortant du sol m'avait arraché un « Ah. » étonné mais sans plus. Le hérisson semblait pourtant s'amuser comme un fou, sursautant parfois et tentant après de me faire croire qu'il n'avait pas peur.

Je le regardai, un peu attendri par son air de grand enfant quand quelque chose se frotta à mon épaule. Un drôle de bruit vint chatouiller mes oreilles et je me retournai.

Un type affreux avec une tronçonneuse faisait vrombir sa machine tout en frottant sa tête contre mon dos.

Mon cœur fit un bon.

- AAAAAAAH EIJIRO À L'AAAAAAIDE !!

Le carmin quelques pas plus loin fit volte-face et me vis lui attraper le bras pour le tirer vers la sortie. Ce n'était pas très glorieux mais j'avais tellement la trouille que je ne réfléchissais plus. Je m'enfonçai dans un dédale innommable tirant toujours le poignet d'Eijiro. L'horreur humaine qui nous courait après se rapprochait dangereusement. J'étais à quelques pas de la sortie quand je dérapai en butant sur une machine sûrement destinée à faire peur. Je lâchai le poignet de mon ami et me retrouvai seul avec une tronçonneuse qui faisait très vrai sous le nez.

- AAAAAH PUTAIN DE MERDE NON.

Un bras m'attrapa par la taille et me releva.

- COURS DUCON !

- JE PEUX PAS J'AI TROP PEUR !

- MAIS QUI M'A REFILÉ UN CON PAREIL DANS LES PATTES ??

L'adrénaline prit le dessus et je devançai Eijiro pour me ruer dehors. Je savais que c'était un acteur et blablabla il n'empêchait que j'avais eu la trouille de ma vie. Je pris le temps de récupérer mon souffle, à quatre pattes par terre. Ce n'était pas très glorieux. Eijiro me tapotait le dos avec sympathie.

- C'est fini t'inquiète pas. Il fallait me le dire que t'avais peur.

- Ça... ça allait avant l'arrivée de cette... chose !

Il eut un petit rire et se mit à genoux en face de moi.

- Tu veux un câlin de réconfort ?

Si je n'étais pas blanc comme un linge et à bout de force à cause de ma grosse terreur, je lui aurais mis mon poing dans la figure.

- Va te faire... Aaah putain je veux plus jamais recommencer ça.

Il me sourit et m'aida à me relever.

- Allez ! Je t'offre une crêpe pour la peine. Tu veux t'assoir ? Tu frissonnes.

Bah ouais je frissonnai captain obvious. J'arrivais pas à m'en remettre de cette chose. Je feignis pourtant d'être courageux et dis simplement, d'une voix qui tremblait encore un peu :

- J'ai froid...

Il vira au rouge, apparemment, lui, il avait très chaud. Aussi il retira son genre de gros sweat pour le passer par dessus mon pull. Il sentait le deo. Eijiro était donc quelqu'un de propre, bonne nouvelle. Par contre il semblait agité et très gêné. Je lui sourit pour le détendre, ce n'était qu'un vêtement, pas de quoi se mettre dans tous ses états.

- Merci !

- ... De rien ! Ça- Ça va mieux ?

- Ouais, alors on la mange cette crêpe oui ou merde ?

Nous partîmes donc dans un petit snack où nous prîmes notre juste récompense après toutes ces émotions. Puis l'après-midi puis la soirée passèrent sans que je vois le temps filer. Le soleil déclinait au fur et à mesure sue les rires, les blagues, les petits moments de honte, les grandes confidences s'élevaient vers le ciel d'automne. Il me raccompagna chez moi toujours dans son Bertrand. D'après mes souvenirs, cela faisait bien un an que je ne m'étais pas senti aussi bien. Il fallait en remercier le jeune homme qui m'avait offert cette merveilleuse après-midi puis soirée.

- Merci Eijiro, je crois que je n'avais pas autant souri depuis longtemps.

Il fut pris d'un violent rougissement que je ne compris pas, il passa une main sur son visage mais souriait bêtement.

- Moi aussi ! Il faudra qu'on refasse ça !

- Bien sûr, mais il faudra que tu calmes tes rougissements, t'es sûr que t'es pas malade ? Avec les Maldives, le décalage, le changement de température tout ça...

Son regard indéchiffrable se plongea encore une fois dans le mien, ça devenait une manie tout ça.

- Non ne t'inquiète pas tout va bien.

- Et ton sweat ? Tu veux que je te le lave ?

- Nan t'en fais pas, je vais m'en occuper.

- Au fait, je t'ordonnes d'effacer le passage « maison hantée » de ta mémoire.

Il eut un petit rire. J'aimais bien son rire, j'aimais sa voix qui venait m'envelopper et me rassurer comme un cocon doux, comme le ronron familier d'une rivière dévalant une pente. Il y avait quelque chose de chaud dans son ton, que l'on pourrait presque toucher.

- Pourquoi ? C'était marrant et tu étais mignon à gesticuler en criant.

- Dégage sinon je vais te frapper.

- Ok ok.

Il partit en levant les mains, son sweat sur les épaules. Ma journée n'avait pas été ennuyeuse du tout finalement.

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