Chapitre 16


Billie Eilish - CHIHIRO ou Billie Eilish - Lovely

Tout ceci n'est pas ce que cela semble être.

Il était tard. On était samedi soir, un jours avant le jour fatidique. Margot ne savait pas. Elle avait forcé auprès de Georges pour jeter un œil aux vidéos de l'interview. Après le problème de la première interview, cette fois, les trois main journalistes avaient directement pu bénéficier des vidéos à leur guise, mais elles devraient tout de même être vérifiées avant d'être postées.

Margot avait eu les yeux brûlants de larmes lorsqu'elle les avait regardé. Elle n'avait pas pu finir. Pourquoi cela devait être toujours aussi compliqué ? Chacun des sourires que fit Alexandre à l'adresse de Mélanie, lui fit mal.

Tout ceci n'est pas ce que cela semble être.

Elle tachait de se rappeler les mots d'Alexandre, mais pour le moment, elle était perdue. Errant comme un corps sans âme. Elle avait voulu en parler à Jules mais il n'avait pas été à sa place, derrière l'écran en assistant à ce spectacle. Margot avait l'impression d'être une marionnette dans l'histoire. Y avait-il même une chance que ce soit le fruit du hasard ? Puisqu'elle pensait au destin, n'est-ce pas en réalité une série de signes au contraire ?

Elle en avait marre d'y penser constamment. Sa tête allait exploser et pourtant elle n'avait personne à qui en parler. Ça finissait par l'épuiser, en ce sens elle méritait mieux que cette situation. Elle voulait penser à autre chose. Et même fermer les yeux n'y faisait rien. Elle l'idéalisait peut-être ? À force d'y penser, et Margot savait que le cerveau ne finissait par chérir que les bons moments, mais elle ne savait pas à quels points.

Sachant qu'elle aimait le théâtre, avant son arrivée à Londres, ses parents lui avait offert un billet d'entrée au théâtre de Drury Lane. C'était une pièce de Shakespeare, la Nuit des rois.

Une cohérence ? Elle ne savait définitivement pas. Cette pièce devait faire partie de son top 5 facilement, elle parlait d'un triangle amoureux. Cohérence ? Elle n'espérait pas. Pourtant Margot l'aimait et si elle était une grande admiratrice du travail d'Opsomer elle ne savait pas si elle irait voir son prochain chef-d'œuvre, pour compenser elle se dit que ce serait sans doute la dernière fois que les gens en parleraient sans parler directement penser à la tête d'affiche avec Mélanie au premier plan. Elle voulait en profiter encore un peu et en plus cela allait la distraire.

Elle était assise à sa place, lorsque quelqu'un en retard, fit tomber son manteau placé sur la chaise non occupée, à gauche de Margot.

- Pardon -, s'excusa la jeune femme aux longues jambes de rêve, qui venait de le faire tomber.

C'était elle. Margot reconnue le visage de Mélanie malgré le peu de lumière qu'il y avait. Ses yeux s'écartèrent, elle se sentais de trop. Que faisait-elle ici ? Était-ce encore un signe du destin ?

- Pas - de - problème, dit Margot en butant sur chacun des mots, en lui prenant de manière nonchalante des mains.

Mélanie ne dit rien de plus, elle n'avait pas comprit ce geste, elle continua pourtant son chemin, l'air de rien.

Tout ceci n'est pas ce que cela semble être.

Margot quant à elle, avait besoin de souffler. Mélanie s'était assise plus loin mais elle ne supportait pas de la savoir dans la même salle. Elle n'avait rien contre Mélanie personnellement, c'était sa relation avec Alexandre qui l'avait blessée. Mélanie en soit, n'y était pour rien et Margot s'en voulut d'avoir un peu d'avoir presque arrachée son manteau de la main de Mélanie. Cela pourrait aussi nuire à son futur travail de journaliste, elle se rendit alors compte, à quel point elle n'avait pas été professionnelle et que c'était injuste pour Mélanie.

Le plus dur dans l'histoire était qu'elle et Mélanie se ressemblaient physiquement. Margot avait décidément besoin de souffler. Elle ne put s'empêcher de lâcher un très discret juron en français lorsqu'elle se rendit compte qu'elle était seule dans ces toilettes immenses.

Elle entendit pourtant la porte des toilettes s'ouvrir, ce qui l'étonna un peu car, peu de personnes quitterait leurs places très chères payées au milieu de la répétition, même si dans les toilettes ont pouvait entendre ce qu'il se passait sur scène. Margot n'y fit pas vraiment attention mais elle sentit une chaleur horrible dans le dos la brûler lorsqu'elle vit qui venait d'y entrer. Horreur. Mélanie se lavait les mains cote-à-cote de Margot, tandis que Margot épongeait son visage pour faire disparaitre les sillons creuser par ses larmes.

