Chapitre 5


Artic Monkey - Wanna be yours

Sa robe très ceinturée la rendait à croquer, Margot était réellement une belle femme. Elle dégageait un charme indescriptible même si elle n'était pas un copié-collé des traits les plus vogues par la société. Elle était devenue une femme mature, brillante pour son esprit vif et ingénieux.

A ce dîner mondain se sentait mal à l'aise à coté de tout ces journalistes, dont elle connaissait certains de leurs noms et des grandes affaires qu'ils avaient découverts. Ils étaient pour la grande majorité malhonnêtes, mais ils n'étaient décidément pas les pires dans le domaine. Elle salua le choix de FirstCoast, dont elle avait encore du mal a prononcé le nom.

Margot n'avait pas oublié la douleur qu'elle avait ressentie et elle était fière d'avoir réussi à la surmonter. Elle et Alexandre ne s'étaient jamais revus depuis leur dernière séparation et aucun n'avait cherché à prendre des nouvelles de l'autre. Margot l'avait pourtant attendu. Elle n'avait pas eu plus d'explication, et le silence, qu'elle l'acceptait ou non, était une réponse à tout ce dont elle cogitait.

Elle ne s'était pas laissée abattre, elle avait bossé pour obtenir son diplôme, et pour trouver un stage dans un pays européen. Margot, qui était d'origine grecque, avait d'abord déniché un stage en Grèce plutôt vraiment bien rémunéré mais le directeur lui a fait faux bond, trois semaines avant le début et elle n'a pas réussi à trouver un autre stage sur sa terre d'origine. Elle a obtenu finalement une place de stagiaire en Angleterre, à Londres, alors qu'elle s'était promis de ne plus jamais y poser le pied. Comme quoi, il ne fallait jamais dire jamais. Mais il faut dire qu'elle n'avait pas eu le choix et qu'elle était déjà bien contente de finalement après toutes ces galères d'avoir obtenu ce stage grâce à un ami de sa mère qui y travaillait.

La chance dans sa malchance était qu'elle a pu profiter d'un peu moins de trois semaines pour perfectionner son anglais. Elle était finalement parvenue à avoir un niveau plus que correct, d'autant qu'elle partait avec une bonne base, son père lui lisait tous les gros classiques anglais avant de s'endormir petite, et Alexandre avait tenu à lui donner des cours avant un de ses partiels, de l'époque. Quelle plaie de se souvenir de ça maintenant.

Là voilà alors à Liverpool aux pieds des escaliers du bâtiment ou son ex se trouvait. Ironie, quand tu nous tiens. Georges Davies, son parrain de stage, était l'un des journalistes qui participaient à cette maudite conférence, et il était aussi le fameux ami de sa mère qui lui avait dégoté ce stage. Le problème étant qu'elle n'avait pas réellement le choix, elle était arrivée il y a deux jours seulement et elle n'aurait jamais pu refusé la proposition.

Elle priait pour ne pas tombait sur lui, elle avait envisagé un instant de prétexter un mal quelconque mais elle se refusa. Elle ne voulait pas s'empêcher de pleinement profiter de cette expérience soit prétexte que son ex dont elle n'a plus de sentiment, se trouve dans le même lieu.

- Mademoiselle ? Intervenait un monsieur que Margot n'a jamais vu, alors qu'elle bloquait depuis plusieurs secondes sur ses fleurs préférées : des hortensias.

Il était habillé d'un costard anglais très chic et était parfaitement bien coiffé, Margot en déduit que il devait participé à la soirée. Il portait des petites lunettes rondes et Margot avait l'impression que l'homme en face d'elle essayait de sonder, si elle le reconnaissait ou non.

- Excusez moi, bonjour, Margot Rousseau, se reprit Margot dans l'embarras, après avoir pris quelques instants pour scanner l'individu.

- Oh une française ! Que faites vous aussi loin de chez vous ? Ré-enchaîna l'anglo-saxon.

- Je suis en stage chez Tinseltown pour six mois.

- Oh, j'en oublie les bonnes manière : Oscar Roberts. vous devriez apprécier la presse people alors, vous deviez être servie ce soir, vous aimez les Maelström ? Il ajouta, la prenant au dépourvue.

- Apprécier est un mot fort. Et je ne - Elle commença en faisant semblant de ne pas avoir mal à prononcer chacun de ces mots.

- Oscar, quelle belle soirée n'est-ce pas ? Je vois que tu as déjà fait la connaissance de ma stagiaire ! La coupa alors Georges, pour le plus grand soulagement de Margot.

- Excellente soirée, Georges ! Il fait un peu frisqué dehors, je vais laisse, ce fut un plaisir mademoiselle Rousseau, il ajouta pour justifier sa fuite bien pressée car Margot n'eut même pas le temps de lui adresser une formule de politesse.

