Chapitre 20


Trapnest - Starless night

Margot  était enveloppée dans ses bras lorsqu'elle se réveilla, de bonne heure,  comme avant. Il la serrait comme un malade, et dans même dans son  sommeil il ne voulait pas la quitter. Elle était son doudou et cela  allait bien à Margot, de la nostalgie lui monta aux yeux en sentant la  literie d'Alexandre. C'était toujours la même.

Elle était heureuse.

Comme  avant, ils étaient rien que tous les deux dans l'appartement  d'Alexandre et bientôt, il partirait en tournée, la laissant derrière.  Mais cette fois, elle avait l'impression, non, elle était persuadée  qu'il reviendrait. Elle profita encore de la chaleur corporelle que  dégageait Alexandre, avant de sortir du lit en l'y laissant lézarder. Il  était mignon les cheveux décoiffés, et étalé plus du coté de Margot que  du sien. Elle lui parsema un chemin de baisers discrets sur la  clavicule, exactement, au même endroit que cette nuit. Il adorait cette  intention peut-être même plus qu'elle alors il lui attrapa gentiment la  nuque d'une seule main avant d'enfouir encore plus sa main dans les  longs cheveux de Margot.

Le  plus drôle et triste à la fois est qu'Alexandre n'osa pas ouvrir les  yeux durant cet instant. Il savait que c'était Margot mais pourtant il  avait peur d'ouvrir les yeux et que ce ne soit qu'un rêve. Et que le  fruit de son cerveau disparaisse. Alexandre avait vécu comme ça pendant  longtemps et il avait peur de re-avoir, cette déception en ouvrant les  yeux. Il s'en aura voulu à la mort. Heureusement il reconnaissait le  parfum de Margot, mais cela ne faisait rien. Il sentait la bouche Margot  déposer de l'humidité sur son torse, mais cela ne faisait rien. Il  savait que c'était elle, mais cela ne faisait rien, il avait toujours  peur.

Il renforça  alors sa prise et conduit la bouche de Margot jusqu'à la sienne. Ils  étaient nus mais pourtant ce n'était en rien sexuel, c'était plus. Margot est à Alexandre et Alexandre est à Margot tout comme Paikan à Elea et Elea à Paikan.

Elle l'enivrait autant que lui et il ne voulait pas la voir partir hors de sa vision.

- Aller, je vais faire le petit dej', elle lui rouspéta dessus, ce qui fit un électrochoc au chanteur.

C'était  assurément elle, son corps lui autorisa à entrevoir les yeux pour le  vérifier, mais il le savait et alors il n'avait plus peur.

Il était heureux.

C'était l'Effet Margot.

Il  ouvra les yeux et la vit, nue, en train de galérer avec son tee-shirt  bien trop grand pour elle. Il fixait les expressions qui déformaient son  visage, il ne voulait n'en manquer plus aucune, alors il se dépêcha à  sortir de son lit, d'où il s'en sentit alors bien trop seul. Lorsqu'il  arriva, elle était en train de fouiller dans ses placards ce qu'elle  pouvait y trouver. Il n'y avait pas grand chose, à part le strict  minimum, et encore...

Peu importe maintenant, il avait une Margot dans sa vie alors vivre d'amour et d'eau fraiche ne lui semblait pas impossible. Comment pouvait on juste aimer quelqu'un aussi fort ?

- Ils sont ou les trucs pour ta pâté ? lui demanda Margot après avoir fouiller tout les placards

- J'ai oublié d'aller en rechercher,  lui répondit le chanteur en s'accrochant fermement à son dos en lui  rendant le chemin de baiser qu'elle lui avait offert plus tôt.

Il  ne lui avait pas dit qu'il avait arrêté les flocons d'avoine, justement  pour cette appellation. Il avait voulu l'effacer car elle représentait  un souvenir douloureux, mais maintenant, ce n'était plus le cas. Et  finalement, voir Margot lui poser la question lui fit réaliser qu'en  manger lui manquait.

Elle  ne put rien ajouter de plus car elle s'efforcer de se contrôler  lorsqu'il lui chuchota des mots à l'oreille, la brunette était une  grande chatouilleuse. Pourtant au fond de la poêle, alors qu'ils ne  discutèrent pas beaucoup plus de gastronomie matinale, il y avait trois  œufs, deux pour Alexandre et un pour Margot. Elle savait que trop bien à  quel point il avait faim le matin.

Le téléphone d'Alexandre sonna alors que dix heures tapante venait de sonner.

C'est comme l'océan, la première vague te donne l'impression que tout est parfait

C'était  Marc qui le félicitait. Alexandre faisait la une, avec Mélanie, des  journalistes, les auraient vus s'embrasser hier. Une photo peu résolue  faisait la une du site de Tinseltown.

Or ils s'étaient trompés : ils avaient mépris Margot pour Mélanie.

