Chapitre 18


Trapnest - Winter sleep ou Billie Eillish - Six feets under

Il était plus de minuit lorsqu'Alexandre passa la porte de leur studio de Londres. Il était cuit et son propre appartement plus loin. Il était seul et à cette heure-ci il se dit que tout le monde devait dormir. Presque tout le monde enfaite. Il avait eu sa dose de sérotonine pour la journée et si il était fatigué, c'est avec bonheur qu'il rentra dans leur salon commun.

- Alors ? Demanda Amine, qui lâcha son ordinateur et son casque pour entendre les choses croustillantes que son pote avait à raconter.

Alexandre fut étonné de voir le grand basané devant lui, plutôt que leur nerd favoris. Amine comprit le fond de sa pensée dés qu'il vit son air surpris.

- Il est allé se balader, il n'arrivait pas à dormir, lui expliqua Amine qui comprit directement ce à quoi pensait le chanteur.

- Étienne est là ? Demanda Alexandre à son ami, curieux.

- Il est toujours chez lui en ce moment, ça fait un bail qu'il n'est pas venu, il dit en levant les yeux au ciel.

Alexandre acquiesça silencieusement. Il ne pensait croiser personne ce soir et ça aurait été mieux : il était ivre de joie, mais il ne savait pas si c'était à cause du vin ou grâce à une petite française. Amine le comprit aussi avec la suite de la conversation, car jamais Alexandre ne parlait de ce sujet avec les autres membres.

- Alors ? Tu souris, remarqua Amine tout en réitérant sa question initiale, tout curieux.

En effet il souriait beaucoup trop pour pouvoir échapper à Amine. Cependant depuis quelques temps, Margot n'était plus un sujet tabou pour lui. Il ne sentait plus son cœur à deux doigts de se déchirer à chaque fois qu'on l'évoquait, même sans dire vraiment son nom.

- On a pas mis de mots - mais je suis presque sur que je suis avec, il annonça en sachant très bien que si il allait voir ailleurs, Margot ne le reprendrait pas. De toute façon je ne compte plus la lâcher, il rigola.

Tant mieux car elle non plus ne comptait plus le lâcher. Ils s'étaient retrouvés après trois ans, ça voulait tout dire. Il l'aimait à la mort. C'était réciproque, il le savait bien.

- Pourquoi t'es pas avec ta belle du coup ? Quoi elle est partie en carrosse après minuit ? Amine, en le taquinant.

Amine était marrant, il était jovial quelque soit la situation.

- J'aurai pas dit non, il admit en souriant - Mais on va doucement - On profite - je suppose, pourquoi tu te marres ? S'exclama le bassiste.

En effet Amine souriait, en voyant son pote heureux. Comme dans Kirikou pour Karaba, Margot était l'épine qui empêchait Alexandre de sourire comme il le faisait maintenant. Ils ne s'étaient pourtant pas embrassé mais rein que la voir ou même d'avoir pu la sentir contre lui, lui avait rendu l'étincelle qu'il avait perdue. Cela rendait le batteur heureux, et même sans connaitre Margot : il l'aimait bien.

- Rien c'est juste toi, répondit simplement le concerné.

Il avait un rire entraînant, grâce qui pouvait rendre le plus triste des Hommes heureux. Alexandre comprit alors.

- Tu verras un jour tu rencontreras quelqu'un qui te rendra atrocement niais, il lui rétorqua en lui faisant une grimace niaise.

- Pitié non. Je veux pas finir comme toi et Étienne, répondit Amine en rigolant.

Étienne ne leurs avait pas directement explicité la relation qu'il entretenait avec l'actrice, mais il n'en avait pas eu besoin. Ils savaient déjà et de toute façon ce n'était pas leur histoire. Comme il parlait de Mélanie, Alexandre en profita pour remercier Amine. Après tout c'était bien grâce à lui que Mélanie a pu parler à Margot.

- Merci mec, il dit en souriant.

Alexandre était reconnaissant envers tout ceux qui l'avait aidé de près ou de loin dans cette histoire. Il savait que Mélanie avait parlé à Margot d'eux, et que Amine était celui qui avait expliqué qui était Margot à Mélanie. Il touchait le bonheur du bout des doigts et il le devait à plusieurs d'entre eux.

- C'est Marc qui doit me surtout remercier pour les chansons de lover que tu vas nous écrire, le charrier Amine en lui collant un tape dans le dos.

