Chapitre 21


Lana Del Rey - Say yes to Heaven ou SYML - Where is my love

Un ras-de-marée. La troisième vague avait pour but de l'achever.

Georges expliqua à Margot qu'Oscar était venu tenté auprès de Tom de faire passer ce qu'il avait appelé : " un échange de bon procédé". Oscar proposait des informations exclusives sur Mélanie Laurent en échange des vidéos de la première interview avec les Maelstrom. Cette proposition mis la puce à l'oreille de Tom, depuis quand Oscar se montrait généreux, surtout que du point de vue de Tom ce deal n'était pas équitable : Mélanie Laurent n'était pas très bavarde auprès des journalistes. Tom fit semblant qu'il les avait pour essayer de soutirer de quelles informations parlait Oscar à propos de Mélanie et Oscar tenta de marchander pendant tout de même près d'une heure. Évidement Tinseltown ne les avait pas, mais Tom garda cela pour lui dans ce monde de requins.

Il  savait tout réalisa Margot. C'était bien plus pire que ce  qu'elle croyait, elle se demandait juste pourquoi il n'avait encore rien  dit. Oscar devait juste attendre que la bombe soit suffisamment  importante pour la faire exploser sur la place publique, aux yeux de  tous. Or pour le moment il lui manquait des preuves alors il s'efforçait  d'aller en chiper un peu partout. Margot se sentit subitement  extrêmement mal, son estomac se compressa alors dans tout les sens. Cela  la pris de court.

Elle  ne savait alors pas quoi faire ni même comment elle devait réagir. Ils  avaient la poisse que cela arrive maintenant. Margot se souvint combien  elle se sentait bien dans les bras d'Alexandre, comment elle avait l'impression que  rien ne pourrait plus lui arriver et que rien ne pourrait plus les séparer.  La soirée avait été parfaite, c'était si injuste. Elle se demandait si  elle devait appeler Alexandre mais elle se retint.

Finalement  le dilemme était encore le même, rien n'avait changé et c'est pourquoi  Margot avait peur. C'était elle ou la carrière d'Alexandre. Comme ce fut précédemment le cas. Elle ou la  musique, et rien ne pouvait prédire l'issue du choix même après leur  retrouvaille. Avant de partir il l'aimait comme un fou, et pourtant ça  n'avait pas suffit. Margot se souvenait très bien que le jour de son  départ, il ne lui avait pas proposé de partir avec lui, ensemble, main dans la main. Margot savait pourquoi, mais elle ne l'a réalisé qu'après : ce  n'était pas qu'il n'en avait pas envie mais il ne voulait pas lui  forcer à prendre un choix dans le précipitation. Un choix que d'après  Alexandre, Margot aurait regretté plus tard. C'était lui ou les études  et il s'était dit qu'il n'avait pas le droit de la mettre aux pieds du  mur, alors il avait préféré la laisser derrière lui.

Aimer c'était aussi savoir laisser partir quelqu'un, que l'on aime, si c'est le mieux pour lui.

C'est ce qu'Alexandre avait fait.

Cette  fois, la situation était identique mais inversée. Margot avait des  cartes en main, mais maintenant se sentait-elle en droit de poser ce  dilemme à Alexandre ? Se sentait-elle légitime de le faire alors qu'il  était parti pour eux ? Non bien sur que non.

Maudits soient-il. La malédiction du six mars.

Elle  aurait tellement préféré ne pas avoir croisé Abigail, ne pas avoir  envoyer un message à Georges, ne juste pas avoir voulu rentrer chez elle  aujourd'hui. Elle aurait préféré rester dans leur cocon tout chaud de Mayfair.  Elle s'étala sur son lit en boule, les larmes aux yeux et glissantes  sur ses joues. Aucun mot ne pourrait décrire la manière dont Margot se  sentait. Dans cette histoire, elle avait beaucoup trop souffert et  pourtant elle n'avait rien fait pour mérité cela.

Le pire avait été que lorsque la paix semblait enfin avoir toqué à sa porte, un ras-de-marée s'est empressé de tout rafler.

Si la poisse avoir un visage, il serait celui de Margot.

Lorsqu'Orphée  était redescendue aux enfers pour aller y chercher Eurydice, il entamèrent le chemin vers le monde des vivants ensemble mais il la fit  disparaitre à tout jamais en la regardant une dernière fois avant d'avoir pu atteindre la lumière.

Pour  Margot s'était symbolique, maintenant que ce mythe les suivait, elle ne  pouvait s'empêcher de faire des liens partout avec leur réalité.