(Contexte: Viola, naufragée et séparée de son frère jumeau, s'est déguisée en garçon sous le nom de Césario. Elle est au service du Duc Orsino, dont elle est secrètement amoureuse. Orsino finit par tomber amoureuse de "Césario" lorsqu'il découvre que c'est une femme.)

Tout ceci n'est pas ce que cela semble être.

Elle garda le visage vers le bas. Honteuse. Mais heureusement pour elle, Mélanie fit de même. Margot s'en voulait, mais elle ne savait pas que Mélanie aussi. Mélanie aussi se sentait honteuse car elle savait très bien qui était Margot bien qu'elles ne soient jamais vu en face à face. Étienne lui en avait parlait, ils se disaient tout. Elle ne pensait à vrai dire jamais la voir, Mélanie la trouva belle, elle avait quelque chose qui n'était pas explicable. Elle comprenait mieux Alexandre. Elle savait de plus qu'Eurydice avait été écrite pour Margot et Mélanie était mal à l'aise à ce propos. Elle connaissait une bonne partie de l'histoire et elle ne pouvait ignorer Margot. La dernière chose qu'elle voulait c'était bien de créer la discorde entre les deux anciens amants.

Lorsque Mélanie avait vu Margot, elle l'avait tout de suite reconnue. Elle avait compris son besoin de fuite, mais elle voulait éviter tout quiproquo. Elle ne savait juste pas vraiment comment s'y prendre.

- Je - Elles commencèrent à parler simultanément, et s'arrêtèrent lorsqu'elle s'en rendirent compte.

Margot voulait s'excuser pour sa conduite qui n'était pas justifiée.

Mélanie ressentait le besoin de lui parler à propos de l'interview qu'elle venait de faire ou, elle avait du jouer le " rôle " de Margot.

- Vas-y , lui indiqua gentiment Mélanie, ce qui enfonça Margot encore plus.

- Je - suis désolée de - t'avoir pris de cette manière, le manteau des mains, merci de me l'avoir ramassé, souffla Margot qui s'en voulait pour tout, pour le manteau envers Mélanie et pour les mots qu'elle venait de prononcer, mais cette fois, envers elle-même.

Mon seigneur, je... je ne peux pas accepter vos sentiments, dit Viola, que Margot et Mélanie entendaient pleurait à travers les portes des toilettes.

Tout comme Viola, Margot et Mélanie n'avaient jamais voulu cette situation.

- C'est oublié pour le manteau, sourit Mélanie, qui ressentait à quel point la situation peinait Margot.

Pourquoi donc ? demanda le personnage d'Orsino à Viola.

Margot avait pleurait, ses yeux étaient injectés de sang. Mélanie aussi se sentait si mal car d'un certain coté elle savait que c'était sa faute.

- Je -, elle commença avant de se reprendre, Mélanie ne savait pas comment dire cela, tu sais, on joue pas mal la comédie en interview - je suis sous contrat mais j'imagine que ça doit valoir le coup.

Margot le mesurait mieux que personne sur le moment. Mélanie l'avait dit : elle était sous contrat et elle n'avait pas le droit de lui confier ceci. Elle lui faisait une fleur immense et elle n'avait même pas été obligée de le faire.

Tout ceci n'est pas ce que cela semble être.

Parce que je suis une femme. Je me suis toujours aimée de vous, mais sous une autre identité, avoua à ce moment Viola, en prenant une grande respiration.

Tout ceci n'est pas ce que cela semble être.

- Mélanie -  je - merci, je garderai le secret, lui répondis pleine de sincérité Margot qui savait les risques que l'actrice prenait, pour elle, non, pour eux.

Mais... Césario..., répondit Orsino, tremblant, la voix chevrotante.

Le personnage de Orsino ne savait plus ou se mettre, tout comme Margot et Mélanie à ce moment. Elles se jaugèrent un instant, mais cela n'avait rien à voir avec leur première confrontation.

- Pas de soucis, répondit Mélanie en souriant sincèrement à sa cadette.

Je suis désolée, mon seigneur, annonça Viola en lui lançant un dernier regard avant de faire demi tour, pour partir.

C'était un au revoir pour Viola et Orsino, mais c'était un adieux, pour Margot et Mélanie.