La  situation était sans nom, alors qu'Alexandre pressait rageusement ses  lèvres contre celle de sa française, toute la Terre entière pensait qu'il les avait  collées à celles de Mélanie.

Étienne  était bien moins heureux que Marc cependant, il avait vu cela tôt et  bien qu'il savait que tout ceci était faux car Mélanie avait passé la  nuit avec lui, il ne supportait que mal la situation. Il savait que  Alexandre avait refusait auprès de Marc et Claire, de faire croire à une  quelconque romance entre lui et l'actrice, et bien que ce soit pour des  raisons personnels, Étienne lui en était reconnaissant.

Il  n'arrivait pas à être heureux pour le groupe. Il voulait que cela  s'arrête et maintenant qu'ils sont ensemble aux yeux du monde, ils ne  pouvaient plus rien contredire : le coup de pub était énorme. Fuck,  se dit Étienne. Sentimentalement cela devenait dur à gérer. Alexandre  ne l'avait pas encore vu, mais Hugo envoya un message de réconfort à  Étienne, le comprenant dans ce moment.

Margot  partit de chez Alexandre vers vingt heure, après une longue  conversation, ou il essaya de négation pour quelques heures de plus.  Elle finit par craquer et lui promit de revenir le lendemain. Ils ne  s'étaient perdus que trop longtemps, et maintenant, ils en avaient des  anecdotes et des sourires à rattraper.

Dans  le métro, Margot en profita pour réfléchir à cette proposition de  paroles et pour demander à Georges ce que faisait Oscar à Tinseltown.  Elle savait qu'elle devait s'en méfier, mais elle ne savait pas encore à  quel point. Elle commença à balancer des mots au hasard dans ses notes  et puis au fur et à mesure, elle voyait ce vers quoi elle avait envie  d'aller. Elle avait été très touchée par cette proposition, elle voulait  en être à la hauteur.

Ce n'était que la première vague.

Cependant, justement, comme l'océan, la deuxième vague te submerge.

Margot arriva devant son immeuble, sans encombre, un énorme sourire rayonnait sur son jolie minet.

Elle était heureuse.

Elle  fut surprise de voir assise sur un banc, la visage de Abigail,  complétement tourné vers ses pieds. Margot n'eut pas le temps de  réfléchir plus et elle l'interpella avec de grands gestes jovials. Elle  appréciait bien Abigail, car elle avait l'air sincère, et innocente dans  un monde de requins. Cela ferait sa force s'était dit Margot en la  voyant pour la première fois. Georges et Alexandre lui avait dit de s'en  méfiait, mais elle était persuadée que cela ne servirait à rien.

- Salut ! Tu vas bien ? Demanda Margot, car elle voyait la tête tombante, et triste que tirait l'anglaise.

En  réponse, Abigail la salua à son tour tout en sautillant sur chacun de  ses pieds l'un après l'autre. Elle était mal à l'aise, mais Margot pensa  alors qu'elle était malade ou autre chose. Il n'y avait jamais eu de  gène entre elle deux, donc il était normal pour Margot de penser que  cette attitude n'était pas du à elle.

- Je suis désolée de venir comme ça - c'est Georges qui m'a donné ton adresse, je devais juste te parler, elle dit d'un air peu fière, d'une voix apeurée, et cela ne fit pas peur à Margot.

-  Pas de soucis, tu veux monter boire une eau chaude ou quelque chose ?  Elle demanda gentiment, car Abigail n'avait pas l'air dans son assiette  et que Margot savait qu'elle appréciait vraiment le thé et que justement  elle en avait chez elle.

- Non  merci, Natasha me cherche depuis toute à l'heure, lui expliqua la  brunette à lunette. Je n'ai que quelques minutes - j'ai été idiote  Margot, et je m'en excuse -, elle murmura avant de s'arrêter pour cacher sa voix craquelante, Abigail avait honte d'elle même.

Cela  commençait à faire peur à Margot. Elle ne la connaissait depuis pas  longtemps mais elle ne l'avait jamais vu ainsi. Jamais elle n'aurait pu  imaginer ce qui allait suivre. Margot ne pensait jusqu'ici ne rien avoir  à se reprocher. Presque rien et justement c'était bien trop dans le  monde de requins dans lequel elle pataugeait.

- Hé ça va tu veux un mouchoir ? Quelque chose ?

Abigail  fit un petit geste de la tête et Margot s'empressa de lui sortir un  mouchoir de sa poche. Qu'est ce qui pouvait donc l'avoir mis dans cet  état ?

- C'est gentil, merci, elle répondit le nez enrhumé, -  je me suis faite avoir par un journaliste du Saturday Post - il m'a dit  qu'il connaissait Natasha alors j'ai cru qu'il était un de nos  journalistes - Je lui ai raconté naïvement l'interview avec les  Malestrom.