- Vous avez discuté de quoi ? La questionne en hâte Georges d'un ton qui trahi son énervement.

- de la France, répondit Margot

- C'est tout ?

Elle mima un petit signe de tête pour lui indiquer que oui.

- Il cherchait à te soutirer des informations, quel vieux singe ! Lâcha finalement le journaliste, rassuré.

- Comment tu -

- Il ne t'a pas dit qu'il venait du Saturday Post, pas vrai ?

- Je t'assure que je ne lui ai rien di-

- C'est pas grave Margot, c'est pas la première fois qu'il essaie avec un stagiaire. J'aurais du te prévenir, ce sont tous des requins. Fais attention, il la coupa en lui posant gentiment la main sur son avant-bras.

Georges était gentil, Margot le sentait. Il avait plus de quarante ans et elle pourrait facilement le considérer comme un oncle éloigné.

Une cacophonie de sons enthousiastes attira alors leurs attentions. Que se passait-il ?

- Les fans, rigola Georges à moitié désespéré et amusé

Margot comprit. Il était là à quelques mètres d'elle, à peine. Elle est restée statique, l'avait-il vu ? Elle se tourna de manière à ce qu'il ne puisse pas voir son visage s'il regardait par la fenêtre. Elle avait grandit mentalement, plus de trois ans était passée, elle avait passée quelques après-midi à la salle de sport, son physique et sa posture n'ont rien à voir avec ceux qu'elle avait il y a trois ans. Il ne pouvait pas pu la reconnaître de dos, elle était persuadée, à moins qu'il la fixait pendant longtemps. Si elle était persuadée que non, elle ne pu s'empêcher de fixer la voiture, jusqu'à ce qu'elle disparaissent parmi le trafic.

Le trajet dans la deux chevaux a été horrible pour Alexandre qui était en proie à pleins de tourmentes. Pleins de souvenirs lui revient.

Il voulait à la fois les effacer et les chérir.

Il n'a su qu'une fois parti, qu'avec Margot s'était différent, il voulait les apprécier tendrement ces souvenirs car ils lui apportaient du bonheur. Et d'un autre coté, il avait l'impression de ne pas en avoir le droit. Lorsqu'elle s'était écroulée en larme, il n'était pas allé la réconforter bien qu'il en mourrait d'envie, ça se voulait signifier la fin de leur courte et jolie histoire.

Revenir n'était pas une option. En plus c'était absurde, que pouvait faire Margot en Angleterre, alors qu'il la savait en Grèce. Il ne la suivait pas mais Jules lui fournissait quelques nouvelles à son sujet et même si Alexandre ne le lui a jamais dit, il le remerciait silencieusement pour ça.

Margot ne pouvait pas être à Liverpool, il le savait, et il s'en voulait de voir son fantôme le suivre partout ou il allait. D'abord dans la jeune femme du bar et là devant ce vieux bâtiment. Elle le suivait malgré elle, et il la fuyait autant qu'il le pouvait. Il voulait lui permettre de passer à autre chose et il s'était promis de ne plus la faire pleurer.

Il ne dit rien de plus et se perdit dans sa chambre dès son retour. Vu sa réaction, Hugo et Étienne ont d'abord pensé que la conférence avait tourné au désastre, mais heureusement Amine prit le temps de leur expliquer la situation et qu'Alexandre avait commencé à agir bizarrement seulement dans la voiture. Étienne tenta une approche mais, Alexandre était déjà sous la douche en train de tenter de se laver de l'image de Margot qui visiblement lui collait à la peau. La guitariste comprit qu'Alexandre n'était pas disposé à parler, il avait des pensées et des remords qu'il ne pouvait avouer, et dont il devait surmonter tout seul.

Lorsqu'il revient dans sa chambre, Étienne l'avait désertée, en ne laissant aucune marque de son passage. Alexandre balança ses affaires sur son lit et comme tout bon cliché de rockeur, il s'autorisa à fumer. Il avait des idées et des images pleins la tête, qu'il refusait de verbaliser.

Il se sentait comme Orphée et Margot était son Eurydice. Bien que Margot ne soit pas morte physiquement, lorsqu'elle s'est effondrée derrière cette maudite porte, pour Alexandre elle devenait morte à ses yeux. Et depuis, il ne peut s'empêcher de l'imaginer partout ou qu'il soit et même dans ses rêves, sans jamais s'autoriser à la voir ou demander directement de ses nouvelles à Jules. Il attendait que lui, lui en envoie, ainsi il avait l'impression de ne pas trahir sa promesse.

A l'instar d'Orphée et d'Eurydice, Alexandre avait peur que s'il osait ne serait-ce qu'un coup d'œil vers Margot, qu'elle s'évanoui[sse] pour toujours [et qu'elle retourne] dans le royaume des morts [pour toujours]. Alexandre refusait de faire son malheur.