Margot repensa a son destin à ce moment-là, et s'il avait été écrit un homme, elle était persuadée que ce serait Shakespeare, elle pensa en rigolant et en pleurant à chaudes larmes.

Elle se sentait mieux, grâce à Mélanie.

Tout ceci n'est pas ce que cela semble être.

Alexandre avait raison, peut-être.

Elle se ressaisit, se nettoya une peu le contour des yeux avant de s'auto-convaincre, du fait que personne ne la regarderait lorsqu'elle serait dans la salle. Elle retourna à sa place en repensant à la conversation qu'elle avait eu avec Mélanie. Elle se sentait légère, étrangement. Elle n'écouta presque rien de la fin de la pièce et pourtant elle en sortit le cœur bien plus léger que si elle avait parfaitement tout écouté.

Comme quoi l'amour était bizarre. C'était quelque chose qui pouvait te prendre, tout comme te donner le sourire.

Alexandre aussi souriait comme un débile en chantant l'air musical d'Eurydice. Il l'avait vue, il était content car il avait pu lui parler en tête à tête, il l'avait vu de près en plus, maintenant, il en voulait un de plus officiel. C'était dangereux ce qu'il avait fait, mais ça en valait la peine et il le savait au fond de lui. N'en déplaise à Marc et à Claire. N'en déplaise à Étienne. Il ne voulait pas qu'on lui dise quoi faire. Ça l'emmerdait qu'on lui oblige de faire des séance photo et même des interview avec Mélanie, il avait signé à la base pour de la musique, pas pour une relation amoureuse non voulue. Il voulait être libre et aimé. Par Margot. Par son père. Et que Jules reste à ses cotés. Sa basse avec et il aurait pu aller au bout du monde que cela lui serait allé.

Plusieurs fois il avait essayer d'appeler son père et il ne lui répondait pas ou peu. Alexandre continuait pourtant d'essayer en vain. Il espérait, qu'un jour il l'appelle en lui demandant comment son fiston va. Mais rien.

Mélanie se sentait bien après avoir eu cette discussion. Cela lui pesait et c'est une chance que cette opportunité, ce soit présentée, elle qui ne voulait que voir le jeu des comédiens.

- Alors ? lui demanda Étienne, en l'entendant claquer la porte de son propre appartement.

Torse nu, de dos, il était en train de préparer leur diner. Il était bien plus que vingt-trois heures et pourtant, il l'avait attendue pour manger. Et il avait même fait à manger pour eux deux. C'était des pâtes au beurre, mais Mélanie s'en fichait royalement. C'était très bien. Et largement suffisant. Mélanie ne perdit pas une miette de ce spectacle. Étienne n'était pourtant pas très musclé, pas très graisseux pour autant, pas très grand non plus, il était. Et c'était parfait.

- C'était bien, mais je suis arrivée en retard, Elle lui dit simplement et il rigola car il savait pourquoi elle avait été si en retard.

Mélanie n'avait pas envie spécifiquement de parler et Étienne non plus. Elle l'embrassa langoureusement et il lui répondit gentiment.

- Tu t'en fiches que ce soit froid ? Il lui demanda quand même.

Mélanie sourit puis elle lui fit comprendre à sa façon que, oui, elle n'en avait rien à faire.

D'un autre point de vue, elle aussi se trouvait du mauvais coté de l'histoire. Lorsqu'elle était avec les Maelström, elle devait jouer la comédie avec Alexandre, sous les yeux d'Étienne. C'était sans doute pire. Elle aussi était une Margot finalement et Étienne était aussi un Alexandre, ou l'inverse peut-être aussi.

Personne n'aurait parié sur eux deux. Les membres du groupe n'en étaient quasiment pas au courant, et les fans aussi ne savaient rien. Les gens préféraient les histoires avec le chanteur des Maelström, ça sonnait tout de suite mieux. Mélanie s'en fichait pourtant, même si Étienne était compliqué, elle ne regrettait rien.

D'un dernier point de vue, leur relation avait aussi permis de faire comprendre à Étienne, qu'il ne pouvait rien dire à Alexandre par rapport à Margot. Il faisait finalement presque la même chose. Et il pourtant il appréciait trop Mélanie pour pouvoir s'arrêter, il voulait que ce soit sans fin. Étienne comprenait mieux Alexandre, même si lui, ne mettait pas en péril leur tournée.

Dans cette histoire, ils étaient presque tous pris en étaux dans une mascarade qui ne convenait à personne.

Tout ceci n'est pas ce que cela semble être.

Absolument tout était faux.

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