Cela  rassura en parti Margot. Mais elle ne pouvait se demander  silencieusement si c'était tout ? que lui avait-elle dit exactement ?  Avait-elle parlé de jeux de regards qui avait trainé ? Cette fois  c'était Margot qui était la plus mal à l'aise, elle considérait vraiment  Abigail mais elle ne pouvait rien lui dire à ce propos. Le fait qu'en  plus elle vienne la voir elle, pour lui raconter ceci, la fit se sentir  encore plus mal. Cependant elle était aussi énervée que quelqu'un ait  tenté et réussi à se jouer d'une stagiaire en se faisant passer pour  quelqu'un d'autre. A se jouer de la naïveté et de la gentillesse  d'Abigail qui plus est.

- Ce n'est pas ta faute, Abigail - on a fait la même avec moi. Je - Elle tenta de la réconforter mais elle se fit couper par une voix remplie de regrets, avant d'avoir pu terminer sa phrase.

- Tu  n'as pas compris, Margot - Je lui ai quasiment tout dit. Je suis  désolée Margot, je lui ai parlé de toi et Alexandre, de ce que je  suspectais, puis il a continué de me poser des questions. Je suis  désolée, vraiment désolée, je n'en ai parlé à personne d'autre, je te le  jure, ajouta Abigail et ces mots firent frémir Margot.

Son  sourire s'était ravisé. Tout. Elle était complétement tombée de son  petit nuage. Sur le moment elle ne sut pas quoi dire à Abigail, elle  savait que ce n'était pas sa faute, car elle-même elle était tombée dans  le panneau. Abigail savait et ce, depuis le début, pourtant elle  n'avait rien dit. Ni à Margot ni à personne.

- Je voulais juste te prévenir. Je comprendrai que - , commença Abigail et cela fit mal à Margot.

Margot l'appréciait et la dernière chose qu'elle voulait était qu'elle croit qu'elle lui en voulait.

- Je  sais que ce n'est pas ce que tu voulais. Je te remercie de ne rien  avoir dit jusqu'à maintenant, d'être venue jusqu'ici - je ne sais juste  pas quoi faire là maintenant, elle avoua, complétement perdue.

- Officialiser par vous même ?  Proposa Abigail, d'un air innocent.

Elle le voulait mais elle savait qu'il y avait d'autres enjeux. La groupe. leur succès. En étaient justement.

- Et la tournée ? Soupira Margot, triste, la situation était trop compliquée, pourquoi maintenant, alors que tout semblait s'être tassé ?

- C'est  mieux que si c'est un journal qui publie le truc, sachant qu'en plus  Mélanie et Alexandre font la une des journaux depuis ce matin. Le public  l'acceptera mieux, je pense, elle ajouta d'une voix douce, qui se voulait compatissante.

- Tu as sans doute raison - putain, elle ajouta en français en murmurant.

- Je suis vraiment désolée. Je dois y aller, - mais voilà il s'appelait Oscar Roberts et venait du Saturday Post, termina Abigail.

Margot  la remercia avant qu'elles se disent au revoir avec un entrain bien  moins important que leur salutation. Son nom et son prénom, en réalité  Margot le connaissait déjà, elle avait raison, le vautour était toujours  là et n'avait décidément aucune honte. A s'en prendre à elle. A s'en  prendre à Abigail. A combien d'autres avait-il fait le même coup ? Il  savait donc très bien ce qu'il faisait hier. Margot avait peur, que  savait-il ? Que comptait-il faire avec cette patate chaude ? Allait-il  la lancer maintenant ?

Elle  ne le savait pas mais elle s'en voulait, ils avaient été inconscients  non pas une , mais bien deux fois et cela leur portaient maintenant  préjudice. Alexandre n'avait pas été le seul. Tout les deux et Margot  s'en voulait énormément.

Margot  n'en voulait pas à la brunette, mais la situation la rendait encore  malade car le dilemme était encore et toujours le même : elle ou la  musique pour Alexandre. Deux pas en avant et quatre en arrière,  finalement la musique ne les éloignait plus qu'elle ne les rapprochait.

Mais au moins Margot était sure d'avoir gagner une amie sur qui elle pourrait compter.

Margot  avait vu juste : Abigail était réellement sincère, et cette fois, cela  avait été utilisée à son encontre, et à l'encontre de Margot et  d'Alexandre. Malheureusement.

Ce n'était que les deux premières vagues. Et puis, un célèbre dicton dit : jamais deux sans trois.

Cependant, justement, comme l'océan, la troisième vague te submerge, te renverse mais cette fois, c'est pour mieux te couler.

Georges venait de répondre à Margot. Il ne se rendit pas compte de la catastrophe qu'il lui annonçait en ce jour spécial.

Un fameux six mars.

Il était heureux.

Elle était abattue.

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