Margot  se sentait seule à cet instant. Elle aurait voulu en parler à Jules,  mais maintenant qu'elle le savait en contact avec Alexandre, elle se  ravisa. Elle ne pouvait en parlé non plus à sa famille et à ses amis  d'ailleurs, pour des raisons plus qu'évidentes. Margot n'avait juste  personne. Ses larmes coulèrent en traçant des sillons de désespoir sur  ses joues.

Elle  s'était endormie dans les bras de son amoureux, et naturellement, pour  se protéger, son corps l'obligea à se réfugier dans son sommeil, le seul  endroit ou elle pouvait en parler à Alexandre. Elle était fatiguée de  tout cela et son corps le lui faisait comprendre.

Pendant  ce temps, Alexandre ne se doutait de rien, il souriait comme un idiot  heureux. Et même si Margot n'avait pas répondu à son message pour savoir  si elle était bien rentrée il avait l'impression que tout était  redevenu comme avant. Comme il y a trois ans. Il ne pouvait en aucun cas  se douter de quelque chose à l'instant présent. Peut-être est-ce mieux  ainsi finalement ?

Puis  deux jours sont passés sans plus de nouvelles. Initialement Margot et  lui était censé se revoir le soir même mais elle n'eut pas la force de  venir alors elle prétexta une maladie, ce qui en soit, n'était pas si  faux. Bien qu'il lui proposa de venir la voir mais elle refusa gentiment  sans donner plus de nouvelle ou de mots doux à chérir. Puis, plus grand  chose.

Elle n'avait  pas de tique de stresse contrairement à Alexandre, quand elle n'allait  pas bien, elle fixait le plafond de sa chambre en serrant son doudou  fort contre sa poitrine. Dessus, elle y avait accroché le ticket de  théâtre de La Nuit de Rois. Des signes qui les liaient il y en avait des centaines et pourtant tout semblait vouloir se mettre entre eux.

C'était le monde entier contre eux pour Margot et elle ne voulait pas sacrifier la carrière d'Alexandre.

Elle  avait envie de parler et pourtant elle n'avait personne à qui le faire,  il y avait juste ce petit bout de feuille de papier sur lequel elle  avait écrit quelques phrases qui ne correspondait plus du tout à comment  elle se sentait sur le moment. Il faut croire que les artistes ne sont  pas les seuls à trouver du réconfort dans les mots, Margot se sentit  légèrement mieux mais ces mots ne seraient jamais suffisant pour  compenser sa peine. Elle comprenait mieux, mais pas totalement. Alors  elle persista, et les paroles qu'elle écrivit étaient bien moins  débordants de joie que ce que Alexandre espérait. C'était des mots  désespérés cachés derrière une prose que seuls Margot pouvait  comprendre.

Elle  avait eut peur de ne pas avoir assez d'inspiration, mais finalement elle  en eut plus que prévu, mais pas issus des bonnes raisons.

Chaque phrase était d'une douceur douloureuse. 

Le désespoir d'Orphée contre le chagrin d'Eurydice, de Margot et d'Alexandre cette fois.

Pendant  deux jours, elle s'efforça de mettre des mots sur ce qu'elle  ressentait, cette feuille était son ami. Ce n'était pas parfait, mais  Margot ne savait à la fin plus quoi écrire ou réécrire de plus.  Cependant elle n'osa pas pour autant l'envoyer à Alexandre. Elle se  laissa un peu discuter avec Abigail, dont les conseils firent du bien à  Margot, cependant elle avait trop peur de perdre Alexandre une nouvelle  fois, c'est pourquoi elle préféra se laisser un peu plus de temps. Qui  pouvait la blâmer pour cela ?

Le  lundi matin fut dur, car non ce n'était pas un cauchemar dont elle se  réveillait. Margot avait peur d'avoir des interrogations de la part de  Georges et de Tom, ou encore pire, de retomber sur Oscar. Elle n'était  plus à cela près à vrai dire. En tant que super petit ami, Alexandre  l'inonda de messages plus réconfortants les uns que les autres en  terminant ses messages par un : tu me manques. La manquerait-il encore  si il savait ? Margot essaya de ne pas y penser pourtant elle se força à  répondre à chacun de ses messages et elle avait envie de se maudire  pour cela. L'inverse aurait attiré les soupçons du chanteur et les  auraient forcés à avoir une discussion qu'elle n'est pas prête d'avoir.  Pourtant elle savait qu'elle ne pourrait pas bien longtemps se cacher  derrière les mots qu'elle lui envoyait.

Au  bout d'une semaine, Alexandre comprit bien que quelque chose clochait.  Les messages de Margot qui se voulaient réconfortants, sonnaient aussi  agréable qu'une douche froide, il n'y avait pas la chaleur affective  qu'elle leur donnait habituellement. De plus toute la semaine elle  s'était efforcée de le fuir physiquement, par message elle pouvait  réfléchir à sa réponse, mais à l'oral en direct, elle ne savait pas  comment réagir. Elle n'était pas une aussi bonne comédienne que Mélanie  et malheureusement pour elle, Alexandre s'en rendit compte.