En vérité, d'après Alexandre, ce qui importait à Marc, c'était le nombre de chiffre rentrant après la sortie de chaque single du groupe. Leur groupe était une image marketing mais l'esprit des Maelström n'était vraiment pas le plus important pour FirstCoast.

- Non justement. Promets de ne pas lui dire, lui demanda plutôt Alexandre.

Le sang d'Alexandre se glaça. Alexandre n'avait plus confiance en lui. Il savait maintenant à quel point Margot lui avait manqué et à quel point il était mal sans s'en rendre compte précédemment. Il ne pouvait pas vivre sans sa basse ni sans Margot. Mais si il devait choisir il savait bien ce vers quoi son cœur balançait.

- Il a fait un truc ? Demanda Amine, qui avait bien entendu la discussion houleuse qu'ils avaient partagés, mais il pensait que c'était de l'histoire ancienne.

- Il a menacé Margot, souffla Alexandre. Et il m'a bien fait comprendre que la liaison Mélanie et le groupe était importante. Si ça sortait on aurait des problèmes, avoua Alexandre à Amine.

Il se fichait maintenant de l'annoncer, il voulait le clamer haut et fort, sans se soucier des conséquences.

- T'as encore un peu moins de deux mois à tenir, essaya de le rassurer gentiment Amine.

Alexandre attrapa son trousseau de clés, ça l'énervait. C'était deux mois avant la tournée et il leur manquait encore deux singles, car FirstCoast continuait de les pressait à ce sujet. Ils voulaient profiter de leur pic de popularité actuel.

- Ça me fait chier de devoir me cacher, annonça Alexandre en grinçant des dents.

- Alex' ? Demanda Amine, en s'arrêtant en plein milieu d'un accord.

Amine était inquiet, pour lui et pour le groupe. Il n'empêcherait personne d'être heureux mais il fallait aussi penser à la collectivité aussi.

- Mais pour le groupe je le ferais. T'en fais pas, le rassura le chanteur.

Tant mieux. Si Alexandre tombait, Amine avait peur que tous tombe avec. Malgré ses mots, Amine savait qu'Alexandre mentait, ou du moins que ce n'était pas son choix de cœur. Il n'ajouta cependant rien, il avait appris cela d'Hugo. Alexandre comprit lui aussi que Amine avait compris, mais il ne chercha pas à se cacher plus que ça.

- Écoute, lui demanda Amine.

Il avait tenter un truc avec un logiciel de musique, ou tu n'avais qu'à positionner des touches sur une espèce de partition et il se chargeait de les jouer. Il n'y avait pas besoin de savoir jouer du piano, heureusement pour Amine et Alexandre.

- C'est nouveau ? Lui demanda Alexandre, surpris qu'il se mette à tenter de créer des mélodies.

- Ouais, c'est Hugo qui a commencé, j'essaie d'améliorer. T'en penses quoi ?

Cela n'avait rien à voir avec le style de musique qu'ils faisaient précédemment. Avant Eurydice, Maelström était un groupe connu pour leurs musiques signées rock'n roll. Puis il y a eu Margot, comme quoi elle les avait tous chamboulé et pas seulement Alexandre. L'Effet Margot se propageait autour de celui touché. Margot rayonnait partout autour d'elle.

- La fin sonne un peu étrange, avoua Alexandre, qui n'y connaissait pas plus que ça ce logiciel.

- Tu proposes quoi ?

- Moi ? - il était étonné qu'on lui propose. Je ferai la même chose mais je pense qu'une fin plus douce serait mieux.

- Je vois. À ce rythme là on va devenir un groupe de pop, ils se marrèrent ensemble et Alexandre fut rassurer ne lui tienne pas en rigueur le silence précédent, ensemble, Amine préférait les discussions légères.

Ils avaient déjà produit Eurydice, réalisé le clip et surfé sur la vague de popularité qu'elle avait entrainé, cela leur avait pris un temps fou. Heureusement tout le monde s'y mettait à cœur joie, et ils avaient décidé unanimement de rester sur un DA mythologique. A Eurydice, il manquait son Orphée, Alexandre s'en rendit compte sur ce canapé à coté d'Amine.

- C'est possible, rigola Alexandre cette fois, en essayant quelques accords à la basse pour accompagner ce qu'avait fait Amine.

Il savait exactement ce qu'il lui restait à faire.

- Alex' ?

- Ouais.

- Parle pas d'âmes sœur - ça fait super ringard, ajouta Hugo en rigolant.