Jusqu'ici il préférait la savoir heureuse loin de lui, mais putain, qu'est ce que ça lui faisait mal. La bouteille de rhum n'avait pas bougé depuis son départ, elle était toujours sur sa commode depuis deux jours et personne n'y avait pas touché. Pas que ce soit un signe mais il en avait besoin, un peu. Il devait être vingt-et-une heure lorsque Amine et Alexandre étaient rentrés, et Alexandre était resté éveiller à écrire, et à tourner en rond jusqu'à minuit. Les trois autres membres étaient déjà partis se coucher lorsque Alexandre décida enfin de sortir de sa caverne.

Alexandre attrapa des restes dans le frigo, sachant que l'assiette préparée avait été laissée exprès pour lui. Merci Hugo, Il se dit, car le claviste était le seul dont la cuisine était correcte, il s'était alors désignée de lui-même, pour le bien de ses papilles surtout, comme chef cuisinier du groupe.

Pendant qu'il se délectait de ce festin, accompagné au rhum, il entendit de la musique s'échapper de la chambre d'Hugo. Il ne dormait pas, et Alexandre savait qu'à chaque fois qu'il se levait, la chambre d'Hugo serait allumée.

- Merci pour le repas, dit le chanteur en rentrant sans prévenir de son arrivé, en levant son assiette.

Ils avaient l'habitude, c'est la raison pour laquelle une chaise vide était toujours placée à coté de Hugo. Chacun des membre se réfugiait dans cette chambre, lorsqu'il avait besoin de compagnie agréable car Hugo était bien la force tranquille du groupe.

- On s'est inquiété, lui avoua son ami.

- Je sais, répondit simplement le chanteur, et le claviste comprit alors qu'il ne voulait pas en parler, et il respectait son silence ainsi que son besoin nocturne de rhum.

- Je peux essayer un truc ? demanda Alexandre d'un seul coup, alors que Hugo testait des accords sur son clavecin.

Hugo se décala, lui laissant la place nécessaire pour laisser libre court à son imagination. Ça faisait quelques temps qu'Alexandre avait une idée de mélodie qui l'obsédait, mais qu'il n'avait jamais réussi à mettre de note, ni de rythme, sur ces sonorités. Il se jeta à l'eau, et laissa ses doigts se baladaient comme bons leurs semblaient. Parfois ça sonnait vraiment bien et d'autres accords sonnaient aussi vraiment mal, mais il le savait, Alexandre n'a jamais été fort aux piano. Il touchait avec hasard ces notes.

- Attends, tu penses quoi de ça, demanda Hugo en reprenant la main et en jouant quelque chose de similaire mais en arrangeant ces faux accords.

- C'est vraiment pas mal, jugea le chanteur, mais ils étaient tous deux d'accord pour dire que quelque chose clochait encore.

- Et comme ça ? redemanda Hugo, en jouant des mélodies presque similaire mais en changeant quelques notes et en rajoutant d'autres.

- C'est encore mieux, admit le brun, tu voudrais pas rajouter un Do après ton Fa, et on La ?

- Fibonacci, Hugo sourit, pas mal j'y aurais pas pensé, confessa le claviste.

(l'accord de Fibonacci est dérivé de la séquence de Fibonacci, une série de nombres où chaque nombre est la somme des deux nombres précédents. L'accord de Fibonacci est composé des notes Fa, La et Do, qui correspondent aux trois premiers nombres de Fibonacci. Les rapports entre les fréquences de ces notes sont également proches du nombre d'or.)

- Comment tu as eu cette inspiration ?  Demanda Hugo étonné, car d'habitude Alexandre, se cantonne juste à l'écriture des paroles.

- Je sais pas, dit Alexandre avant de se lever pour retourner se coucher en laissant consciencieusement le rhum dans la chambre d'Hugo, c'était le plus souhaitable pour son foie.

- Bonne nuit, Ils se souhaitèrent mutuellement, même si Alexandre savait que Hugo ne dormira sûrement que quelques heures, et que Hugo savait que Alexandre dormira très mal car il lui arrivait de l'entendre se bagarrer pendant son sommeil.

C'était le désavantage d'avoir un ami insomniaque, il connaissait mieux que toi tes peurs, ta joie, et tes sentiments. Hugo tenait vraiment bien son titre : aussi muet qu'une tombe. C'était mieux de faire semblant chacun des deux pensait comme dans un serment silencieux.

En réalité Alexandre avait menti à Hugo, il savait très bien d'où venait cette inspiration, et si Hugo lui avait redemandé il aurait probablement lâché le morceau. Mais ça lui aurait fait beaucoup mal de l'avouer avec des mots.

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