Il  y a trois ans, après qu'ils se soient mis ensemble, elle avait  directement débarqué chez lui sans peur, alors il n'arrivait pas à  comprendre le fossé qu'il y avait, alors qu'elle était repartie avec le  sourire de Mayfair. Que s'était-il passé depuis ? Qu'avait-il  fait ? Son premier réflexe fut d'envoyer un message à Jules à ce propos,  mais lui aussi s'étonna du peu de nouvelles qu'ils s'étaient échangés.  Alexandre alors comprit la chose comme étant un problème au sens plus  large, mais le fait que tout soit étrange ne semblait pas être de très  bonne augure.

De son coté, Alexandre avait aussi la vie un peu plus compliqué par son agence, lundi Étienne présenta son idée de single. Aristophane qui conquit les cœurs plutôt rapidement sans grand étonnement. Si les Maelstrom étaient  à l'origine un groupe de rock, leur agence avait bien compris que ces  musiques un peu sentimentales pouvaient leur rapporter beaucoup. Le bons  filons pour une bonne inspiration, c'était les peines de cœur car elles  parlaient à tous les Hommes et qu'en plus elles étaient chantées par  des dieux physiquement parlant. En d'autre terme, FirstCoast ne  les laissait pas beaucoup respirer, ils voulaient toujours plus même  après le succès d'Eurydice. Au lieu d'aider leurs artistes en  souffrance, ils avaient plutôt choisis de surfer sur leur vague de  productivité.

Sans surprise Aristophane,  parlait de la difficulté à trouver l'âme qui fait de la notre complète,  et de la joie que cette trouvaille procure. Tout avait écrit en  métaphore, par les soins de Étienne, ce qui rendait l'agence sceptique.  Plus c'était difficile à comprendre, moins la masse allait s'y  identifier, alors moins elle serait écouté. Cela posait problème pour  l'agence : ils voulait a tout pris changer ces paroles.

Pendant  que Marc et Claire leur expliquaient cette décision, Alexandre jeta à  la fois un coup d'œil à son téléphone en espérant y voir un message de  Margot, et il alternait avec le visage d'Étienne.

C'est à ce moment qu'il comprit ce qu'il se passait dans la tête du blond.

Étienne croyait en Aristophane tout comme Alexandre croyait en Orphée et Eurydice.

Lui et Mélanie.

Il  comprit alors à quel point cette musique devait être importante pour  lui. Alexandre se voyait dans Étienne et il savait très bien à quel  point, il refusait que l'on touche aux paroles de Eurydice.

C'était une question de symbolique, ces musiques avaient une valeur sentimentale.

- J'aime bien les paroles comme ça.

- L'agence est persuadée qu'elle plairait plus si on modifiait quelques passages, - la fin par exemple -

Par  quelques passages, il voulait dire absolument tout. Pour Étienne il  n'en était pas question. Tout comme Alexandre il préférerait que cette  musique ne soit pas présentée plutôt qu'elle soit jouée autrement.

Il  l'avait écrite en regardant Mélanie dormir, se pavaner dans son  tee-shirt comme ci c'était le sien, faire à manger pour eux, c'était  important pour lui.

- Je refuse qu'on la chante si on doit changer les paroles, dit Étienne en serrant les poings fort et en se retenant de grincer des dents.

- Je sais Étienne mais tu vois cela pénalise le groupe je - , commença Marc qui essayait tant bien que mal d'arrondir les coins.

- On peut voter alors ? Que celui qui pense que cela nous pénalise lève le bras, demanda alors Alexandre.

Personne,  évidement ne le leva. Amine et Hugo eux aussi avaient bien compris la  situation mais ils n'osaient pas vraiment faire ce que Alexandre  faisait.

Étienne les  remercièrent d'un regard un à un. Il savait très bien qu'il avait fait  pression sur Alexandre car sa relation avec Margot pouvait mettre en  péril l'avenir du groupe, mais au final il faisait la exactement même  chose. Vu son comportement précédent, il ne méritait pas cela mais il  remercia grandement Alexandre pour sa prise de position, cela le toucha  énormément.

- Très bien, on va voir ce qu'on peut faire à ce propos, Claire prit la parole, pour apaiser les tensions.

En sortant de la salle, Alexandre assena une petite tape sur l'épaule d'Étienne. Ils se savaient.

Et c'était tout ce qui fallait.

Les Maelstrom étaient maintenant plus soudés que jamais.

La première difficulté venait d'être franchise pour Alexandre, la prochaine serait d'un tout autre niveau.

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