Alexandre éclata de rire avec Amine. Ce gars était vraiment un connard mais il avait raison sur un point, Il pouvait considérer Margot comme telle. Mais c'était super ringard, c'est vrai. Alexandre le garda pour lui cependant.

Pourtant si Amine savait ce à quoi pensait Étienne au presque même instant, il rigolerait moins.

Il était dans son lit immense, Mélanie et lui avaient largement la place de s'étaler sans toucher l'autre et pourtant Étienne sentait un petit poids sur sa poitrine. Ça faisait une demi heure qu'il était réveillé, mais il ne bougeait pas pour ne pas réveiller sa belle. Il avait faim et lorsqu'il essaya de s'extirper de leur cocon, il l'étendit prononcer un son de protestation et tendre une main pour le chercher. Il s'empressa alors de revenir avec elle, en prenant avec lui un morceau de pain, qui n'allait définitivement pas le caler. Il avait fait ce choix, et il en profita pour l'observer, sa commissure de lèvres, son petit arc de cupidon, ses longs cils, son visage ovale, il trouva cela adorable. Il était foutu, il le savait.

Aristophane, pensa Étienne en regardant Mélanie. Sa mère aimait lui raconter des histoire grecque dans son lit, petit. Quelle chance. Il connait donc aussi très bien Orphée et Eurydice.

Aristophane, fut un grec qui théorisa l'amour et qui influença la vision de l'amour du monde occidental. Il pensait qu'à l'origine des êtres androgynes défièrent Zeus et que pour les punir de leur arrogance, il les sépara en deux. Naquirent alors le terme d'âme sœur, la moitié qui manque à l'autre. Il ne savait pas si il finirait sa vie avec Mélanie, mais Étienne avait sincèrement l'impression qu'elle était cette chose pour lui.

Qu'ils finissent ensemble ou non, Étienne voulait s'en souvenir, qu'on s'en souvienne. Quoi de mieux pour un artiste finalement qu'une nouvelle source d'inspiration ? Peut-être qu'elle serait passagère mais, il voulait attraper cette chose lorsqu'elle était là, sinon on finit toujours malheureux. Il se marra tout seul. Il était vraiment comme Alexandre, il comprenait alors pourquoi les gens aimaient les penser rivaux. Cependant, à sa différence, il le dirait à Mélanie.

Étienne voulait qu'elle sache que ce serait pour elle et il voulait que la musique rayonne, à l'image de Mélanie, pas dans un but égoïste.

Chaque sourire d'idiot avait en réponse un sourire d'idiote, c'était parfait. S'en était l'illusion du moins.

Pendant que Étienne finalement se recoucha en jouant avec les longs cheveux de Mélanie, Alexandre pensait à Margot. Physiquement ils n'étaient pas ensemble, mais mentalement leurs esprits dansaient ensemble.

Il lui envoya un bonne nuit, vers une heure et lui demanda si elle était disponible le six mars.

C'était une date significative pour eux deux. Alexandre ne savait pas si Margot savait ce à quoi elle correspondait. Le six mars, il y a trois ans, Alexandre avait claqué la porte de son appartement. Se revoir en ce jour c'était important pour Alexandre, cela voudrait dire qu'ils s'étaient battus contre la distance, contre Marc, contre les vents et les tempêtes sur leur passage. Cela montrerait qu'ils auraient gagné contre tout cela. Ensemble. L'un avec l'autre.

Alexandre avec Margot et Margot avec Alexandre.

Margot souriait comme une imbécile devant son téléphone. Elle ne revenait pas de la soirée pour réussir à dormir. Elle était folle de joie. Mais elle s'en fichait. Comment se pouvait-il qu'une seule personne ait autant d'influence sur sa petite vie ? N'était-ce pas terrifiant d'un certain côté ? Elle laissa tout de côté. Elle préférait profiter de l'instant qu'ils avaient partagé ensemble. Il faut attraper lorsqu'il est là, sinon on finit toujours malheureux, se dit Margot. Margot et Alexandre voulaient tous les deux que cette sensation soit sans fin.

Il faut attraper lorsqu'il est là, sinon on finit toujours malheureux, s'était dit Margot, pourtant il ne fallait pas crier victoire trop tôt, surtout dans le milieu du journalisme.

Les murs ont des yeux et des oreilles.

Tout fini, toujours par se savoir.

Alexandre, Margot,

Mélanie, Étienne,

Marc,

Claire,

Amine,

Hugo,

Jules,

Prenez garde.

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